Coopération et fusion des entreprises françaises et allemandes - article ; n°2 ; vol.31, pg 136-156
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Description

Politique étrangère - Année 1966 - Volume 31 - Numéro 2 - Pages 136-156
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Olivier Giscard d'Estaing
Coopération et fusion des entreprises françaises et allemandes
In: Politique étrangère N°2 - 1966 - 31e année pp. 136-156.
Citer ce document / Cite this document :
Giscard d'Estaing Olivier. Coopération et fusion des entreprises françaises et allemandes. In: Politique étrangère N°2 - 1966 -
31e année pp. 136-156.
doi : 10.3406/polit.1966.2221
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1966_num_31_2_2221COOPÉRATION ET FUSION
des ENTREPRISES FRANÇAISES et ALLEMANDES
Sur ce problème de grande actualité, nous avons tenu r
écemment à Berlin un séminaire qui réunissait des jeunes patrons
allemands et des jeunes patrons français, face à des juristes,
des économistes et des représentants de l'administration. Je pré
senterai certaines des conclusions auxquelles nous avons pu
aboutir.
Nous en avons rediscuté en Allemagne il y a plusieurs s
emaines et plus récemment, c'était le thème de l'Assemblée
générale annuelle de la Chambre de Commerce officielle fran
co-allemande.
Faisons le point : Si l'on observe les conséquences du Marché
Commun sur le plan économique, on constate un résultat spec
taculaire dans le domaine de l'augmentation des échanges, évo
lution moins frappante dans le mouvement des capitaux à tra
vers les frontières et des résultats décevants dans la restructu
ration industrielle de nos économies qui ne sont pas encore
adaptées à un véritable Marché Commun, au sens où on peut
l'entendre, c'est-à-dire avec une pleine circulation non discr
iminatoire, d'hommes, de capitaux et de produits.
Notre tâche immédiate est d'entrer dans cette phase de re
structuration, et cela va être l'idée principale que j'aimerais
développer.
Rappelons quelques chiffres introductifs pour situer le pro
blème.
Les échanges, d'abord, ont triplé entre la France et l'All
emagne, depuis le début du Marché Commun, en 1965, ils ont COOPÉRATION FRANCO-ALLEMANDE 137
atteint 18,7 milliards de francs, ce qui n'est pas négligeable,
c'est même un chiffre considérable par rapport au chiffre an
cien et, pour la première fois, ces échanges ont laissé un surplus
au profit de la France.
L'Allemagne est le premier client de la France avec 23 %
des exportations des produits français, loin devant le Bénélux,
qui ne représente que 1 1 % et vient en seconde position.
L'Allemagne est le premier fournisseur de la France, avec
22 % des importations françaises, loin devant les U.S.A., qui
ne représentent que 12,5 % et qui sont le second fournisseur
de la France.
De même la France est le premier client de l'Allemagne, et
ceci est un phénomène assez nouveau. Avant la guerre, nous
n'étions qu'en 4e position, au lendemain de la 3 e assez loin derrière les Etats-Unis et
la Hollande. Nous sommes maintenant en première position.
Par contre, nous ne sommes que le 2e fournisseur de l'All
emagne après les U.S.A.
Quant aux investissements, le volume global, estimé par la
Bundesbank, des investissements français en République Fédér
ale Allemande est de 1 milliard de francs, soit 7 % des inves
tissements étrangers ; les investissements allemands en France
sont de l'ordre de 830 millions de francs, qui représentent 5 %
des investissements étrangers en France.
Ce qu'il est intéressant de noter néanmoins, mais qui est
peut-être inquiétant pour les Français, c'est que le taux d'ac
croissement des investissements allemands en France est trois
fois plus rapide que le taux d'investissements français en Alle
magne.
Nos ministres des finances se sont rencontrés le 28 juin 1965
pour essayer de renforcer une coopération qu'ils jugeaient in
suffisante, entre les entreprises privées françaises et allemand
es, et ont créé une commission commune d'experts qui s'est
réunie pour la première fois à Paris les 12 et 13 octobre der- GISCARD D'EST AING 138
nier, et qui s'est donné un triple objectif tendant à une
meilleure spécialisation dans le travail.
Ce triple objectif est d'abord de faire disparaître les obsta
cles techniques, ensuite de promouvoir la coopération dans
certains domaines, et enfin d'assurer une meilleure information
réciproque.
Quels sont les objectifs que l'on peut espérer atteindre grâce
à cette coopération entre les entreprises, quels sont les moyens
qui sont à leur disposition, et quels sont les obstacles qui, jus
qu'à maintenant, ont constitué une sorte de barrière technique,
psychologique, juridique à ce mouvement qui est souhaité et
qui ne s'est pas développé comme on le voulait ?
LES OBJECTIFS
Les objectifs sont d'ordre économique et politique.
Sur le plan économique, nous ne sommes pas encore entrés
dans la vraie phase de multinationalisation de l'entreprise et de
sa gestion, c'est-à-dire d'une mise en œuvre internationale des
marchés et des ressources en hommes et en capitaux, de leur
meilleure utilisation économique tendant à une taille optimum
de l'entreprise.
Les promoteurs du Marché Commun ont souhaité mettre
l'économie des pays qui ont signé le Traité de Rome sur un
plan comparable à celui des Etats-Unis et faire en sorte que les
entreprises puissent profiter pleinement d'un marché unifié,
sans barrières. Ceci doit leur donner de plus grandes séries de
fabrication permettant des prix de revient plus bas et avec le
développement de l'automation, d'atteindre des niveaux de fa
brication qui justifient les considérables investissements d'ate
liers automatisés.
Enfin un troisième point sur lequel je voudrais insister, c'est
de permettre aux sociétés d'avoir des budgets de recherches et
de développement qui permettent une innovation continue, des
progrès constants dans les produits qui sont offerts sur nos mar- COOPÉRATION FRANCO-ALLEMANDE 139
chés. Il convient de faire un bref rappel de l'effort américain
dans ce domaine et voir où nous en sommes sur le plan euro
péen, car c'est là un des problèmes très sérieux qui se pose
pour l'avenir de nos industries.
M. Piganiol, récemment, à une de nos conférences, indi
quait que le seuil de rentabilité pour faire une recherche scien
tifique sur une vaste échelle, qui couvre les grands secteurs
scientifiques et techniques, devait s'établir sur une population
d'environ 150 millions d'habitants, mais que des unités de 40
à 50 millions d'habitants ne pouvaient pas, toutes seules, faire
l'effort d'épargne, de dépenses, d'installations et de dévelop
pement économique nécessaire pour un progrès rapide.
On sait que les Etats-Unis, l'année dernière, ont dépensé
environ 20 millions de dollars pour la recherche et le dévelop
pement, dont 65 % proviennent de commandes du gouverne
ment américain à des entreprises privées, pour des prototypes
ou pour des projets de recherche qui leur sont soumis. Cela
représente à peu près 10 fois l'effort de la seule France.
D'autre part, on estime aux Etats-Unis qu'en 1970, à peu
près 40 % du chiffre d'affaires de l'industrie américaine repo
sera sur des produits qui aujourd'hui n'existent pas sur le marc
hé. C'est dire que si nous ne restons pas dans la course du
progrès technique, nos produits auront un retard qui ne justi
fiera plus leur préférence et que nous aurons à résoudre un
problème de « gap » technologique, comme on l'a appelé, qui
créera pour notre industrie une crise face à la puissance de
l'industrie américaine.
Nous n'avons pas à avoir un complexe sur le plan scienti
fique car, dans le domaine de la recherche fondamentale, nous
faisons des dépenses et nous avons des moyens et des ressources
humaines. Mais, quand les Américains dépensent 10 sur le
plan de la recherche fondamentale, ils 90 sur le plan
du développement, et là notre marché national est trop étroit.
Pour le c'est-à-dire la possibilité de créer des
prototypes, des usines pilotes, nous ne sommes pas assurés d'un
débouché assez vaste dès l'origine pour pouvoir amortir rai- 140 GISCARD D'ESTAING
sonnablement les frais qui sont impliqués dans ce progrès tech
nique. <

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