Frontières du Sinaï. Un siècle de diplomatie au Moyen-Orient, 1840-1948 - article ; n°2 ; vol.36, pg 147-164
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Frontières du Sinaï. Un siècle de diplomatie au Moyen-Orient, 1840-1948 - article ; n°2 ; vol.36, pg 147-164

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Description

Politique étrangère - Année 1971 - Volume 36 - Numéro 2 - Pages 147-164
Le Sinaï n'a présenté d'intérêt qu'à partir de la fin du XIXe siècle, où apparaît sa valeur stratégique pour la défense du canal de Suez. Mais tant que l'Egypte fit partie de l'empire ottoman, il fut peu utile de fixer avec précision ses frontières. Après la première guerre mondiale, l'Angleterre, présente à la fois en Egypte et en Palestine, n'insiste pas pour modifier le tracé de la frontière. La Transjordanie obtient l'accès à la mer Rouge et la Palestine hérite le no man's land entre le Sinaï égyptien et Akaba. Les accords de Rhodes de 1949 conserveront Elath aux Israéliens.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1971
Nombre de lectures 72
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Renée Neher-Bernheim
Frontières du Sinaï. Un siècle de diplomatie au Moyen-Orient,
1840-1948
In: Politique étrangère N°2 - 1971 - 36e année pp. 147-164.
Résumé
Le Sinaï n'a présenté d'intérêt qu'à partir de la fin du XIXe siècle, où apparaît sa valeur stratégique pour la défense du canal de
Suez. Mais tant que l'Egypte fit partie de l'empire ottoman, il fut peu utile de fixer avec précision ses frontières.
Après la première guerre mondiale, l'Angleterre, présente à la fois en Egypte et en Palestine, n'insiste pas pour modifier le tracé
de la frontière. La Transjordanie obtient l'accès à la mer Rouge et la Palestine hérite le no man's land entre le Sinaï égyptien et
Akaba. Les accords de Rhodes de 1949 conserveront Elath aux Israéliens.
Citer ce document / Cite this document :
Neher-Bernheim Renée. Frontières du Sinaï. Un siècle de diplomatie au Moyen-Orient, 1840-1948. In: Politique étrangère N°2 -
1971 - 36e année pp. 147-164.
doi : 10.3406/polit.1971.1992
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1971_num_36_2_1992FRONTIÈRES DU SINAI
UN SIÈCLE DE DIPLOMATIE AU MOYEN-ORIENT
1840-1948
par Renée NEHER-BERNHEIM
Le Sinaï n'a présenté d'intérêt qu'à partir de la fin du XIX'
siècle, où apparaît sa valeur stratégique pour la défense du canal
de Suez. Mais tant que l'Egypte fit partie de l'empire ottoman, il
fut peu utile de fixer avec précision ses frontières.
Après la première guerre mondiale, l'Angleterre, présente à la
fois en Egypte et en Palestine, n'insiste pas pour modifier le tracé
de la frontière. La TransJordanie obtient l'accès à la mer Rouge,
et la Palestine hérite le no man's land entre le Sinaï égyptien et
Akaba. Les accords de Rhodes de 1949 conserveront Elath aux
Israéliens.
La question de savoir quel Etat doit être souverain dans le
Sinaï ne s'est pas posée pour la première fois en 1956 ou en
1967. Le problème a été soulevé à plusieurs reprises, de manière
plus ou moins aiguë, mais depuis le milieu du XIXe siècle
seulement.
En effet, le Sinaï, désert tampon entre l'Egypte et la Palestine,
n'a présenté au cours des âges aucun intérêt pour aucun des
conquérants dont les occupations successives ont si profondé
ment bouleversé l'histoire du Moyen-Orient. D'une manière plus
générale, d'ailleurs, la notion de frontières n'avait guère de sens
au sein de ce vaste empire ottoman qui, depuis le XVI* siècle,
recouvrait le Moyen-Orient dans son entier et bien au-delà. Le 148 NEHER-BERNHEIM
XIXe problème a commencé à se poser seulement au milieu du
siècle lorsque Méhémet Ali, à la suite de sa révolte contre Const
antinople, obtint du Sultan un statut particulier pour l'Egypte.
Avec la ratification internationale établie à la Convention de
Londres en 1841, les frontières de l'Egypte moderne furent
tracées. Qu'allait-il advenir du Sinaï ?
Il était partiellement englobé avec la Palestine dans les terri
toires concédés par le Sultan au Pasha d'Egypte à titre personn
el. La convention de Londres établit en effet une distinction
entre « le gouvernement de l'Egypte selon ses frontières an
ciennes telles qu'on les trouve sur la carte » jointe au document
et dont la possession appartient au pasha « avec privilèges de
succession héréditaire », d'une part, et d'autre part les provinces
concédées à Méhémet Ali « pour la durée de sa vie ». Ces
dernières, appelées « partie sud de la Syrie » sont nommément
définies par les frontières suivantes : « La ligne partant de Ras-
el-Nakhora (l'actuelle Rosh Hanikra) sur la côte de la Méditerra
née, jusqu'à l'embouchure de la rivière Seisaban à l'extrémité
nord du lac de Tibériade ; elle passera le long de la côte ouest
de ce lac, suivra la rive droite du Jourdain et la rive ouest de
la Mer Morte ; de là, elle ira droit jusqu'à la Mer Rouge qu'elle
atteindra au point nord du golfe d'Akaba ; et de là elle suivra
la côte ouest du golfe d'Akaba et la côte est du golfe de Suez
jusqu'à Suez » (1).
La côte sud du Sinaï est ainsi nettement définie comme fai
sant partie des régions temporairement seulement rattachées au
pashalikat d'Egypte. Pour le reste, c'est-à-dire les régions cen
trales et septentrionales, les choses sont censées aller de soi.
Une carte était supposée jointe au document — mais Lord
Cromer affirmera plus tard qu'il lui était impossible de la
retrouver, et que son existence même lui paraissait sujette à
caution (2).
(1) Cf. Hurewitz (J.C.) Diplomacy in the Near and Middle East. A documentary
record 1535-1956. 2 vol. Princeton, N.Y., Londres 1956.
(2) « Un exemplaire fut conservé par la Porte et un autre donné à Méhémet Ali.
Cette carte est supposée avoir été perdue au cours d'un incendie qui a détruit une SINAI 149 LE
Etant donné les circonstances qui faisaient alors de Méhémet
Ali le maître de l'Egypte, d'une grande partie du « Croissant
fertile » et du Hedjaz, il était absolument inutile d'entrer dans
plus de détails pour la question des frontières'. La mort de Mé
hémet Ali ne change pas la situation. Pour ses successeurs imméd
iats la question du Sinaï continue à ne présenter aucun intérêt.
Le percement du canal de Suez, amorcé en 1859, achevé en
1869, commença à attirer l'attention du monde sur cette région.
Peu intéressés au début par cette entreprise, les Anglais en
comprennent finalement l'importance au point de vouloir en
ravir le bénéfice à la France. Après avoir racheté les parts
égyptiennes de la compagnie du Canal en 1857, ils occupent
l'Egypte en 1882. Tawfik est à ce moment Khédive d'Egypte
depuis deux ans déjà et les Anglais ne voient pas tout de suite
la nécessité de se pencher sur la question du Sinaï.
Mais en 1892, Tawfik meurt. Son fils et successeur, Abbas
Hilmi, reçoit, comme à l'habitude, un firman d'investiture de
la Sublime Porte, dans lequel sont définies les frontières de
l'Egypte en termes vagues et en référence à une cascade de
firmans précédents : « Le Khédivat d'Egypte avec les anciennes
limites indiquées dans le Firman Impérial en date du 2 Rabi-el-
Akhir, 1257, A.H., ainsi que sur la carte annexée au dit Firman,
et les territoires annexés en conformité du Firman Impérial en
date du 15 Zilhidjé, 1281, A.H., a été conféré à toi » (3).
C'est après avoir eu connaissance de ce texte que Lord Cro-
mer (qui n'est alors que Sir Baring) dresse pour la première fois
l'oreille. En le comparant à un précédent firman, il s'aperçoit
grande partie des archives égyptiennes. L'exemplaire turc, la Porte y fait occasion
nellement allusion dans sa correspondance, mais, autant que je sache, personne ne
l'a jamais vu et son existence même me paraît être mise en doute.» Lettre de
Lord Cromer à Sir Edward Grey, du 21 mai 1906. Command Paper 3006, Egypt 2,
1906. Ce document est ma source pour toute une partie de cette étude ; c'est égale
ment la source du passage consacré à ce problème du Sinaï dans l'ouvrage import
ant de Frischwasser-Raanan : Frontiers of a Nation, Londres 1955.
(3) Command Paper 3006, page 1. 150 NEHER-BERNHEIM
que la question des frontières n'est pas claire en ce qui concerne
les territoires annexés. Derrière les subtilités d'une correspon
dance diplomatique touffue échangée en avril 1892 entre Sir
Baring et le Sultan ou ses représentants, se profile la volonté
de l'Angleterre de garantir sa suzeraineté sur la rive orientale
du Canal dont l'importance devient chaque année plus grande
et d'obtenir, par le contrôle du golfe d'Akaba, l'assurance d'une
libre circulation sur le Canal et en Mer Rouge.
La conclusion de cet échange de lettres et télégrammes d'avril
1892 est une lettre de Sir Baring adressée à Constantinople à
Tigrane Pasha, le 13 avril 1892, où s

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