Bulletin d épistémologie (suite et fin) - article ; n°6 ; vol.27, pg 191-206
17 pages
Français

Bulletin d'épistémologie (suite et fin) - article ; n°6 ; vol.27, pg 191-206

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
17 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Revue néo-scolastique de philosophie - Année 1925 - Volume 27 - Numéro 6 - Pages 191-206
16 pages

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1925
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

René Kremer
Bulletin d'épistémologie (suite et fin)
In: Revue néo-scolastique de philosophie. 27° année, Deuxième série, N°6, 1925. pp. 191-206.
Citer ce document / Cite this document :
Kremer René. Bulletin d'épistémologie (suite et fin). In: Revue néo-scolastique de philosophie. 27° année, Deuxième série, N°6,
1925. pp. 191-206.
doi : 10.3406/phlou.1925.2691
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-555X_1925_num_27_6_2691Bulletin â! épistêmologie 191
VIII
BULLETIN D'ÉPISTEMOLOGIE
(Suite et fin *)
Des tendances objectivistes se sont manifestées naguère en All
emagne dans la conception de l'ontologie qu'a proposée M. N. Hart
mann, parli, si je ne me trompe, de l'idéalisme logique de Cohen.
Cette ontologie se rapproche des sciences objectives idéales que
M. Husserl préconisait dans ses Logische Untersuchungen ; elle
étudie d'une manière critique, les objets en général, dans leurs lois
propres, tels qu'ils sont présents à la conscience et en même temps
la dépassent. C'est ainsi que la décrit M. Georg Koepgen, qui a
essayé de l'appliquer à l'étude de la philosophie religieuse '), dans
un article vigoureusement pensé ; il ne prétend pas, du reste, s'op
poser .à la scolastique, mais plutôt prolonger ses doctrines en
s'aidant des idées nouvelles dans des questions que les anciens
n'ont pas suffisamment éclaircies. Les lois en question ne sont
fondées ni dans le sujet ni exclusivement dans l'objet, mais dans
l'être, fondement commun de l'objet et du sujet et source de leur
union. De cette ontologie découle la réfutation radicale de tout
idéalisme et de tout subjectivisme. Sous des formules un peu
déconcertantes et qui peuvent prêter à l'équivoque, on peut recon
naître ici, croyons-nous, les doctrines scolastiques de l'être, objet
propre de l'intelligence, de la transcendance de l'être, de la forme,
principe de l'intelligibilité des choses. Si les scolastiques ont
moins expressément adopté dans ces questions l'attitude critique,
on ne peut dire qu'ils ont méconnu ces problèmes ; si l'auteur
avait examiné plus profondément les notions énumérées, il se
serait trouvé en plus complet accord avec eux. Les applications
qu'il fait de ses principes à la philosophie religieuse ne sont pas
très claires. H rejette, il est vrai, le « primat de l'amour » et 1' « i
ndépendance des valeurs » de Scheler ; il reproche en général à la
phénoménologie de confondre l'ordre de la connaissance et l'ordre
*) Voir Revue Nio-Scolastique de Philosophie, février 1925, pp. 87-102.
1) Die Gegenstandstheorie und ihre religionsphilosophische Anwendung,
Philosophisches Jahrbuch, XXXVII (1924), pp. 209-224. - R. Kremer 192
de la réalité. Mais il ne paraît pas avoir une idée très juste de la
démonstration thomiste de l'existence de Dieu et, malgré ses pro
testations, il se rapproche des phénornénologistes sur ce point.
Enfin une terminologie défectueuse cause des ambiguïtés f
âcheuses : M. Koepgen aime à opposer l'irrationnel au rationnel
comme le fait qui s'impose au sujet sans qu'il soit susceptible
d'explication ; le mot a déjà été trop employé dans un autre sens,
précisément en philosophie religieuse, pour qu'il ne faille pas
éviter cette nouvelle acception.
Je signalais l'an dernier l) les travaux du R. P. Gredt, 0. S. B.,
sur la connaissance sensible, avec le regret de ne pas pouvoir m'y
étendre. Grâce à l'obligeance du savant auteur, il est possible de
combler maintenant cette lacune. Deux ouvrages ont été consacrés
par lui à ces questions ; l'un, plus étendu, est rédigé en allemand
et destiné au grand public autant qu'aux spécialistes ; il ramène
à la question de l'objectivité des sensations le problème de la
connaissance du inonde extérieur2). Après avoir exposé le point
en question et les opinions en présence, l'auteur déciit les diffé
rents sens et leurs objets respectifs, en vue d'établir la vérité
du « réalisme naturel ». 11 répond ensuite aux difficultés qu'on
lui oppose, spécialement au nom de la théorie des énergies spé
cifiques. Le développement, toujours clair et méthodique, est
parfois un peu lent, avec ses répétitions perpétuelles des mêmes
réponses, nécessitées, il est vrai, par l'insistance des advers
aires. Dans une autre dissertation, latine, celle-ci, le R. P.
serre de plus près encore la question et présente ses arguments
et ses réponses le plus souvent sous la forme d'une discussion
en forme, sans exclure les développements explicatifs 3). Le but
de cette étude, comme de la précédente, est de fonder une théorie
critériologique ou métaphysique (car l'auteur rapporte à bon droit
la critique de la connaissance à la métaphysique). Pour cela,
il commence par donner des notions générales sur la connais
sance, puis il étudie en psychologue les divers sens et enfin il .
conclut en métaphysicien en défendant contre l'idéalisme et le
1) Bulletin d'épistémologie, Rev. Néo-Scol. de Phil., XXVI (1924), pp 110-111.
2) Unsere Aussenwelt. Eine Untersuchung uber den gegenstàndlichen Wert
der Sinneserkenntnis. Innsbruck, Tyrolia, 1921. In-8°, vm-332 pp.
3) De cognitione sensuum externorum, disquisitio psychologico critica circa
realismum criticum et objectivitatem qualitatum sensibilium, ed altéra. Romae,
Desclée, 1924. In-8°, vm-158 pp. d' épistémologie 193 Bulletin
« réalisme critique » la théorie qu'il a élaborée. La première partie
présente en un excellent raccourci la théorie scolastique de la con
naissance considérée au point de vue ontologique et aboutit à cette
définition « Cognitio est actio metaphysica qua immaterialiter ha-
betur forma » (p. 13). Celte doctrine est également exposée très
clairement et défendue contre les objections suaréziennes dans une
dissertation du savant professeur parue dans le recueil des Xenia
thomislica l). Elle me paraît cependant devoir être placée plutôt
au terme qu'au début d'une étude de critique de la connaissance ;
ou du moins elle devrait se développer parallèlement avec celle-ci
et ne pas être posée d'emblée en faisant appel à des principes que
les adversaires idéalistes contesteraient sans aucun doute.
Le P. Gredt combat le réalisme critique avec autant d'énergie que
l'idéalisme ; bien qu'il ait partagé autrefois cette manière de voir,
il y voit maintenant un réel danger pour une théorie réaliste de la
connaissance : s'il est, pour les idéalistes un acheminement vers la
vérité, il est, pour les réalistse,la pente vers l'erreur. Il défend donc
la immédiate des objets ou le « réalisme naturel ». Ce
réalisme n'est pas sans critique, il ne nie pas la part de subjectivité qui
intervient dans la connaissance des objets extérieurs ; mais, tandis
que le réalisme critique sacrifie purement et simplement la réalité
des qualités secondaires et en fait de pures données subjectives
d'où l'on passerait au monde objectif, H pose en principe que tout ce
que le sens atteint, il l'atteint directement et véritablement ; il suffit
de distinguer, à la lumière non seulement du sens commun et de
l'expérience vulgaire, mais aussi de la physiologie, de la physique
et de la psychologie expérimentalale, ce qui est vraiment l'objet
immédiat des sens. C'est ici que le P. Gredt croit devoir corriger et
compléter les doctrines des anciens scolastiques et proposer une
théorie en partie nouvelle. La connaissance doit avoir lieu dans le
sens même, et strictement au contact de l'objet. La species impressa,
où les anciens reconnaissaient l'influence du milieu, ne peut en
dépendre; c'est une réalité purement psychique, une qualité de la
première espèce, entièrement distincte des modifications physico
chimiques qui en accompagnent la production. L'objet du sens est
ce qui est directement en contact avec lui, la lumière intraorga-
nique, le son produit dans l'oreille, la pression cutanée, etc. Ce

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents