Bulletin de philosophie morale. Les systèmes en présence - article ; n°71 ; vol.18, pg 388-426
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Revue néo-scolastique de philosophie - Année 1911 - Volume 18 - Numéro 71 - Pages 388-426
39 pages

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Publié le 01 janvier 1911
Nombre de lectures 7
Langue Français
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Extrait

F. Palhoriès
Bulletin de philosophie morale. Les systèmes en présence
In: Revue néo-scolastique de philosophie. 18° année, N°71, 1911. pp. 388-426.
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Palhoriès F. Bulletin de philosophie morale. Les systèmes en présence. In: Revue néo-scolastique de philosophie. 18° année,
N°71, 1911. pp. 388-426.
doi : 10.3406/phlou.1911.1989
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-555X_1911_num_18_71_1989XVII.
BULLETIN
DE PHILOSOPHIE MORALE.
LES SYSTEMES EN PRESENCE.
L'objet de celte première chronique est de marquer par quelques
traits précis, à propos de livres récents, l'état actuel du problème
moral dans les différentes écoles. Pour éviter les inutiles répétitions
et nous retrouver dans l'énorme abondance de la matière, nous nous
attacherons uniquement à quelques positions morales plus carac
téristiques et plus particulièrement' modernes. Le reste, qui est
secondaire, viendra s'y rattacher tout naturellement. .
I. — La morale scientifique.
La première théorie qui se présente à nous, première au. moins
par le bruit qu'elle fait et l'importance qu'elle prétend se donner,
c'est la morale scientifique, au sens spécial que les partisans de la
théorie donnent aujourd'hui à cette expression;
Ce qui caractérise surtout cette nouvelle morale, c'est qu'elle veut
ne relever que des méthodes propres à la science expérimentale.
Elle est essentiellement descriptive : elle raconte les mœurs de
l'homme, ses habitudes, ses sentiments; ses idées; ses passions, ses
préjugés, bref,1 tout cet ensemble des manifestations de l'activité
humaine qu'elle englobe sous le terme très général de faits sociaux,
de réalités morales. Ces faits, elle 'les recueille partout où ils» se
rencontrent, dans l'histoire du. passé, dans la mythologie, la lin
guistique,- l'histoire des religions, les diverses littératures, l'archéo
logie, l'ethnographie des différentes races, la psychologie et même
la pathologie du fou, de l'idiot, du criminel et de l'anormal.". Ces
faits sociaux constituent désormais l'assise de la morale. Par là elle
devient une science, une science purement expérimentale, comme 1
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BULLETIN DE PHILOSOPHIE MORALE 389
la physique, la chimie, et l'astronomie; elle constate des faits, elle
cherche à en démêler l'énorme complexité, elle s'efforce, en les
groupant d'après les procédés propres à la méthode scientifique,
d'en dégager des' lois, lois morales qui, dans leur genre et à part
l'objet spécial qu'elles ont en vue, ne se différencient en rien des
lois physiques et naturelles, si ce n'est peut-être qu'elles présentent
moins de précision et de rigueur, au moins dans l'état rudimentaire
où se trouve encore actuellement la science morale. La science des
mœurs devient ainsi une généralisation des expériences humaines
et par ce côté elle se rattache à la sociologie. Les lois morales une
fois déterminées — et retenons que ce n'est pas là besogne facile,
puisque la sociologie comme science ne fait guère que de naître —
la morale pratique s'en empare, elle les applique aux individus et
aux groupements sociaux, de manière à les améliorer, à les perfec
tionner, à favoriser le développement et le bien-être de la collec-
tivité : par ce côté la morale devient un art, une technique, et elle
se rattache ainsi à la politique dont elle n'est qu'une dépendance.
La morale, est une science en tant qu'elle cherche à connaître les
faits < sociaux s qui servent à formuler les lois morales ; elle est un
art rationnel en tant qu'elle s'efforce de faire l'application de ces
lois. « L'art moral ainsi compris ne se présente pas comme un art
supérieur à la politique ou distinct d'elle. A proprement parler, il
; n'y aura pas un art moral tirant parti exclusivement de la science
des mœurs et s'appliquant exclusivement aux mœurs. Il y aura,
! d'une part, f la sociologie, comprenant, entre autres sciences, la
t science des mœurs, et, d'autre part, la politique, ensemble
cations • pratiques, comprenant, entre autres arts plus ou moins
spécialisés, des arts dans lesquels la science des mœurs est plus
particulièrement utilisée et qu'on peut appeler pour cette raison des
« arts moraux ». Mais ces arts eux-mêmes supposent une connais
sance générale de toutes les sciences sociologiques,* comme la con
struction de la moindre machine suppose des connaissances mathé
matiques, physiques et chimiques » 1).
Le moraliste sera donc, tour à tour et selon le rôle particulier qui
lui est assigné dans l'organisme social, sociologue, technicien, poli
ticien, législateur : la pratique de l'art rationnel moral doit faire de
lui un « ingénieur social ». Mais ne nous y trompons pas : son rôle
ne sera point de rendre les hommes meilleurs au sens absolu et
métaphysique du mot, car il n'y a pas place ici pour des jugements
de valeur ; il s'efforcera seulement de rendre leurs idées et leur
1) A. Bay et, La morale scientifique. Paris, Alcan, 1905, p. 73. F. PALHORIÊS 390
conduite conformes au type moral que la science aura dégagé de la
constatation des faits : « sa tâche sera en tous points analogue à
celle du médecin cherchant à faire entrer dans l'usage commun les
traitements imaginés par un Pasteur ou* un Roux»1). «Toute
société, toute catégorie de société a ses mœurs; ses membres ont
une certaine manière de se comporter entre eux, d'accorder leur
bien avec celui de l'ensemble et de protéger ce bien contre les
atteintes extérieures » 2); Ces certaines manières de se comporter,
voilà, en définitive, toute la théorie de ces nouveaux moralistes. Ils
diront donc aux foules : vous voyez comment en fait les hommes
vivent en société et, si vous ne le savez pas, nous vous le dirons,
nous qui avons constitué la science des mœurs: conformez- vous
donc à ce type de vie, à ces usages, à ces mœurs collectives, afin de
devenir de plus en plus des êtres sociables et de réaliser par votre
entente avec tous les organismes sociaux, pour tous et pour chacun,
la plus grande somme possible de bien-être et de prospérité. « Le
triomphe universel de la science arrivera ainsi à assurer aux
hommes le maximum de bonheur et de moralité » 3). C'est toute la
morale à laquelle l'homme puisse raisonnablement et* scientifiqu
ement prétendre, mais cette morale est tout à fait suffisante, puis
qu'elle est apte à développer en l'homme le sens de la vie sociale et
le sentiment de la solidarité : « si vraiment la morale est un art
comparable à la mécanique et à la médecine, cet art emploiera à
l'amélioration des mœurs et des institutions existantes la connais
sance des lois sociologiques et psychologiques, comme la mécanique
et la médecine utilisent la science des lois mathématiques, phy
siques, chimiques et biologiques » 4). Et ainsi « il n'est pas témér
aire de prévoir un temps où l'individu sentira vivre suffisamment
en lui l'espèce pour que toute notion de droit, de devoir et, con-
séquemment, la morale contraignante, se fondent en un sentiment
très simple et très harmonieux et qui sera l'expression exacte d'un
1) A. Bayet, Ibid., p. 86. ,
S) E. Fournière, La Revue du 1er décembre 1895'. Il faut lire de cet auteur son
livre sur les théories socialistes du- XXe siècle,, de Babeuf à Proudhon. Paris,
Alcan, 1904. Le chapitre 1er, intitulé : La socialisation de la morale, présente, au
point de vue qui nous occupe ici, un intérêt particulier.
8) Berthelot, Science et morale, p. 65. '
4) Lévy-Briihl, La morale et la science des mœurs. Paris, Alcan, 1907, 8e éd.,
p. 256. — Cf. Alfred Fouillée, Critique des systèmes de morale contemporains.
Paris, Alcan, 1887, p. 40 : « Selon le positivisme français comme selon le positivisme
anglais, la morale n'est autre chose que la science des moyens propres à transformer
fatalement l'égoïsme en altruisme, pour le plus grand bonheur de la société et de
l'individu même. » BULLETIN DE PHILOSOPHIE MORALE 391
besoin encore inconnu aujourd'hui de l'immense majorité d

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