Les industries de Saint-Claude - article ; n°3 ; vol.13, pg 189-206
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Description

Les Études rhodaniennes - Année 1937 - Volume 13 - Numéro 3 - Pages 189-206
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1937
Nombre de lectures 71
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Thérèse Colin
Les industries de Saint-Claude
In: Les Études rhodaniennes. Vol. 13 n°3, 1937. pp. 189-206.
Citer ce document / Cite this document :
Colin Thérèse. Les industries de Saint-Claude. In: Les Études rhodaniennes. Vol. 13 n°3, 1937. pp. 189-206.
doi : 10.3406/geoca.1937.6529
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_1164-6268_1937_num_13_3_6529INDUSTRIES DE SAINT-CLAUDE LES
PAR Mlle THÉRÈSE COLIN
Dès l'origine de Saint-Claude commence à apparaître l'i
ndustrie. La ville, au fond de sa gorge étroite, est née en effet
de la célèbre abbaye fondée en 425 par Saint Romain. Les
moines se mirent à tailler des objets de bois, et ils apprirent
leur art aux colons installés sur leurs terres. Quand une agglo
mération, sous le nom de ('ondat, se constitua autour de
l'abbaye, elle fit une large place à l'industrie pour satisfaire la
clientèle de pèlerins qui accouraient en foule. Lorsque l'abbaye
disparut sous la Révolution, la ville resta fidèle à ses traditions1.
Les habitants, d'ailleurs, ne pouvaient guère trouver de
moyens d'existence que dans l'industrie et le commerce, le
climat étant rude, le relief accidenté, le sol infertile. Par contre
ils pouvaient sans peine faire venir Mes produits agricoles des
régions voisines, plus riches : c'est là que passait la grande route
de Séquanie en Helvétie, deux autres routes se dirigeaient
l'une sur Vienne, l'autre sur le Cirandvaux. Saint-Claude a
toujours été un nœud important de voies de communications
et a pu assurer ainsi de faciles débouchés à son industrie.
Ce sont les articles de Saint-Claude qui ont fait connaître au
monde entier cette petite cité perdue au cœur de la montagne.
Ce résultat merveilleux est le fruit de recherches incessantes,
d'initiatives individuelles inlassablement renouvelées. L'acti-
1. Ce travail a été t'ait à i'In.-titut de C-o -rapine de ITruver-itc de Dijon, suui la
direction de M. <i. Chabot, proie-^eur de (iéosraphie, doyen de la Facilité des Lettre1-,
membre de la Commission do li'tiles Rhodanitnrt*. nui a bien voulu en faire bénéf
icier cette revue. 190 THERESE COLIN
vité sanclaudienne s'est appliquée à deux catégories d'indust
ries, d'une part les industries du bois et des matières plas
tiques, plus ou moins dérivées d'industries anciennes ; d'autre
part les industries des pierres précieuses et du diamant récem
ment importées.
I. TRAVAIL DU BOIS ET DES MATIÈRES PLASTIQUES
La tournerie est la première en date et la plus typique des
industries de Saint-Claude. Elle trouve sa matière première
dans le buis qui couvre toutes les pentes voisines ; au buis se
sont ajoutés dans la suite les bois exotiques, l'os, l'ivoire, la
corne, etc.
Les premiers objets fabriqués furent des objets de piété à
destination des pèlerins : des statuettes fies saints locaux, des
crucifix, puis, après Saint Dominique et jusqu'à la Révolut
ion, des chapelets.
Au début tout se faisait à la main, puis le tour facilita le
travail. A l'époque des Rosset, Antide Janvier, l'abbé Tour-
nier, les ouvriers étaient de véritables artistes.
L'introduction du tabac en France au xvne siècle, fut pour
Saint-Claude, un événement capital. On l'utilisa d'abord sous
forme de poudre, d'où le succès des tabatières. Primitivement
elles étaient en carton, puis elles devinrent des œuvres d'art,
avec des incrustations d'écaillé, des vernis, des dentelles, des
« guillochés » obtenus avec un tour nouveau. Cette industrie
fut très florissante au xvine siècle (En 1847 on trouve encore
18 ateliers de tabatières en corne, et 7 ou 8 en buis verni, qui
en exportent 97.000 douzaines). Puis on se mit à tourner une
infinité d'autres objets, en particulier des étuis d'os ou de'buis.
Ces produits n'étaient pas uniquement consommés en
France. Ils étaient expédiés en Espagne, en Italie, en All
emagne et en Amérique par Bayonne (300.000 fr. au total).
Partout ils étaient fort appréciés.
Ainsi la tournerie est éminemment une industrie indigène
née avec l'abbaye, liée à l'existence de la ville, et condition
de son développement. C'est elle qui a été la cellule créatrice LES INDUSTRIES DE SAINT-CLAUDE
de la richesse de Saint-Claude. C'est elle aussi, en exigeant un
travail délicat, qui a affiné les mains des générations actuelles.
Si la tournerie a été la principale ressource de Saint-Claude,
elle n'a pas été cependant la seule. D'autres industries ont été
introduites en vue d'accroître les gains. Elles ne sont pas par
ticulières à Saint-Claude ; elles méritent pourtant d'être citées,
parce qu'elles ont contribué à son essor industriel, et elles ont
servi de cadres aux industries futures qui prendront leur place.
Les plus anciennes sont les teintureries de safran ; les tanner
ies, moins importantes que dans les autres arrondissements
où l'élevage était plus développé ; les papeteries se distinguaient
déjà par un outillage plus perfectionné (l'une possédait le
plus beau cylindre de France) et la qualité de leurs produits.
Les forges, clouteries, ferrières sont dépassées par celles des
autres villes du Jura qui sont mieux placées pour se procurer
du fer. Un essai de filature de coton à la fin du xvine siècle ne
donna pas de résultats comparables à ceux des Vosges, à cause
du prix de revient très élevé dans un pays aussi éloigné ; il
prouve néanmoins l'effort de la population pour multiplier
ses revenus. Quelques ouvriers étaient également occupés
dans une poterie et une imprimerie.
Ainsi Saint-Claude était depuis longtemps la première ville
industrielle du Jura, et ses articles étaient dirigés sur tous les
continents. Le xixe siècle voit ses industries s'amplifier mais
aussi se modifier. Certaines émigrent et disparaissent, d'autres
changent totalement d'aspect et en se renouvelant se déve
loppent considérablement ; d'autres enfin apparaissent et
réussissent, grâce à une main-d'œuvre incomparable.
Cette modernisation de l'industrie, production à outrance,
machinisme, travail en série..., a été déterminée par la décou
verte de l'Electricité.
Autrefois les usines étaient conditionnées par la présence de
l'eau et ne pouvaient que s'échelonner le long de la Bienne et
du Tacon. L'électricité leur permit de se multiplier même au
loin.
Deux Sociétés s'organisèrent, en 189b, V Union Electrique,
qui reste la plus importante, et, en 1900, la Société Electro-
métallurgique du Jura. Leurs lignes atteignirent hameaux et IÇ2 THERESE COLIN
fermes. La montagne fut préservée de la dépopulation, l'art
isanat fut prospère.
Cependant l'économie industrielle de Saint-Claude fut trans
formée. Elle ne pouvait plus exploiter à fond toutes les possi
bilités de ses industries primitives, elle laisse le travail du bois
se localiser à Moirans, le peigne à Oyonnax, le fer à Morez.
Elle se spécialise dans la pipe, qu'elle installe en souveraine
dans ses anciennes usines, et elle fait bon accueil à de nouvelles
industries plus minutieuses comme le Lapidaire et le Diamant.
La Pipe. — L'usage de fumer la pipe, d'origine populaire,
gagna peu à peu les hautes classes. Saint-Claude allait faire
fortune en fournissant l'Univers de pipes.
La fabrication de la pipe de bois remonte à la fin du xvine siè
cle. C'était un long tuyau de buis ou de corne (quelquefois de
90 cm.), rectiligne, ajusté à un foyer de porcelaine importé
d'Allemagne. Puis le tuyau fut recourbé à l'extrémité inférieure.
Le foyer resta en porcelaine jusqu'au jour où l'ouvrier essaya
d'en fabriquer avec le buis qui était depuis longtemps travaillé
dans le pays. Il allait lui-même chercher sa matière première la forêt, et il se chargeait de toutes le^ passes. Il en fut
ainsi jusque vers icS8o.
Ces pipes étaient combustibles, le buis donnait mauvais
goût au tabac. Déjà cependant elles avaient accaparé moulins
et papeteries pour avoir la force hydraulique. Saint-Claude
devait être bientô

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