Louis Ratisbonne La Volupté et l’Amour Le Parnasse contemporain : Recueil de vers nouveaux, Alphonse Lemerre (Slatkine Reprints), 1876 (1971) (pp. 327-327).
LA VOLUPTÉ ET L’AMOUR
Ô belle, dont le corps semble un vivant poëme, Pourquoi m’ouvrir les bras, sans me dire : Je t’aime ? Même à l’heure d’amour, contre ton sein pâmé Tu ne me presses pas ainsi qu’un bien-aimé ; Tu ne dis pas le mot envié des dieux même ; Tu soupires : je meurs ; tu ne dis pas : Je t’aime ! Et pourtant ton œil darde un feu délicieux. Tel un ange tombé qu’un songe emporte aux cieux, Mais qui ne pourrait pas, courbé sous l’anathème, Y proférer lemot angélique : Je t’aime !
Eh bien, reste muette, et, dans ta volupté, Brûle comme une rose aux flammes de l’été, Des baisers du soleil s’emplissant ivre et blême.