La critériologie de Mgr Mercier - article ; n°1 ; vol.44, pg 7-35
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Revue Philosophique de Louvain - Année 1946 - Volume 44 - Numéro 1 - Pages 7-35
29 pages

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Publié le 01 janvier 1946
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Georges Van Riet
La critériologie de Mgr Mercier
In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième série, Tome 44, N°1, 1946. pp. 7-35.
Citer ce document / Cite this document :
Van Riet Georges. La critériologie de Mgr Mercier. In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième série, Tome 44, N°1, 1946.
pp. 7-35.
doi : 10.3406/phlou.1946.4037
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1946_num_44_1_4037La critériologie de Mgr Mercier
Si l'on refuse de considérer l'existence actuelle comme la per
fection suprême des êtres et comme l'intelligible fondamental, on
doit la considérer comme un simple fait, dépourvu de valeur mé
taphysique, et l'on doit, en conséquence, cantonner l'intelligence
dans un ordre « idéal », distinct de l'ordre des existences concrètes.
On se heurte alors à l'antinomie de l'expérience et de la raison :
est-ce dans la perception d'un fait ou est-ce dans l'affirmation d'un
principe que se trouve la norme absolue de la connaissance hu
maine ? Résoudre cette antinomie, telle est la tâche essentielle de
l'épistémologie.
Comme on le sait, la critériologie de Mgr Mercier est conçue
dans le dessein explicite de réfuter le scepticisme, le dogmatisme
des vérités dites primitives, le positivisme et le subjectivisme kant
ien. Mais l'auteur cherche également à concilier l'empirisme et
le rationalisme : c'est ce que nous nous proposons de montrer
dans le présent article (1).
Lorsqu'il commença son enseignement, Mgr Mercier avait lu
et médité, outre les oeuvres de saint Thomas, la Philosophie fon
damentale de Balmès et La philosophie scolastique exposée et dé
fendue de Kleutgen (2). Ces deux ouvrages constituent les sources
les plus importantes de sa pensée ; il ne sera donc pas inutile de
les résumer à grands traits.
(X> Les pages qui suivent sont empruntées à un travail qui paraîtra prochaine
ment: L'épistémologie thomiste. Nous y retraçons l'histoire des principales posi
tions adoptées par les philosophes thomistes depuis 1845 jusqu'à nos jours.
<2> Don Jaime Balmès (1810-1848), Filosofia fundamental, 4 tomes, Barce
lone, 1846; traduction française par Edouard Manec, 4 tomes, Liège, 1852.
Joseph KLEUTGEN, S. J. <181 1-1883), Die Philosophie der Vorzeit, 1860-1863;
traduction française par Constant Sierp, 4 tomes, 1868-1870. Nos références se
rapportent aux traductions de ces ouvrages. — Pour être complet, nous devrions Georges Van Riet 8
Balmès pose en termes très clairs l'antinomie de l'expérience
et de la raison. Il y a, dit-il, deux groupes irréductibles de vérités :
les unes sont d'ordre idéal, les autres d'ordre réel. « Par
idéales, j'entends ces vérités qui expriment un rapport absolument
nécessaire, abstraction faite de l'existence... J'appelle vérités réelles,
les faits ou ce qui existe... Aux vérités réelles correspond le monde
réel, le monde des existences ; aux vérités idéales, le monde lo
gique, celui des possibilités » (3). Dans chacun de ces deux groupes
de vérités, continue Balmès, il y a un « premier principe », c'est-
à-dire une vérité fondamentale supposée par toutes les autres. Pour
les vérités idéales, c'est le principe de contradiction ; pour les
vérités réelles, c'est le fait de penser, — le Cogtto, considéré comme
fait, et non comme proposition. Remarquons-le, la sensation ex
terne n'est pas un « premier principe » ; son objectivité doit être
démontrée, et elle peut l'être, en partant du Cogito : elle est la
seule hypothèse qui rende compte de la différence que nous con
statons entre les phénomènes qui dépendent de notre volonté —
les images — et ceux qui n'en pas — les sensations (4).
D'après Balmès, on justifie le principe de contradiction et le
Cogito, ainsi que toutes les vérités idéales et réelles, en indiquant
les « critères » qui les garantissent. Le critère du Cogito et des
vérités réelles est la conscience ; le critère du principe de contra
diction et des vérités idéales est Y évidence. On comprend ais
ément ce que Balmès appelle la conscience, mais on pourrait se
méprendre sur la signification de l'évidence. Pour Balmès, l'év
idence est « la perception de l'identité entre diverses idées » (5),
c'est-à-dire entre diverses représentations : elle justifie les juge
ments idéaux dans l'ordre purement subjectif. Dans cet ordre,
« le principe de contradiction se borne à constater que l'être r
épugne au non-être et réciproquement ; que leur existence établit
dans notre entendement une sorte de lutte de pensées qui s'entre-
détruisent... Mais, en énonçant le principe, on prétend affirmer
signaler, parmi les sources de la Cnténologie, quelques traités de logique spé
ciale, tels qu'on en trouve dans les Instituhones philosophicae de Tongiorgi
(1861), de Libératoire (1881), et surtout dans la Phtlosophia elementaria de Gonz
alez (1868) dont le manuel servit de base à l'enseignement de D. Mercier au
Séminaire de Mahnes, de 1877 à 1882
<s> La philosophie fondamentale, t. 1, nos 65, 66.
<*» Ibid., t. II, n° 31. (•) Ibid., t. I, n« 242. critériologie de Mgr Mercier 9 La
autre chose que l'incompatibilité des idées : cette incompatibilité,
nous la transportons aux choses mêmes, soumettant à cette loi, non
seulement nos pensées, mais tous les êtres, réels ou possibles » <6>.
De quel droit ? Comment sommes-nous certains de l'objectivité des
idées ? C'est là « le problème le plus transcendantal, le plus diffi
cile, le plus obscur de la philosophie » <7>. Pour le trancher Balmès
en appelle à un nouveau « premier principe », le principe des car
tésiens, qui s'énonce : ce qui est évident est vrai. Mais ce principe
n'est lui-même ni démontrable, ni immédiatement évident ; pour
le justifier, il faut donc un nouveau critère, « Y instinct intellectuel ».
En admettant le critère de la « conscience », Balmès satisfait
à l'exigence empiriste ; il satisfait à l'exigence rationaliste, en ac
ceptant le double critère de « l'évidence » et de « l'instinct intel
lectuel ». Mais il ne résout pas l'antinomie de l'expérience et de
la raison, car il n'indique pas comment se coordonnent les divers
critères. Il n'aperçoit pas l'originalité propre d'un jugement en
matière contingente ; il note simplement qu'un tel par
ticipe à la fois de l'ordre réel et de l'ordre idéal : de l'ordre réel,
en tant qu'il contient un fait particulier relevant de la conscience,
et de l'ordre idéal, en tant qu'il combine ce fait avec une vérité
idéale (8). Bien plus, loin de résoudre l'antinomie de l'expérience
et de la raison, Balmès en souligne l'acuité : il refuse de fonder
sur le réel existant la vérité des jugements idéaux, mais il se dé
clare incapable de la justifier critiquement : l'instinct intellectuel
n'est pas un critère d'ordre philosophique.
Kleutgen n a pas recours à l'instinct intellectuel et il ne sépare
pas, comme le fait Balmès, l'évidence et la vérité. Il tire parti
d'un texte de saint Thomas, dont on s'inspire fréquemment de
nos jours, le De veritate, q. I, a. 9. « Nous obtenons la certitude,
écrit-il, toutes les fois que nous reconnaissons la vérité de nos con
naissances, c'est-à-dire l'accord de nos pensées avec la réalité. Or
l'esprit ne pourrait pas connaître cet accord, s'il connaissait seule
ment son activité sans en connaître en même temps la nature.
D'autre part, il ne peut comprendre la nature de son activité que
s'il connaît la nature du principe actif ou sa propre essence. Il
comprendra ainsi qu'il appartient à l'essence d'un pareil principe
(•) Ibid., t. I, n° 244 Souligné par nous.
O t. I, n° 221. <•> Ibid., t. I, n° 185. Georges Van Riet 10
de connaître les choses comme elles sont » (9) II ne faut pas d'in
stinct intellectuel pour justifier la vérité des propositions idéal

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