Les Marana
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Description

La Comédie humaine - Études philosophiques - Tome II. Quinzième volume de l'édition Furne 1842. Extrait : L’enivrement de Montefiore alla jusqu’à lui suggérer l’idée d’épouser l’inconnue. Alors il demanda quelques renseignements à son hôte, Perez lui raconta volontiers l’aventure à laquelle il devait sa pupille, et le prudent Espagnol fut engagé à faire cette confidence, autant par l’illustration des Montefiore, dont il avait entendu parler en Italie, que pour montrer combien étaient fortes les barrières qui séparaient la jeune fille d’une séduction. Quoique le bonhomme eût une certaine éloquence de patriarche, en harmonie avec ses mœurs simples et conforme au coup d’escopette tiré sur Montefiore, ses discours gagneront à être résumés.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 11
EAN13 9782824710204
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
LES MARANA
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
LES MARANA
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1020-4
BI BEBO OK
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Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.LES MARANA
A MAD AME LA COMT ESSE MERLI N.
   que le maré chal Suchet avait intr o duite
dans son cor ps d’ar mé e , il ne put empê cher un pr emier mo-M ment de tr ouble et de désordr e à la prise de T ar rag one . Selon
quelques militair es de b onne foi, cee iv r esse de la victoir e r essembla
singulièr ement à un pillag e , que le maré chal sut d’ailleur s pr omptement
réprimer . L’ ordr e rétabli, chaque régiment p ar qué dans son quartier , le
commandant de place nommé , vinr ent les administrateur s militair es. La
ville prit alor s une phy sionomie métisse . Si l’ on y or g anisa tout à la
française , on laissa les Esp agnols libr es de p er sister , *in p eo * , dans leur s
g oûts nationaux. Ce pr emier moment de pillag e qui dura p endant une
p ério de de temps assez difficile à déter miner , eut, comme tous les é
vénements sublunair es, une cause facile à ré véler . Il se tr ouvait à l’ar mé e du
maré chal un régiment pr esque entièr ement comp osé d’Italiens, et
commandé p ar un certain colonel Eugène , homme d’une brav our e e
xtraordinair e , un se cond Murat, qui, p our s’êtr e mis tr op tard en guer r e , n’ eut ni
grand-duché de Ber g, ni r o yaume de Naples, ni balle à Pizzo . S’il n’ obtint
1Les Marana Chapitr e
p as de cour onnes, il fut très-bien placé p our obtenir des balles, et il ne
serait p as étonnant qu’il en eût r encontré quelques-unes. Ce régiment avait
eu p our éléments les débris de la légion italienne . Cee légion était p our
l’Italie ce que sont p our la France les bataillons coloniaux. Son dépôt,
établi à l’île d’Elb e , avait ser vi à dép orter honorablement et les fils de famille
qui donnaient des craintes p our leur av enir , et ces grands hommes
manqués, que la so ciété mar que d’avance au fer chaud, en les app elant des
*mauvais sujets* . T ous g ens incompris p our la plup art, dont l’ e xistence
p eut de v enir , ou b elle au gré d’un sourir e de femme qui les r elè v e de leur
brillante or nièr e , ou ép ouvantable à la fin d’une or gie , sous l’influence de
quelque mé chante réfle xion é chapp é e à leur s comp agnons d’iv r esse .
Nap olé on avait donc incor p oré ces hommes d’éner gie dans le 6 ᵉ de ligne , en
esp érant les métamor phoser pr esque tous en g énéraux, sauf les dé chets
o ccasionnés p ar le b oulet  ; mais les calculs de l’ emp er eur ne fur ent p
arfaitement justes que r elativ ement aux ravag es de la mort. Ce régiment,
souv ent dé cimé , toujour s le même , acquit une grande réputation de
valeur sur la scène militair e , et la plus détestable de toutes dans la vie privé e .
A u siég e de T ar rag one , les Italiens p erdir ent leur célèbr e capitaine
Bianchi, le même qui, p endant la camp agne , avait p arié m ang er le cœur d’une
sentinelle esp agnole , et le mang e a. Ce div ertissement de biv ouac est
raconté ailleur s (SCÈN ES DE LA V I E P ARISI EN N E), et il s’y tr ouv e sur le 6 ᵉ
de ligne certains détails qui confir ment tout ce qu’ on en dit ici. oique
Bianchi fût le prince des démons incar nés aux quels ce régiment de vait
sa double réputation, il avait cep endant cee espè ce d’honneur che
valer esque qui, à l’ar mé e , fait e x cuser les plus grands e x cès. Pour tout dir e en
un mot, il eût été , dans l’autr e siè cle , un admirable flibustier . elques
jour s aup aravant, il s’était distingué p ar une action d’é clat que le
maréchal avait v oulu r e connaîtr e . Bianchi r efusa grade , p ension, dé coration
nouv elle , et ré clama p our toute ré comp ense la fav eur de monter le pr
emier à l’assaut de T ar rag one . Le maré chal accorda la r e quête et oublia
sa pr omesse  ; mais Bianchi le fit souv enir de Bianchi. L’ enrag é capitaine
planta, le pr emier , le drap e au français sur la muraille , et y fut tué p ar un
moine .
Cee digr ession historique était né cessair e p our e xpliquer comment
le 6 ᵉ de ligne entra le pr emier dans T ar rag one , et p our quoi le désordr e ,
2Les Marana Chapitr e
assez natur el dans une ville emp orté e de viv e for ce , dég énéra si pr
omptement en un lég er pillag e .
Ce régiment comptait deux officier s p eu r emar quables p ar mi ces
hommes de fer , mais qui jouer ont né anmoins dans cee histoir e , p ar
*juxta*-p osition, un rôle assez imp ortant.
Le pr emier , capitaine d’habillement, officier moitié militair e , moitié
civil, p assait, en style soldatesque , p our fair e ses affair es. Il se prétendait
brav e , se vantait, dans le monde , d’app artenir au 6 ᵉ de ligne , savait r
ele v er sa moustache en homme prêt à tout briser , mais ses camarades ne
l’ estimaient p oint. Sa fortune le r endait pr udent. A ussi l’avait-on, p our
deux raisons, sur nommé le * capitaine des corb e aux* . D’ab ord, il sentait la
p oudr e d’une lieue , et fuyait les coups de fusil à tir e-d’aile  ; puis ce
sobriquet r enfer mait encor e un inno cent calemb our militair e , que du r este il
méritait, et dont un autr e se serait fait gloir e . Le capitaine Montefior e , de
l’illustr e famille de Montefior e de Milan, mais à qui les lois du r o yaume
d’Italie interdisaient de p orter son titr e , était un des plus jolis g ar çons
de l’ar mé e . Cee b e auté p ouvait êtr e une des causes o ccultes de sa pr
udence aux jour s de bataille . Une blessur e qui lui eût défor mé le nez, coup é
le fr ont, ou couturé les joues, aurait détr uit l’une des plus b elles figur es
italiennes de laquelle jamais femme ait rê v eusement dessiné les pr op
ortions délicates. Son visag e , assez semblable au ty p e qui a four ni le jeune
T ur c mourant à Gir o det dans son table au de la *Ré v olte du Cair e * , était un
de ces visag es mélancoliques dont les femmes sont pr esque toujour s les
dup es. Le mar quis de Montefior e p ossé dait des biens substitués, il avait
eng ag é tous les r e v enus p our un certain nombr e d’anné es, afin de p ay er
des escap ades italiennes qui ne se conce v raient p oint à Paris. Il s’était
r uiné à soutenir un théâtr e de Milan, p our imp oser au public une
mauvaise cantatrice qui, disait-il, l’aimait à la folie . Le capitaine Montefior e
avait donc un très-b el av enir , et ne se souciait p as de le jouer contr e un
mé chant mor ce au de r uban r oug e . Si ce n’était p as un brav e , c’était au
moins un philosophe , et il avait des pré cé dents, s’il est p er mis de p arler
ici notr e lang ag e p arlementair e . P hilipp e I I ne jura-t-il p as, à la bataille
de Saint-entin, de ne plus se r etr ouv er au feu, e x cepté celui des
bûcher s de l’Inquisition  ; et le duc d’ Alb e ne l’appr ouva-t-il p as de p enser
que le plus mauvais commer ce du monde était le tr o c inv olontair e d’une
3Les Marana Chapitr e
cour onne contr e une balle de plomb  ? D onc, Montefior e était philippiste
en sa qualité de mar quis  ; philippiste en sa qualité de joli g ar çon  ; et, au
demeurant, aussi pr ofond p olitique que p ouvait l’êtr e P hilipp e I I. Il se
consolait de s on

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