Chine : la transition sans fin - article ; n°3 ; vol.64, pg 557-571
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Politique étrangère - Année 1999 - Volume 64 - Numéro 3 - Pages 557-571
China: the Endless Transition, by François Godement China in 1999 has inherited both the reforms initiated in 1979 and the political freeze of 1989. The boom in living standards and the increase in physical forms of freedom have not led to an irreversible change in ternis of institutions: this remains cyclical, consisting of leaps forward followed by retreats, and is strongly influenced by the debates at the top of a Leninist system. The confrontation with the hyper-West as represented — in the eyes of the Chinese — by the United States is an important factor in this debate, but in their hearts China's leaders themselves are torn between choosing modernization - which can transform the country - and withdrawal, which can préserve their status. The 1997 Asian crisis crystallized nationalist reservations and the priority given to economie security as opposed to the dynamic advantages of unrestricted openness to the outside world. The debate about joining the WTO and its fluctuations symbolize in 1999 this hesitation at the top.
L'ouverture économique extérieure qui marque ces deux dernières décennies en Chine s'est accompagnée à la fois d'une dépolitisation de la société chinoise, adoucie par un mieux-être matériel, et d'une nouvelle quête de liberté attisée par le monde extérieur. Mais l'évolution du continent chinois reste cyclique, comme le montre la pause amorcée à l'été 1998. A l'ouverture tous azimuts, le régime préfère une ouverture plus contrôlée et la garantie de la stabilité sociale et politique. François Godement s'interroge ici sur la signification d'un retour à une politique plus prudente.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 52
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

François Godement
Chine : la transition sans fin
In: Politique étrangère N°3 - 1999 - 64e année pp. 557-571.
Résumé
L'ouverture économique extérieure qui marque ces deux dernières décennies en Chine s'est accompagnée à la fois d'une
dépolitisation de la société chinoise, adoucie par un mieux-être matériel, et d'une nouvelle quête de liberté attisée par le monde
extérieur. Mais l'évolution du continent chinois reste cyclique, comme le montre la pause amorcée à l'été 1998. A l'ouverture tous
azimuts, le régime préfère une ouverture plus contrôlée et la garantie de la stabilité sociale et politique. François Godement
s'interroge ici sur la signification d'un retour à une politique plus prudente.
Abstract
China: the Endless Transition, by François Godement
China in 1999 has inherited both the reforms initiated in 1979 and the political freeze of 1989. The boom in living standards and
the increase in physical forms of freedom have not led to an irreversible change in ternis of institutions: this remains cyclical,
consisting of leaps forward followed by retreats, and is strongly influenced by the debates at the top of a Leninist system. The
confrontation with the hyper-West as represented — in the eyes of the Chinese — by the United States is an important factor in
this debate, but in their hearts China's leaders themselves are torn between choosing modernization - which can transform the
country - and withdrawal, which can préserve their status. The 1997 Asian crisis crystallized nationalist reservations and the
priority given to economie security as opposed to the dynamic advantages of unrestricted openness to the outside world. The
debate about joining the WTO and its fluctuations symbolize in 1999 this hesitation at the top.
Citer ce document / Cite this document :
Godement François. Chine : la transition sans fin. In: Politique étrangère N°3 - 1999 - 64e année pp. 557-571.
doi : 10.3406/polit.1999.4882
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1999_num_64_3_4882POLITIQUE ÉTRANGÈRE 3/99
François GODEMENT Chine :
la transition sans fin
L'ouverture économique extérieure qui marque ces deux dernières décennies en
Chine s'est accompagnée à la fois d'une dépolitisation de la société chinoise, adoucie
par un mieux-être matériel, et nouvelle quête de liberté attisée par le
monde extérieur. Mais l'évolution du continent chinois reste cyclique, comme le
montre la pause amorcée à l'été 1998. A l'ouverture tous azimuts, le régime pré
fère une ouverture plus contrôlée et la garantie de la stabilité sociale et politique.
François Godement s'interroge ici sur la signification d'un retour à une politique
plus prudente.
Politique étrangère
^Ê 979, 1989, 1999. Toute l'histoire de la Chine postmaoïste tient dans
M ces dates-clefs. Elles résument l'immensité du chemin parcouru
.X. depuis la mort de Mao Zedong, mais aussi la rémanence de l'inte
rminable transition engagée naguère par Deng Xiaoping. La Chine
populaire a amorcé sa décollectivisation et son intégration interna
tionale bien avant le bloc soviétique. Elle lui survit pourtant, et l'élite
dirigeante du Parti communiste chinois représente un cas inédit
d'adaptation au déclin du marxisme-léninisme. Paradoxalement, cette
situation a même fait de la Chine l'un des deux Grands - à la place de
l'Union soviétique - sinon une grande puissance, qu'elle n'est tou
jours pas hors de son environnement géographique immédiat.
1979-1999 : entre réforme et répression
1979 : l'aube de la démaoïsation vient d'être implicitement lancée au
3e plénum du Parti communiste. C'est la chute de fidèles ultramaoïstes
François Godement est professeur des universités à l'Institut national des langues et civilisations orientales
(INALCO), consultant permanent au Centre d'analyse et de prévision (CAP) du ministère des Affaires étran
gères, et maître de recherche associé à l'If ri. 558 / POLITIQUE ÉTRANGÈRE
comme Chen Yonggui, l'ex-paysan de la brigade modèle de Dazhai,
Wang Dongxing, chef des gardes du corps, Wu De, maire de Pékin et
responsable de la première répression de Tiananmen en avril 1976. En
1979, les prémisses de la décollectivisation rurale (Anhui et Sichuan),
de la réforme des entreprises d'État, et de l'ouverture à l'étranger
(législation sur les investissements étrangers et les zones économiques
spéciales) sont lancées. Mais en 1979, déjà, la contestation démocrat
ique qui fleurit au célèbre carrefour pékinois de Xidan (et dans les
principales villes chinoises) est réprimée, avec notamment l'arrestation
de Wei Jingsheng, l'auteur d'un pamphlet sur la « cinquième modern
isation ». Déjà, la visite du secrétaire d'Etat américain à la Défense,
Harold Brown, peu après l'offensive militaire chinoise contre le
Vietnam, inaugure le caractère stratégique des rapports sino-améri-
cains. Sous la houlette d'un Zbigniew Brzezinski encore mieux dis
posé envers Pékin que ne l'avait été Henry Kissinger, les observateurs
avertis discernent une quasi-alliance contre l'ours soviétique.
1989 : une décennie d'ouverture déclarée et de libéralisation informelle
s'achève avec l'affrontement de Tiananmen. Contrairement à ce qui
sera souvent dit, en Chine ou ailleurs, ce n'est pas seulement l'immob
ilisme politique qui est entré en collision avec l'ouverture écono
mique. À l'automne 1988, devant les dérapages entraînés par la réforme
économique, celle-ci vient d'être interrompue. Les partisans de l'éc
onomie socialiste d'État avec Li Peng ont repris l'avantage sur le premier
ministre Zhao Ziyang, critiqué pour n'avoir su maîtriser ni l'inflation
monétaire ni le taux de natalité ; leur premier geste est de freiner l'essor
de l'économie privée. La crise de Tiananmen est née de ce refroidi
ssement économique, du malaise social et de l'incertitude politique qui
en résultent dans les villes chinoises. La portée politique de la crise est
immense. Elle met fin à la longue connivence implicite entre les réfor
mateurs du Parti communiste et les éléments protestataires, intel
lectuels ou démocrates, à l'extérieur de celui-ci. Les dirigeants restés en
place après l'épreuve sont liés entre eux par l'expérience impopulaire
de la répression comme par un pacte politique : ce verrou pèsera
encore, huit ans après, sur la succession de Deng Xiaoping.
Initialement tenue à distance par ses partenaires occidentaux après la
crise de juin 1989, la Chine officielle fait la preuve de ses capacités de
résistance aux critiques internationales. CHINE : LA TRANSITION SANS FIN / 559
1999 : les bombes américaines égarées sur l'ambassade de Chine à
Belgrade aident le gouvernement à traverser sans encombres l'em
bûche des anniversaires - celui du 4 mai 1919, prototype du mou
vement de libération intellectuelle à la chinoise ; celui de la répression
de Tiananmen, qui a abouti au blocage des instances dirigeantes du
pays ; et celui de la fondation de la Chine populaire en octobre 1949,
occasion dangereuse de confrontation des ambitions sociales du
communisme avec une réalité de plus en plus prospère, mais aussi de
plus en plus inégalitaire. 1999 mêle à parts égales la politique des deux
décennies précédentes : celle des réformes de 1979-1989, avec laquelle
la Chine a renoué dans presque tous les domaines — y compris celui
d'une indéniable amélioration des libertés concrètes de l'individu,
sinon du citoyen — ; et aussi celle qui commença par le coup d'arrêt
de 1989. Revendiquer la démocratie politique amène toujours en pri
son. L'interdiction d'un culte bouddhiste à la fois populaire et sectaire,
le Falungong, illustre la dualité du régime, qui a laissé sa population
libre d'adopter et de pratiquer n'importe quelle croyance, mais ne
peut tolérer que celle-ci se manifeste dans l'espace public et politique
officiel. La crise financière asiatique de 1997 provoque ralentissement
économique, freinage des investissements étrangers et chômage gran
diss

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