Massimilla Doni
81 pages
Français

Massimilla Doni

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
81 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

La Comédie humaine - Études philosophiques - Tome II. Quinzième volume de l'édition Furne 1842. Extrait : ― Et je suis prince ! En se disant ce dernier mot, Émilio Memmi jeta, sans l’achever, la lettre de Marco Vendramini dans la lagune, où elle flotta comme un esquif de papier lancé par un enfant. ― Mais Émilio, reprit-il, n’a que vingt-trois ans. Il vaut mieux ainsi que lord Wellington goutteux, que le régent paralytique, que la famille impériale d’Autriche attaquée du haut mal, que le roi de France...Mais en pensant au roi de France, le front d’Émilio se plissa, son teint d’ivoire jaunit, des larmes roulèrent dans ses yeux noirs, humectèrent ses longs cils 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 34
EAN13 9782824710297
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
MASSIMI LLA D ON I
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
MASSIMI LLA D ON I
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1029-7
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
Except where otherwise noted, this work is licensed under
h tt p : / / c r e a ti v e c o m m on s . or g / l i c e n s e s / b y - s a / 3 . 0 /
Lir e la licence
Cee œuv r e est publié e sous la licence CC-BY -SA, ce qui
signifie que v ous p ouv ez lég alement la copier , la r e
distribuer , l’ env o y er à v os amis. V ous êtes d’ailleur s
encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.MASSIMI LLA D ON I
JA CQU ES ST RU NZ.
Mon cher Str unz, il y aurait de l’ingratitude à ne p as aacherA v otr e nom à l’une des deux œuv r es que je n’aurais pu fair e sans
v otr e p atiente complaisance et v os b ons soins. T r ouv ez donc ici un
témoignag e de ma r e connaissante amitié , p our le courag e av e c le quel v ous av ez
essayé , p eut-êtr e sans succès, de m’initier aux pr ofondeur s de la science
musicale . V ous m’aur ez toujour s appris ce que le g énie cache de difficultés
et de travaux dans ces p oèmes qui sont p our nous la sour ce de plaisir s
divins. V ous m’av ez aussi pr o curé plus d’une fois le p etit div ertissement de
rir e aux dép ens de plus d’un prétendu connaisseur . A ucuns me tax ent
d’ignorance , ne soup çonnant ni les conseils que je dois à l’un des meilleur s
auteur de feuilletons sur les œuv r es musicales, ni v otr e consciencieuse
assistance . Peut-êtr e ai-je été le plus infidèle des se crétair es  ? S’il en était
ainsi, je serais certainement un traîtr e traducteur sans le sav oir , et je v eux
né anmoins p ouv oir toujour s me dir e un de v os amis.
n
1    les connaisseur s, la noblesse vénitienne est la
pr emièr e de l’Eur op e . Son Liv r e d’ or a pré cé dé les Cr oisades,C temps où V enise , débris de la Rome imp ériale et chrétienne qui se
plong e a dans les e aux p our é chapp er aux Barbar es, déjà puissante , illustr e
déjà , dominait le monde p olitique et commer cial. A quelques e x ceptions
près, aujourd’hui cee noblesse est entièr ement r uiné e . Par mi les g
ondolier s qui conduisent les Anglais à qui l’Histoir e montr e là leur av enir , il
se tr ouv e des fils d’anciens dog es dont la race est plus ancienne que celle
des souv erains. Sur un p ont p ar où p assera v otr e g ondole , si v ous allez à
V enise , v ous admir er ez une sublime jeune fille mal vêtue , p auv r e enfant
qui app artiendra p eut-êtr e à l’une des plus illustr es races p atriciennes.
and un p euple de r ois en est là , né cessair ement il s’y r encontr e des
caractèr es bizar r es. Il n’y a rien d’ e xtraordinair e à ce qu’il jaillisse des
étincelles p ar mi les cendr es. D estiné es à justifier l’étrang eté des p er
sonnag es en action dans cee histoir e , ces réfle xions n’ir ont p as plus loin,
car il n’ est rien de plus insupp ortable que les r e dites de ceux qui p arlent
de V enise après tant de grands p oètes et tant de p etits v o yag eur s.
L’intérêt du ré cit e xig e ait seulement de constater l’ opp o sition la plus viv e de
l’ e xistence humaine  : cee grandeur et cee misèr e qui se v oient là chez
2Massimilla D oni Chapitr e
certains hommes comme dans la plup art des habitations. Les nobles de
V enise et ceux de Gênes, comme autr efois ceux de Pologne , ne pr enaient
p oint de titr es. S’app eler irini, D oria, Brignole , Mor osini, Sauli, Mo
cenig o , Fieschi ( Fiesque ), Cor nar o , Spinola, suffisait à l’ or gueil le plus haut.
T out se cor r ompt, quelques familles sont titré es aujourd’hui. Né anmoins,
dans le temps où les nobles des républiques aristo cratiques étaient ég aux,
il e xistait à Gênes un titr e de prince p our la famille D oria qui p ossé dait
Amalfi en toute souv eraineté , et un titr e semblable à V enise , légitimé p ar
une ancienne p ossession des Facino Cane , princes de V arèse . Les
Grimaldi, qui de vinr ent souv erains, s’ emp arèr ent de Monaco b e aucoup plus
tard. Le der nier des Cane de la branche aîné e disp ar ut de V enise tr ente
ans avant la chute de la république , condamné p our des crimes plus ou
moins criminels. Ceux à qui r e v enait cee princip auté nominale , les Cane
Memmi, tombèr ent dans l’indig ence p endant la fatale p ério de de 1796 à
1814. D ans la vingtième anné e de ce siè cle , ils n’étaient plus r eprésentés
que p ar un jeune homme ayant nom Émilio , et p ar un p alais qui p asse
p our un des plus b e aux or nements du Canale Grande . Cet enfant de la
b elle V enise avait p our toute fortune cet inutile p alais et quinze cents
liv r es de r ente pr o v enant d’une maison de camp agne situé e sur la Br enta,
le der nier bien de ceux que sa famille p ossé da jadis en T er r e-Fer me , et
v endue au g ouv er nement autrichien. Cee r ente viagèr e sauvait au b el
Émilio la honte de r e ce v oir , comme b e aucoup de nobles, l’indemnité de
vingt sous p ar jour , due à tous les p atriciens indig ents, stipulé e dans le
traité de cession à l’ A utriche .
A u commencement de la saison d’hiv er , ce jeune seigneur était encor e
dans une camp agne situé e au pie d des Alp es T y r oliennes, et acheté e au
printemps der nier p ar la duchesse Catane o . La maison bâtie p ar Palladio
p our les Tiep olo consiste en un p avillon car ré du style le plus pur . C’ est
un escalier grandiose , des p ortiques en marbr e sur chaque face , des p
éristyles à v oûtes couv ertes de fr esques et r endues légèr es p ar l’ outr emer du
ciel où v olent de délicieuses figur es, des or nements gras d’ e x é cution, mais
si bien pr op ortionnés que l’é difice les p orte comme une femme p orte sa
coiffur e , av e c une facilité qui réjouit l’ œil  ; enfin cee gracieuse noblesse
qui distingue à V enise les pr o curaties de la Piazea. D es stucs
admirablement dessinés entr etiennent dans les app artements un fr oid qui r end
3Massimilla D oni Chapitr e
l’atmosphèr e aimable . Les g aleries e xtérieur es p eintes à fr esque for ment
abat-jour . Partout règne ce frais p avé vénitien où les marbr es dé coup és
se chang ent en d’inaltérables fleur s. L’ameublement, comme celui des p
alais italiens, offrait les plus b elles soieries richement emplo yé es, et de
précieux table aux bien placés  : quelques-uns du prêtr e g énois dit il Capucino ,
plusieur s de Lé onard de Vinci, de Carlo D olci, de Tintor eo et de Titien.
Les jardins étag és présentent ces mer v eilles où l’ or a été métamor phosé
en gr oes de r o cailles, en cailloutag es qui sont comme la folie du travail,
en ter rasses bâties p ar les fé es, en b osquets sé vèr es de ton, où les cy près
hauts sur p ae , les pins triangulair es, le triste olivier , sont déjà
habilement mélang és aux orang er s, aux laurier s, aux my rtes  ; en bassins clair s
où nag ent des p oissons d’azur et de cinabr e . oi que l’ on puisse dir e
à l’avantag e des jardins anglais, ces arbr es en p arasols, ces ifs taillés, ce
lux e des pr o ductions de l’art marié si finement à celui d’une natur e
habillé e  ; ces cascades à gradins de marbr e où l’ e au se glisse timidement et
semble comme une é char p e enle vé e p ar le v ent, mais toujour s r enouv
elé e  ; ces p er sonnag es en plomb doré qui meublent discrètement de
silencieux asiles  : enfin ce p alais hardi qui fait p oint de v ue de toutes p arts
en éle vant sa dentelle au pie d des Alp es  ; ces viv es p ensé es qui animent
la pier r e , le br onze et les vég étaux, ou se dessinent en p arter r es, cee
p o étique pr o dig alité se yait à l’amour d’une duchesse et d’un joli jeune
homme , le quel est une œuv r e de p o ésie fort éloigné e des fins de la br
utale natur e . iconque compr end la fantaisie , aurait v oulu v oir sur l’un
de ces b e aux escalier s, à côté d’un vase à bas-r eliefs cir culair es, quelque
négrillon habillé à mi-cor ps d’un tonnelet en étoffe r oug e , tenant d’une
main un p arasol au-dessus de la tête de la duchesse , et de l’autr e la queue
de sa longue r ob e p endant qu’ elle é coutait une p ar ole d’Émilio Memmi.
Et que n’aurait p as g agné le V énitien à êtr e vêtu comme un de ces
sénateur s p eints p ar Titien  ? Hélas  ! dans ce p

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents