La Grenadière
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Description

1832. La Comédie humaine - Études de moeurs. Premier livre, Scènes de la vie privée - Tome II. Deuxième volume de l'édition Furne 1842. La Grenadière est une ravissante et vieille maison en bord de Loire, à proximité de Tours. Madame Willemsens vient de la louer. Elle y vit retirée avec ses deux fils et sa dame de compagnie. On ne sait rien d'elle. Seuls les précepteurs de ses fils peuvent fréquenter la maison, ils parlent de cette famille avec admiration, évoquant son bonheur simple. Un soir de Juin, madame Willemsens révèle à un de ses fils qu'elle est gravement malade. Elle se désespère de les laisser prochainement seuls, sans père... Extrait : Les deux enfants excitèrent également beaucoup d’intérêt, et les mères ne pouvaient pas les regarder sans envie. Tous deux ressemblaient à madame Willemsens, qui était en effet leur mère. Ils avaient l’un et l’autre ce teint transparent et ces vives couleurs, ces yeux purs et humides, ces longs cils, cette fraîcheur de formes qui impriment tant d’éclat aux beautés de l’enfance. L’aîné, nommé Louis-Gaston, avait les cheveux noirs et un regard plein de hardiesse. Tout en lui dénotait une santé robuste, de même que son front large et haut, heureusement bombé, semblait trahir un caractère énergique. Il était leste, adroit dans ses mouvements, bien découplé, n’avait rien d’emprunté, ne s’étonnait de rien, et paraissait réfléchir sur tout ce qu’il voyait. L’autre, nommé Marie-Gaston, était presque blond, quoique parmi ses cheveux quelques mèches fussent déjà cendrées et prissent la couleur des cheveux de sa mère. Marie avait les formes grêles, la délicatesse de traits, la finesse gracieuse, qui charmaient tant dans madame Willemsens. Il paraissait maladif : ses yeux gris lançaient un regard doux, ses couleurs étaient pâles. Il y avait de la femme en lui. Sa mère lui conservait encore la collerette brodée, les longues boucles frisées et la petite veste ornée de brandebourgs et d’olives qui revêt un jeune garçon d’une grâce indicible, et trahit ce plaisir de parure tout féminin dont s’amuse la mère autant que l’enfant peut-être.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 14
EAN13 9782824709925
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
LA GRENADI ÈRE
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
LA GRENADI ÈRE
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-0992-5
BI BEBO OK
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Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.LA GRENADI ÈRE
A CAROLI N E,
A la p o ésie du v o yag e , le v o yag eur r e connaissant,
DE BALZA C.
 G  une p etite habitation situé e sur la riv e dr oite
de la Loir e , en aval et à un mille envir on du p ont de T our s. EnL cet endr oit, la rivièr e , lar g e comme un lac, est p ar semé e d’îles
v ertes et b ordé e p ar une r o che sur laquelle sont assises plusieur s
maisons de camp agne , toutes bâties en pier r e blanche , entouré es de clos de
vigne et de jardins où les plus b e aux fr uits du monde mûrissent à l’ e xp o -
sition du midi. Patiemment ter rassés p ar plusieur s g énérations, les cr eux
du r o cher réflé chissent les ray ons du soleil, et p er meent de cultiv er en
pleine ter r e , à la fav eur d’une temp ératur e factice , les pr o ductions des
plus chauds climats. D ans une des moins pr ofondes anfractuosités qui
dé coup ent cee colline s’élè v e la flè che aiguë de Saint-Cy r , p etit villag e
duquel dép endent toutes ces maisons ép ar ses. Puis, un p eu plus loin, la
Choisille se jee dans la Loir e p ar une grasse vallé e qui inter r ompt ce long
cote au. La Gr enadièr e , sise à mi-côte du r o cher , à une centaine de p as de
l’église , est un de ces vieux logis âg és de deux ou tr ois cents ans qui se
1La Gr enadièr e Chapitr e
r encontr ent en T ouraine dans chaque jolie situation. Une cassur e de r o c
a fav orisé la constr uction d’une ramp e qui ar riv e en p ente douce sur la
levée , nom donné dans le p ay s à la digue établie au bas de la côte p our
maintenir la Loir e dans son lit, et sur laquelle p asse la grande r oute de
Paris à Nantes. En haut de la ramp e est une p orte , où commence un p etit
chemin pier r eux, ménag é entr e deux ter rasses, espè ces de fortifications
g ar nies de tr eilles et d’ esp alier s, destiné es à empê cher l’éb oulement des
ter r es. Ce sentier pratiqué au pie d de la ter rasse sup érieur e , et pr esque
caché p ar les arbr es de celle qu’il cour onne , mène à la maison p ar une p ente
rapide , en laissant v oir la rivièr e dont l’étendue s’agrandit à chaque p as.
Ce chemin cr eux est ter miné p ar une se conde p orte de style g othique ,
cintré e , char g é e de quelques or nements simples mais en r uines, couv ertes de
gir oflé es sauvag es, de lier r es, de mousses et de p ariétair es. Ces plantes
indestr uctibles dé cor ent les mur s de toutes les ter rasses, d’ où elles sortent
p ar la fente des assises, en dessinant à chaque nouv elle saison de
nouv elles guirlandes de fleur s.
En franchissant cee p orte v er moulue , un p etit jardin, conquis sur le
r o cher p ar une der nièr e ter rasse dont la vieille balustrade noir e domine
toutes les autr es, offr e à la v ue son g azon or né de quelques arbr es v erts et
d’une multitude de r osier s et de fleur s. Puis, en face du p ortail, à l’autr e
e xtrémité de la ter rasse , est un p avillon de b ois appuyé sur le mur v oisin,
et dont les p ote aux sont cachés p ar des jasmins, des chè v r efeuilles, de la
vigne et des clématites. A u milieu de ce der nier jardin, s’élè v e la maison
sur un p er r on v oûté , couv ert de p ampr es, et sur le quel se tr ouv e la p orte
d’une vaste cav e cr eusé e dans le r o c. Le logis est entouré de tr eilles et de
gr enadier s en pleine ter r e , de là vient le nom donné à cee closerie . La
façade est comp osé e de deux lar g es fenêtr es sép aré es p ar une p orte
bâtarde très-r ustique , et de tr ois mansardes prises sur un toit d’une élé vation
pr o digieuse r elativ ement au p eu de hauteur du r ez-de-chaussé e . Ce toit
à deux pignons est couv ert en ardoises. Les mur s du bâtiment princip al
sont p eints en jaune  ; et la p orte , les contr e v ents d’ en bas, les p er siennes
des mansardes sont v ertes.
En entrant, v ous tr ouv er ez un p etit p alier où commence un
escalier tortueux, dont le sy stème chang e à chaque tour nant  ; il est en b ois
pr esque p our ri  ; sa ramp e cr eusé e en for me de vis a été br unie p ar un
2La Gr enadièr e Chapitr e
long usag e . A dr oite est une vaste salle à mang er b oisé e à l’antique ,
dallé e en car r e au blanc fabriqué à Châte au-Regnault  ; puis, à g auche , un
salon de p ar eille dimension, sans b oiseries, mais tendu d’un p apier aur or e
à b ordur e v erte . A ucune des deux piè ces n’ est plafonné e  ; les soliv es sont
en b ois de no y er et les inter stices r emplis d’un tor chis blanc fait av e c de
la b our r e . A u pr emier étag e , il y a deux grandes chambr es dont les mur s
sont blanchis à la chaux  ; les cheminé es en pier r e y sont moins richement
sculpté es que celles du r ez-de-chaussé e . T outes les ouv ertur es sont e xp
osé es au midi. A u nord il n’y a qu’une seule p orte , donnant sur les vignes
et pratiqué e der rièr e l’ escalier . A g auche de la maison, est adossé e une
constr uction en colombag e , dont les b ois sont e xtérieur ement g arantis de
la pluie et du soleil p ar des ardoises qui dessinent sur les mur s de longues
lignes bleues, dr oites ou transv er sales. La cuisine , placé e dans cee
espè ce de chaumièr e , communique intérieur ement av e c la maison, mais elle
a né anmoins une entré e p articulièr e , éle vé e de quelques mar ches, au bas
desquelles se tr ouv e un puits pr ofond, sur monté d’une p omp e champêtr e
env elopp é e de sabines, de plantes aquatiques et de hautes herb es. Cee
bâtisse ré cente pr ouv e que la Gr enadièr e était jadis un simple
vendangeoir . Les pr opriétair es y v enaient de la ville , dont elle est sép aré e p ar le
vaste lit de la Loir e , seulement p our fair e leur ré colte , ou quelque p artie
de plaisir . Ils y env o yaient dès le matin leur s pr o visions et n’y couchaient
guèr e que p endant le temps des v endang es. Mais les Anglais sont tombés
comme un nuag e de sauter elles sur la T ouraine , et il a bien fallu
compléter la Gr enadièr e p our la leur louer . Heur eusement ce mo der ne app
endice est dissimulé sous les pr emier s tilleuls d’une allé e planté e dans un
ravin au bas des vignes. Le vignoble , qui p eut av oir deux ar p ents, s’élè v e
au-dessus de la maison, et la domine entièr ement p ar une p ente si raide
qu’il est très-difficile de la gravir . A p eine y a-t-il entr e la maison et cee
colline v erdie p ar des p ampr es traînants un esp ace de cinq pie ds,
toujour s humide et fr oid, espè ce de fossé plein de vég étations vig our euses
où tomb ent, p ar les temps de pluie , les engrais de la vigne qui v ont
enrichir le sol des jardins soutenus p ar la ter rasse à balustrade . La maison
du closier char g é de fair e les façons de la vigne est adossé e au pignon de
g auche  ; elle est couv erte en chaume et fait en quelque sorte le p endant
de la cuisine . La pr opriété est entouré e de mur s et d’ esp alier s  ; la vigne
3La Gr enadièr e Chapitr e
est planté e d’arbr es fr uitier s de toute espè ce  ; enfin p as un p ouce de ce
ter rain pré cieux n’ est p erdu p our la cultur e . Si l’homme néglig e un aride
quartier de r o che , la natur e y jee soit un figuier , soit des fleur s
champêtr es, ou quelques fraisier s abrités p ar des pier r es.
En aucun lieu du monde v ous ne r encontr eriez

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