L avenir des relations entre les nations de l Europe occidentale - article ; n°1 ; vol.10, pg 5-18
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L'avenir des relations entre les nations de l'Europe occidentale - article ; n°1 ; vol.10, pg 5-18

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Description

Politique étrangère - Année 1945 - Volume 10 - Numéro 1 - Pages 5-18
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1945
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Barbara Ward
L'avenir des relations entre les nations de l'Europe occidentale
In: Politique étrangère N°1 - 1945 - 10e année pp. 5-18.
Citer ce document / Cite this document :
Ward Barbara. L'avenir des relations entre les nations de l'Europe occidentale. In: Politique étrangère N°1 - 1945 - 10e année
pp. 5-18.
doi : 10.3406/polit.1945.5544
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1945_num_10_1_5544L'AVENIR DES RELATIONS
ENTRE LES NATIONS DE L'EUROPE OCCIDENTALE <■>
Nécessité d'une entente
L'expérience de ces quatre années prouve la nécessité d'un rapproche
ment entre les nations de l'Europe occidentale pour des raisons straté
giques et économiques. Il ne s'agit que de trouver les méthodes.
Pour pouvoir se défendre efficacement, les nations occidentales doivent
adopter un plan commun ; il ne faut pas répéter, une fois encore, les
erreurs stratégiques de 1 940, dont l'exemple le plus tragique fut celui de
la Hollande et de la Belgique qui nous ont appelés à leur secours le jour
même où l'ennemi se trouvait à la frontière. Dans la guerre moderne, si on
attend jusqu'à la dernière minute pour organiser la défense, on n'organise
rien du tout. Pour nous, Anglais, depuis que de nouveaux engins de
guerre franchissent la Manche, il est d'un grand intérêt de nous mettre
d'accord avec nos voisins et d'élaborer avec eux une mise au point défi
nitive des plans de défense nationale.
Ce qui a particulièrement retenu l'attention de mon journal, Y Economist,
ce sont les énormes avantages économiques d'une pareille entente.
Les nations de l'Europe occidentale ont intérêt à développer en commun
les techniques et les méthodes nouvelles d'économie dirigée, mais sans le
faire dans un sens totalitaire. Nous sommes en ce moment devant deux
grandes thèses de politique économique. D'un côté, la thèse des États-
Unis : le contrôle n'est pas nécessaire ; la meilleure action gouvernementale,
c'est d'agir le moins possible. De l'autre, la politique économique de la
Russie : l'État contrôle tout et prend toutes les initiatives.
Je crois que les nations de l'Europe occidentale occupent une position
intermédiaire entre ces deux extrêmes. Ce n'est pas seulement qu'elles n'ont
pas encore choisi, — je parle surtout ici de l'Angleterre — • mais une idéolo-
(I) Exposé fait au Centre d'Études de Politique Étrangère le 6 juillet 1945. 6 L'AVENIR DES RELATIONS ENTRE LES
gie politique se dessine qui peut se définir ainsi : après les expériences des
dernières cinquante années, nous ne croyons pas que l'une ou l'autre de ces
deux thèses soit préférable ; ce qu'il nous faut, c'est une synthèse des deux
méthodes, qui s'inspirera de nos traditions de liberté et qui nous permettra
de nous servir de toutes les techniques modernes que cette guerre a engen
drées. Nous avons, en effet, mis à l'épreuve des moyens de contrôle et même
des initiatives gouvernementales, tout à fait compatibles avec une économie
plus libre et des initiatives privées plus larges qu'en Russie.
Nous sommes quatre ou cinq pays qui voulons nous servir du contrôle
pour augmenter la prospérité et la stabilité de nos économies ; toutefois,
nous désirons garder une espèce d'équilibre entre le facteur public et le
facteur privé. Aussi, puisque nous poursuivons le même but, et que nous
le faisons plus ou moins par les mêmes méthodes, puisque le terrain où
nous nous aventurons est encore inexploré, nous avons sûrement intérêt à
mettre nos expériences en commun. Nous tâtonnons tous pour trouver la
bonne voie.
Ce ne sont pas seulement nos méthodes que nous devons mettre en com
mun. A l'inverse des Etats-Unis et de la Russie, les nations de l'Europe
occidentale vivent de leur commerce extérieur, qui constitue une part
importante de leur revenu national (le quart pour l'Angleterre et la France,
30 à 60 p. 1 00 pour la Norvège, la Belgique, la Hollande et le Danemark) et
une part qui peut être décisive pour la stabilité et la prospérité de leur
économie.
En effet, nous n'avons pas accès à toutes les matières premières qui sont
nécessaires à notre industrie. Nous ne sommes pas des puissances continent
ales, nous dépendons de l'échange. Nous ne pourrions pas mener une vie
aussi large et aussi prospère si nous options pour l'autarcie, à l'exemple
des Allemands. Cette autarcie, ce n'est pas la bonne voie pour nous, parce
que c'est une voie qui mène sûrement à la pauvreté.
Nous devons arriver à la stabilité de notre économie si nous voulons
avoir vraiment une politique du « plein emploi », et nous ne pouvons pas
négliger le fait qu'une grande partie de notre prospérité dépend du
commerce extérieur.
Or, pour la plupart de ces pays (les nations Scandinaves, la Belgique, la
Hollande, la France et la Grande-Bretagne, — je n'inclus pas la Suède qui a
d'autres problèmes — ), 50 p. 100 du commerce extérieur se font entre les
nations de l'Occident et leurs colonies.
Si vous ajoutez l'Allemagne — qui est en ce moment un point
d'interrogation — aux colonies et aux cinq pays occidentaux, vous constatez NATIONS DE L'EUROPE OCCIDENTALE 7
alors que les deux tiers de tout le commerce extérieur de ces divers pays
se font dans cette région de l'Ouest européen.
Les économistes se sont merveilleusement mis d'accord dans ces derniers
temps. A ce propos, voici l'histoire qu'on raconte à Londres : « II y a dix
ans, si vous rencontriez huit économistes, vous entendiez neuf théories, la
neuvième étant celle de lord Keynes. Maintenant, tout est changé, si vous
rencontrez les neuf économistes, vous n'avez qu'une seule théorie et c'est
celle de lord Keynes ! »
Cet accord entre les économistes présente pour les politiciens et les
hommes d'Etat le grand avantage que les leçons théoriques leur sont plus
claires. Le point principal de la théorie de Keynes, au sujet du plein emploi,
est le suivant : pour maintenir et augmenter la stabilité et la prospérité d'une
économie, il faut stabiliser et la demande. Pour cela, il faut maint
enir et augmenter le pourcentage du revenu national qui est consacré à
l'épargne, c'est-à-dire à l'investissement des capitaux, surtout dans
l'industrie lourde. Toutefois, il faut encore stabiliser le revenu provenant
de tous les autres secteurs de l'économie nationale.
Lorsqu'une moitié du revenu national dépend déjà du commerce exté
rieur, le maintien à un niveau élevé de tout le commerce extérieur est un
facteur de grande prospérité. Nous n'avons pas suffisamment exploité les
méthodes nécessaires pour maintenir au plus haut niveau possible le com
merce extérieur. La méthode que préconisent les-Etats-Unis, c'est-à-dire la
liberté des échanges, a pour résultat, non pas d'éviter les crises mais de les
aggraver en profondeur et en étendue. Si un État renonce à protéger son
commerce extérieur et à défendre ses intérêts, il en résulte un bouleverse
ment économique, et ce bouleversement économique, s'il se produisait aux
États-Unis, pourrait très vite s'étendre au commerce du monde entier. C'est
ce qui s'est produit en 1 929.
Si nous considérons, au contraire, une région où le commerce extérieur
constitue déjà une grande part du revenu national, et où le commerce
dépend, en outre, étroitement des nations de cette même région, nous trou
vons là des raisons péremptoires pour que ces pays s'associent et élaborent
en commun une politique du commerce extérieur. Je parlerai plus loin des
méthodes, je veux simplement constater le fait que dans la disposition de
notre économie, il y a déjà de sérieuses raisons pour que nous cherchions
ensemble la bonne voie.
Il y a d'autres raisons économiques cependant. Nous pouvons à l'heure
actuelle retirer un grand avantage de la production de masse. Prenons
l'Angleterre, la France, la Belgique et la Hollande ; le marché intérieur de L'AVENIR DES RELATIONS ENTRE LES 8
chacun de ces pays pris séparément sera peu important en

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