Deux livres nouveaux sur la philosophie médiévale - article ; n°94 ; vol.24, pg 229-239
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Revue néo-scolastique de philosophie - Année 1922 - Volume 24 - Numéro 94 - Pages 229-239
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Publié le 01 janvier 1922
Nombre de lectures 16
Langue Français

Extrait

Maurice De Wulf
Deux livres nouveaux sur la philosophie médiévale
In: Revue néo-scolastique de philosophie. 24° année, N°94, 1922. pp. 229-239.
Citer ce document / Cite this document :
De Wulf Maurice. Deux livres nouveaux sur la philosophie médiévale. In: Revue néo-scolastique de philosophie. 24° année,
N°94, 1922. pp. 229-239.
doi : 10.3406/phlou.1922.2308
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-555X_1922_num_24_94_2308VIII
DEUX LIVRES NOUVEAUX
SUR LA PHILOSOPHIE MÉDIÉVALE
Deux livres nouveaux — et qui se suivent de près — sont dus à
la plume de M. Gilson, dont nous avons annoncé la nomination
récente à la chaire d histoire de philosophie médiévale à la Faculté
des Lettres de Paris. Le premier est intitulé Le Thomisme x) ; le
second, d'envergure plus largo, forme un ensemble d'Eludés sur la
philosophie médiévale 2) s'étendant depuis le haut moyen âge jusqu'à
Descartes.
L'étude sur le thomisme est bien, suivant la qualification que lui
donne son auteur, une introduction, une initiation à la philosophie
de saint Thomas, et c'est une initiation scrupuleuse, où nous avons
été frappé de voir avec quelle parfaite intelligence de l'esprit et
de la lettre du texte, avec quelle loyauté et quelle exactitude
historiques M. Gilson expose les théories qu'il aborde. Le livre
s'ouvre par une mise au point des rapports de la raison et de la foi :
il y a un système de philosophie thomiste, lequel est distinct de la
théologie thomiste, — bien que ce système de philosophie « ne
s'offre à nous sous la forme systématique qui lui est propre que
dans des ouvrages essentiellement théologiques ou apologétiques »
(p. 23). De sorte que « si l'on supprimait le thomisme il y aurait
une philosophie de moins » (ibid). Peu importe que les théories
philosophiques voisinent la théologie dans les mêmes ouvrages,
omme des peintures qui dans un même musée seraient disséminées
au milieu de statues et de pièces architecturales — la philosophie
n'est pas la théologie. M. Gilson insiste sur ce point de départ et il
a raison. « A condition de maintenir inébranlable ce principe
fondamental on peut jouir sans arrière-pensée de cet admirable
1) Le Thomisme, Introduction au système de saint Thomas d'Aquin. Stras
bourg, 1920
2) Etudes de Philosophie médiévale. Strasbourg, 1921. 230 M. De Wulf
système du monde qui, sous son aspect le plus original et le seul
aulhiTiliquemcnt historique, consiste dans un ensemble de démons
trations philosophiques ordonnées selon un plan et en vue de fins
Ihtologiques » (p. 23).
Par quel côté aborder l'exposé du thomisme? Le problème est
délicat. M. Gilson a préféré suivre le plan de la Somme Theologique :
Dieu, les anges, l'homme sont les grands sujets où il suit le maître
de la seolaslique. Pourquoi laisser de côté la nature sensible, et du
coup un groupe important de doctrines explicaliv es du réel ? Lf s
chapitres sur Dieu, sur son existence, ses attributs, son acte créateur
sont conduits a\ec une grande clarté. EmaiUé de notions bistoi iques
l'exposé de chaque doctrine est bien approprié au débutant pour
qui ce livre est écrit, et on lui apprend ce qu'il y a d'essentiel sur
la matière. De-ci, de-là des lacunes nous ont frappé : du monisme et
du panthéisme, qui est si profondément opposé au génie de saint
Thomas et que celui-ci ne cesse de combattre, M. Gilson ne dit rien
ou presque rien (p. 58). Cela lient, ainsi que nous le verrons, à la
méthode même qu'il adopte. Les chapitres sur l'homme forment un
bel ensemble. Toutefois il eût mieux \alu, ce nous semble, placer
dans une étude ps)chologique de la liberté, — et non en morale, —
les longs développements consacrés au consihum, au consensus, à
Yelectio. Si on retranchait ces développements du chap. XIII,
consacré à la Fin dernière, il resterait peu de chose de la morale
proprement dite. On est quelque peu surpris de ne rien apprendre
sur l'obligation et sur la conscience morales — deux questions qui
sont neuves dans l'éthique de saint Thomas. Souhaitons que dans
une édition prochaine, l'auU ur donne à la morale plus d'ampleur.
Le principal défaut que nous trouvons à la méthode suivie par
M. Gilson — inhérent à la méthode même — c'est que les
grandes doctrines métaphysiques, comme le pluralisme, l'acte de la
puissance, qui vivifient la philosophie thomiste et la pénètrent dans
ses fibres les plus intimes, passent entièrement inaperçues. Si un
chapitre était réservé à la nature sensible, l'auteur trouverait
l'occasion de leur donner du relief.
Dans ses Etudes de philosophie médiévale, M. Gilson reprend
quelques éléments du thomisme, mais il les p'aee dans leur cadre
historique. De plus, et c'est là à notre avis le mérite de ces
nouvelles etudes, l'auteur se préoccupe de la cohésion interne des
systèmes qu'il aborde. Deux chapitre-, sont consacrés a la scolastique
du xme siècle, intitulés respectivement La Théorie de la double
vérité, La signification historique du Thomisme, et on y aborde des livres nouveaux sur la Philosophie médiévale 231 Deux
problèmes capitaux. 1° La philosophie auguslinienne représentée
par saint Bonaventure est étudiée sous le tilre : la \oie illuminative.
2° Les innovations du thomisme et les luttes entre l'augustinisme et
le thomisme naissant sont rangées sous le titre: La Réforme albertino-
thomiste et la conscience religieuse. Les thèses de l'auteur ne
manquent pas de nouveauté. On en jugeia.
1° Saint Bonaventure, qui personnifie excellemment les traditions
antérieures au thomisme, distingue sans doute les acquisitions de la
raison et les enseignements de la foi, mais il entreprend avant tout
une vaste apologétique. Ce qui l'iutéresse est un ordre particular
de connaissance, le credibile, « ou l'autorité qui s'additionne de
raison et qui tend vers l'intelligibilité ; entre la foi pure et la raison
pure il y a place pour la foi devenue intelligible à la raison »
(p. 78). Cette combinaison de foi et de raison donne à Bonaventure
le maximum de satisfaction intérieure.
Il n'aime pas, et dès lors il ne recherche pas les adhésions sèches
de la raison. De plus il a une « confiance ingénue dans la possibilité
de justifier rationnellement les dogmes » (p. 10-2) Avec une pareille
mentalité, Dieu devient le centre des recherches affectionnées par
l'esprit, et toutes les dissertations philosophiques convergent vers
lui. Son existence est évidente : il suffit de se replier sur soi-même
pour entendre sa voix. 11 est devant l'àme; il l'inonde de sa vérité;
sa présence est impliquée dans n'importe laquelle de nos certitudes.
Dieu est proche de l'homme, et celui-ci n'a aucune peine à le
découvrir. Dès lors la théoiie des rationes aettrnae de saint Augustin
a un sens idéogénique, non moins qu'un sens métaphysique ').
M. Gilson ajoute plus loin (pourquoi n'avoir pas rattaché ces con
sidérations psjchologiques à ce que nous venons de rappeler?) que,
pour mieux assurer le commerce de l'âme avec Ditu, et pour cette
raison uniquement, Bonaventure accentue l'indépendance de l'àme
vis-à-vis du corps. C'est parce qu'elle est toujours prèle à s'élancer
vers Dieu qu'il convenait de lui donner un être indépendant du
corps. Il convenait aussi que le corps, constitué d'une malaria
propre et d'une forme de corporéité, se suffise en quelque sorte,
sans recevoir d'autre service de l'âme que celui d'être perfectionné,
d'être parfait dans un être déjà constitué.
1) M. Gilson appelle la philosophie bonaventurienne, voie illuminative.
L'expression est équivoque. Elle peut s'appliquer à la théorie philosophique
de l'illumination spéciale ou à une théorie theologique de l'union mystique de
l'âme et de Dieu. A signaler quelques excellentes remarques sur le rôle de la
lumière, pp. 84-85. 232 M. De Wulf
Citons quelques passages précis et élégants. « Dans une doctrine
comme celle de saint Bonaventure l'àme avait son maximum d'ind
épendance à l&#

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