L origine aristotélicienne de la « tertia via » de saint Thomas - article ; n°19 ; vol.48, pg 354-370
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Revue Philosophique de Louvain - Année 1950 - Volume 48 - Numéro 19 - Pages 354-370
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Publié le 01 janvier 1950
Nombre de lectures 36
Langue Français
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Henri Holstein
L'origine aristotélicienne de la « tertia via » de saint Thomas
In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième série, Tome 48, N°19, 1950. pp. 354-370.
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Holstein Henri. L'origine aristotélicienne de la « tertia via » de saint Thomas. In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième
série, Tome 48, N°19, 1950. pp. 354-370.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1950_num_48_19_4298L'origine aristotélicienne
de la « tertia via » de saint Thomas
Saint Thomas d'Aquin a formulé à deux reprises ses preuves
de l'existence de Dieu : une première fois, vers 1259, quand il écrivit
le Contra Gentes (I, ch. 13) ; une seconde fois vers 1266, en rédi
geant la Prima Pars de la Somme théologique (q. 2, a. 3). En outre,
l'argument du mouvement est à nouveau brièvement esquissé au
début du Compendium theologiae, rédigé entre 1272 et 1273 (ch. 3) (1>.
A qui étudie la « tertia via » dans les textes parallèles du Contra
Gentes et de la Somme théologique, une double remarque s'impose.
La « tertia via », d'abord, ne se rencontre pas dans le chapitre 13
du premier livre de la Somme contre les Gentils, qui traite des
preuves de l'existence de Dieu : saint Thomas, sans doute, y expose
surtout l'argument aristotélicien du Premier Moteur, mais il y ment
ionne brièvement les seconde, quatrième et cinquième « voies ».
La troisième, par contre, ne se rencontre qu'au chapitre 15, comme
preuve de l'éternité divine. Ensuite, saint Thomas, qui indique ses
sources pour toutes les autres « voies » (2), ne mentionne pas, quand
il expose la -« tertia », l'auteur dont il s'est inspiré. Et ce silence
pose le problème des sources de la « tertia via ».
Ce problème, à vrai dire, est surtout posé par la première
partie de l'argument, telle que la formule la Somme théologique.
L'essentiel de cet argument peut se ramener au double syllogisme
suivant :
1) II existe des êtres possibles, c'est-à-dire indifférents à l'être
<"> Pour la chronologie des œuvres de S. Thomas, cf. P. A. WALZ, Diction
naire de Théologie catholique, vol. XV, fasc. 138 (1946), article Thomas d'Aquin,
col. 637-640: Mil. Ecrits de S. Thomas. L'auteur résume les conclusions de Man-
donnet, Grahmann, etc.
<*) Références & Aristote pour les première, seconde et quatrième voies;
au Damascene pour la cinquième (I C. G., 13). Origines de la tertia via 355
et au non-être (possibilia esse et non esse) : ce sont les êtres soumis
à la génération et à la corruption.
Or l'existence de tels êtres suppose l'influence d'une cause,
qui, elle, soit nécessairement (c'est-à-dire qui ne soit pas indifférente
à l'être et au non-etre).
Donc une telle cause, qui soit nécessairement, existe.
2) Mais une telle cause existant nécessairement ou bien doit sa
nécessité à autrui, ou bien la tient d'elle-même.
Or on ne peut prolonger à l'infini la série des êtres qui doivent
leur nécessité à autrui.
Donc il existe un iPremier Nécessaire qui ne doive qu'à lui-
même sa nécessité, et c'est Dieu <3).
Le premier syllogisme conclut à l'existence de quelque nécessaire
(aliquid necessarium), qui ne soit ni générable ni corruptible. « Tout
être incorruptible réalise cette condition, qu'il soit exempt de mat
ière comme l'ange, ou que sa matière ne soit pas susceptible d'une
autre forme, comme les Anciens le croyaient des corps célestes » <4>.
De l'existence de tels « nécessaires », saint Thomas conclut, par
le second syllogisme, à l'existence d'un Premier .Nécessaire non-
causé, de qui les autres tiennent leur nécessité. Ce second syllogisme
n'offre pas de difficultés : il s'appuie sur deux principes aristotéli
ciens bien connus : tout être qui n'a pas en lui-même la cause de
sa nécessité doit la tenir d'autrui (5) ; il est impossible de remonter
indéfiniment une série causale. Ce second principe a été longue
ment démontré à propos de l'argument du «Premier Moteur (6) et
saint Thomas se contente de Tenvoyer à cette démonstration. Ainsi
la seconde partie se rattache explicitement à l'argument du Premier
Moteur et ses références aristotéliciennes ne font pas de doute.
Dans la rédaction du Contra G entes, le premier syllogisme lui-
même n'offre pas grande difficulté. On le dit emprunté à Avicenne
(•> Cf. P. GÉNY, Reçue de Philosophie, t. 31 (1924), p. 579: cette argument
ation est, pour la première, partie, celle même du Contra Gentes {I, 15); le
second syllogisme est exprimé en termes à peu près identiques dans les deux
Somime8.
m P. GÉNY, loc. cit., p. 579.
<*) Cf. Métaphysiques, A, 5, 1015 b 9-15 et dans I C. G., 13, la preuve de
« Omne quod movetur ab alio movetur », reprenant Physiques, VU, I, 241 b
24 - 243 a 2 et VIII, 4, 254 b 7 - 255 a 30.
<*> Cf. I C. G., 13: «Aliam autem propositionem... », d'après Aristote
Physiques, VU, 2. 243 a 3 - 245 b 2; VIII. 5. 256 a 13 - 257 a 27. 356 Henri Holstein
et « traduit presque littéralement du philosophe arabe » (7). La chose
est fort possible. Mais Avicenne n'a fait qu'utiliser les principes de
son maître Aristote, qu'il commente. L'argumentation thomiste de
I C. G. 15 « qui n'offre aucune difficulté et satisfait pleinement
l'esprit » (8), s'avère ainsi d'inspiration aristotélicienne incontestable.
Mais, dans le texte de la Somme théologique, ce premier argu
ment se complique, au point d'offrir à certains une « difficulté manif
este » (9). Il faut l'étudier de près. On peut décomposer ainsi le
premier syllogisme, tel que saint Thomas le formule dans la Somme
théologique :
1 . Parmi les choses, nous en trouvons certaines qui peuvent être
et n'être pas : certaines, en effet, s'engendrent et se corrompent,
et par conséquent peuvent être et n'être pas.
2. Or il est impossible que tout ce qui est, soit tel (1°, parce
que ce qui peut n'être pas, à un moment donné (quandoque) (11)
n'est pas.
3. Si donc tout peut n'être pas, il y eut un moment où (ali-
quando) rien ne fut dans les choses.
4. IMais, si cela était vrai, maintenant encore rien ne serait ;
car ce qui n'est pas ne commence à être que par quelque chose
qui est.
5. Si donc aucun être n'exista (nihil fuit ens), il fut impossible
<7> P. GÉNY, loc. cit., pp. 586-587, d'après BAEUMKER, Witelo, ein Philosoph
und Naturforscher des XHI. Jahrhunderts (Beitrdge zut Geschichte der Philo
sophie des Mitteîalters, B. III, H. 2), Mûnater, 1908. — Le texte d' Avicenne (en
traduction latine) se trouve dans Arnou, De quinque dis sancti Thomae... apud
antiquos... praeformatis vel adumbratis texttts selecti, Rome, Pont. Univ. Grego-
riana, 1932, pp. 59-71.
(•» P. GÉNY, loc. cit., p. 587.
(•> Cf. P. GÉNY, loc. cit., pp. 580-586, spécialement pp. 584-586. Cette diff
iculté a été soulignée à nouveau par le P. OESCOQS, Archives de Philosophie HI
(1925), cahier 3, pp. 490-495. D'où une réponse du P. SeRTILLANGES, Revue Thom
iste, t. 31 <1926), ,pp. 490-502. Le R. P. avait déjà répondu au P. Gény, Revue
de Philosophie, t. 32 (1925), pp. 24-37.
(10> « La leçon ordinairement reçue : Impossibile est autem, omnia quac sunt
talia, semper esse, est certainement fautive ; elle est nettement démentie par le
contexte, et d'ailleurs l'édition léonine signale que semper manque dans la
plupart des manuscrits. Il faut lire: impossibile est autem omnia quae sunt, talia
esse; c talia», c'est-à-dire sujets à génération et corruption» (P. GÉNY, loc. cit.,
p. 580, note 2).
<"> Le P. Sertillanges traduit: « une fois ou l'autre ». Dieu, I (Editions de
la Revue dee Jeunes), p. 80. Origines de la tertia via 357
que «quelque chose commençât à être ; et ainsi rien ne serait : ce
qui est évidemment faux.
6. Donc tous les êtres ne sont pas « possibles » (non igitur omnia
entia sunt possibilia) ; mais il faut quelque nécessaire dans les
choses (12).
La difficulté de cette argumentation réside dans la m

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