Dans ce nouveau dossier nous poursuivons nos investigations au plus près du terrain pour comprendre les liens naturels qui existent entre Agriculture, Biodiversité et Développement Durable. Ces termes sont de plus en plus fréquemment entendus. Savons-nous pour autant toujours les interpréter ? Mesurons-nous toujours leurs effets sur l’activité cynégétique ? Dans les pages qui suivent nous apportons la réponse à ces questions par des éléments simples et concrets ; des témoignages probants et encourageants.
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CHASSE,
AGRICULTURE ET PAYSAGES
Dans ce nouveau dossier nous poursuivons nos investigations au plus près du terrain pour comprendre les
liens naturels qui existent entre Agriculture, Biodiversité et Développement Durable.
Ces termes sont de plus en plus fréquemment entendus. Savons-nous pour autant toujours les interpréter ?
Mesurons-nous toujours leurs effets sur l’activité cynégétique ? Dans les pages qui suivent nous apportons
la réponse à ces questions par des éléments simples et concrets ; des témoignages probants et encourageants.
Qu’entend-on par Développement Durable ?
Récemment, la Fédération des Chasseurs a été invitée, en tant que partenaire à participer à une journée d’action et de formation consacrée
à l’Education à l’Environnement pour un Développement Durable. Cette journée, organisée au sein de l’IUFM de la Roche sur Yon par les
formateurs et les Professeurs des Ecoles stagiaires, a été l’occasion :
- d’une part, pour ces derniers, de présenter leurs travaux en matière d’éducation à l’environnement,
- d’autre part, pour les partenaires, d’expliquer leur contribution en la matière et d’exposer les outils et supports pédagogiques proposés (la
fédération n’a pas manqué à cette occasion de présenter son programme TICECO et les différentes animations de découverte de la nature
qu’elle initie chaque année),
- enfin, pour les formateurs, de développer le concept de développement durable.
Le diagramme ci-dessous, élaboré par l’un d’eux, Michel LORIAU, que nous remercions pour le mettre à disposition, définit parfaitement ce
concept et permet de situer l’activité cynégétique.
Enjeux environnementaux
BIOTOPE BIOCENOSE
ECOSYSTEME
Air, eau, énergie, sol, Animaux, végétaux,
sous-sol homme
viable vivable
Enjeux EnjeuxDURABLE
économiques sociaux
Industrie, artisanat,commerce, Transports, patrimoine, espaces verts,
services, agriculture, chasse, parcs régionaux, tourisme, loisirs,
pêche… habitat, propreté, sécurité,
hygiène, solidarité…équitable
Michel LORIAU inscrit la chasse au chapitre des Enjeux économiques. Elle doit être vue également, comme je n’ai pas manqué de le souli-
gner dans les enjeux sociaux en tant qu’activité culturelle et patrimoniale, loisir de nature et contribution à la préservation des espaces
naturels, ainsi que dans les enjeux environnementaux, la faune sauvage et donc le gibier faisant partie de la biocénose, les habitats de la
faune sauvage et les milieux dans lesquels nous évoluons constituant le biotope.
En conclusion, on peut considérer que l’activité cynégétique se situe au cœur du concept de développement durable, auquel elle concoure
et contribue de diverses manières, par la gestion durable et équilibrée des espèces, par la préservation, la restauration et l’aménagement
des biotopes, par la formation, l’information et l’éducation de ses acteurs, mais aussi d’un large public.
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LA BIODIVERSITÉ EN QUESTION
La profession agricole est de plus en plus aides financières aux bonnes pratiques ment au titre du plan de développement
attentive aux problèmes environnementaux. agricoles et environnementales. Parmi ces rural 2007/2013 en cours de préparation,
La prise de conscience est incontestable et mesures d’éco-conditionnalité on relève des est bien de prendre en considération tous
les mesures mises en œuvre par les exploi- dispositions destinées : les habitats de la faune sauvage, en parti-
tants se concrétisent. Trois éléments au culier les espaces agricoles ; et toutes lesA la conservation des oiseaux sauvages et
moins plaident en faveur du développement espèces animales, des plus communes audes habitats dont l’objectif est de conforter
d’une politique agro-environnementale : plus rares, en particulier celles qui sont jus-sur le terrain l’application des directives
l’économie tout d’abord, comme le déclare tement inféodées aux espaces agricoles ;«Oiseaux et Habitats»,
Antoine PRIOUZEAU dans le dernier «Chasseur Anticipant cette réflexion nationale, laA protéger les eaux de surface et souterrai-
Vendéen», «selon le travail du sol, et les façons cultu-
Fédération des Chasseurs de Vendée, solli-nes contre les pollutions parmi lesquelles
rales, on économise l’apport d’engrais ou les traite- citée par la Chambre d’Agriculture, a enga-figure notamment l’implantation d’un cou-
ments phytosanitaires», l’attente sociétale ensui- gé il y a trois ans un programme d’étude devert végétal en période automnale et hiver-
te, qui exige qualité, traçabilité et respect de
nale qui va s’avérer intéressant pour la la biodiversité sur différentes exploitations
l’environnement, l’image enfin, la profession
faune sauvage et l’activité cynégétique agricoles volontaires.
agricole veut vivre dignement de son travail
même si ce n’est pas sa vocation, Cette étude a été confiée à plusieurs groupes(quoi de plus légitime ?), veut vivre en har-
A protéger les sols de l’érosion et des pollu- d’étudiants du département Génie demonie avec son temps, refuse d’être (et très
tions qui se traduisent par l’obligation de l’Environnement de l’IUT de la Roche-sur-souvent injustement !) mise au banc des
mettre en place une surface minimale en Yon encadré par Myriam BOU, universitaireaccusés de pollueurs et destructeurs de la
couvert environnemental, il s’agit notam- qui rend compte de ce travail et soulignenature et se doit par conséquent de donner
ment des bandes enherbées le long des combien les techniques culturales condi-d’elle une image moderne et positive.
cours d’eau, tionnent la diversité et la richesse biolo-Cette évolution essentielle trouve d’ailleurs
giques des sols et par voie de conséquenceOu encore à préserver ou enrichir les sols ensa traduction dans les différents program-
la diversité et la richesse faunique.matière organique.mes, forums et autres réseaux de réflexion.
Jacky BERLAND exploitant sur la communeIls ont pour noms PARAD «Programme pour Nous sommes bien là dans une démarche
de St-Martin-de-Fraigneau et Thierryune Agronomie Retrouvée et une Agriculture agriculture durable veillant à prendre en
RABILLER exploitant sur la commune deDurable», FARRE «Forum pour une compte et améliorer la biodiversité dans
Agriculture Raisonnée et Respectueuse de toute sa dimension. En effet, il ne suffit pas Luçon qui ont mis leurs exploitations à
l’Environnement», RAD «Réseau Agriculture disposition pour cette étude disent les ensei-de s’intéresser à quelques espèces emblé-
gnements qu’ils en tirent en termes agrono-Durable». Cette évolution est aussi encoura- matiques ou menacées et à quelques habi-
gée par la politique publique de soutien à tats prioritaires. Le souhait fortement expri- miques, économiques, faunistiques et cyné-
l’agriculture qui conditionne l’octroi des mé par les structures cynégétiques, notam- gétiques.
LA CONTRIBUTION DE L’AGRICULTURE
AU DÉVELOPPEMENT DURABLE
Jacky BERLAND produit des céréales dans la Diminuer et tendre progressivement vers la
plaine de Fontenay-le-Comte, à St-Martin- suppression de tout travail mécanique du sol
de-Fraigneau précisément où il exploite Enrichir le sol en humus donc en azote et
aussi un atelier d’engraissement de porcs. carbone par l’apport de fumiers, lisiers,
C’est là que nous l’avons rencontré pour déchets verts, compost…
concrètement mesurer l’effet de ces tech-
Selon Jacky, «la diversification des cultures
niques agricoles simplifiées et de ces nou-
dans leur rotation et la mise en place de
velles conduites agronomiques qui contri-
couverts végétaux, outre le fait qu’elles pro-buent à améliorer la biodiversité.
tègent les sols des intempéries et des agres-
Selon Jacky «l’agronomie est au cœur de
sions, permettent de recycler les éléments
l’agriculture durable et pour créer un sol
minéraux en matière organique et ainsi d’as-durablement fertile on doit stabiliser sa struc-
surer le bon équilibre biologique du sol ce
ture, la protéger des agressions physiques
qui va générer des économies en amende-(pluie, vent…) restaurer ses équilibres bio-
ments chimiques».logiques et l’enrichir en humus».
Il en est de même lorsque l’agriculteur faitNous sommes là dans le cercle vertueux que
le choix d’abandonner le labour profond etJacky veut imprimer à l’agriculture moderne.
de limiter à sa plus simple expression lesC’est pour cela qu’il s’implique sans comp-
ter dans le programme PARAD et qu’il s’em- travaux mécaniques. Le gain de temps et
ploie à communiquer et à préconiser ses d’énergie, donc d’argent, est appréciable.
méthodes en direction de ses collègues. Et à la question de savoir si avec ces tech-
Quels sont ses conseils ? niques culturales il garantit une production et
Restituer au sol les résidus de récolte des rendements économiquement viables, sa
(pailles, fanes…) réponse est sans équivoque : «ces tech-
niques culturales simplifiées n’ont riend’uto-Mettre en place un système permanent de cul-
tures, qu’il s’agisse de cultures de vente ou de pique car elles permettent de concilier protec-
consommation ou de couverts intermédiaires tion des milieux et productions agricoles».
CHASSE, AGRICULTURE ET PAYSAGES
Dossier6 L E C H A S S E U R V E N D E E N
D’ailleurs sur le terrain il est facile de consta- œil «d’agronome». On assure ainsi une cré- que l’agriculteur s’occupe des paysages et prend en
ter et de vérifier ses propos. Nous avons vu dibilité nationale au projet. Les gens s’appré- compte les besoins de la nature. Mais cela ne suffit pas.
Encore faut-il valoriser notre travail en le disant, en com-plusieurs parcelles de blé cultivées en semis cient, collaborent et méritent d’être mis en
à la volée, avec pour seul travail du sol le muniquant ensemble.»avant».
mulchage et le roulage, soit un temps de tra- Concernant les mesures agri-environnemen-
vail fortement réduit (moins de 20 mn/ha) tales et en particulier les jachères, il estime
qui vont garantir un rendement de 80 à 100 que l’information passe encore assez mal.
quintaux/ha selon les variétés. Il en est de Selon lui, les GEDA (Groupe