2+4 ou la négociation atypique - article ; n°2 ; vol.65, pg 467-484
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Politique étrangère - Année 2000 - Volume 65 - Numéro 2 - Pages 467-484
2+4 or Atypical Negotiation, by Bertrand Dufourcq The special feature of the 2+4 negotiations on settling the external aspects of German unification was that they only concerned the substantive issues in exceptionnal cases, focussing invariably on finding a consistent format for decisions resulting from bilateral negotiations, or taken in multilateral fora (Atlantic Alliance, CSCE, disarmament).
Bertrand Dufourcq nous livre ici son propre témoignage, dix ans après les faits, sur les négociations ayant précédé la réunification allemande. Ces négociations, portant sur les aspects externes de la réunification, devaient se déployer dans le cadre d'un forum « 2+4 » (c'est-à-dire associant la RFA, la RDA et les Etats-Unis, l'URSS, la Grande-Bretagne, la France). Mais le processus diplomatique s'est déplacé du forum vers la périphérie, faisant la part belle aux négociations bilatérales, en raison notamment du double discours soviétique. Si les positions initiales des divers protagonistes divergeaient, notamment sur la question de l'appartenance de l'Allemagne a l'OTAN et sur celle de sa frontière orientale, les négociations aboutirent à un compromis satisfaisant pour tout le monde.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 38
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bertrand Dufourcq
2+4 ou la négociation atypique
In: Politique étrangère N°2 - 2000 - 65e année pp. 467-484.
Résumé
Bertrand Dufourcq nous livre ici son propre témoignage, dix ans après les faits, sur les négociations ayant précédé la
réunification allemande. Ces négociations, portant sur les aspects externes de la réunification, devaient se déployer dans le
cadre d'un forum « 2+4 » (c'est-à-dire associant la RFA, la RDA et les Etats-Unis, l'URSS, la Grande-Bretagne, la France). Mais
le processus diplomatique s'est déplacé du forum vers la périphérie, faisant la part belle aux négociations bilatérales, en raison
notamment du double discours soviétique. Si les positions initiales des divers protagonistes divergeaient, notamment sur la
question de l'appartenance de l'Allemagne a l'OTAN et sur celle de sa frontière orientale, les négociations aboutirent à un
compromis satisfaisant pour tout le monde.
Abstract
2+4 or Atypical Negotiation, by Bertrand Dufourcq
The special feature of the 2+4 negotiations on settling the external aspects of German unification was that they only concerned
the substantive issues in exceptionnal cases, focussing invariably on finding a consistent format for decisions resulting from
bilateral negotiations, or taken in multilateral fora (Atlantic Alliance, CSCE, disarmament).
Citer ce document / Cite this document :
Dufourcq Bertrand. 2+4 ou la négociation atypique. In: Politique étrangère N°2 - 2000 - 65e année pp. 467-484.
doi : 10.3406/polit.2000.4952
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_2000_num_65_2_4952POLITIQUE ÉTRANGÈRE 2/2000
2+4
Bertrand DUFOURCQ ou la , négociation , . *. atypique -
Bertrand Dufourcq nous livre ici son propre témoignage, dix ans après les faits,
sur les négociations ayant précédé la réunification allemande. Ces négociations,
portant sur les aspects externes de la réunification, devaient se déployer dans le
cadre d'un forum « 2+4 » (c'est-à-dire associant la RFA, la RDA et les Etats-
Unis, l'URSS, la Grande-Bretagne, la France). Mais le processus diplomatique
s'est déplacé du forum vers la périphérie, faisant la part belle aux négociations
bilatérales, en raison notamment du double discours soviétique. Si les positions
initiales des divers protagonistes divergeaient, notamment sur la question de
l'appartenance de l'Allemagne a l'OTAN et sur celle de sa frontière orientale, les
négociations aboutirent à un compromis satisfaisant pour tout le monde.
Politique étrangère
En première page des Izvestïa du 12 septembre 1990, sous le
regard attentif de Mikhaïl Gorbatchev et d'une pléiade de fonc
tionnaires manifestement soulagés - mais fiers — d'en avoir
terminé, les ministres des Affaires étrangères des États-Unis, de
Grande-Bretagne, d'URSS, de France, de RDA et de RFA signent
le « Traité portant règlement définitif concernant l'Allemagne » consa
crant la réunification du pays. Ainsi s'achevait une négociation qui
avait débuté six mois plus tôt à Ottawa.
Ce texte apporte le témoignage d'un acteur de terrain, alors directeur
des Affaires politiques au Quai d'Orsay, chargé de préparer les tr
avaux des ministres. Je voudrais tenter ici de décrire ce processus diplo
matique tel que nous l'avons vécu, de l'automne 1989 à la fin de 1990.
De la chute du Mur à la conférence d'Ottawa, ou la genèse du 2+4
C'est peu dire que les événements survenus à Berlin le 9 novembre
1989 nous ont pris par surprise. Certes, l'exode des Allemands de l'Est
Bertrand Dufourcq est ambassadeur de France. 468 / POLITIQUE ÉTRANGÈRE
via la Hongrie pendant l'été, et surtout la constitution du gouverne
ment Mazowiecki en Pologne (marquant la fin de la doctrine Brejnev)
ouvraient la voie à des changements majeurs en Europe. De même
avions-nous suivi avec attention le récent débat sur la « question all
emande » en RFA. Mais nous n'avions pas véritablement mesuré le
délabrement du système politique en RDA, la dégradation de la situa
tion économique, non plus que la force des mouvements qui agitaient
en profondeur la société.
Dès lors, nous n'imaginions pas que le rythme des changements serait
à ce point rapide. La chute du Mur, avec sa dimension symbolique évi
dente, ouvrait une phase d'incertitude quant à la marche à suivre. Que
pouvaient, que devaient faire les Douze, et notamment la présidence
française ? Dans l'avion qui nous ramenait de Tunis où Roland Dumas
avait rencontré Yasser Arafat, je lui suggérai une réunion informelle
des chefs d'Etat et de gouvernement de la Communauté, qui permett
rait de débattre de la situation et de resserrer les rangs. Il me demanda
de rédiger sur-le-champ une note en ce sens pour le président
Mitterrand. Les Douze se réunirent pour un dîner à l'Elysée le
18 novembre, sans résultat tangible. Le 21, des slogans favorables à
l'unification apparaissaient à Leipzig. Le 28 novembre, Helmut Kohi
présentait au Bundestag son plan en 10 points ouvrant des perspect
ives confédérales, puis, à long terme (5 ans), fédérales. Rien là, à vrai
dire, de particulièrement choquant. À Paris, l'effet fut pourtant très
négatif : d'abord parce qu'aucune information préalable n'avait eu lieu
(George Bush, on le sut plus tard, avait été prévenu), mais surtout
parce que ce plan ne mentionnait ni la question des frontières, ni les
droits quadripartites, ni, plus grave encore, la construction euro
péenne, et ce, à un moment où le Chancelier, l'œil rivé sur les élec
tions de décembre 1990, se refusait obstinément à ce que le prochain
Conseil européen de Strasbourg fixât la date de convocation de la
Conférence intergouvernementale sur l'Union économique et monét
aire (UEM). Il reste que M. Gorbatchev, qui venait de rencontrer
G. Bush à Malte, trouva en François Mitterrand, le 6 décembre à Kiev,
un interlocuteur aussi préoccupé que lui par la « précipitation » du
Chancelier. Deux jours plus tard, le Conseil européen de Strasbourg
débuta - c'est du moins le souvenir que j'en garde - dans une atmo
sphère tendue. Rarement, le Comité politique, dont j'exerçais alors la
présidence, se montra aussi nerveux. Sous l'assaut des questions,
l'Allemand Dieter Kastrup, par ailleurs unanimement respecté, semb
lait manifestement mal à l'aise. Et nous ne parvînmes pas à nous 2+4 OU LA NÉGOCIATION ATYPIQUE / 469
mettre d'accord sur un langage à proposer à nos ministres quant
au processus d'unification. Le texte, longuement travaillé par Hans-
Dietrich Genscher et R. Dumas, fut finalement arrêté au plus haut
niveau, l'assentiment donné quelques jours auparavant par le
Chancelier à la convocation pour la fin 1990 de la Conférence inte
rgouvernementale ayant facilité la recherche du compromis. « Le
peuple allemand, était-il déclaré, retrouvera son unité à travers une
libre autodétermination. Ce processus devra avoir lieu pacifiquement,
démocratiquement dans le plein respect des accords et traités perti
nents, ainsi que de tous les principes définis par l'Acte final d'Helsinki,
dans un contexte de dialogue et de coopération Est-Ouest. Il devra
aussi être placé dans la perspective de l'intégration européenne ».
Les contacts divers se multiplieront jusqu'à la fin de l'année. Le
16 décembre, F. Mitterrand rencontrait G. Bush à Saint-Martin, puis
se rendait en RDA où James Baker l'avait précédé de quelques jours.
Le 4 janvier 1990, le Chancelier rendait visite à Latche au président
français. Autant son engagement en faveur de la construction euro
péenne parut ferme, autant le doute subsista sur la manière (et le
calendrier) dont il entendait régler le problème de la frontière Oder-
Neisse.
C'est dans ce contexte que commença à naître l'idée qu'un forum
réunissant les principales puissances devenait indispensable pour évo
quer les aspects externes du processus qui se développait en
Allemagne. Déjà, dans une note du 30 octobre, le directeur d'Europe
du Quai d'Orsay, Jacques Blot, avait suggéré que la France appelât les
quatre puissances alliées

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