Oshima, le réalisateur de « L’empire des sens », est mort, le briseur de tabous
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C’est une pneumonie qui vient d’emporter le réalisateur japonais le plus sulfureux de son histoire.
C'était le grand représentant de la nouvelle vague du cinéma japonais des années 1960. Et il n'avait pas attendu de réaliser L'Empire des sens, en 1976, pour faire scandale.
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Oshima, le réalisateur de « L’empire des sens », est mort
Fabienne Bradfer il y a 5 heures
C’est une pneumonie qui vient d’emporter le réalisateur japonais le plus sulfureux de son histoire.
·AFP 1234Le nom de Nagisa Oshima, qui aurait eu 81 ans fin mars, est à jamais associé à son film-événement « L’empire des sens », présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 1976. Cette coproduction franco-japonaise qui lui donnera la renommée internationale, fait naturellement scandale pour son caractère pornographique. Au Japon, des scènes sont coupées, les parties intimes floutées. Il faut dire que Oshima y raconte la spirale infernale d’une passion extrême entre une prostituée et son amant, mêlant amour et mort pour interroger de façon explicite les limites du désir et du sexe.
Oshima, c’est une liberté de ton qui explose les codes dans le Japon d’après-guerre. Né en 1932, il crée des films à son image, politisés et contestataires, transcendés par une approche toujours très contemporaine de la société japonaise à travers ses tabous. Mêlant l’approche intime et historique des choses, il cherche à mettre en évidence les travers de ses contemporains et s’impose d’emblée en chef de file. Il y a dans son cinéma cette volonté de bousculer la société japonaise, de la confronter à ses contradictions, à ses interdits. C’est l’homosexualité dans « Furyo », la zoophilie dans « Max mon amour », la délinquance juvénile dans « Contes cruels de la jeunesse », la misère et la violence dans « L’enterrement du soleil ». Il y a aussi cette recherche formelle sans cesse renouvelée de film en film. Jamais complaisant, plutôt provocateur, à tout jamais cinéaste radical du présent, Oshima
laisse un héritage intéressant et reste une référence de modernité et de liberté dans le cinéma d’engagement et d’inconfort.
Nagisa Oshima, le briseur de tabous
Nagisa Oshima a acquis une célébrité internationale avecL'Empire des sens. Crédits photo : PATMAN/SIPA
VIDÉOS INA - Le réalisateur transgressif deL'Empire des sens, FuryoouTabous'est éteint à l'âge de 80 ans.
C'était le grand représentant de la nouvelle vague du cinéma japonais des années 1960. Et il n'avait pas attendu de réaliserL'Empire des sens, en 1976, pour faire scandale.
Nagisa Oshima, né à Kyoto en 1932, orphelin de père à 6 ans, grandit entre sa mère et sa sœur. Ses études le mènent d'abord vers le droit et la politique, bientôt vers le cinéma: entre 1954 et 1959, cinq ans d'assistanat auprès de Masaki Kobayashi et Hideo Oba. Il écrit des scénarios et des critiques. En 1959, laShochiku, une des majors japonaises, lui permet de réaliser ses premiers films. Mais elle se débarrasse de lui dès l'année suivante, lorsqu'il réaliseNuit et brouillard sur le Japon.
Sous ce titre, hommage àAlain Resnais, le réalisateur de 28 ans traite un sujet politique d'actualité: le renouvellement du traité de sécurité entre Américains et Japonais. Signé dix ans plus tôt, en 1950, celui-ci donne alors lieu à de violentes manifestations. Le film, qui met en scène les échecs et les déchirements de la génération d'après-guerre, apparaît comme un brûlot politique aux yeux de la compagnie, qui le retire de l'affiche quatre jours après sa sortie. Il révèle aussi la somptuosité formelle du cinéaste et sa vision nihiliste: un manque de foi dans la possibilité de changer le monde en s'engageant politiquement.
Oshima se tourne alors vers la production indépendante et va inaugurer ces thèmes sombres de sexe et de crime qui lui vaudront une réputation sulfureuse. Ainsi, en 1965Les Plaisirs de la chair. En 1971, il signeLa Cérémonie, qui parcourt l'histoire d'une famille à travers les traditions et les rites - mariage, funérailles… Mais sa compagnie de production va vers la faillite. C'est le producteur français Anatole Dauman qui lui permettra de tournerL'Empire des sens. Le film lui vaut une célébrité internationale. Inspiré par un fait divers, il dépeint les relations érotiques d'une geisha et de son patron, jusqu'au dénouement criminel. Avec pour la première fois dans un film non classé X un acte sexuel non simulé.
«Contre le système»
Par la suite, Oshima continuera de choisir des sujets où la transgression des tabous est une constante, mais sa filmographie sera maigre:L'Empire de la passion(1978), complément àL'Empire des sens.Furyo(1983), avecDavid Bowie en prisonnier de guerre anglais: homosexualité et cannibalisme dans un camp japonais, en 1942. Puis ce seraMax mon amour(1986), sur un sujet de Jean-Claude Carrière: un diplomate apprend par un détective privé que sa femme (Charlotte Rampling) le trompe… avec un chimpanzé. «Une fable pour la fin de ce siècle», a-t-il dit.
Esthète raffiné et intellectuel tenté par les idéaux révolutionnaires, Nagisa Oshima a évolué vers ce désenchantement et ce sentiment de l'absurde, où la politique finit par se fondre avec les pulsions individuelles. Il reste une figure caractéristique des avant-gardes des années 1960-1970: «Quand j'étais jeune, j'étais en colère contre le cinéma japonais, contre le système.» Il faisait alors des films révolutionnaires et fauchés. Puis il est passé à la dimension luxueuse d'un grand briseur de tabous: «Je crois toujours à la puissance critique de la transgression, à son potentiel libérateur», disait-il, avant le tournage de son dernier film,Tabou(1999), sur des samouraïs homosexuels.
http://www.lefigaro.fr/cinema/2013/01/15/03002-20130115ARTFIG00619-nagisa-oshima-le-b riseur-de-tabous.php
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