L Afrique du Sud et l Allemagne - article ; n°6 ; vol.4, pg 585-598
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L'Afrique du Sud et l'Allemagne - article ; n°6 ; vol.4, pg 585-598

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Description

Politique étrangère - Année 1939 - Volume 4 - Numéro 6 - Pages 585-598
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1939
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Henri Labouret
L'Afrique du Sud et l'Allemagne
In: Politique étrangère N°6 - 1939 - 4e année pp. 585-598.
Citer ce document / Cite this document :
Labouret Henri. L'Afrique du Sud et l'Allemagne. In: Politique étrangère N°6 - 1939 - 4e année pp. 585-598.
doi : 10.3406/polit.1939.5523
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1939_num_4_6_5523L'AFRIQUE DU SUD ET L'ALLEMAGNE
Parmi les Dominions britanniques, le Canada et l'Afrique du Sud
offrent des particularités ethniques et linguistiques communes, qui frappent
d'abord l'observateur superficiel, chacun d'eux étant occupé par des frac
tions d'origine différente et qui ne parlent pas la même langue ; ce sont les
descendants des colons anglais et français dans le premier, d'immigrants
hollandais et britanniques dans le second. Mais la comparaison s'arrête là,
car si les habitants du Canada ont vécu en paix depuis 1763 et réussi à
former une nation, malgré certains froissements inévitables, il n'en est pas
de même en Afrique du Sud. A l'ouverture des hostilités, tandis que le
Canada proclamait sa solidarité avec le Royaume-Uni, l'Union du Cap
hésitait à se ranger, parmi les autres Dominions, aux côtés de la Grande-
Bretagne. Au sein du parlement et dans le pays se développait une crise de
conscience assez forte pour provoquer la démission d'un premier ministre,
qui détenait son portefeuille depuis neuf ans, et déterminer une orientation
nouvelle de la politique extérieure.
Un antagonisme séculaire
Un pareil événement s'explique par les circonstances qui ont présidé à la
colonisation de ce pays et par la succession historique de faits qui n'ont cessé
d'opposer Britanniques et Néerlandais sur cette partie du continent depuis
le début du XVIIe siècle. Les terres australes, découvertes le 14 septembre
1486 par le navigateur portugais Bartolomeu Diaz, furent contournées
onze ans plus tard par Vasco de Gama, puis visitées assez régulièrement par
des navires portugais, hollandais et anglais, mais elles ne firent l'objet
d'aucune appropriation formelle de la part des puissances européennes
jusqu'en 1620. A ce moment, la Grande-Bretagne annonce bien qu'elle
prend possession de cette contrée, mais, comme elle ne l'occupe point, la
Compagnie néerlandaise des Indes Orientales peut y envoyer en 1652 un
officier nommé Van Riebeck pour débarquer à Table Bay une centaine de
colons qui s'installent sur l'emplacement où s'élève aujourd'hui la ville du
Cap. Ces premiers émigrés furent renforcés dans la suite par des compa-
POLITIQUE ÉTRANGÈRE. 37 L'AFRIQUE DU SUD ET L'ALLEMAGNE 586
triotes, et, après la révocation de l'Edit de Nantes, par un certain nombre de
protestants français. En 1 795 une force britannique débarque au Cap pour
punir les Pays-Bas d'avoir composé avec la Révolution française, mais
l'Afrique australe est restituée à la République batave à la paix d'Amiens.
Elle est reprise par les Anglais en 1 806 et cédée définitivement à la Grande-
Bretagne par le traité de Paris de 1814. L'antagonisme qui avait opposé les
Hollandais et les Britanniques depuis la fin du XVIIIe siècle devait continuer
à se manifester au cours du XIXe; il n'a pas encore disparu aujourd'hui.
Au début rien n'était plus normal qu'une telle situation. Les convoitises
qui engageaient les colons anglais ou néerlandais à se réserver toutes les
ressources du pays au détriment de leurs compétiteurs étrangers, devaient
nécessairement les dresser les uns contre les autres. Ils étaient d'ailleurs
peu faits pour s'entendre. Les premiers arrivés, paysans frustes, sans
culture, n'ayant plus que de rares contacts avec la Hollande et l'Europe,
pratiquaient un protestantisme rigide et intransigeant. Cultivateurs et
éleveurs, convaincus de la supériorité de la race blanche, ils se montraient
partisans décidés de l'esclavage, qui leur procurait la main-d'œuvre néces
saire à leurs entreprises. Ayant occupé le pays longtemps avant l'installa
tion des Anglais, ils considéraient ceux-ci comme des intrus et des usur
pateurs.
Les Britanniques différaient profondément de ces hommes par l'éduca
tion, par la pensée, par les occupations. Marins, commerçants, industriels,
parfois agriculteurs et éleveurs, ayant épousé les idées libérales qui s'étaient
répandues dans l'Europe occidentale et en Amérique depuis l'époque des
philosophes, ils connaissaient le monde et réprouvaient l'esclavage tout en le
pratiquant avec certains ménagements.
Des dissentiments sérieux ne tardèrent pas à s'élever entre les membres
de ces deux fractions. En 1817 le débarquement de 4.000 nouveaux colons
provenant du Pays de Galles, d'Irlande et d'Ecosse avait provoqué une
grande inquiétude et une irritation non dissimulée chez les Hollandais.
En 1833 l'abolition de la traite et de la captivité avait causé parmi eux un
très vif mécontentement qui s'accrut par suite de certaines maladresses
administratives. Le gouvernement britannique avait bien décidé, en effet,
d'accorder une compensation légitime aux propriétaires des esclaves libérés.
Mais les sommes qui la représentaient ne pouvaient être touchées qu'à
Londres et il était à peu près impossible de négocier sur place les bons de
paiement qui avaient été distribués. Enfin les colons d'origine hollandaise
supportaient mal les obligations administratives, pourtant légères, que les
Anglais leur imposaient. Désirant s'y soustraire, ils résolurent de s'éloigner
et de se perdre au sein de l'arrière-pays. Ce n'était pas la première fois
qu'ils agissaient ainsi. Déjà sous le régime de la Compagnie néerlandaise DU SUD ET L'ALLEMAGNE 587 L'AFRIQUE
des Indes Orientales, nombre de leurs concitoyens avaient gagné des
contrées à peine connues des hommes blancs, ils y vivaient dans une indé
pendance complète. A partir de 1833, le mouvement reprit avec intensité;
il connut son apogée avec le grand Trek de 1 836 qui répandit dans le Natal,
l'État libre d'Orange et le Transvaal ceux qui allaient donner naissance au
peuple des Boers.
Ces hommes qui voulaient coloniser des terres neuves pour fuir ceux de
leur race, entrèrent aussitôt en conflit avec les indigènes. Ils tentèrent alors
de les évincer. Ce fut le début d'une longue période troublée, qui se déroula
au milieu de regrettables excès durant plus de quarante ans.
Les Anglais en profitèrent pour intervenir chaque fois qu'ils en trouvaient
l'occasion. C'est ainsi qu'ils occupèrent le Natal en 1 843 sous le prétexte d'y
rétablir l'ordre; quelques semaines plus tard ils annexaient cette province.
Encouragés par ce premier succès et invoquant le même motif, ils tentent
d'agir de même à l'égard des Boers installés dans l'État libre, mais s'étant
heurtés cette fois à la résistance opiniâtre des colons, ils reconnaissent
l'indépendance de cette contrée en 1854, aux termes de la convention
signée la même année à Bloemfontein. Mais leurs adversaires exigent cette
fois des garanties et les Anglais promettent de ne pas s'immiscer dans les
affaires des Afrikanders au nord du VaaI. Cependant les occasions ne
manquent pas, car les Boers continuent à mener une guerre énergique et
parfois cruelle contre leurs ennemis indigènes des tribus Zoulou et Bet-
chouana. En 1 877, de nouveaux incidents provoquent l'envoi de troupes
britanniques au Transvaal et l'Angleterre annexe cette province. Imitant
leurs frères de l'État libre, les habitants se révoltent. Le cabinet de Saint-
James est contraint d'abandonner ses prétentions en 1881 . Il signe à Pretoria
une convention qui reconnaît l'indépendance du gouvernement local; tou
tefois les relations extérieures de celui-ci seront contrôlées par l'Angleterre;
de plus un résident britannique surveillera sur place l'administration des
indigènes. Les Boers ne cessent de protester avec énergie contre des obli
gations qu'ils jugent excessives et incompatibles avec l'indépendance qui
leur a été reconnue. En 1 884, ils obtiennent le départ du rési

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