Horizons et impasses de la psychologie actuelle. Réflexions sur quelques ouvrages récents - article ; n°61 ; vol.59, pg 92-109
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Revue Philosophique de Louvain - Année 1961 - Volume 59 - Numéro 61 - Pages 92-109
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Publié le 01 janvier 1961
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Langue Français
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G. Thinès
Horizons et impasses de la psychologie actuelle. Réflexions sur
quelques ouvrages récents
In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième série, Tome 59, N°61, 1961. pp. 92-109.
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Thinès G. Horizons et impasses de la psychologie actuelle. Réflexions sur quelques ouvrages récents. In: Revue Philosophique
de Louvain. Troisième série, Tome 59, N°61, 1961. pp. 92-109.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1961_num_59_61_5071Horizons et impasses
de la psychologie actuelle
Réflexion* fur quelque* ouvrages récente
I
II n'est peut-être pas légitime ni même simplement possible
de se former un jugement sur l'évolution d'une discipline aussi
divisée que la psychologie actuelle, à partir seulement de quelques
ouvrages. Il n'en est pourtant pas moins vrai que ceux-ci sont des
symptômes des tendances assez divergentes qui se manifestent de
nos jours au sein de la psychologie. Certaines tendances sont des
rémanences plus ou moins vivaces d'un passé qui s'éloigne, d'autres
témoignent sans doute possible d'une volonté de renouveau.
Certains auteurs tentent d'introduire dans la psychologie expé
rimentale des formalismes nouveaux ; d'autres cherchent à refor
muler l'obédience de la psychologie scientifique à l'égard de sciences
annexes. Tout cela ne peut manquer d'inquiéter les psychologues
désireux de voir leur discipline, non seulement s'enrichir de mé
thodes et de techniques nouvelles, mais aussi s'engager dans la
voie d'une réflexion sur ses bases épistémologiques.
Il est vrai que ce dernier souci n'est pas celui de beaucoup
de psychologues scientifiques. Cette situation est, à vrai dire, assez
étonnante, lorsque l'on songe à l'immense effort épistémologique
qui s'est développé dans la psychologie européenne depuis Bren-
tano et Husserl, et qui se perpétue dans les recherches très actives
des phénoménologues actuels.
Si la phénoménologie a pu apparaître aux psychologues scien
tifiques comme une sorte de défi à la psychologie expérimentale
au sens large, c'est sans doute qu'ils n'ont pas distingué les buts
poursuivis par la phénoménologie et ceux que s'assigne une psychol
ogie désireuse avant tout de ne pas se priver des avantages d'une Horizons et impasses de la psychologie actuelle 93
expérimentation logiquement et historiquement fondée. Les buts de
l'analyse phénoménologique, non moins que la méthode qu'elle
préconise pour y atteindre, revêtent souvent, aux yeux du psycho
logue, l'aspect d'une démarche obscure et difficilement définissable
en termes non équivoques ; le langage phénoménologique paraît
hermétique, voire ésotérique, à ceux que la tradition a habitués aux
définitions claires et aux catégories strictement délimitées. Mais le
reproche est superficiel. Assez paradoxalement il dissimule mal la
crainte de voir le subjectivisme s'introduire à nouveau dans une
discipline qui a conquis de haute lutte le titre, parfois encore assez
discuté, de science objective. En réalité, quand on dit aubjectivisme,
on pense souvent subjectivité, et dès lors ce reproche ne se com
prend plus, car de quelque manière que l'on tente de donner de
la psychologie une définition acceptable — et même si on lui assigne
exclusivement pour tâche de découvrir les lois du comportement —
la seule raison de son existence est certes bien de tendre vers la
science (objective) de la subjectivité, et la science des essences n'a
jamais prétendu contrecarrer ce dessein. Faut-il rappeler que Husserl
lui-même l'a souligné dans les Ideen I: « J'ai protesté, dit-il, contre
cette conception: sans succès, semble-t-il. Les explications que
j'ai ajoutées... n'ont pas été comprises et ont été rejetées sans autre
examen. Faute de saisir le simple sens de ma démonstration, les
répliques à ma critique des méthodes psychologiques ont été dé
pourvues de toute valeur ; cette critique ne contestait nullement la
valeur de la psychologie moderne, ne rabaissait nullement les travaux
expérimentaux d'hommes éminents, mais dévoilait certaines lacunes
de méthode radicales au sens littéral du mot ; en les comblant, la
psychologie doit, à mon avis, être élevée à un niveau supérieur de
certitude scientifique, élargir extraordinairement son champ de tra
vail » (1). La situation est quelque peu différente aujourd'hui. Ces
lacunes dont parle Husserl ont été comblées dans plusieurs sec
teurs et là où elles subsistent, les psychologues en ont largement
pris conscience. N'en prenons pour témoin que la façon dont sont
posés actuellement en psychologie les problèmes du langage, de
l'anomalie mentale et même des instincts (Goldstein, Von Weizs-
âcker, Buytendijk et d'autres). En ces domaines, comme en d'autres
(>) E. HUSSERL, Idées directrices pour une phénoménologie (Trad. P. Ricœur),
Paris, Gallimard, 1950, p. 4 (cité par M. Merleau-Ponty, Les sciences de l'homme
et la phénoménologie, Paris, C. D. U., 1958, p. 12). 94 George» Thinès
d'ailleurs, la psychologie n'a pu échapper, quoi qu'elle en eût,
aux problèmes de signification. Aussi bien est-ce moins de lacunes
qu'il faudrait parler que d'une absence d'échange entre un courant
quantitatif et un courant qualitatif. Cette situation, qui représente
l'héritage lointain du behaviorisme, résulte en grande partie de la
tentative constante des scientifiques d'éliminer le subjectif de la
psychologie, comme si le subjectif ne pouvait avoir de statut dans
une vision scientifique de l'homme qu'à condition d'être réduit à
des dimensions physiques ou physiologiques. La tendance phéno
ménologique, dont l'effort principal a précisément consisté à dé
masquer le caractère « construit » d'une psychologie de cette nature
(témoins les réfutations célèbres du psychologisme auxquelles pro
cède Husserl dans les Logiache Untersuchungen, dans Ideen II et
dans la Philosophie ala strenge Wissenschoft) (2), ne peut évidem
ment paraître acceptable aux yeux de ceux qui pensent pouvoir se
contenter d'accumuler des faits sans chercher à les situer dans le
cadre nécessaire d'une philosophie de la connaissance — quitte à
la rigueur, à les inclure dans une théorie régionale extérieure à
toute eidétique et calquée sur le modèle des sciences exactes. De
là cette illusion épistémologique qui consiste essentiellement à sup
poser que des faits, dont on ne prend pas la peine de mettre en
question l'origine, sont empreints de la certitude de la discipline à
laquelle on a emprunté, autant que faire se peut, les méthodes et
les procédés logiques.
Cette préoccupation du fait brut se manifeste clairement dans
les traités volumineux et détaillés qui ont vu le jour au cours des
dix dernières années. Ceux-ci répondent à deux exigences fonda
mentales et inséparables de la psychologie scientifique : asseoir aussi
solidement que possible les bases métrologiques de la recherche
(*> II convient de rappeler également ici l'analyse de la situation fondament
ale de la psychologie à laquelle se livre Husserl dans la Kriaia der ewropaiachen
Wiasenachoften und die tranazendentale Phénoménologie dont la publication com
mence en 1936. L'objectif de l'ouvrage, réédité en 1954 par les soins de W. Biemel,
est caractérisé par ce dernier de la façon suivante : « Wir mûssen uns also auf
den Boden der Phénoménologie stellen, um Lebenswelt und Psychologie ursprûng-
lich zu begreifen und dann von ihnen her den Boden selbst (die Phanomenologie)
in den Blick zu bekommen. Mit dem eigentlichen Verstandnis der Lebenswelt
wird auch zugleich der Grund freigelegt, auf dem die Wissenschaften immer
schon stehen, ohne ihn zu sehen. Sie ermôglicht also das Selbstverstandnis der
Wissenschaften ; mit dem eigentlichen Verstandnis der Psychologie, das in der
Aufdeckung der transzendentale Subjektivitât liegt, gibt sie die Moglichkeit, das Horizons et impasses de la psychologie actuelle 95
et établir avec précision les liens qui unissent la psychologie à des
sciences annexes, particulièrement à la physique et à

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