"La Chine n est pas dépaysante" ou la - Article Sophie Hébert
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'La Chine n'est pas dépaysante' ou la - Article Sophie Hébert

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Langue Français

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« La Chine n'est pas dépaysante » ou la création frustrée
dans les
Carnets du voyage en Chine
de Roland Barthes
Sophie HÉBERT
Université Stendhal - Grenoble 3
E.A. 3748 - Traverses 19-21
« Ecrire n'étant une activité ni normative, ni scientifique, je ne puis dire pourquoi ni pour quoi on
écrit. Je puis seulement énumérer les raisons pour lesquelles j'imagine écrire » affirme Roland
Barthes dans un texte publié en 1969. On écrit « pour produire des sens nouveaux, c'est-à-dire des
formes nouvelles, s'emparer des choses d'une façon nouvelle, ébranler et changer la subjugation des
sens » (Barthes 2002a : 100-101).
De ce point de vue, le voyage, en tant que traversée et découverte de signes nouveaux, favorise
le geste scriptural, lui sert d'aiguillon : et le voyage au Japon que Barthes effectue en 1970 en est la
preuve. De ses notes de voyages sont nés un texte phare,
L'Empire des signes
, et deux notions-clés
de sa pensée : l'incident et le haïku.
Nul doute que la perspective du voyage en Chine, quatre ans plus tard, a éveillé en lui ces
possibles créatifs : avant même de partir avait-il déjà peut-être dans l'idée de ramener, comme
autant de souvenirs de voyage, certains concepts qui auraient dépaysé et enrichi le champ théorique
français. Mais à peine revenu de ce voyage – qui se déroule du 11 avril au 4 mai 1974, et qu'il
effectue en compagnie de François Wahl, et de représentants de la revue
Tel Quel
, Philippe Sollers,
Julia Kristeva et Marcelin Pleynet –, Barthes publie dans
le Monde
du 24 mai 1974 un article
intitulé « Alors, la Chine ? », et dans lequel il fait clairement l'aveu de sa frustration :
On part pour la Chine, muni de mille questions pressantes et, semble-t-il, naturelles : qu'en est-il là-bas, de la sexualité, de
la femme, de la famille, de la moralité ? Qu'en est-il des sciences humaines, de la linguistique, de la psychiatrie ? Nous
agitons l'arbre du savoir pour que la réponse tombe et que nous puissions revenir pourvus de ce qui est notre principale
nourriture intellectuelle : le secret déchiffré. Mais rien ne tombe. En un sens, nous revenons (hors la réponse politique)
avec :
rien
.
(Barthes 2002b : 516-520)
Et cette déception fondamentale n'a rien à voir avec le blues du voyageur à peine rentré au pays
: quelques années plus tard, Barthes renouvellera sa position dans un entretien réalisé par Bernard-
Henri Lévy et publié dans
le Nouvel Observateur
du 10 janvier 1977. Le journaliste fait remarquer à
Barthes qu'il ne parle pas de son dernier voyage : « Oui, je sais, la Chine. [...] J'ai peu écrit mais tout
regardé et écouté avec la plus grande attention et la plus grande intensité. Cela dit, pour écrire, il
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