Nana
400 pages
Français

Nana

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Description

Nana est le roman neuvième de la série les Rougon-Macquart, traitant du thème de la prostitution féminine à travers le parcours d’une courtisane dont les charmes ont affolé les plus hauts dignitaires du Second Empire. L’histoire commence en 1868. Le personnage de Nana a été notamment inspiré à Zola par Blanche Dantigny. Extrait : Les places ne manquaient pas, elle était assez connue 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 287
EAN13 9782824702537
Langue Français

Extrait

ÉMI LE ZOLA
NANA
BI BEBO O KÉMI LE ZOLA
NANA
1879
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-0253-7
BI BEBO OK
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Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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distribuer , l’ env o y er à v os amis. V ous êtes d’ailleur s
encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.CHAP I T RE I
 , la salle du théâtr e des V ariétés était encor e vide .
elques p er sonnes, au balcon et à l’ or chestr e , aendaient, p er-A dues p ar mi les fauteuils de v elour s gr enat, dans le p etit jour du
lustr e à demi-feux. Une ombr e no yait la grande tache r oug e du ride au  ;
et p as un br uit ne v enait de la scène , la ramp e éteinte , les pupitr es des
musiciens débandés. En haut seulement, à la tr oisième g alerie , autour de
la r otonde du plafond où des femmes et des enfants nus pr enaient leur
v olé e dans un ciel v erdi p ar le g az, des app els et des rir es sortaient d’un
br ouhaha continu de v oix, des têtes coiffé es de b onnets et de casquees
s’étag e aient sous les lar g es baies r ondes, encadré es d’ or . Par moments,
une ouv r euse se montrait, affairé e , des coup ons à la main, p oussant
devant elle un monsieur et une dame qui s’asse yaient, l’homme en habit, la
femme mince et cambré e , pr omenant un lent r eg ard.
D eux jeunes g ens p ar ur ent à l’ or chestr e . Ils se tinr ent deb out, r eg
ardant.
1Nana Chapitr e I
― e te disais-je , He ctor  ? s’é cria le plus âg é , un grand g ar çon à
p etites moustaches noir es, nous v enons tr op tôt. T u aurais bien pu me
laisser ache v er mon cig ar e .
Une ouv r euse p assait.
―  Oh  ! monsieur Faucher y , dit-elle familièr ement, ça ne commencera
p as avant une demi-heur e .
― Alor s, p our quoi affichent-ils p our neuf heur es  ? mur mura He ctor ,
dont la longue figur e maigr e prit un air v e x é . Ce matin, Clarisse , qui est
de la piè ce , m’a encor e juré qu’ on commencerait à neuf heur es pré cises.
Un instant, ils se tur ent, le vant la tête , fouillant l’ ombr e des log es. Mais
le p apier v ert dont elles étaient tapissé es les assombrissait encor e . En bas,
sous la g alerie , les baignoir es s’ enfonçaient dans une nuit complète . A ux
log es de balcon, il n’y avait qu’une gr osse dame , é choué e sur le v elour s
de la ramp e . A dr oite et à g auche , entr e de hautes colonnes, les
avantscènes r estaient vides, drap é es de lambr e quins à longues frang es. La salle
blanche et or , r ele vé e de v ert tendr e , s’ effaçait, comme emplie d’une fine
p oussièr e p ar les flammes courtes du grand lustr e de cristal.
― Est-ce que tu as eu ton avant-scène p our Lucy  ? demanda He ctor .
―  Oui, rép ondit l’autr e , mais ça n’a p as été sans p eine . . . Oh  ! il n’y a
p as de dang er que Lucy vienne tr op tôt, elle  !
Il étouffa un lég er bâillement  ; puis, après un silence  :
―  T u as de la chance , toi qui n’as p as encor e v u de pr emièr e . . . La
Blonde Vénus sera l’é vénement de l’anné e . On en p arle depuis six mois.
Ah  ! mon cher , une musique  ! un chien  !. . . Bordenav e , qui sait son affair e ,
a g ardé ça p our l’Exp osition.
He ctor é coutait r eligieusement. Il p osa une question.
― Et Nana, l’étoile nouv elle , qui doit jouer V énus, est-ce que tu la
connais  ?
― Allons, b on  ! ça va r e commencer  ! cria Faucher y en jetant les bras
en l’air . D epuis ce matin, on m’assomme av e c Nana. J’ai r encontré plus de
vingt p er sonnes, et Nana p ar-ci, et Nana p ar-là  ! Est-ce que je sais, moi  !
est-ce que je connais toutes les filles de Paris  !. . . Nana est une inv ention
de Bordenav e . Ça doit êtr e du pr opr e  !
Il se calma. Mais le vide de la salle , le demi-jour du lustr e , ce r e
cueillement d’église plein de v oix chuchotantes et de baements de p orte l’ag
a2Nana Chapitr e I
çaient.
― Ah  ! non, dit-il tout à coup , on se fait tr op vieux, ici. Moi, je sor s. . .
Nous allons p eut-êtr e tr ouv er Bordenav e en bas. Il nous donnera des
détails.
En bas, dans le grand v estibule dallé de marbr e , où était installé le
contrôle , le public commençait à se montr er . Par les tr ois grilles ouv ertes,
on v o yait p asser la vie ardente des b oule v ards, qui gr ouillaient et
flambaient sous la b elle nuit d’av ril. D es r oulements de v oitur e s’ar rêtaient
court, des p ortièr es se r efer maient br uyamment, et du monde entrait,
p ar p etits gr oup es, stationnant de vant le contrôle , montant, au fond, le
double escalier , où les femmes s’aardaient av e c un balancement de la
taille . D ans la clarté cr ue du g az, sur la nudité blafarde de cee salle dont
une maigr e dé coration Empir e faisait un p éristyle de temple en carton,
de hautes affiches jaunes s’étalaient violemment, av e c le nom de Nana
en gr osses ler es noir es. D es messieur s, comme accr o chés au p assag e ,
les lisaient  ; d’autr es, deb out, causaient, bar rant les p ortes  ; tandis que ,
près du bur e au de lo cation, un homme ép ais, à lar g e face rasé e , rép ondait
br utalement aux p er sonnes qui insistaient p our av oir des places.
―  V oilà Bordenav e , dit Faucher y , en descendant l’ escalier .
Mais le dir e cteur l’avait ap er çu.
― Eh  ! v ous êtes g entil  ! lui cria-t-il de loin. C’ est comme ça que v ous
m’av ez fait une chr onique . . . J’ai ouv ert ce matin le Figaro . Rien.
― Aendez donc  ! rép ondit Faucher y . Il faut bien que je connaisse
v otr e Nana, avant de p arler d’ elle . . . Je n’ai rien pr omis, d’ailleur s.
Puis, p our coup er court, il présenta son cousin, M. He ctor de la Faloise ,
un jeune homme qui v enait ache v er son é ducation à Paris. Le dir e cteur
p esa le jeune homme d’un coup d’ œil. Mais He ctor l’ e x aminait av e c
émotion. C’était donc là ce Bordenav e , ce montr eur de femmes qui les
traitait en g arde-chiour me , ce cer v e au toujour s fumant de quelque ré clame ,
criant, crachant, se tap ant sur les cuisses, cy nique , et ayant un esprit de
g endar me  ! He ctor cr ut qu’il de vait cher cher une phrase aimable .
―  V otr e théâtr e . . . commença-t-il d’une v oix flûté e .
Bordenav e l’inter r ompit tranquillement, d’un mot cr u, en homme qui
aime les situations franches.
― Dites mon b ordel.
3Nana Chapitr e I
Alor s, Faucher y eut un rir e appr obatif, tandis que la Faloise r estait
av e c son compliment étranglé dans la g or g e , très cho qué , essayant de
p araîtr e g oûter le mot. Le dir e cteur s’était pré cipité p our donner une p
oigné e de main à un critique dramatique , dont le feuilleton avait une grande
influence . and il r e vint, la Faloise se r emeait. Il craignait d’êtr e traité
de pr o vincial, s’il se montrait tr op interlo qué .
―  On m’a dit, r e commença-t-il, v oulant absolument tr ouv er quelque
chose , que Nana avait une v oix délicieuse .
― Elle  ! s’é cria le dir e cteur en haussant les ép aules, une v raie
seringue  !
Le jeune homme se hâta d’ajouter  :
― Du r este , e x cellente comé dienne .
― Elle  !. . . Un p aquet  ! Elle ne sait où mer e les pie ds et les mains.
La Faloise r ougit légèr ement. Il ne compr enait plus. Il balbutia  :
― Pour rien au monde , je n’aurais manqué la pr emi

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