Matelot
168 pages
Français
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Description

Roman, dans lequel le personnage nommé Jean Berny s'engage dans la marine marchande, comme simple matelot, après son échec au concours de Navale. Après Mon frère Yves et Pêcheur d'Islande, Matelot complèta en 1893, la trilogie des romans de la mer de Pierre Loti‎. Extrait : Leur profonde détresse, il ne la vit point. Quant à lui, il ne se sentait ni atterré ni surpris, car depuis longtemps il n’espérait plus, sachant mieux que personne qu’il avait flâné jusqu’à la dernière heure — et très mal passé son examen oral. Au collège mariste, ils étaient cinq ou six grands enfants comme lui qui, en présence de l’échec probable, avaient fait ensemble le serment de s’engager dans la flotte.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 14
EAN13 9782824711065
Langue Français

Extrait

P I ERRE LO T I
MA T ELO T
BI BEBO O KP I ERRE LO T I
MA T ELO T
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1106-5
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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distribuer , l’ env o y er à v os amis. V ous êtes d’ailleur s
encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.CHAP I T RE I
    en ang e , — c’ est-à-dir e demi-nu, av e c une
fine p etite chemise et, aux ép aules, les deux ailes d’un pig e onU blanc. . . C’était au b e au soleil d’un mois de juin méridional,
dans l’ e xtrême Pr o v ence confinant à l’Italie . Il mar chait, à une pr o cession
de Fête-Dieu, en comp agnie de tr ois autr es en costume p ar eil.
Les tr ois autr es ang es étaient blonds et cheminaient les y eux
baissés, comme pr enant au sérieux tout cela. Lui, le p etit Je an, très br un au
contrair e et tout b ouclé , le plus joli de tous et le plus fort, dé visag e ait
comiquement ceux qui s’ag enouillaient sur sa r oute , p as r e cueilli du tout et
p ossé dé d’une visible envie de s’amuser . Il avait l’air vig our eux et sain,
des traits régulier s, un teint de fr uit doré , et des sour cils comme deux p
etites bandes de v elour s noir . Son r eg ard, candide et rieur , était r esté plus
enfantin, plus bébé encor e que ne le comp ortaient ses six ou sept ans, et
le bleu de ses y eux, grands ouv erts entr e de très longs cils, étonnait, av e c
ce minois de p etit Arab e .
1Matelot Chapitr e I
Ses p ar ents, — une mèr e v euv e , encor e en deuil mais déjà sans le long
v oile , et un b on vieux grand-pèr e en r e ding ote noir e , cravaté de blanc, —
suivaient d’un p eu loin dans la foule , le sourir e heur eux, fier s de v oir qu’il
était si g entil et d’ entendr e tout le monde le dir e .
Pas très fortunés, cee maman et ce grand-pèr e  : ne p ossé dant guèr e
qu’une maisonnee en ville et un p etit bien de camp agne où il y avait
des orang er s et des champs de r oses  ; app ar entés, du r este , dans tout ce
coin de France , av e c des g ens plus riches qu’ eux, qui étaient des pr
opriétair es ou des « p arfumeur s » et qui les dé daignaient un p eu. Ils étaient, ces
Ber ny , une très nombr euse famille du p ay s, non cr oisé e de sang
étrang er au moins depuis l’ép o que sar rasine , et leur ty p e pr o v ençal avait pu
se maintenir très pur . D epuis deux g énérations, ils faisaient p artie de la
b our g e oisie d’ Antib es. Par mi leur s ascendants, quelques « capitaines
marins » avaient cour u la grande av entur e du côté de Bourb on et des Indes  ;
aussi des héré dités, inquiétantes p our les mèr es, se ré vélaient-elles p arfois
chez les g ar çons.
A p as lents et r eligieux, tout en suivant le p etit ang e br un aux ailes
de pig e on blanc, la mèr e v euv e song e ait b e aucoup , et une pré o ccup ation
déjà tr oublait sa joie de le r eg arder . Oh  ! p our quoi l’imp ossibilité de ce
rê v e puéril et doux, — semblable à celui que font toutes les mèr es, — de
le conser v er tel qu’il était là  : p etit enfant aux y eux limpides et à la tête
b ouclé e  ! Oh  ! p our quoi est-ce demain, est-ce tout de suite , l’av enir  ? . . .
T ant de difficultés allaient se le v er bientôt, autour de ce p etit êtr e
indiscipliné et char mant, qui pr enait déjà des allur es d’homme malgré l’ e xtrême
enfantillag e de ses y eux, qui avait des insouciances dé concertantes et qui
s’é chapp ait quelquefois, qui s’ en allait on ne sait où courir jusqu’au soir .
Pour lui donner la même instr uction qu’à tous ses cousins plus riches que
lui, comment fair e  ? Et s’il ne travaillait p as, après tous les sacrifices, que
de v enir  ? Maintenant elle ne souriait plus et elle ne v o yait plus la pr o
cession blanche , ni le g ai soleil, ni la fugitiv e heur e présente  ; elle se r epr enait
uniquement à cee p ensé e , un p eu étr oite p eut-êtr e , mais si mater nelle et
qui dominait sa vie  : ar riv er à fair e de son p auv r e p etit Je an sans fortune
un homme qui fût au moins l’ég al des autr es g ar çons de cee dé daigneuse
famille des Ber ny . . .
2Matelot Chapitr e I
n
3CHAP I T RE I I
    ’ dizaine d’anné es, l’allur e pleine de hardiesse et
de vie , déjà pr esque un grand g ar çon, av e c toujour s le mêmeU enfantillag e et la même limpidité dans ses jolis y eux encadrés
de v elour s noir , mar chait délibérément sur la plag e d’ Antib es, suivi de
tr ois ou quatr e autr es p etits de son âg e , dont l’un avait été lui aussi, quatr e
ans aup aravant, un des ang es de la Fête-Dieu.
A v e c des air s empr essés et entendus, comme p our lui p orter se cour s,
ils allaient v er s une tartane é choué e , qui se tenait immobile et tout de
côté , au milieu des courtes p etites lames bleues mé diter rané ennes, tandis
que des pê cheur s, les jamb es dans l’ e au, demi-nus, s’agitaient alentour .
C’était un b e au dimanche de Pâques. Je an étr ennait ce jour-là son
pr emier costume d’homme et certain p etit chap e au de feutr e mar r on à
r uban de v elour s, qu’il p ortait très en ar rièr e , à la façon d’un matelot. Le
matin, dans cee même b elle tenue toute neuv e , il avait été entendr e la
grand’messe p ascale av e c sa mèr e , — et maintenant était ar rivé e l’heur e
4Matelot Chapitr e I I
si imp atiemment aendue de s’é chapp er et de courir . . .
. . . Le soir , p our dîner , il r entra en r etard, comme toujour s, après toute
sorte d’ e xp é ditions au vieux p ort et aux navir es. Il avait b e aucoup traîné
ses habits neufs, malgré les r e commandations suppliantes de sa mèr e , et
il p ortait son p etit feutr e mar r on tout de côté sur ses b oucles emmêlé es
et sur son fr ont en sueur . Il fut gr ondé un p eu, mais doucement comme
d’habitude .
Par ce que c’était soir de fête et qu’ on de vait sortir encor e après dîner ,
il se mit à table av e c son b e au costume . Il demanda même , p ar fantaisie ,
à r ester coiffé de ce g entil chap e au mar r on à lar g es b ords qui faisait sa
joie . Le vieux grand-pèr e , qui chaque dimanche dînait chez sa fille , était
là , lui aussi, p ortant toujour s la r e ding ote noir e et la cravate blanche qui
donnaient à sa quasi p auv r eté des dehor s tellement r esp e ctables. — Et le
crépuscule de printemps, limpide et r ose , é clairait leur table familiale , que
ser vait et desser vait, depuis des anné es, la même b onne app elé e Miee .
Malgré ses envies de courir , qui étaient assez continuelles, Je an les
aimait bien tous deux, la maman et le grand-pèr e  ; dans son p etit cœur
primesautier , inég al, oublieux p ar instants, ils avaient une place un p eu
caché e , mais sûr e et pr ofonde . Et, en cet instant même , en cet instant
précis, malgré ses air s distraits et absents, malgré l’araction du dehor s qui
le tour mentait, une imag e nouv elle de chacun d’ eux se sup er p osait, en lui,
aux imag es anciennes, une imag e plus solide que toutes les pré cé dentes et
qui, dans l’av enir , serait plus chérie et plus r egr eé e . Et aussi, se gravaient
mieux les traits de cee p auv r e humble Miee , qui avait aidé à l’éle v er
et à le b er cer  ; — et aussi tous les détails de cee maison, si pr o v ençale
d’asp e ct, d’ar rang ement et d

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