L Allemagne unifiée et l Europe. Continuité ou nouvelle tentation du pouvoir ? - article ; n°3 ; vol.55, pg 559-573
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Politique étrangère - Année 1990 - Volume 55 - Numéro 3 - Pages 559-573
Après la réunification de l'Allemagne, la politique étrangère de la RFA restera inchangée. Son intégration dans des structures européennes et atlantiques s'est révélée être un préalable essentiel à la réunification. Cette expérience renforce la conviction que la poursuite du processus d'intégration (ouest-européenne) est prioritaire ; l'étroite coopération franco-allemande doit en rester le moteur. S'y ajoute un nouveau défi : développer des conceptions communes pour un ordre de paix durable englobant l'Europe entière et les démocraties de l'Amérique du Nord. Cette vision n'est pas incompatible avec la création d'une union européenne, économique et monétaire, mais aussi politique. D'autre part, l'Union soviétique doit être associée à la construction de l'avenir européen, à laquelle l'Allemagne veut contribuer par sa coopération approfondie avec ce pays, tout en restant fermement ancrée à l'Ouest.
Reunified Germany and Europe, by Michael Mertès and Norbert J. Prill
After the German reunification, West Germany's foreign policy will remain unchanged. The country's integration into European and Western structures has proved to be an essential prerequisite to reunification. Such an experience strengthens the belief that to pursue the Western European integration process is a priority. It is necessary that close Franco-German cooperation remain the driving force behind it. A new challenge is added to such cooperation : to develop a common concept for a durable peace system comprising the whole of Europe as well as the North American democracies. Such a concept is not incompatible with the creation of a European union not only economic and monetary but also political. Furthermore, the Soviet Union must be a partner in the construction of the European future to which Germany wants to contribute through its growing cooperation with the Soviets while remaining firmly anchored in the West.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Mertes
Norbert J. Prill
L'Allemagne unifiée et l'Europe. Continuité ou nouvelle tentation
du pouvoir ?
In: Politique étrangère N°3 - 1990 - 55e année pp. 559-573.
Résumé
Après la réunification de l'Allemagne, la politique étrangère de la RFA restera inchangée. Son intégration dans des structures
européennes et atlantiques s'est révélée être un préalable essentiel à la réunification. Cette expérience renforce la conviction
que la poursuite du processus d'intégration (ouest-européenne) est prioritaire ; l'étroite coopération franco-allemande doit en
rester le moteur. S'y ajoute un nouveau défi : développer des conceptions communes pour un ordre de paix durable englobant
l'Europe entière et les démocraties de l'Amérique du Nord. Cette vision n'est pas incompatible avec la création d'une union
européenne, économique et monétaire, mais aussi politique. D'autre part, l'Union soviétique doit être associée à la construction
de l'avenir européen, à laquelle l'Allemagne veut contribuer par sa coopération approfondie avec ce pays, tout en restant
fermement ancrée à l'Ouest.
Abstract
Reunified Germany and Europe, by Michael Mertès and Norbert J. Prill
After the German reunification, West Germany's foreign policy will remain unchanged. The country's integration into European
and Western structures has proved to be an essential prerequisite to reunification. Such an experience strengthens the belief that
to pursue the Western European integration process is a priority. It is necessary that close Franco-German cooperation remain
the driving force behind it. A new challenge is added to such cooperation : to develop a common concept for a durable peace
system comprising the whole of Europe as well as the North American democracies. Such a concept is not incompatible with the
creation of a European union not only economic and monetary but also political. Furthermore, the Soviet Union must be a partner
in the construction of the European future to which Germany wants to contribute through its growing cooperation with the Soviets
while remaining firmly anchored in the West.
Citer ce document / Cite this document :
Mertes, Prill Norbert J. L'Allemagne unifiée et l'Europe. Continuité ou nouvelle tentation du pouvoir ?. In: Politique étrangère N°3
- 1990 - 55e année pp. 559-573.
doi : 10.3406/polit.1990.3968
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1990_num_55_3_3968POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 559
L'Allemagne unifiée
et l'Europe. Michael MERTES
et Norbert J. PRILL Continuité ou nouvelle
tentation du pouvoir ?
Beaucoup souhaitaient depuis longtemps l'unification de l'Allemagne,
mais, le jour venu, elle soulève bien des questions, des soucis, et
aussi bon nombre de malentendus en Europe et ailleurs. On pourrait
résumer ainsi les préoccupations françaises.
L'Europe des Douze ne signifie plus grand-chose, elle n'est plus qu'une
« fiction » [1] : de la politique à douze, l'Allemagne en fera encore un peu,
mais, en fin de compte, le chancelier Kohi « s'en fiche » [2] ; l'intimité
franco-allemande « n'est plus au centre du processus d'union de l'Eu
rope » [3] ; Kohi est favorable à des Etats-Unis d'Europe à vingt ou vingt-
cinq, car l'intérêt de l'Allemagne est une Europe organisée, aussi large que
possible. L'Allemagne aspire à une influence particulière en Europe cen
trale, la Mitteleuropa, et à une relation et de qualité avec
l'Union soviétique. La dérive allemande vers l'Est est une réalité. Les
Allemands visent à établir une domination économique et politique de leur
pays unifié en Europe.
« Ancienne pensée » et nouveaux malentendus
Nous sommes parfaitement conscients de l'histoire de ce siècle et du rôle
néfaste que l'Allemagne y a joué. Les crimes et les atrocités perpétrés par
l'Allemagne nazie, les souffrances subies par des hommes, des femmes, des
enfants dans tant de pays occupés nous restent — et resteront toujours —
présents à l'esprit. Nous respectons et comprenons les préoccupations cau
sées par la seule émergence d'une Allemagne unifiée, recouvrant sa pleine
souveraineté et dotée d'une puissance incontestable.
Il n'en reste pas moins qu'il ne faut pas perdre de vue l'histoire des
quarante dernières années et la réalité politique d'aujourd'hui. Les préoccu
pations concrètes citées plus haut sont sans fondement.
Il n'y a bien évidemment aucune raison de s'inquiéter pour de simples
malentendus puisqu'une argumentation précise et l'énoncé de faits [4] suffi-
* Chancellerie fédérale, Bonn.
** Les auteurs expriment dans cet article leurs opinions tout à fait personnelles. I POLITIQUE ÉTRANGÈRE 560
sent à les dissiper. Ce qui nous préoccupe en revanche, c'est le fait que se
manifeste ici précisément « l'ancienne pensée » que l'on attribue aux Alle
mands. Ainsi Le Monde diplomatique va-t-il jusqu'à affirmer, en présenta
tion d'un article de Laurent Carroué [5] sur la « Conquérante Allemagne »,
que l'Allemagne pourrait être tentée de forger, à partir de la Communauté
européenne, de l'Association européenne de libre-échange et du Comecon,
« une aire de coprospérité » dont elle serait elle-même la principale bénéfic
iaire. Cela rappelle fâcheusement la « greater East Asian co-prosperity
sphere », formule de propagande dont le Japon se servait durant la Seconde
Guerre mondiale pour dissimuler ses ambitions impérialistes. Exemple s'il
en fut que la laideur peut fort bien résider dans le regard de l'observateur.
Face à de tels soupçons, qu'il soit permis aux Allemands, favorables, dans
leur grande majorité, à la poursuite du développement de la Communauté
européenne vers une union européenne, de demander à leurs voisins euro
péens quelle attitude ils comptent adopter face aux décisions à prendre afin
de préparer cette union. Sont-ils prêts à accepter une restriction de la
souveraineté nationale au profit du renforcement de la souveraineté euro
péenne ? Sont-ils vraiment disposés à remplacer le dogme de l'indépendance
nationale par l'idée de l'indépendance européenne (bien entendu en étroite
association atlantique avec les Etats-Unis) ?
En tout cas, les Allemands sont, au plan émotionnel, bien préparés à
l'Europe post-nationale, sans doute même mieux que bon nombre de leurs
partenaires au sein de la Communauté européenne [6]. A la réunification de
l'Allemagne, ils ont réagi avec joie, mais sans euphorie nationaliste. Ce
n'est pas surprenant puisque les conséquences catastrophiques de la tyrannie
nationale-socialiste ont, dans leur pays, fondamentalement désavoué le
chauvinisme et que, de ce côté de l'ancien rideau de fer, ils ont bien vécu
pendant des décennies entières dans des conditions de souveraineté res
treinte. Au cours des derniers mois, ils ont fait une expérience importante
qui marquera longtemps leur conception de l'intégration (ouest-)euro-
péenne : l'intégration de la République fédérale dans des structures euro
péennes et atlantiques s'est révélée être un préalable essentiel à la réunifica
tion.
Il s'agit là, pour l'Ouest tout entier, d'un énorme succès psychologique.
N'a-t-on pas souvent reproché à la politique « d'ancrage à l'Ouest », mise
en route par Konrad Adenauer et ranimée résolument par Helmut Kohi, de
« trahir » l'objectif de l'unité de l'Allemagne [7] ? En 1989, il était encore
fréquent d'entendre dire en RFA que tous les progrès réalisés vers l'intégra
tion dans le cadre de la Communauté européenne accentuaient la division
de l'Allemagne. Peut-être un vieux traumatisme allemand s'exprimait-il ici :
les Allemands ne s'étaient-ils pas persuadés de ne pouvoir recouvrer l'unité
de leur pays qu'en s'opposant à leurs voisins. Aujourd'hui, les Allemands se
sentent plus que jamais en harmonie profonde avec leur environnement
européen [8]. Ils veulent une Allemagne européenne et non une Europe
allemande. Ce serait commettre une fâcheuse erreur que de ne pas profit

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