L objet de la Cosmologie - article ; n°76 ; vol.19, pg 536-546
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Revue néo-scolastique de philosophie - Année 1912 - Volume 19 - Numéro 76 - Pages 536-546
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Publié le 01 janvier 1912
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Langue Français

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J. Lemaire
L'objet de la Cosmologie
In: Revue néo-scolastique de philosophie. 19° année, N°76, 1912. pp. 536-546.
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Lemaire J. L'objet de la Cosmologie. In: Revue néo-scolastique de philosophie. 19° année, N°76, 1912. pp. 536-546.
doi : 10.3406/phlou.1912.2036
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-555X_1912_num_19_76_2036536 J. LEMAIRE
Ou bien, seconde hypothèse, l'évolution n'est qu'apparente, ainsi
que le prétendent certains monistes. Et dans ce cas, un fait demeure
indéniable, c'est le fait des constantes et universelles transformat
ions de l'univers. Si ces changements n'augmentent pas la perfection
interne du monde, ils n'en sont pas moins réels et évidents. Or,
l'être qui change n'est point l'Absolu.
Sous quelque forme qu'on l'envisage, le monisme n'a donc pu
justifier aucun de ses principes essentiels, ni l'unité du principe
constitutif de l'univers, ni le caractère absolu de ce principe. La
raison foncière en est que, par la plus vaste et la plus hardie des
abstractions, il prétend nous conduire à la plénitude de l'être.
D. Nys.
XXI.
L'OBJET DE LA COSMOLOGIE.
Les questions qui sont généralement examinées dans les traités
de cosmologie se rapportent non seulement aux propriétés géné
rales des minéraux et aux caractères spécifiques de leurs substances,
mais encore à la nature intime de ces dernières, c'est-à-dire à leur
composition fondamentale, à leur génération et à leur corruption,
aux rapports de leurs constituants.
Il semble que, considérée de cette façon, la cosmologie ne con
stitue pas un chapitre suffisamment autonome de la philosophie
et qu'elle empiète trop sur le domaine de la métaphysique générale.
Il y aurait lieu, nous paraît-il, de restreindre le champ de sea
investigations aux deux points que l'on vient de signaler en
premier lieu, la détermination des caractéristiques générales des
propriétés et des substances des différents corps qui constituent le
monde minéral.
On sauvegarderait mieux de la sorte l'ordre rationnel que doit
suivre l'esprit dans ses tentatives pour pénétrer de plus en plus
profondément dans la réalité connaissable des choses et qui exige
qu'à mesure qu'il s'éloigne davantage des données immédiates de
l'expérience, il compense par l'examen d'un plus grand nombre
d'objets la rareté des renseignements qu'il trouve dans chacun
d'eux. Ainsi, dans l'étude de la nature intime de la substance l'objet de LA COSMOLOGIE 537
minérale, l'esprit ne peut se borner à se servir des données
fournies par la considération des minéraux, il doit mettre encore
à profit les renseignements que peut lui lournir l'examen des
autres êtres matériels, les vivants corporels.
En fait, d'ailleurs, lorsqu'on en vient dans les traités de cosmol
ogie à démontrer la composition fondamentale de la substance
minérale, on fait appel à des notions empruntées à la psychologie
des vivants matériels.
Mais il est une autre raison sur laquelle il est utile d'insister,
et qui tend à faire exclure du domaine de la cosmologie les points
de vue qui ont mieux leur place en métaphysique générale. Elle est
tirée de l'importance qu'ont prise aujourd'hui les recherches sur la
valeur des données scientifiques qui doivent, comme on le sait,
constituer le fondement d'une étude sérieuse des substances matér
ielles. En effet, ces recherches ont ouvert à l'activité du philo
sophe qui veut se spécialiser dans l'étude de la cosmologie un
domaine d'investigation si vaste, qu'il se voit nécessairement forcé
d'abandonner à d'autres l'examen des points qui strictement ne se
rapportent pas à sa matière. Développons cette raison.
On connaît l'essor pris, depuis une vingtaine d'années au moins,
par les recherches se rapportant à l'histoire des sciences, à l'évo
lution de leurs théories, à la valeur de leurs méthodes de décou
verte comme moyen de connaître le réel.
Un des grands artisans de ces études et un des premiers est le
savant M. Duhem, dont les nombreuses publications sur ces objets
sont universellement appréciées. Les d'autres auteurs
éminents, comme Mach, H. Poincaré, Boutroux, Ostwald, ce
dernier ne dédaigne pas de consacrer exclusivement à ce genre de
travaux la fin d'une carrière féconde dans le domaine des sciences
physico-chimiques proprement dites sont trop connues pour
qu'il soit nécessaire de les rappeler en détail.
Des collections nouvelles de publications ont été créées, se rap
portant soit à l'histoire des sciences, soit à des essais de synthèse.
On peut citer les « Ostwald's Klassiker der Naturwissenschaft », la
collection « DieWissenschatt », la « Nouvelle collection scientifique »,
la « Bibliothèque de philosophie scientifique », des revues comme
la Rivista di Scienza, dans laquelle écrivent des savants de tous
les pays, ou les Annales de philosophie naturelle, fondées
par Ostwald. Des périodiques strictement scientifiques contiennent
assez régulièrement des articles d'histoire ou de philosophie des
sciences, telles la revue anglaise Nature, le Zeitschrift fur
physikalische Chemie, The Chemical News, la Revue J. LEMAIRE 538
scientifique, la Revue générale des sciences, qui der
nièrement a institué une rubrique spéciale consacrée à l'exposé des
progrès faits dans l'histoire des sciences. Dans les introductions de
livres ou de traités scientifiques, beaucoup de savants renommés,
comme W. Nernst, Ramsay, Perrin et d'autres, abordent des ques
tions de ce genre. Tout récemment s'est fondée à Berlin la « Gesell-
schaft fur positivistische Philosophie », dont le but est de travailler
à la constitution d'une philosophie émanant des sciences et rigou
reusement empirique. On sait qu'à ses débuts du moins, la Société
française de philosophie, fondée en 1900, à Paris, poursuivit un but
semblable.
Au point de vue de la valeur des données des sciences, ces diff
érentes études ont abouti aux résultats suivants : Elles ont mis en
évidence tout d'abord la part non négligeable que peuvent avoir
dans l'élaboration des conceptions scientifiques la mentalité per
sonnelle du savant, son éducation scientifique, voire même dans
bien des cas l'ambiance philosophique dans laquelle il vit. Il suffit
d'ailleurs, de considérer avec quelque attention ce qui se passe de
nos jours, pour constater le rôle de cette dernière influence. Toute
la science contemporaine n'est-elle pas influencée par l'ambiance
evolutionniste dans laquelle elle se meut ?
Elles ont encore montré la part plus ou moins grande d'hypo
thèses que contiennent les énoncés que des esprits non prévenus
prenaient pour l'expression même du donné expérimental. Certains
auteurs en sont même arrivés à conclure que les faits relatés par
les sciences sont imprégnés si intimement de théories scientifiques
dépourvues de valeur objective que ces faits en sont devenus méconn
aissables et qu'il est quasi impossible d'y retrouver ce que l'expé
rience a réellement révélé. Certes, ces auteurs ont exagéré; nous
avons essayé de le montrer ailleurs 1). Toutefois on est obligé de
reconnaître que le fait, tel qu'il sort du laboratoire du savant, ne
peut être accepté d'emblée comme une nouvelle conquête sur la
réalité. Il doit au préalable subir un travail de revision ayant
comme but de mettre en évidence le non-expérimental qu'il pourr
ait contenir et de le rétablir le plus complètement possible dans
son état véritable. Le fait ainsi épuré se différenciera du fait global
saisi par l'expérience ordinaire en ce que la diversité de ses aspects
et leur ordonnance mutuelle y seront nettement apparentes, en un
mot en ce qu'il sera connu d'une façon distincte.
La justification de cette manière de voir est aisée.
1) Ann. de l'lnst. sup. de Philos., 18 U. l'objet de la COSMOLOGIE 539
Toute description d'un phénomène ou d'un ens

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