Maître Cornélius
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Description

La Comédie humaine - Études philosophiques - Tome II. Quinzième volume de l'édition Furne 1842. Extrait : Et le comte Aymar de Poitiers, sire de Saint-Vallier, tenta de tirer son épée et de se faire faire place 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 14
EAN13 9782824710280
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
MAÎ T RE CORN ÉLI US
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
MAÎ T RE CORN ÉLI US
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1028-0
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.MAÎ T RE CORN ÉLI US
A MONSI EU R LE COMT E GEORGES MN ISZECH.
elque JALOUX p our rait cr oir e en v o yant briller à cee
p ag e un des plus vieux et plus illustr es noms sar mates, que
j’ essay e , comme en orfé v r erie , de r ehausser un ré cent travail
p ar un bijou ancien, fantaisie à la mo de aujourd’hui  ; mais,
v ous et quelques autr es aussi, mon cher comte , saur ont que je
tâche d’acquier ici ma dee au T alent, au Souv enir et à
l’ Amitié
.
 1479,  jour de la T oussaint, au moment où cee histoir e
commença, les vêpr es finissaient à la cathé drale de T our s. L’ar che-E vê que Hélie de Bourdeilles se le vait de son siég e p our donner
lui-même la béné diction aux fidèles. Le ser mon avait duré longtemps, la
nuit était v enue p endant l’ office , et l’ obscurité la plus pr ofonde régnait
dans certaines p arties de cee b elle église dont les deux tour s n’étaient
p as encor e ache vé es. Cep endant b on nombr e de cier g es brûlaient en
l’honneur des saints sur les p orte-cir es triangulair es destinés à r e ce v oir
ces pieuses offrandes dont le mérite ou la signification n’ ont jamais été
suffisamment e xpliqués. Les luminair es de chaque autel et tous les
can1Maîtr e Cor nélius Chapitr e
délabr es du chœur étaient allumés. Inég alement semé es à trav er s la
forêt de pilier s et d’ar cades qui soutient les tr ois nefs de la cathé drale , ces
masses de lumièr e é clairaient à p eine l’immense vaisse au, car en pr
ojetant les fortes ombr es des colonnes à trav er s les g aleries de l’é difice ,
elles y pr o duisaient mille fantaisies que r ehaussaient encor e les ténèbr es
dans lesquelles étaient ense v elis les cintr es, les v oussur es et les chap elles
latérales, déjà si sombr es en plein jour . La foule offrait des effets non
moins pior esques. Certaines figur es se dessinaient si vaguement dans le
clair-obscur , qu’ on p ouvait les pr endr e p our des fantômes  ; tandis que
plusieur s autr es, frapp é es p ar des lueur s ép ar ses, airaient l’aention
comme les têtes princip ales d’un table au. Les statues semblaient animé es,
et les hommes p araissaient p étrifiés. Çà et là , des y eux brillaient dans le
cr eux des pilier s, la pier r e jetait des r eg ards, les marbr es p arlaient, les
v oûtes rép étaient des soupir s, l’é difice entier était doué de vie . L’ e
xistence des p euples n’a p as de scènes plus solennelles ni de moments plus
majestueux. A l’homme en masse , il faut toujour s du mouv ement p our
fair e œuv r e de p o ésie  ; mais à ces heur es de r eligieuses p ensé es, où les
richesses humaines se marient aux grandeur s célestes, il se r encontr e
d’incr o yables sublimités dans le silence  ; il y a de la ter r eur dans les g
enoux pliés et de l’ esp oir dans les mains (maintes) jointes. Le concert de
sentiments p ar le quel toutes les âmes s’élancent au ciel pr o duit alor s un
e xplicable phénomène de spiritualité . La my stique e x altation des fidèles
assemblés ré agit sur chacun d’ eux, le plus faible est sans doute p orté
sur les flots de cet o cé an d’amour et de foi. Puissance tout éle ctrique ,
la prièr e ar rache ainsi notr e natur e à elle-même . Cee inv olontair e union
de toutes les v olontés, ég alement pr oster né es à ter r e , ég alement éle vé es
aux cieux, contient sans doute le se cr et des magiques influences que p
ossèdent le chant des prêtr es et les mélo dies de l’ or gue , les p arfums et les
p omp es de l’autel, les v oix de la foule et ses contemplations silencieuses.
A ussi ne de v ons-nous p as êtr e étonnés de v oir au Mo y en-âg e tant
d’amour s commencé es à l’église après de longues e xtases, amour s souv ent
dénoué es p eu saintement, mais desquelles les femmes finissaient, comme
toujour s, p ar fair e p énitence . Le sentiment r eligieux avait alor s
certainement quelques affinités av e c l’amour , il en était ou le princip e ou la
fin. L’amour était encor e une r eligion, il avait encor e son b e au fanatisme ,
2Maîtr e Cor nélius Chapitr e
ses sup er stitions naïv es, ses dénouements sublimes qui sy mp athisaient
av e c ceux du christianisme . Les mœur s de l’ép o que e xpliquent assez bien
d’ailleur s l’alliance de la r eligion et de l’amour . D’ab ord, la so ciété ne se
tr ouvait guèr e en présence que de vant les autels. Seigneur s et vassaux,
hommes et femmes n’étaient ég aux que là . Là seulement, les amants p
ouvaient se v oir et cor r esp ondr e . Enfin, les têtes e cclésiastiques comp osaient
le sp e ctacle du temps, l’âme d’une femme était alor s plus viv ement r
emué e au milieu des cathé drales qu’ elle ne l’ est aujourd’hui dans un bal
ou à l’Op éra. Les fortes émotions ne ramènent-elles p as toutes les femmes
à l’amour  ? A for ce de se mêler à la vie et de la saisir dans tous ses actes,
la r eligion s’était donc r endue ég alement complice et des v ertus et des
vices. La r eligion avait p assé dans la science , dans la p olitique , dans
l’élo quence , dans les crimes, sur les trônes, dans la p e au du malade et du
p auv r e  ; elle était tout. Ces obser vations demi-savantes justifier ont p
eutêtr e la vérité de cee Étude dont certains détails p our raient effar oucher
la morale p erfe ctionné e de notr e siè cle , un p eu tr op collet-monté , comme
chacun sait.
A u moment où le chant des prêtr es cessa, quand les der nièr es notes
de l’ or gue se mêlèr ent aux vibrations de l’ amen sorti de la forte p oitrine
des chantr es, p endant qu’un lég er mur mur e r etentissait encor e sous les
v oûtes lointaines, au moment où l’assemblé e r e cueillie aendait la
bienfaisante p ar ole du prélat, u n b our g e ois, pr essé de r entr er en son logis, ou
craignant p our sa b our se le tumulte de la sortie , se r etira doucement, au
risque d’êtr e réputé mauvais catholique . Un g entilhomme , tapi contr e l’un
des énor mes pilier s qui envir onnent le chœur et où il était r esté comme
p erdu dans l’ ombr e , s’ empr essa de v enir pr endr e la place abandonné e p ar
le pr udent T ourang e au. En y ar rivant, il se cacha pr omptement le visag e
dans les plumes qui or naient son haut b onnet gris, et s’ag enouilla sur la
chaise av e c un air de contrition auquel un inquisiteur aurait pu cr oir e .
Après av oir assez aentiv ement r eg ardé ce g ar çon, ses v oisins p ar ur ent
le r e connaîtr e , et se r emir ent à prier en laissant é chapp er certain g este p ar
le quel ils e xprimèr ent une même p ensé e , p ensé e caustique , railleuse , une
mé disance muee . D eux vieilles femmes ho chèr ent la tête en se jetant
un mutuel coup d’ œil qui fouillait l’av enir . La chaise dont s’était emp aré
le jeune homme se tr ouvait près d’une chap elle pratiqué e entr e deux
pi3Maîtr e Cor nélius Chapitr e
lier s, et fer mé e p ar une grille de fer . Le chapitr e louait alor s, mo y ennant
d’assez fortes r e de vances, à certaines familles seigneuriales ou m&

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