Nouvelles réflexions autour des «quinque viae» - article ; n°64 ; vol.59, pg 597-608
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Revue Philosophique de Louvain - Année 1961 - Volume 59 - Numéro 64 - Pages 597-608
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Publié le 01 janvier 1961
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Langue Français

Extrait

Fernand Van Steenberghen
Nouvelles réflexions autour des «quinque viae»
In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième série, Tome 59, N°64, 1961. pp. 597-608.
Citer ce document / Cite this document :
Van Steenberghen Fernand. Nouvelles réflexions autour des «quinque viae». In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième
série, Tome 59, N°64, 1961. pp. 597-608.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1961_num_59_64_5092Nouvelles réflexions
autour des « quinque viae
Docteur en philosophie de Louvain et professeur au séminaire
de Wonersh, dans le Surrey, M. l'abbé E. A. Sillem a publié en 1957
un ouvrage intitulé George Berkeley and the Proofs for the Existence
of God. Il vient de nous offrir un nouvel essai sur le problème de
l'existence de Dieu: Ways of thinking about God. En sous-titre:
Thomas Aquinas and some recent Problems (1). L'intérêt de ce
petit volume réside en deux choses: d'une part, la confrontation
des questions envisagées, avec la philosophie anglaise contempor
aine ; d'autre part, des vues originales sur la nature et la méthode
du traité De Deo uno dans la Somme théologique de S. Thomas.
L'ouvrage compte sept chapitres, mais cette division laisse dans
l'ombre la véritable structure de l'exposé, qui se développe en
trois étapes: dans la première on prend contact avec la pensée
anglaise actuelle et son attitude devant le problème de Dieu (chap. 1
et 2). La deuxième étape nous introduit dans le monde des tho
mistes et de S. Thomas lui-même (chap. 3 à 6). Enfin la troisième
étape est la confrontation entre S. Thomas et les philosophes con
temporains d'outre-Manche (chap. 7).
L'auteur s'applique d'abord à poser correctement le problème
et à critiquer une série d'attitudes adoptées par divers philosophes
anglais (chap. 1). Néo-positivistes, qui prétendent appliquer aux
propositions théistes le « principe de vérification » et montrer par
là que toute affirmation touchant Dieu est dépourvue de sens.
Agnostiques, qui, reprenant les arguments traditionnels tels qu'ils
ont été formulés dans la Critique de la raison pure, estiment que
le verdict de Kant est définitif. Logiciens qui traitent les problèmes
<l> Un vol. 18.5x12,5 de vin- 190 pp. tondre», Darton, Longman and Todd,
1961. Prix: 11 s. 6 d. 598 Fernand Van Steenberghen
de théologie naturelle sans aucun sens du mystère et sans aucun
soupçon des obscurités inhérentes à la connaissance analogique.
Penseurs bornés et superficiels, qui pourfendent un théisme imagi
naire, caricature du théisme authentique.
Il n'est pas inutile d'épingler ici quelques échantillons de cette
« critique » anglo-saxonne du théisme, qui dénotent un manque total
de sens métaphysique et souvent aussi un manque de sens histo
rique surprenant. Austin Farrer rejette toute tentative de rajeuniss
ement des preuves traditionnelles : ou bien, dit-il, ces preuves étaient
valables autrefois et il faut les conserver ; ou bien elles ne l'étaient
pas et, dans ce cas, la croyance des théistes n'était que supers
tition. M. Farrer ne semble pas soupçonner qu'une formule valable
pour S. Augustin dans les cadres de son néoplatonisme chrétien,
ou pour S. Thomas dans la perspective de son aristotélisme chré
tien, pourrait ne plus être recevable, telle quelle, pour un théiste
du XXe siècle ; c'est la conséquence de l'historicité de la pensée
humaine et cela n'entraîne pas nécessairement le scepticisme. Les
critiques vraiment puériles de Bertrand Russell méritent, à coup
sûr, d'être relevées: cet ineffable « penseur » nous confie qu'il a
accepté la preuve de la Cause première jusqu'à l'âge de 18 ans ;
mais un jour la lecture de Stuart Mill lui a révélé le sophisme de
cette preuve, car, « si chaque chose doit avoir une cause, il est
clair que Dieu doit aussi en avoir une ; si, au contraire, on prétend
qu'il peut exister un être incausé, ce peut être le monde aussi bien
que Dieu » et on peut donc faire l'économie de l'hypothèse théiste.
Ronald W. Hepburn reprend les mêmes élucubrations, mais en les
aggravant, car il accepte avec plus d'ingénuité encore, comme fo
rmule du principe de causalité: « tout être doit avoir une cause ».
Il va sans dire que M. Russell et M. Hepburn échoueraient tous
deux dans le plus élémentaire examen de métaphysique organisé
sur le Continent.
Voilà donc le philosophe théiste confronté avec des montagnes
de malentendus et d'objections accumulés par la plupart des philo
sophes contemporains en Grande-Bretagne. Et cependant la réfu
tation de ces difficultés ne sera que l'objet secondaire de l'entre
prise de M. Sillem. Ses principales perplexités lui viennent d'une
autre constatation: la diversité des interprétations présentées par
les thomistes touchant les célèbres preuves de S. Thomas: les
quinque viae de la Somme théologique. En présence de cette situa
tion troublante, il s'est demandé 91 Vin élément d'importance capi- Nouvelles réflexions autour des « quinque ciae » 599
taie n'a pas été négligé, par les thomistes, dans leur exégèse de
ce texte: une telle omission expliquerait peut-être les divergences
de vues et les hésitations de tant d'esprits en présence de ces
preuves vénérables.
Mais avant d'aborder ce problème principal, l'auteur veut étu
dier de plus près les difficultés entrevues au cours du premier
chapitre. C'est l'objet du chapitre 2. Les tenants de la tradition
s' accordent assez généralement sur trois points: l'argument onto
logique n'est pas valable, les arguments métaphysiques (que Kant
appelle « cosmologiques » et qu'on nomme parfois en anglais
« causal arguments ») sont les plus importants, enfin ces arguments
ont trouvé leur formulation la plus classique dans les quinque viae
de S. Thomas. Or le jugement prononcé par Kant sur cette caté
gorie d'arguments est encore accepté sans discussion par de nom
breux philosophes actuels, notamment en Angleterre. D'autres
auteurs prétendent démontrer, par analyse logique, que la notion
d'être nécessaire est incohérente (H. J. Paton, J. J. C. Smart,
R. W. Hepburn, A. J. Ayer, etc.). D'autres enfin estiment que
le concept de cause n'est pas applicable à l'univers comme en
semble (B. Russell, R. W. Hepburn). On reviendra sur ces diff
icultés après avoir examiné le sens et la portée exacte des preuves
de S. Thomas.
Avec le chapitre 3 nous passons à la deuxième étape de l'itiné
raire fixé par l'auteur. Ce chapitre aborde l'examen des attitudes
adoptées par les thomistes actuels vis-à-vis des cinq voies. La plu
part d'entre eux s'efforcent de mettre en valeur chacune d'elles
et de montrer qu'elles résistent victorieusement aux assauts de Kant
et des philosophes postérieurs. Mais on ne manifeste guère le souci
de replacer ces preuves dans leur contexte historique et littéraire.
C'est ce que M. Sillem va entreprendre.
Il examine d'abord ce qui précède les cinq voies dans la
Somme théologique. C'est l'objet du chapitre 4, où l'on analyse
la première question de la somme, De sacra doctrina, sur la nature
et la méthode de la théologie, puis les deux premiers articles de
la question H, De Deo, an sit. Il ressort de cet examen que la
démonstration de l'existence de Dieu est, ici, partie intégrante d'un
ouvrage théologique ; en outre, d'après le plan de la Prima pars
annoncé dans le prologue de la question II, l'étude de l'existence
de Dieu est conçue par S. Thomas comme un élément de l'étude
de l'essence divine (p. 43). D'ailleurs, au moyen âge le problème Fernand Van Steenberghen 600
de Dieu a toujours été un problème théologique (p. 45) ; il ne s'agit
pas de savoir si Dieu existe ou si nous pouvons établir par la
raison que Dieu existe ; il s'agit de savoir ce qu'il est et comment
nous pouvons arriver à l'intelligence de ce qu'il a révélé sur son
essence. Sans doute, dans son commentaire sur le De Trinitate de
Boèce, S. Thomas mentionne explicitement l'existence de Dieu
parmi les praeambula fid

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