L informatique et l analyse des textes - article ; n°26 ; vol.75, pg 251-266
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Description

Revue Philosophique de Louvain - Année 1977 - Volume 75 - Numéro 26 - Pages 251-266
L'ordinateur offre de nouvelles possibilités de recherches aux chercheurs en sciences humaines. Les instruments de travail constitués grâce au traitement automatique des textes leur permettent d'aborder les œuvres d'une autre manière en leur livrant des relevés exhaustifs concernant les caractères linguistiques de ces œuvres. L'informatique constitue une science auxiliaire très précieuse pour le chercheur, une aide indispensable pour l'analyse d'un texte sous ses différents aspects, mais l'ordinateur ne remplacera jamais l'homme dans sa quête du sens des œuvres qu'il étudie.
The computer offers new possibilities to those carrying out research in the humane sciences. The work-tools cons tituted by means of automatic treatment of the textes allow of a fresh approach to the works by supplying exhaustive surveys of the linguistic caracteristics of these works. Informatics constitutes a highly valuable auxiliary science for those involved in research, an indispensable aid for the analysis of a text from its different points of view; but the computer will never replace man in his search for the meaning of the works which he studies.
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Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jacqueline Hamesse
L'informatique et l'analyse des textes
In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, Tome 75, N°26, 1977. pp. 251-266.
Résumé
L'ordinateur offre de nouvelles possibilités de recherches aux chercheurs en sciences humaines. Les instruments de travail
constitués grâce au traitement automatique des textes leur permettent d'aborder les œuvres d'une autre manière en leur livrant
des relevés exhaustifs concernant les caractères linguistiques de ces œuvres. L'informatique constitue une science auxiliaire très
précieuse pour le chercheur, une aide indispensable pour l'analyse d'un texte sous ses différents aspects, mais l'ordinateur ne
remplacera jamais l'homme dans sa quête du sens des œuvres qu'il étudie.
Abstract
The computer offers new possibilities to those carrying out research in the humane sciences. The work-tools cons tituted by
means of automatic treatment of the textes allow of a fresh approach to the works by supplying exhaustive surveys of the
linguistic caracteristics of these works. Informatics constitutes a highly valuable auxiliary science for those involved in research,
an indispensable aid for the analysis of a text from its different points of view; but the computer will never replace man in his
search for the meaning of the works which he studies.
Citer ce document / Cite this document :
Hamesse Jacqueline. L'informatique et l'analyse des textes. In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, Tome 75,
N°26, 1977. pp. 251-266.
doi : 10.3406/phlou.1977.5936
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1977_num_75_26_5936L'informatique et l'analyse des textes
La création du mot informatique ne remonte qu'à une dizaine
d'années. C'est en 1966 que l'Académie française a donné pour la
première fois une définition de ce terme1. Il est assez suprenant de
constater aujourd'hui combien une technique nouvelle aussi récente a
fait progresser les recherches de manière décisive dans bien des branches
du savoir.
On comprend aisément que l'informatique ait eu une influence
directe sur les sciences exactes, mais comment expliquer qu'une mac
hine, aussi perfectionnée soit-elle, puisse être de quelque utilité lorsqu'il
s'agit de l'étude et de la compréhension d'un texte? De nombreux
chercheurs, qu'ils soient philosophes, philologues, historiens ou théo
logiens, réfutent encore l'utilité fondamentale de cette technique mise
au service de leurs recherches. D'autres au contraire parlent de
l'ordinateur comme d'une «machine pensante» et lui attribuent les
propriétés d'un surhomme. Mythe ou réalité? Que penser de telles
allégations? Où se situe la vérité et dans quelle mesure peut-on
vraiment dire que l'informatique peut nous aider à analyser des textes?
Mon propos n'est pas de faire ici une philosophie de l'info
rmatique mais plutôt de montrer les avantages qui peuvent découler de
l'utilisation de l'ordinateur dans l'étude des textes ainsi que les limites
d'une telle technique.
Tous les chercheurs connaissent certaines applications de l'info
rmatique : les concordances, les index, les listes du vocabulaire réalisées
automatiquement à partir de différents documents. Il est inutile de
décrire ici ces instruments de travail fournis par l'ordinateur et d'ex
pliquer de quelle manière ils ont été constitués. D'autres l'ont fait. Il
importe plutôt de dépasser le stade technique et de montrer ce qu'un
chercheur est en droit d'attendre de ces travaux. L'exposé qui va suivre
ne constitue qu'un aperçu trop rapide de quelques possibilités offertes
par l'informatique dans le domaine de l'analyse des textes. Cet exposé
1 Informatique : « Science du traitement rationnel, notamment par machines auto
matiques, de l'information considérée comme le support des connaissances humaines
et des communications dans les domaines techniques, économiques et sociaux». Jacqueline Hamesse 252
ne s'adresse pas à ceux qui sont familiarisés avec le traitement auto
matique des textes mais aux chercheurs qui se posent la question de
l'utilité de l'informatique dans leur domaine ou qui ne savent comment
utiliser ces instruments de travail mis à leur disposition.
Qui évoque la notion d'analyse, suggère nécessairement la décomp
osition d'un tout en ses divers éléments constitutifs. Or un texte est
composé d'un ensemble de mots appartenant à une langue donnée.
Pour arriver à une compréhension du texte, il est non seulement
indispensable de percevoir le sens exact de chaque mot, mais il faut
en plus avoir discerné les différentes relations qui existent entre eux.
La compréhension globale de l'ensemble ne pourra se faire que dans
un second stade, lorsque tous les éléments du texte auront été saisis.
Ces évidences ont été trop souvent oubliées et négligées, et de
tout temps les philosophes se sont plaints de voir d'inutiles querelles
surgir à propos d'un texte, faute d'avoir saisi le sens exact de certains
mots. Pierre Abélard écrivait déjà dans la préface du Sic et Non :
«Facilis autem plerumque controversiarum solutio reperietur si eadem
verba in diversis significationibus a diversis auctoribus posita defendere
poterimus»2. Quelques siècles plus tard, Descartes faisait à peu près
la même remarque dans les Regulae ad directionem ingenii : «hae
quaestiones de nomine tarn frequenter occurrunt ut, si de verborum
significatione inter Philosophos semper conveniret, fere omnes illorum
con tro vers iae to lier en tur»3.
Au niveau de l'analyse et de la compréhension des mots, l'i
nformatique peut nous être d'une très grande utilité. Par sa capacité de
mémoire énorme, par sa rapidité prodigieuse d'exécution, l'ordinateur
peut nous fournir quantité d'informations concernant les mots d'un
texte. Le simple enregistrement d'une œuvre sur cartes perforées ou
sur bande magnétique permet à l'ordinateur d'effectuer différents
traitements des mots qui la constituent. On peut obtenir automa
tiquement un index de toutes les formes du texte, ou bien une concor
dance de ces mêmes formes entourées de leur contexte, contexte plus
ou moins large suivant les indications données à la machine et qui
peut aller de quelques mots à toute la phrase et même au delà.
2 Peter Abailard, Sic et Non. A critical edition by Blanche Boyer and Richard
McKeon. Chicago-London, The University of Chicago Press, 1976, fascicle I, p. 96,
11. 185-187.
3 R. Descartes, Regulae ad directionem ingenii. Texte de l'édition Adam et
Tannery. Notice de Henri Gouhier (Bibliothèque des textes philosophiques). Paris,
J. Vrin, 1930, p. 79. L'informatique et l'analyse des textes 253
Ces deux instruments de travail bruts — on les appelle bruts
parce que leur élaboration n'a demandé que l'équivalent d'une simple
dactylographie du texte — peuvent déjà rendre de nombreux services
aux chercheurs. D'abord parce qu'ils fournissent toutes les occurrences
d'un même mot à travers tout le texte et amènent ainsi le lecteur à
effectuer non plus une lecture cursive du texte, comme il a l'habitude
de le faire, mais une lecture synthétique où tous les passages contenant
un même terme sont regroupés immédiatement sous les yeux. Le retour
perpétuel au texte est un des grands avantages que nous offre l'info
rmatique.
En outre, et il faut le souligner, ces instruments de travail nous
procurent des listes de tous les mots contenus dans une œuvre. Les
procédés traditionnels de recherche ne nous permettent pas d'avoir
sans cesse sous les yeux toutes les occurrences de tous les mots d'un
texte. Le chercheur est donc obligé d'opérer des sélections et de laisser
tomber des mots qui lui paraissent à première vue sans importance.
Or, comme le disait André Robinet au 1er Colloque International du
Lessico Intellettuale Europeo : «... tout procédé de sélection fait inter
venir l'arbitraire du sélectionneur et l'arbitraire du sélectionneur nous
renvoie à notre culture actuelle ; il ne nous renvoie pas à l'histoire. La
sélection nous renvoie à ce que nous attendons des œuvres, elle ne nous
renvoie pas à ce que les œuvres attendent de nous. Elle ne nous pas à ce que les peuvent nous apprendre sur elles si
nous les interrogeons, j'oserai dire, avec objecti

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