Problèmes de structure agraire en Lorraine - article ; n°322 ; vol.60, pg 337-348
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Description

Annales de Géographie - Année 1951 - Volume 60 - Numéro 322 - Pages 337-348
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1951
Nombre de lectures 68
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Nicod
Problèmes de structure agraire en Lorraine
In: Annales de Géographie. 1951, t. 60, n°322. pp. 337-348.
Citer ce document / Cite this document :
Nicod Jean. Problèmes de structure agraire en Lorraine. In: Annales de Géographie. 1951, t. 60, n°322. pp. 337-348.
doi : 10.3406/geo.1951.13311
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1951_num_60_322_13311337
PROBLÈMES DE STRUCTURE AGRAIRE EN LORRAINE
A l'examen de la carte de France à 1 : 50 000 en sept couleurs, il est
facile d'évoquer ces villages lorrains aux maisons accolées le long d'une large
rue (encombrée d'ailleurs de chariots et de fumiers), ces campagnes nues où
les champs rubanés n'arrivent pas encore à échapper aux contraintes col
lectives, ces bois aux contours géométriques soulignés par une lisière. Nulle
part en France la ténacité des vieilles habitudes communautaires, si puis
santes jadis, ne s'est mieux manifestée.
Mais en Lorraine, pays type d'openfield, la perfection est loin d'impliquer
la simplicité. Au contraire, les communes lorraines, de forme et d'étendue
très variables, peuvent assembler des terroirs très différents ; les villages,
malgré leur air de parenté, ne sauraient se confondre d'un canton à l'autre :
le riche et joli village de la côte touloise, aux étroites maisons de vignerons
serrées le long du chemin qui grimpe vers les vignes, contraste avec le morne
village des plateaux marneux, aux rues bourbeuses et aux maisons déla
brées ; tous deux, si énergiquement agglomérés, diffèrent des villages récem^
ment reconstruits de la Seille, ou de ceux des confins vosgiens. De plus,
l'existence fréquente d'écarts pose de nombreux problèmes, trop facilement
éludés par la notion de dispersion intercalaire.
Pour comprendre l'habitat rural lorrain, toute une étude d'histoire
médiévale serait nécessaire. Elle est difficile : tant de destructions militaires
n'ont presque rien laissé subsister des villages du moyen âge, et les docu
ments d'archives ne nous les montrent que totalement constitués.
I. — Les communes lorraines : ban et finage
Nous avons au moins la certitude de la permanence de ces communes au
cours des siècles. Ce sont des cellules agraires presque immuables, qui
s'opposent radicalement aux paroisses bretonnes et aux aqui
taines, créations de l'autorité supérieure, et changeantes avec elle1. En
Lorraine, la communauté a pu grossir ou diminuer, disparaître ou ressusciter
depuis le haut moyen âge : il a fallu des destructions systématiques, suivies
souvent du retour temporaire des lieux à la forêt, pour changer les limites
communales autrement que par soudure ou par disjonction de deux terri
toires.
En effet, en pays d'openfield, la rotation des soles et la vaine pâture
ont exigé la fixité des chemins qui desservent le territoire communal ou
ban. Le ban comprend deux éléments bien définis par P. de Saint- Jacob
pour la Bourgogne2 : le village, au centre, formé de tous les lieux construits
1. A. Meynier, La commune rurale française (Annales de Géographie, LIII-LIV, 1945,
p. 161-179).
2. P. de Saint-Jacob, Le village, Les conditions juridiques de Vhabitat (Ann. de Bourgogne,
1941) ; La structure du M anse (Ibid., 1943) ; La banlieue du village (Ibid., 1946).
ANN. DE GÉOG. LXe ANNÉE. 22 ANNALES DE GÉOGRAPHIE 338
ou enclos, et tout autour le finage, tous les terrains (bois, champs, prés,
landes) susceptibles d'être parcourus par le troupeau communal.
Forme et superficie du ban. — En raison de sa permanence, le ban cons
titue le cadre d'adaptation de la communauté agraire aux conditions phy
siques — ce que tous les géographes ont bien vu — , mais des circonstances
historiques ont diversifié sa forme et son étendue.
L'adaptation aux conditions physiques est marquée pour chaque ban
par sa forme, son étendue et l'association des terroirs qu'il contient. Un
certain nombre de types géographiques peuvent se distinguer :
a) Bans polygonaux : sur les plateaux; issus des clairières primitives.
1° De grande superficie et avec franges boisées intercalaires (clairières de la Haye
et des plateaux meusiens, aux sols squelettiques : Golombey-les-Belles, 1 754 ha. ;
Allain, 1 648 ha., et les deux tiers des communes de 800 à 1 100 ha.) ;
2° De faible étendue, sans franges boisées intercalaires (sur les sols profonds et
riches des plateaux marneux, Xaintois, Vermois : beaucoup de très petites et très
moyennes communes, de 400 à 600 ha.).
b) Bans rectangulaires : terroirs associés.
1° Symétriques par rapport à la rivière le long des petites vallées (village et prés
dans la vallée, vignes et vergers sur les coteaux, champs et bois sur les plateaux :
Étreval, Chaouilley, les Ableuvenettes, Rambercourt-sur-Mad, Bazoille-sur-Meuse,
Harréville-les-Chanteurs) ;
2° Dissymétriques des grandes vallées (le village s'est installé, non dans les prairies
inondables, mais sur le coteau ou dans la vallée sèche affluente, comme la plupart
des villages entre Charmes et Flavigny, qui se font face de part et d'autre de la
Moselle ; cultures et bois sur le plateau) ;
3° Dissymétriques des côtes.
C'est dans les communes de côte que l'on remarque le mieux l'association
des terroirs en bandes parallèles. Les maisons du village grimpent au milieu
des vignes et des vergers sur le talus de grouine, au pied du calcaire, à l'émer
gence des sources. Elles dominent leurs champs et leurs prairies, et un vieux
chemin bien raide permet d'exploiter landes et forêts du revers de côte,
la haye communale ou domaniale. Cette association des terroirs n'est guère
modifiée lorsque le village, héritier d'un éperon barré de l'âge du bronze et
d'un château fort médiéval, est resté perché sur un promontoire de la cuesta
ou sur une butte-témoin, au-dessus des vignes et des vergers, comme les
vieux bourgs méditerranéens (Hattonchâtel, Prény, Amance, Mousson, Sion,
Vaudémont, etc.).
Doués de riches aptitudes, les territoires des communes sous-les-
côtes montrent des superficies très variées, alors que le rapprochement
des villages et la densité de la population laisseraient prévoir des surfaces
exiguës. Or, s'il est sur les côtes des bans minuscules (Housselmont, 140 ha.),
il en est de grands, largement étendus dans les forêts du revers de côte
(Blénod, Saulxures-les-Vannes, Chaligny) et même de géants, comme
Bouxières-aux-Chênes et Boucq (1 890 et 2 200 ha.), qui empiètent aussi LA STRUCTURE AGRAIRE EN LORRAINE 339
dans les prairies humides en avant des côtes. Sans doute les communes
minuscules vivaient jadis de la seule viticulture, les ressources des autres
étaient équilibrées ; les conditions géographiques ont permis ici l'exagération
de dissemblances dont les vicissitudes historiques sont le plus souvent
responsables.
Le degré d'ancienneté des villages commande bien souvent la plus
ou moins grande étendue des bans, les plus anciens occupant les plus larges
surfaces. Ainsi, dans la forêt de Darney, au Nord de la Vôge, toute une
hiérarchie de clairières troue la couverture forestière, et les plus grandes
correspondent
aux toponymes
gallo-romains
(Darney et
Gruey-lès-Su-
rance), les plus
restreintes, aux
créations mé
diévales (Vio-
ménil) ou aux
hameaux des
anciennes forges
(fig. 1). Remar
quons cepen
la Plane dant que. des
bans de grandes
dimensions ont
pu être décou
pés, au moyen
Fie 1. — Clairières dans la forêt de Darney. — Echelle, 1 : 80 000. âge, dans les
laissés-pour- 1, Anciennes verreries.
compte de la
colonisation romaine et de la première colonisation médiévale : terres trop
lourdes de la Woè'vre que les perfectionnements de l'attelage et de la
charrue ont permis de travailler, alluvions sablonneuses de la vallée de la
Meurthe à Rosières et à Mon cel. De nombreux événements historiques
(guerres, pestes) ont affecté la surface et surtout la forme des bans : des
villages ruinés ont vu leurs terres réunies à celles du voisin (nous en repar
lerons à propos des écarts résiduels) ; des communes prospères ont pu acca
parer, ou se faire livrer par un acte juridique tel bois ou tel pâquis limitrophe
qu'elles convoitaient, aux dépens d'une voisine affaiblie. La

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