L’Inde (sans les Anglais)
311 pages
Français

L’Inde (sans les Anglais)

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Description

Ecrivain et officier de marine ayant parcouru le monde, il nous emmène cette fois en voyage à travers l’Inde avec le récit de ses pérégrinations dans le pays en 1900. Arrivé d’abord au Kérala (état appelé à cette époque Travancore), il explore ensuite le Tamil Nadu et les temples dravidiens de Madurai et Tanjore, il fait un arrêt à Pondichery, puis il remonte jusqu’au Deccan, à Hyderabad puis Golconde. Il fait ensuite une escale pour visiter les grottes d’Ellora dans le Maharastra puis se dirige dans le Rajasthan, avec comme étapes Udaipur et Jaipur. Il se rend ensuite à Gwalior puis repart à Madras (Chennai) avant de remonter à Agra puis Delhi en passant par Puri dans l’Orissa. La fin de son périple l’amène à Bénares, la ville dont il dit qu’on n’en revient jamais tout à fait soi-même.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 158
EAN13 9782824711041
Langue Français

Extrait

P I ERRE LO T I
L’I N DE (SANS LES
ANGLAIS)
BI BEBO O KP I ERRE LO T I
L’I N DE (SANS LES
ANGLAIS)
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1104-1
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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signifie que v ous p ouv ez lég alement la copier , la r e
distribuer , l’ env o y er à v os amis. V ous êtes d’ailleur s
encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.A U P RÉSI DEN T K RÜGER
A UX H ÉROS DU T RANSV AAL
Je dédie ce livre, pour joindre mon humble tribut à l’hommage
immense et unanime de tout ce qui, de nos jours, a encore un
cœur, ou seulement une conscience  !
P I ERRE LO T I.
1Pr emièr e p artie
EN ROU T E V ERS L’I N DE
2,   mer Roug e . D e la lumièr e , de la lumièr e , tant de
lumièr e que l’ on admir e et l’ on s’étonne , comme si, au sortirM d’une espè ce de demi-nuit, les y eux s’ ouv raient davantag e ,
v o yaient plus clair , toujour s plus clair . — Et très vite le chang ement s’ est
fait, av e c ces navir es d’aujourd’hui, que le v ent n’influence plus, qui v ous
pr ennent à l’automne du Nord p our v ous amener sans transition au p
erp étuel été d’ici.
Sur les e aux plus bleues, dansent des frang es d’ar g ent qui brillent. Et le
ciel semble s’êtr e éloigné de la ter r e , les nuag es plus dessinés y p araissent
plus susp endus dans le vide  ; des pr ofondeur s se ré vèlent, on plong e plus
avant dans les lointains, on conçoit mieux les esp aces.
T oujour s plus de lumièr e . V raiment les y eux se dilatent et se meent
au p oint p our p er ce v oir plus de ray ons et plus de couleur s. . . Alor s, avant
cela, on n’y v o yait donc p as bien  ? . . . D e quelles ténèbr es donc vient-on de
sortir  ? Et quelle est cee fête de clartés blanches ou de clartés d’ or , qui, en
silence et sans qu’ on l’ait commandé e , a l’air de p artout commencer  ? . . .
Ici, dans le vieil Orient des tomb e aux, sur la p oussièr e des
humanités disp ar ues, elle dur e sans trê v e , la mor ne fête  ; seulement on l’ oublie ,
sitôt que l’ on s’ en r etour ne v er s le Nord, et c’ est une sur prise ensuite ,
3L’Inde (sans les Anglais) Chapitr e
chaque fois que l’ on r e vient dans ces climats, de la r etr ouv er p ar eille .
T oujour s elle ray onne sur ces mêmes vieux g olfes chauds et languides,
sur ces mêmes vieux rivag es de granit ou de sable , sur ces r uines, sur ce
monde de pier r es mortes qui g arde le my stèr e des races bibliques et des
r eligions ancestrales, — tellement que , dans nos imaginations d’un jour ,
elle s’asso cie , la mor ne fête de lumièr e , aux antiques lég endes sacré es, et
que toutes ces choses ar riv ent à nous donner des illusions de stabilité , de
duré e pr esque sans commencement et ne de vant p as finir . . .
Or , tout ce p assé biblique , dont l’antiquité r elativ e nous fait illusion
et nous donne confiance , est né d’hier , si on le comp ar e un p eu aux
effr o yables p assés du Cosmos. Et tout ce ray onnement, p our nous sup erb e
et dont nos y eux s’ eniv r ent, n’ est que l’ effet transitoir e de notr e p etit
soleil, en v oie de lentement s’éteindr e , sur une zone encor e privilégié e de
l’infime p etite T er r e , qui se tient tout près de lui, tout près, comme p ar
ter r eur du fr oid et de l’ obscurité où là-bas r oulent, dans de plus vastes
orbites, de moins néglig e ables planètes. Ce bleu, sur le quel se joue
l’incessante fantasmag orie des nuag es, et qui nous semble pr ofond, n’ est qu’un
v oile si mince , étendu p our tr omp er nos y eux et nous cacher du noir  ;
non, tout cela n’ est rien  ; ce qui est v rai, c’ est ce noir caché der rièr e . Ce
qui est éter nel, ce qui est souv erain, ce qui ne commence ni ne finit, c’ est
ce noir , ce vide noir , où jamais, jamais, aux siè cles des siè cles, ne s’ar
rêtera la chute silencieuse des mondes.
††
Encor e sept ou huit jour s de r oute , au milieu de tout ce bleu lumineux
du ciel et de la mer , et je toucherai au but de mon v o yag e .
A v e c quelle inquiétude de ne rien tr ouv er , av e c quelle crainte des
déceptions finales, je m’ en vais là , dans cee Inde , b er ce au de la p ensé e
humaine et de la prièr e , non plus comme jadis p our y fair e escale friv ole ,
mais, cee fois, p our y demander la p aix aux dép ositair es de la sag esse
ar y enne , les supplier qu’ils me donnent, à défaut de l’ineffable esp oir
chrétien qui s’ est é vanoui, au moins leur cr o yance , plus sé vèr e , en une
pr olong ation indéfinie des âmes. . .
††
Maintenant v oici le dé clin magnifique du jour . Encor e un instant, et
nous p erdr ons de v ue notr e soleil — d’ entr e les innombrables soleils,
ce4L’Inde (sans les Anglais) Chapitr e
lui qui nous tient et nous air e dans le v ertig e de son éter nelle chute . Le
v er sant de T er r e où nous sommes va se tour ner v er s le grand noir , v er s
l’infini des ténèbr es dont nous conce v r ons un p eu mieux l’ép ouvante tout
à l’heur e , à trav er s les transp ar ences de l’air no ctur ne . Mais d’ab ord
subissons la magie des soir s, r eg ardons flamb er les cuiv r es r oses du
couchant. A l’ est, au-dessus de la mer , très haut sur l’horizon, une chaîne de
montagnes désertes et désolé es, tout en granit sanglant, se met à é
clair er r oug e comme une braise  : c’ est le Sinaï, le Serbal et l’Hor eb . Alor s,
de nouv e au la grandeur des traditions mosaïques s’imp ose à notr e esprit,
que tant d’héré dités successiv es ont prép aré p our un r eligieux r esp e ct.
Mais les cimes ardentes, natur ellement, ne tardent p as à s’éteindr e .
D er rièr e les e aux, le soleil est tombé , et la courte fé erie du soir est finie .
Le Sinaï, le Serbal et l’Hor eb , dans les gris du crépuscule , s’ effacent et se
p erdent. On ne les v oit même plus, — et qu’étaient-ils, en somme , que des
arêtes de pier r es quelconques, à la surface ter r estr e , agrandies seulement
dans nos rê v es p ar la suprême p o ésie de l’Ex o de  ? . . .
La nuit immense et ser eine va bientôt r endr e de plus justes pr op
ortions à toutes choses. D éjà s’indiquent, dans l’incommensurable esp ace ,
les p euplades er rantes des soleils. Et la notion nous r e vient, du vide noir
où ils tomb ent tous et où nous tomb ons aussi — dans l’ effréné sillag e de
l’un quelconque d’ entr e eux. A utour de celui-là qui nous entraîne , oh  !
la cour se misérable que four nissent nos p etites planètes, pré cipité es sur
lui sans p ouv oir l’aeindr e jamais, et ainsi, affolé es p ar l’énor me v
oisinag e , dé crivant jusqu’à la consommation des temps leur furieuse spirale ,
au lieu de r ouler plus libr ement dans l’abîme , comme font tous ces soleils.
A ucun nuag e nulle p art, du zénith à l’horizon, la même limpidité
merv eilleuse  : le v oici donc dé v oilé autant qu’il puisse l’êtr e à nos y eux,
ce vide sans b or nes où les monstr ueux univ er s tomb ent p ar my riades,
tomb ent, tomb ent, rapides comme les g ouelees d’une incessante pluie
de feu. Et cep endant, av e c la nuit, un ap aisement délicieux descend p our
nous du ciel étoilé . On dirait une sollicitude , une pitié d’ en haut, qui p eu
à p eu s’ép andraient sur nos âmes p ardonné es. . .
Mon Dieu, puissent-ils un p eu m’ en convaincr e , de cee sollicitude et
de cee pitié , les Sag es de l’Inde , auprès desquels je m’ en vais&#

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