Europe / Etats-Unis : le couplage stratégique menacé - article ; n°1 ; vol.52, pg 111-127
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Politique étrangère - Année 1987 - Volume 52 - Numéro 1 - Pages 111-127
Face aux évolutions pertinentes en cours tant aux Etats-Unis qu'en URSS, le maintien du couplage euro-américain suppose l'existence d'intérêts et d'attitudes partagés des deux côtés de l'Atlantique, et un certain consensus entre les Etats européens sur la nature des défis ou menaces auxquels ils sont confrontés. Au regard de ces critères, doivent être abordées les réactions possibles tant par rapport à une réduction de la présence militaire américaine en Europe, que vis-à-vis des évolutions intervenant dans la balance des forces ou aux changements réels ou potentiels en URSS. Aussi les Européens doivent se préparer à un certain retrait partiel des forces américaines. Les alliés doivent éviter que l'« option zéro » ait un effet de « domino » sur l'ensemble des moyens nucléaires stationnés en Europe et que les inconnues de l'équation soviétique les divisent. Mais des forces puissantes joueront contre la permanence d'un consensus stratégique entre Européens et Américains : la parité nucléaire depuis longtemps, et de façon constante ; la perception américaine d'un « parasitisme » européen, accompagnée d'une délégitimation de la dissuasion nucléaire... Cependant, les effets de ces données peuvent probablement être maîtrisés si les Européens coordonnent leurs politiques de sécurité.
The Strategie Partnership of Europe and the United States at Risk, by François Heisbourg
In view of events taking place within the United States and the URSS, is it still clear that the same interests and attitudes are shared on both sides of the Atlantic, or that a consensus exists among the European states as to the dangers and challenges confronting them ? The continued existence of the Euro-American partnership dépends on the answers to these questions, which will only may be clarified when reactions to reduction of the American military presence and the altered balance of military power, as well as real or potential Soviet military intentions are known. Europeans must prepare themselves for the partial withdrawal of American forces. The allies must guard against the « zero option » having a domino effect on other nuclear forces stationed in Europe and against Soviet attempts to sow dissension amongst them. Even though European opinion may generally favour a permanent strategic partnership with the Americans, there are powerful forces at work against it, such as : longstanding nuclear parity ; American notions of « parasitic » Europe ; weakening of the legitimacy of nuclear deterrence. However, all of these problems may be overcome, if Europe puts its act together.
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 7
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Heisbourg
Europe / Etats-Unis : le couplage stratégique menacé
In: Politique étrangère N°1 - 1987 - 52e année pp. 111-127.
Citer ce document / Cite this document :
Heisbourg. Europe / Etats-Unis : le couplage stratégique menacé. In: Politique étrangère N°1 - 1987 - 52e année pp. 111-127.
doi : 10.3406/polit.1987.3649
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1987_num_52_1_3649Résumé
Face aux évolutions pertinentes en cours tant aux Etats-Unis qu'en URSS, le maintien du couplage
euro-américain suppose l'existence d'intérêts et d'attitudes partagés des deux côtés de l'Atlantique, et
un certain consensus entre les Etats européens sur la nature des défis ou menaces auxquels ils sont
confrontés. Au regard de ces critères, doivent être abordées les réactions possibles tant par rapport à
une réduction de la présence militaire américaine en Europe, que vis-à-vis des évolutions intervenant
dans la balance des forces ou aux changements réels ou potentiels en URSS. Aussi les Européens
doivent se préparer à un certain retrait partiel des forces américaines. Les alliés doivent éviter que l'«
option zéro » ait un effet de « domino » sur l'ensemble des moyens nucléaires stationnés en Europe et
que les inconnues de l'équation soviétique les divisent. Mais des forces puissantes joueront contre la
permanence d'un consensus stratégique entre Européens et Américains : la parité nucléaire depuis
longtemps, et de façon constante ; la perception américaine d'un « parasitisme » européen,
accompagnée d'une délégitimation de la dissuasion nucléaire... Cependant, les effets de ces données
peuvent probablement être maîtrisés si les Européens coordonnent leurs politiques de sécurité.
Abstract
The Strategie Partnership of Europe and the United States at Risk, by François Heisbourg
In view of events taking place within the United States and the URSS, is it still clear that the same
interests and attitudes are shared on both sides of the Atlantic, or that a consensus exists among the
European states as to the dangers and challenges confronting them ? The continued existence of the
Euro-American partnership dépends on the answers to these questions, which will only may be
clarified when reactions to reduction of the American military presence and the altered balance of
military power, as well as real or potential Soviet military intentions are known. Europeans must prepare
themselves for the partial withdrawal of American forces. The allies must guard against the « zero
option » having a domino effect on other nuclear forces stationed in Europe and against Soviet attempts
to sow dissension amongst them. Even though European opinion may generally favour a permanent
strategic partnership with the Americans, there are powerful forces at work against it, such as :
longstanding nuclear parity ; American notions of « parasitic » Europe ; weakening of the legitimacy of
nuclear deterrence. However, all of these problems may be overcome, if Europe puts its act together.ÉTRANGÈRE I 111 POLITIQUE
Europe / Etats-Unis :
François HEISBOURG le couplage * , stratégique menace
L'Alliance atlantique fêtera dans moins de deux ans son quaran
tième anniversaire. Depuis 1949, elle a traversé bien des
crises, qui ont éprouvé sa résolution (ainsi, les diverses crises
de Berlin) et sa cohésion, voire son être : l'expédition de Suez, le
retrait de la France des commandements intégrés, et, plus près de
nous, l'affaire des euromissiles en sont des exemples. L'Alliance non
seulement a résisté à ces périodes de pression ou de tension, mais
elle a conservé suffisamment de rayonnement pour que l'Espagne ait
rejoint ses rangs, décision confirmée en mars 1986 par une consulta
tion populaire unique en son genre. Pour difficiles qu'aient pu être
les épreuves ainsi traversées, elles ont en commun d'avoir été carac
térisées par des menaces ou des initiatives, relativement faciles à
identifier, généralement réductibles à une cause principale.
Pour emprunter au langage médical, il s'agirait tantôt de « trauma-
tismes », tantôt de « maladies ». Certes, ce type de comparaison a
évidemment des limites étroites, ne serait-ce que parce qu'il serait
plus que malaisé de définir ce que représenterait la bonne santé pour
l'Alliance, ainsi que l'a rappelé Harold Brown, ancien secrétaire
américain à la Défense : « Vous me dites que V Alliance atlantique est
dans un état de désordre (disarray). Mais quand donc a-t-elle été
ordonnée (in array) ? » l.
Cependant, pour les besoins de l'analyse, l'on se hasardera à recourir
à une autre image de type médical pour qualifier un risque nouveau
que court l'Alliance : sous l'effet d'évolutions diverses, l'Alliance
subit dorénavant un péril diffus, celui de la sénilité suivi d'une
« mort naturelle », ou encore d'une dissolution pour ainsi dire spon
tanée après une période d'incohérence accentuée. Sauf à reconnaître
le sens des changements en cours et à prendre les mesures adaptées,
* Directeur général adjoint de Thomson international, Paris.
** Cet article est publié simultanément en anglais dans International Affairs et en
allemand dans Europa Archiv (n° 8/1987).
1. Cité par Sir Clive Rose, dans NATO Institutions : The Management of Consensus
(ouvrage à paraître) ; avec l'autorisation de l'Institut atlantique des affaires interna
tionales. 112 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
ce processus se traduirait, dans les années qui viennent, par une mise
en cause fondamentale du couplage stratégique euro-américain. Pour
la France, l'alternative serait, au pire, entre une défense dans l'isol
ement et le renoncement dans la solidarité ; et, au mieux, la gestion
de la tension inévitable entre la construction d'un pilier européen de
l'Alliance — avec ce que cela comportera de transferts de souverai
neté — et le maintien du couplage euro-américain.
Aussi, après avoir analysé des évolutions pertinentes en cours tant
aux Etats-Unis que dans le camp soviétique, conviendra- t-il d'exami
ner ce que les Etats européens peuvent faire pour maintenir un
degré suffisant de cohésion interalliée.
Etats-Unis : la rigueur budgétaire et l'exigence morale
à l'assaut de l'Europe
Les « malentendus transatlantiques » sont pratiquement aussi anciens
que le traité de Washington ; aussi est-il permis de penser que les
divergences périodiques entre Américains et Européens ne provoquer
ont pas, par elles-mêmes, une disjonction fatale pour l'Alliance. Les
manifestations de désaccord, telle la brève, mais violente, flambée
anti-européenne (et spécialement antifrançaise) consécutive aux bom
bardements américains en Libye, pourraient certes précipiter un
processus de désengagement apparaissant par ailleurs.
Cependant, en 1987, il n'y aurait pas, a priori, de raison d'ordre
extérieur conduisant les États-Unis à réduire le niveau de leur
engagement militaire, notamment conventionnel, en Europe. Tout
d'abord, la tendance n'est-elle pas actuellement au renforcement de
la défense conventionnelle à laquelle concourrent les forces améri
caines ? L'URSS continue par ailleurs à masser près des deux tiers
de son corps de bataille face à l'Europe occidentale ; aucun conflit
majeur, de type vietnamien, ne mobilise les forces armées améri
caines ; le Golfe demeure certes une zone à hauts risques mais dont
le caractère pétro-stratégique s'est quelque peu atténué, etc. Les
plaintes concernant le déséquilibre du « partage du fardeau » et le
protectionnisme économique européen sont certes vives, mais pas
particulièrement originales ; l'Europe de l'Ouest ne fournit-elle pas
60 % des forces terrestres et aériennes tactiques de l'Alliance ? Le
« bruit de fond » isolationniste ou unilatéraliste demeure élevé, mais
reste en deçà des niveaux constatés pendant la guerre du Vietnam
(amendements Mansfield). Ces considérations devraient conduire à
une relative sérénité 2, car elles semblent insuffisantes pour provo
quer par elles-mêmes la remise en cause de la présence américaine
— ce qui n&

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