L’ombre du mancenillier
24 pages
Français

L’ombre du mancenillier

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Description

Extrait : Depuis long-temps il s'efforcait d'étouffer en lui les germes d'une passion que, par suite de sa défiance de lui-même, il supposait sans espoir. Marie Desvignes, fille d'un oncle maternel qu'il avait à Paris, était, et par sa beauté et par son cœur, digne de cet amour. Elle savait apprécier Vilfride et l'aimait pour le moins autant qu'elle en était aimée. Mais, incapable de deviner les sentimens qu'il lui cachait avec le plus grand soin, elle n'osait s'abandonner à une inclination à laquelle son cousin paraissait insensible.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 40
EAN13 9782824711959
Licence : Libre de droits
Langue Français

Extrait

CHARLES BARBARA
L’OMBRE DU
MANCEN I LLI ER
BI BEBO O KCHARLES BARBARA
L’OMBRE DU
MANCEN I LLI ER
1847
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1195-9
BI BEBO OK
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Sour ces :
– B.N.F .
– Éfélé
Ont contribué à cee é dition :
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Fontes :
– P hilipp H. Poll
– Christian Spr emb er g
– Manfr e d KleinLicence
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.’    d’une maison qui fait l’angle du car r efour
de l’Odéon et de la r ue Monsieur-le-Prince . Ma chambr e for me unJ car ré à p eu près p arfait. Le lit, les chaises, la table , la commo de , qui
la meublent, ont app artenu à un jeune homme nommé Vilfride Go ezler ,
qui l’ o ccup ait avant moi et qui y est mort. Je les ai achetés de son ami,
Claude Br yan, qui a succombé p eu après à une maladie dont la sour ce et,
p ar cela même , le r emède ont é chapp é à la sag acité des mé de cins.
Vilfride avait un g oût très vif p our les études sp é culativ es  ; Claude
s’ o ccup ait des sciences natur elles. On de vinait aisément dans le pr emier
une de ces natur es tendr es, contemplativ es, chez lesquelles le sentiment
et l’intellig ence se font un p arfait é quilibr e . En lui, comme en ces enfans
pré co ces qui dé daignent les e x er cices phy siques au pr ofit du dé v elopp
ement des facultés de l’ame , se ré alisait ce phénomène d’une tête un p eu
gr osse sur un cor ps chétif. Il me semble v oir encor e son visag e pâle , cr eusé
p ar de lab orieuses insomnies, é clairé p ar de grands y eux bleus dont la
douceur contrastait étrang ement av e c l’àpr eté des saillies anguleuses du
fr ont, et entendr e le timbr e clair , musical, de sa v oix. Privé de son pèr e
et de sa mèr e , il n’avait p our viv r e qu’une r ente très mo deste , sur
laquelle né anmoins il préle vait la plus grande p art p our soutenir son ami
1L’ ombr e du mancenillier
Br yan, dont les b esoins dép assaient de b e aucoup les r essour ces. Celui-ci,
av e c sa haute taille , ses ép aules car ré es, sa tête br une , for mait, p ar son
e xtérieur , à côté de Go ezler , une sorte d’antithèse en chair et en os. Ce
b esoin de pr ote ction, qui p ousse p arfois les natur es faibles dans des bras
doués d’une for ce musculair e dont elles sont dép our v ues, suffirait p our
fair e compr endr e l’intimité étr oite de ces deux jeunes g ens, si d’ailleur s
ils n’avaient eu l’un et l’autr e bien d’autr es raisons de se rappr o cher .
Claude Br yan avait été long-temps misérable et s’était tr ouvé dans
une foule de situations critiques. Réunissant en gr oup e les faits p ar lui
obser vés, il en avait dé duit tout un sy stème auquel un ég oïsme br utal
servait de base . Il était matérialiste  ; son cœur , comme cela doit êtr e , s’était
rétré ci en raison du dé v elopp ement des sens, et le g enr e de ses études ne
p ouvait que le maintenir dans cee v oie . A p eine avait-il entr e v u Go ezler ,
qu’il le savait p ar cœur . Il sur prit habilement son affe ction et sut l’ e
xploiter encor e mieux. Sous le préte xte d’inscriptions à pr endr e ou de liv r es
à acheter , il lui faisait chaque jour de nouv e aux empr unts, qu’il dép
ensait en plaisir s de tous g enr es. Cep endant l’honnête Vilfride , ré duit au
plus strict né cessair e , subissant même p arfois, sans jamais se plaindr e , le
fr oid et la faim, p our suivait lab orieusement ses travaux. Le pr osaïsme de
Claude était p our lui un véritable contr e-p oids, une espè ce d’ancr e qui, au
milieu de ses élucubrations métaphy siques, l’aachait à la ter r e et l’
empê chait de se p erdr e tout à fait dans les nues. D’une natur e e xp ansiv e , son
g oût p our l’étude et, plus encor e , sa timidité invincible le tenaient dans
l’isolement  : aussi son affe ction p our le seul homme av e c le quel il eût des
rapp orts intimes en était-elle dé cuplé e .
D epuis long-temps il s’ effor cait d’étouffer en lui les g er mes d’une p
assion que , p ar suite de sa défiance de lui-même , il supp osait sans esp oir .
Marie D esvignes, fille d’un oncle mater nel qu’il avait à Paris, était, et p ar
sa b e auté et p ar son cœur , digne de cet amour . Elle savait appré cier
Vilfride et l’aimait p our le moins autant qu’ elle en était aimé e . Mais,
incap able de de viner les sentimens qu’il lui cachait av e c le plus grand soin,
elle n’ osait s’abandonner à une inclination à laquelle son cousin p
araissait insensible . Chaque semaine , le p auv r e philosophe accourait chez son
oncle av e c un b onheur mêlé d’amertume en song e ant qu’il allait v oir sa
cousine , mais qu’il n’ en obtiendrait que de fr oids r eg ards. Marie , de son
2L’ ombr e du mancenillier
côté , aristé e jusqu’aux lar mes p ar les manièr es glaciales de son cousin,
essuyait ses y eux, comp osait son visag e et tâchait de lui r endr e fr oideur
p our fr oideur .
Cee double méprise , qui faisait leur tour ment, n’ eût p as eu sans
doute de ter me , si un hasard ne leur eût ré vélé qu’ils se tr omp aient ég
alement tous deux. Ils se tr ouvaient à table , assis vis-à-vis l’un de l’autr e ,
quand leur s pie ds se r encontrèr ent p our la pr emièr e fois. La sensation
délicieuse qu’ils r essentir ent et qu’ils pr olongèr ent aussi long-temps que
p ossible , fut p our eux un trait de lumièr e qui les é claira sur leur
tendr esse mutuelle . Dès lor s leur contrainte cessa. Après av oir r enouv elé
plusieur s fois cee dé claration en se ser vant de l’ orteil, ils osèr ent se p arler
des y eux, et fir ent enfin un é chang e ré cipr o que de sentimens et d’av eux
quand déjà ils n’avaient plus rien à s’av ouer . Une tr op courte série de
b e aux jour s commença p our Vilfride  ; l’assurance d’êtr e aimé , et de l’êtr e
toujour s, donna à son visag e une e xpr ession de quiétude et de b onheur
qu’ on ne lui avait jamais v ue . Il s’amusait à plong er dans l’av enir , et
jouissait p ar anticip ation de la douce e xistence qu’il mènerait bientôt entr e sa
femme et son ami Claude  ; car celui-ci, p our le quel son affe ction n’avait
p as diminué , n’

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