Religion, poésie et philosophie. Les Grecs et la quête du divin - article ; n°91 ; vol.91, pg 366-382
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Revue Philosophique de Louvain - Année 1993 - Volume 91 - Numéro 91 - Pages 366-382
In this article, which contains the first of a series of eight lectures on the religious thought of the Greeks, the author engages in reflection on the divine in nature, the soul and the city, which brings him to consider the relationship between philosophy and religion among the Greeks. This relationship is one of considerable continuity, and poetry displays well the links that unify logos and muthos. (Transl. by J. Dudley).
Dans cet article reproduisant la première d'une série de huit conférences sur la pensée religieuse des Grecs, l'A. entame une réflexion sur le divin dans la nature, l'âme et la cité, qui l'amène à envisager les rapports entre la philosophie et la religion chez les Grecs. Ces rapports sont plutôt de continuité, et la poésie manifeste bien les liens qui unissent le logos et le muthos.
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Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 44
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

André Motte
Religion, poésie et philosophie. Les Grecs et la quête du divin
In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, Tome 91, N°91, 1993. pp. 366-382.
Abstract
In this article, which contains the first of a series of eight lectures on the religious thought of the Greeks, the author engages in
reflection on the divine in nature, the soul and the city, which brings him to consider the relationship between philosophy and
religion among the Greeks. This relationship is one of considerable continuity, and poetry displays well the links that unify logos
and muthos. (Transl. by J. Dudley).
Résumé
Dans cet article reproduisant la première d'une série de huit conférences sur la pensée religieuse des Grecs, l'A. entame une
réflexion sur le divin dans la nature, l'âme et la cité, qui l'amène à envisager les rapports entre la philosophie et la religion chez
les Grecs. Ces rapports sont plutôt de continuité, et la poésie manifeste bien les liens qui unissent le logos et le muthos.
Citer ce document / Cite this document :
Motte André. Religion, poésie et philosophie. Les Grecs et la quête du divin. In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième
série, Tome 91, N°91, 1993. pp. 366-382.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1993_num_91_91_6803poésie et philosophie Religion,
Les Grecs et la quête du divin
Dans une lettre qu'il adresse à son ami Lucilius et qui parle de
l'amitié, le philosophe Sénèque fait cette confidence:
«Je désire — vraiment — faire passer en toi tout ce que je sais, et
si je trouve quelque joie à apprendre, c'est pour enseigner. Il n'est
aucune connaissance dont je puisse me délecter, si remarquable et
si profitable soit-elle, s'il me fallait l'acquérir pour moi seul. A sup
poser que la sagesse me soit donnée sous réserve de la tenir enfer
mée et de renoncer à la diffuser, je la rejetterais: sans un compa
gnon de partage, il n'est aucun bien dont la possession puisse
réjouir.»1
Discere et docere, apprendre et enseigner: deux activités entre les
quelles le philosophe romain perçoit une convergence essentielle sous le
signe de l'amitié et du plaisir partagé, deux mots qui définissent aussi les
deux missions principales, étroitement complémentaires, de nos institu
tions universitaires.
Qu'il me soit donc permis de faire écho à ces nobles propos de
Sénèque pour dire la joie très profonde qui est la mienne d'être l'hôte
aujourd'hui — et pour tout un trimestre — de cette université et pour
exprimer en même temps ma vive gratitude aux autorités académiques
ainsi qu'aux membres des Facultés de philosophie et de théologie. Je
voudrais en particulier vous remercier, Monsieur le Président, de vos
aimables paroles d'accueil et de la peine que vous vous êtes donnée,
avec mon ami Jacques Follon, pour que cette rencontre soit une fête de
l'esprit et du coeur.
Les liens multiples qu'au cours de ma carrière scientifique il m'a
été donné de tisser avec des membres de cette institution font qu'elle
1 Lettres à Lucilius, I, 6, 4: Ego vero omnia in te cupio transfundere, et in hoc
aliquid gaudeo discere ut doceam: nee me ulla res delectabit, licet sit eximia et salu-
taris, quant mihi uni sciturus sum. Si cum hac exceptione detur sapientia, ut illam
inclusam teneam nec enuntiem, reiciam: nullius boni sine socio iucunda possessio
est. Les Grecs et la quête du divin 367
m'est spécialement chère. Mes souvenirs les plus lointains remontent à
l'époque où, jeune assistant, je participais, avec quelques aînés de mon
université, aux réunions du Groupe de synthèses qu'animait et qu'anime
toujours, avec un enthousiasme infatigable, M. Lucien Morren, et qui
font dialoguer sur de grandes questions de notre temps des théologiens,
des philosophes, des psychologues, des juristes, des économistes, des
biologistes, des mathématiciens, des physiciens et d'autres encore. Ces
rencontres fort enrichissantes m'ont enseigné notamment l'importance
d'une réflexion interdisciplinaire; grâce à elles aussi, j'ai vécu de près
les événements dramatiques qui ont affecté cette université à la fin des
années soixante ainsi que son héroïque redéploiement sur le site de Lou-
vain-la-Neuve.
Dans la suite, à la faveur d'échanges très divers dans lesquels furent
souvent impliqués d'autres collègues liégeois, les contacts se sont multi
pliés et développés. Certains ont aujourd'hui un caractère organique:
collaboration à des programmes de recherche, organisation en commun
de rencontres scientifiques, publication d'ouvrages et de revues. Aux
côtés des deux Facultés invitantes, il me faut mentionner aussi la Faculté
de Philosophie et Lettres et plusieurs Centres, le Centre De Wulf-Man-
sion, l'Institut d'Études médiévales, le CETEDOC et, à un titre très spé
cial, le Centre d'histoire des religions qui, depuis une dizaine d'années,
entretient avec son homologue liégeois des relations suivies qui se sont
avérées très fécondes. J'en ai personnellement beaucoup bénéficié, et
grande est ma dette de reconnaissance envers son directeur, M. l'Abbé
J. Ries, dont la science n'a d'égale que le zèle, et qui m'a embarqué dans
une série d'entreprises passionnantes.
Cette chaire prestigieuse qui m'est généreusement offerte et qui
était pour moi tout à fait inattendue, vous comprendrez dès lors que je la
reçoive comme le couronnement d'une longue collaboration et comme
un encouragement à la parfaire et à l'étendre.
Ce qui fait la marque la plus spécifique de notre profession d'uni
versitaire et constitue aussi l'un de ses plus vifs attraits, c'est l'élargi
ssement quasi illimité du champ de la communication qu'elle permet et
qu'elle postule, à l'intérieur comme à l'extérieur des institutions, c'est
donc sa vocation à dépasser les frontières et les clivages de toutes sortes.
Démocrite déjà soulignait cette universalité en affirmant que le monde
entier est la patrie du sage2. Au Moyen Age, dans ce que l'on nommait
2 Fr. 247 Diels-Kranz. 368 André Motte
fort joliment Yuniversitas magistrorum et discipulorum, la circulation
des personnes et des idées était déjà la règle. Il faudrait méditer ici la
constitution que Frédéric Ier Barberousse octroya à la première université
européenne, celle de Bologne. Il y déclare accorder un privilège à ceux
qui, «par amour de la science, se sont faits des exilés» (amori scientiae
facti exules), «de riches qu'ils étaient sont devenus des pauvres» (de
divitibus pauper es), et «qui exposent leur vie à tous les dangers» iyitam
suam omnibus periculis exponunt) 3.
Les déplacements que nous effectuons aujourd'hui ne nous menac
ent plus guère de périls mortels et, si nos occupations universitaires ne
font pas souvent de nous des riches, nous aurions mauvaise grâce à affi
rmer qu'elles nous transforment en pauvres. Notre admiration pour le
zèle de ces lointains pionniers n'en sera que plus vive. Nous ne la ména
gerons pas non plus à ceux qui, dans notre pays, avec une lucidité mérit
oire, se sont attachés à maintenir vivante cette tradition vénérable, si
essentielle à la mission de nos universités. Le rôle qu'a joué en ce
domaine la Fondation Francqui est rien de moins qu'exemplaire. A cet
hommage qu'il est juste de lui rendre, je désire joindre mes très sincères
remerciements.
*
* *
La distinction qui m'échoit honore en même temps, et c'est aussi
justice, la discipline que je pratique et dont je ne suis qu'un modeste
héritier, l'étude de la religion et de la pensée religieuse des Grecs. Là
n'est pas la moindre de mes satisfactions. Là n'est pas non plus, je
l'avoue, le de mes étonnements. Qu'une Faculté de philosophie
et, plus encore, une Faculté de théologie catholique puisse manifester de
la sorte l'intérêt qu'elles portent à cette part de la culture antique ne
laisse pas, en effet, de surprendre quand on sait le passé. Une véritable
mutation s'est produite qui est sans doute un signe de notre temps.
L'époque n'est pas si lointaine, en effet, où religion et

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