Un ménage de garçon
267 pages
Français

Un ménage de garçon

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Description

1842. La Comédie humaine - Études de moeurs. Deuxième livre, Scènes de la vie de province - Tome II. Sixième volume de l'édition Furne 1842. Le docteur Rouget, malin et tyrannique, a su profiter de la Révolution française pour s'enrichir. Il a, de plus, épousé l'aînée de la famille Descoings, négociants qui se sont enrichis grâce à l'achat de biens nationaux. À sa mort en 1805, il dispose d'une grande fortune qu'il laisse dans sa quasi-totalité à son fils, Jean-Jacques, en déshéritant sa fille Agathe, émigrée à Paris. Celle-ci a épousé Bridau, fonctionnaire intègre, honnête, qui voua sa vie à Napoléon. À la mort de son mari, Agathe se retrouve seule, avec peu de ressources pour élever ses deux fils Philippe et Joseph. Ses ennuis financiers suivront l'étoile napoléonienne. Philippe, militaire dans l'âme, fait le bonheur de sa mère, tandis que Joseph, le cadet, futur grand peintre, la désole. Hélas, bon à rien hors des champs de bataille, Philippe se refusera à servir les Bourbons après la chute de Napoléon. Un voyage aux États-Unis le rendra violent, buveur, menteur et voleur. Au plus fort de leurs problèmes d'argent, ils apprennent que leur oncle maternel, Jean-Jacques, est sous l'emprise d'une jeune et jolie paysanne, Flore Brazier, recueillie par leur père, et qui se surnomme «la Rabouilleuse» (en français régional, une personne qui agite et trouble l'eau pour effrayer les écrevisses et les pêcher plus facilement). Jean-Jacques n'ayant pas d'enfants, Agathe et Joseph se rendent à Issoudun pour tenter de récupérer une partie de la fortune qui leur est due...

Informations

Publié par
Nombre de lectures 37
EAN13 9782824710457
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
U N MÉNA GE DE
GARÇON
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
U N MÉNA GE DE
GARÇON
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1045-7
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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distribuer , l’ env o y er à v os amis. V ous êtes d’ailleur s
encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.MONSI EU R CHARLES NODI ER,
Membr e de l’ A cadémie française , bibliothé cair e à l’ Ar senal.A V oici, mon cher No dier , un ouv rag e plein de ces faits soustraits
à l’action des lois p ar le huis-clos domestique  ; mais où le doigt de Dieu,
si souv ent app elé le hasard, supplé e à la justice humaine , et où la morale ,
p our êtr e dite p ar un p er sonnag e mo queur n’ en est p as moins instr
uctiv e et frapp ante . Il en résulte , à mon sens, de grands enseignements et
p our la Famille et p our la Mater nité . Nous nous ap er ce v r ons p eut-êtr e
tr op tard des effets pr o duits p ar la diminution de la puissance p ater nelle ,
qui ne cessait autr efois qu’à la mort du pèr e , qui constituait le seul
tribunal humain où r essortissaient les crimes domestiques, et qui, dans les
grandes o ccasions, avait r e cour s au p ouv oir r o yal p our fair e e x é cuter ses
ar rêts. elque tendr e et b onne que soit la Mèr e , elle ne r emplace p as plus
cee r o yauté p atriar cale que la Femme ne r emplace un Roi sur le trône  ;
et si cee e x ception ar riv e , il en résulte un êtr e monstr ueux. Peut-êtr e
n’ai-je p as dessiné de table au qui montr e plus que celui ci combien le
mariag e indissoluble est indisp ensable aux so ciétés eur op é ennes, quels sont
les malheur s de la faiblesse féminine , et quels dang er s comp orte l’intérêt
p er sonnel quand il est sans fr ein. Puisse une so ciété basé e uniquement sur
1Un ménag e de g ar çon Chapitr e
le p ouv oir de l’ar g ent frémir en ap er ce vant l’impuissance de la justice sur
les combinaisons d’un sy stème qui déifie le succès en en graciant tous les
mo y ens  ! Puisse-t-elle r e courir pr omptement au catholicisme p our
purifier les masses p ar le sentiment r eligieux et p ar une é ducation autr e que
celle d’une Univ er sité laïque . Assez de b e aux caractèr es, assez de grands
et nobles dé v ouements briller ont dans les Scènes de la Vie militair e , p our
qu’il m’ait été p er mis d’indiquer ici combien de dépravation causent les
né cessités de la guer r e chez certains esprits, qui dans la vie privé e osent
agir comme sur les champs de bataille .
V ous av ez jeté sur notr e temps un sag ace coup d’ œil dont la
philosophie se trahit dans plus d’une amèr e réfle xion qui p er ce à trav er s v os
p ag es élég antes, et v ous av ez mieux que p er sonne appré cié les dégâts
pr o duits dans l’ esprit de notr e p ay s p ar quatr e sy stèmes p olitiques
différ ents. A ussi ne p ouvais-je mer e cee histoir e sous la pr ote ction d’une
autorité plus comp étente . Peut êtr e v otr e nom défendra-t-il cet ouv rag e
contr e des accusations qui ne lui manquer ont p as  : où est le malade qui
r este muet quand le chir ur gien lui enlè v e l’app ar eil de ses plaies les plus
viv es  ? A u plaisir de v ous dé dier cee Scène se joint l’ or gueil de trahir
v otr e bienv eillance p our celui qui se dit ici
Un de v os sincèr es admirateur s
DE BALZA C.
n
2U N MÉNA GE DE GARÇON
 1792,  b our g e oisie d’Issoudun jouissait d’un mé de cin nommé
Roug et, qui p assait p our un homme pr ofondément malicieux.E A u dir e de quelques g ens hardis, il r endait sa femme assez
malheur euse , quoique ce fût la plus b elle femme de la ville . Peut-êtr e cee
femme était-elle un p eu soe . Malgré l’inquisition des amis, le
commérag e des indiffér ents et les mé disances des jaloux, l’intérieur de ce ménag e
fut p eu connu. Le do cteur Roug et était un de ces hommes de qui l’ on dit
familièr ement  : «  Il n’est pas commode . » A ussi, p endant sa vie , g arda-t-on
le silence sur lui, et lui fit-on b onne mine . Cee femme , une demoiselle
D escoings, assez malingr e déjà quand elle était fille ( ce fut, disait-on, une
raison p our le mé de cin de l’ép ouser ), eut d’ab ord un fils, puis une fille qui,
p ar hasard, vint dix ans après le frèr e , et à laquelle , disait-on toujour s, le
do cteur ne s’aendait p oint, quoique mé de cin. Cee fille , tard v enue , se
nommait Ag athe . Ces p etits faits sont si simples, si ordinair es, que rien
ne semble justifier un historien de les placer en tête d’un ré cit  ; mais, s’ils
n’étaient p as connus, un homme de la tr emp e du do cteur Roug et serait
jug é comme un monstr e , comme un pèr e dénaturé  ; tandis qu’il obéissait
tout b onnement à de mauvais p enchants que b e aucoup de g ens abritent
sous ce ter rible axiome  : Un homme doit avoir du caractère  ! Cee mâle
3Un ménag e de g ar çon Chapitr e
sentence a causé le malheur de bien des femmes. Les D escoings, b e au-pèr e
et b elle-mèr e du do cteur , commissionnair es en laine , se char g e aient ég
alement de v endr e p our les pr opriétair es ou d’acheter p our les mar chands
les toisons d’ or du Ber r y , et tiraient des deux côtés un dr oit de
commission. A ce métier , ils de vinr ent riches et fur ent avar es  : morale de bien des
e xistences. D escoings le fils, le cadet de madame Roug et, ne se plut p as à
Issoudun. Il alla cher cher fortune à Paris, et s’y établit épicier dans la r ue
St-Honoré . Ce fut sa p erte . Mais, que v oulez-v ous  ? l’épicier est entraîné
v er s son commer ce p ar une for ce aractiv e ég ale à la for ce de répulsion
qui en éloigne les artistes. On n’a p as assez étudié les for ces so ciales qui
constituent les div er ses v o cations. Il serait curieux de sav oir ce qui
détermine un homme à se fair e p ap etier plutôt que b oulang er , du moment où
les fils ne succèdent p as for cément au métier de leur pèr e comme chez les
Ég y ptiens. L’amour avait aidé la v o cation chez D escoings. Il s’était dit  :
Et moi aussi, je serai épicier  ! en se disant autr e chose à l’asp e ct de sa
p atr onne , fort b elle cré atur e de laquelle il de vint ép erdument amour eux.
Sans autr e aide que la p atience , et un p eu d’ar g ent que lui env o yèr ent
ses pèr e et mèr e , il ép ousa la v euv e du sieur Bixiou, son pré dé cesseur . En
1792, D escoings p assait p our fair e d’ e x cellentes affair es. Les vieux D
escoings vivaient encor e à cee ép o que . Sortis des laines, ils emplo yaient
leur s fonds à l’achat des biens nationaux  : autr e toison d’ or  ! Leur g endr e ,
à p eu près sûr d’av oir bientôt à pleur er sa femme , env o ya sa fille à Paris,
chez son b e au-frèr e , autant p our lui fair e v oir la capitale , que p ar une
p ensé e matoise . D escoings n’avait p as d’ enfants. Madame D escoings, de
douze ans plus âg é e que son mari, se p ortait fort bien  ; mais elle était
grasse comme une griv e après la v endang e , et le r usé Roug et savait assez
de mé de cine p our pré v oir que monsieur et madame D escoings,
contrair ement à la morale des contes de fé e , seraient toujour s heur eux et
n’auraient p oint d’ enfants. Ce ménag e p our rait se p assionner p our Ag athe . Or
le do cteur Roug et v oulait déshériter sa fille , et se flaait d’ar riv er à ses
fins en la dép ay sant. Cee jeune p er sonne , alor s la plus b elle @

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