Après l Europe ? - article ; n°1 ; vol.59, pg 261-272
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Politique étrangère - Année 1994 - Volume 59 - Numéro 1 - Pages 261-272
L'année 1993 a fait voler en éclats nos prévisions sur l'avenir de l'Europe. L'incertitude russe, plus lourde que jamais ; le désordre yougoslave qui affecte toutes les institutions de sécurité européennes ; les difficultés de l'Union européenne à progresser ; l'installation au sud de la Méditerranée de la zone de turbulence maghrébine : tous ces facteurs laissent peu de chance de réussite à une architecture unitaire de l'Europe telle que nous la concevions voici quatre ans. Il nous faut donc réviser l'ensemble de notre stratégie, en sachant que le continent européen ignorera sans doute pendant longtemps l'unité. Pour cette transition, dont nous ne pouvons connaître le terme, s'impose une nouvelle hiérarchisation de nos objectifs; redéfinition de nos buts vis-à-vis de la Russie, acceptation de la coexistence d'Europes multiples, renforcement de la construction européenne à l'Ouest, naissance une stratégie cohérente au Sud.
After Europe ?, by Dominique David
1993 bas broken clown to pieces every prospect on the future of Europe. The heavy uncertainties on Russian future, the Yugoslav disorder that is undermining ail European security institutions, the problems facing any progress on European Union, the emergence of a zone of constant instability in the Maghreb : ail these factors do not leave many chances of success to the construction of a United Europe, as planned four years ago. We have to undergo a complete review of our strategy knowing that a united European continent will probably remain a dream for a long time. In this period of transition, new objectives have to be set. We have to redefine our relationship to Russia, accept and organize the coexistence of multiple Europes, reinforce the Western European construction, and build up a coherent strategy toward the South.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

David
Après l'Europe ?
In: Politique étrangère N°1 - 1994 - 59e année pp. 261-272.
Résumé
L'année 1993 a fait voler en éclats nos prévisions sur l'avenir de l'Europe. L'incertitude russe, plus lourde que jamais ; le
désordre yougoslave qui affecte toutes les institutions de sécurité européennes ; les difficultés de l'Union européenne à
progresser ; l'installation au sud de la Méditerranée de la zone de turbulence maghrébine : tous ces facteurs laissent peu de
chance de réussite à une architecture unitaire de l'Europe telle que nous la concevions voici quatre ans. Il nous faut donc réviser
l'ensemble de notre stratégie, en sachant que le continent européen ignorera sans doute pendant longtemps l'unité. Pour cette
transition, dont nous ne pouvons connaître le terme, s'impose une nouvelle hiérarchisation de nos objectifs; redéfinition
de nos buts vis-à-vis de la Russie, acceptation de la coexistence d'Europes multiples, renforcement de la construction
européenne à l'Ouest, naissance une stratégie cohérente au Sud.
Abstract
After Europe ?, by Dominique David
1993 bas broken clown to pieces every prospect on the future of Europe. The heavy uncertainties on Russian future, the
Yugoslav disorder that is undermining ail European security institutions, the problems facing any progress on European Union,
the emergence of a zone of constant instability in the Maghreb : ail these factors do not leave many chances of success to the
construction of a United Europe, as planned four years ago. We have to undergo a complete review of our strategy knowing that
a united European continent will probably remain a dream for a long time. In this period of transition, new objectives have to be
set. We have to redefine our relationship to Russia, accept and organize the coexistence of multiple Europes, reinforce the
Western European construction, and build up a coherent strategy toward the South.
Citer ce document / Cite this document :
David. Après l'Europe ?. In: Politique étrangère N°1 - 1994 - 59e année pp. 261-272.
doi : 10.3406/polit.1994.4262
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1994_num_59_1_4262POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 261
Dominique DAVID* Après l'Europe ?
Cela s'est, en réalité, su assez vite : nous avons changé de monde.
Sommes-nous sûrs d'être entrés pour autant dans un monde nouveau,
unique ? L'Europe a changé, voilà cinq ans, de soubassement pour la
première fois depuis la glaciation de la guerre froide. Mais plusieurs mutat
ions se sont succédé depuis 1989. Peut-être entrons-nous dans une autre ère,
dépassant déjà ce que nous pensions être notre avenir. L'architecture nouvelle
de l'Europe, nous l'avions, Français, imaginée à partir de deux idées : les
problèmes européens seraient de plus en plus renvoyés aux Européens eux-
mêmes ; et ils seraient résolus par un montage complexe d'institutions, à
dominante européenne. Ainsi dessinait-on la carte d'une Europe à la fois
diverse et unitaire, se définissant enfin elle-même. L'année 1993 a fait voler en
éclats cette architecture avant même qu'elle ne sorte de terre.
L'énigme russe
Les résultats des élections du 12 décembre 1993 nous contraignent à regarder
de face une Russie surtout traitée jusqu'ici à coup d'espoirs ou de recettes.
Ce que nous savons de l'avenir russe tient en peu de mots. A court terme, il
n'y a que très peu de chances que le plus vaste pays du monde se stabilise
politiquement et entreprenne son redressement selon nos propres normes.
Qu'on s'en réjouisse ou qu'on le déplore, le président russe est gravement
affaibli. Il n'est pas sûr dès lors que la constitution semi-autoritaire mise en
place puisse fonctionner efficacement \ Les alliances politiques sont mal
imaginables dans un pays qui découvre les délices et les poisons du multipar
tisme ; les projets ne sont donc pas identifiables et les scénarios ne peuvent
être dessinés qu'à très court terme. Retour à la période précédente donc,
l'incertitude croissant.
Quelles que soient les évolutions du pouvoir de l'Etat russe, on peut miser
sur un durcissement de sa politique étrangère. L'interrogation porte sur le
degré et les formes de ce durcissement, non sur le fait. Les résultats des
élections peuvent être diversement justifiés, mais ils témoignent du rejet
massif — quelles que soient ses expressions — d'un modèle de transition
brusque, étroitement lié à une diplomatie plus ou moins alignée sur un
Occident représenté par Washington. Les choix de l'armée en faveur d'un
* Professeur à l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr, chargé de mission auprès du directeur de
l'Institut français des relations internationales.
1. Ce que confirme l'affaire de l'amnistie de février 1994. I POLITIQUE ÉTRANGÈRE 262
Etat fort se sont clairement exprimés ; ses responsables savent désormais,
intégrant cette donnée, quel discours tenir aux politiques. Un refroidissement
des relations avec l'Ouest pourrait aussi permettre de freiner le processus de
désarmement, mal vu par tous les ensembles militaires du monde et, au
premier chef, par l'armée russe. Enfin, la déliquescence de nombre d'anciens
membres de l'URSS — qu'on pense à la Géorgie, à l'Ukraine, au Tadjikistan
— produit un appel d'air, un appel de puissance, ou d'autorité, qu'aujour
d'hui la Russie n'est pas loin de penser pouvoir remplir 2.
Ceci pourrait avoir au moins deux conséquences. Le système politique russe
va demeurer, pour un temps inconnu, imprévisible. C'est dire que nous ne
pouvons intégrer ses choix dans nos propres prévisions. Le refroidissement
est ainsi une tendance, pas une politique précise, ni une stratégie de long
terme. La situation que nous redoutions depuis plusieurs années se confirme
donc : Moscou ne peut être considérée, pour les années qui viennent, comme
un élément positif de recomposition des espaces européens. Au mieux nous
aurons droit à un certain nombre d'à-coups diplomatiques, au pire à un
désordre croissant : dans tous les cas à l'inconnu.
Cet inconnu nous concerne, mais il touche surtout les relations entre la
Russie et les anciens membres de l'URSS d'une part, de l'autre entre la Russie
et les pays d'Europe centrale et orientale. Pour la première de ces relations, la
remise sur pied d'un ensemble d'influence plus large que la stricte Russie
actuelle 3 apparaît à peu près inévitable, au vu de l'histoire de notre continent.
La question est de savoir si cette reconstitution se fera selon une anarchie
contagieuse, par une imposition autoritaire, ou avec le consentement d'Etats
souverains choisissant de lier leurs destins. L'instabilité russe est sans doute
moins grave, en dépit des apparences, en ce qui concerne les rapports de
Moscou avec les pays du centre et de l'est de l'Europe : simplement parce
que l'appareil politico-militaire russe ne dispose plus des moyens, le voudrait-
il, de reconstituer une aire d'influence structurée en Centre-Europe. Mais les
clameurs nationalistes de Moscou ont néanmoins des effets psychologiques,
donc politiques, déplorables pour toutes les capitales anciennement vassales
qui s'imaginent à nouveau proches d'une force d'empire renaissante.
Le naufrage yougoslave
Autre cruelle école de l'année 1993 : la Yougoslavie. Nous sommes loin de
pouvoir en tirer tous les enseignements, mais quelques constats s'imposent
déjà. Nous avons, depuis quelques années, été près de succomber à un mirage
de stabilité et de sécurité collectives, panachage d'un peu de nucléaire, d'un
peu d'Amérique, et de beaucoup de juridisme et d'idéologie démocratique.
Nous savons maintenant que ni l'affirmation des droits, ni l'idéologie démoc
ratique ne permettront de gérer tous les problèmes européens et que certains
conflits déboucheront sans doute sur l'usage de la contrainte armée. Le dire
n'est évidemment pas bénir la guerre, ni mettre sur le même plan agresseurs
2. L'un des aspects les plus intéressants de la « doctrine » de défense russe rendue publique en
novembre 1993 est d'ailleurs la proclamation selon laquelle la Russie défend ses intérêts aux
frontières de l

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