L Eglise catholique dans la communauté internationale - article ; n°1 ; vol.30, pg 5-21
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L'Eglise catholique dans la communauté internationale - article ; n°1 ; vol.30, pg 5-21

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Description

Politique étrangère - Année 1965 - Volume 30 - Numéro 1 - Pages 5-21
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Robert Bosc
L'Eglise catholique dans la communauté internationale
In: Politique étrangère N°1 - 1965 - 30e année pp. 5-21.
Citer ce document / Cite this document :
Bosc Robert. L'Eglise catholique dans la communauté internationale. In: Politique étrangère N°1 - 1965 - 30e année pp. 5-21.
doi : 10.3406/polit.1965.2249
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1965_num_30_1_2249L'ÉGLISE CATHOLIQUE
DANS LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE
introduction
:. Un sociologue, extérieur à l'Eglise Catholique, considérant
le siècle d'histoire qui sépare le Concile de Vatican I (1869-
1870) du; Concile de Vatican II (1962-1965) ne peut manquer
d'être frappé par un renversement quasi radical des, comport
ements. En 1865, la papauté semblait acharnée à défendre,
pied à pied dans la société européenne les restes d'une situa
tion privilégiée, héritée du Moyen- Age, en face d'Etats avides
d'étendre leur autorité et de restreindre les libertés ecclésias
tiques. Le conflit entre l'Eglise et la société moderne, qui
commence avec la Réforme protestante et qui ne cesse de
croître au cours des XII""3 et XIIF16 siècles, allait atteindre sa
phase la plus spectaculaire en 1870 avec la suppression des
Etats Pontificaux. Mais les années qui suivent l'annexion de
Rome au royaume d'Italie voient se développer presque par
tout une lutte anti-cléricale encore plus fondamentale,
puisqu'elle visait à supprimer toute influence de l'Eglise dans
les institutions publiques et sur l'esprit des hommes.
Dépouillée peu à peu de son statut de souveraine, et des
vestiges qui en subsistaient, l'Eglise adopta, sans toujours
bien s'en rendre compte, une attitude presque uniquement
défensive et oppositionnelle devant les progrès de là société
moderne. Elle eut la tentation de se barricader dans une forte
resse en attendant « des temps meilleurs » : ce fut ce que l'on
appelle aujourd'hui le « ghetto » catholique, avec toutes les
conséquenses sociologiques d'une vie en ghetto : la rupture 6 ROBERT BOSC
des « communications » avec le reste des hommes ; l'absence
de « participation » à la construction de la société. Alors que,
au XV F1' siècle, des hommes d'Eglise sont encore à l'avant-
garde du progrès et posent en termes clairs et vigoureux les
problèmes politiques, sociaux, philosophiques de leur temps,
une fois passée l'époque de Victoria, Thomas More, Suarez,
Beïlarmin, il n'y a plus un théologien pour penser les réali
tés contemporaines. Mais paradoxalement, les autorités ecclé
siastiques qui semblent s'être coupées du monde et qui ne
répondent plus guère que par des anathèmes à la laïcisation
de la société européenne, absorbent sans esprit critique et
sans réaction les idéologies politiques, économiques, sociales
les plus contestables et les plus dangereuses pour la société.
La traite des Noirs ne soulève que de rares protestations, et
l'on voit au Nouveau Monde des couvents posséder et vendre
des esclaves. La conception libérale de la propriété est élevée
presque à la dignité d'un dogme religieux. Quant aux natio
nalismes et aux impérialismes, on leur trouve toutes sortes
de justifications : l'Eglise qui n'a pourtant jamais abandonné
son effort missionnaire est devenue idéologiquement prison
nière du continent européen où elle est alors massivement
installée.
Le tableau est sombre, un peu injuste même, car il ne
souligne pas assez les aspects positifs de la vie de l'Eglise
pendant trois siècles ; il faut cependant l'avoir sous les yeux
pour mesurer le chemin parcouru depuis cent ans et le pro
digieux renouvellement auquel nous assistons : ce sont les
étapes de ce changement que voudrions préciser en
comparant le passé récent, les attitudes actuelles, et les
perspectives aujourd'hui ouvertes.
L& passé, récent.
Aux hommes du début de ce siècle, l'Eglise donnait l'im
pression de s'intéresser avant tout à une pratique culturelle
et morale. Vue de l'extérieur, la religion pouvait sembler I, EGLISE CATHOLIQUE ET LE MONDE 7
affaire de salut individuel, une garantie pour l'au-delà grâce
à une vie de piété et à une conduite exemplaire. L'incroyant
entrant dans un temple ne se sentait concerné ni par ce qui
s'y disait (la prédication) , ni par ce qui s'y faisait (une liturgie
incompréhensible). Partout un enseignement singulièrement
appauvri, en France un catéchisme revu et complété par
Napoléon Fr, faisaient du christianisme une consolation aux
malheurs de la vie, un code de bonne conduite, une explica
tion complétant plus ou moins heureusement les insuffisances
de la science quant aux origines du monde et aux phéno
mènes de la nature. L'un des Pères du Concile de Vatican II
a dénoncé vigoureusement l'une des conséquences de cet état
d'esprit et de ce fléchissement doctrinal, l'inattention et l'i
ndifférence aux besoins vrais des hommes :
« Le premier concile du Vatican s'est réuni au moment de
la révolution industrielle. Deux ans plus tôt, Karl Marx avait
écrit Le Capital. Cependant le Concile n'a donné aucune
directive sur la justice sociale dans les pays industrialisés.
Il n'a pas eu un mot d'encouragement pour les prolétariats,
pour la classe ouvrière lésée. Comment cette classe aurait-
elle pu élever ses regards au-dessus de sa misère pour se
réjouir de la définition de l'infaillibilité ?.... » (I)
Dès l'époque de Vatican I pourtant, des voix commençaient
à se faire entendre pour dire leur inquiétude devant un com
portement si contraire à l'esprit de l'Evangile. Il faudra atten
dre toutefois les premières encycliques de Léon XIII pour que
les chrétiens se voient rappeler la primauté de la justice. La
première guerre mondiale, les révolutions du Mexique et de
Russie, la montée des fascismes, l'ébauche d'une société de
nations, le début des émancipations coloniales donnèrent an
pontificat de Benoît XV (1914-1922) et de Pie XI (1922-1939)
l'occasion d'opérer un redressement très nécessaire, de redé
couvrir plusieurs dimensions oubliées de l'enseignement chré
tien : la défense des droits de l'homme, le souci de la justice
Trad, (1) français Discours dans du La P. Mahon, Documentation supérieur Catholique, des missionnaires 20 décembre de Mill 1964, Hill, col. le 1677. 9 novembre 1964. O ROBERT BOSC
dans les relations sociales et internationales, une attitude
d'ouverture et de sympathie à l'égard de tout progrès
humain .
Avec Pie XII (1939-1958) et Jean XXIII (1958-1963), le mou
vement prend les proportions d'une avalanche. Des idées
timidement avancées il y a encore vingt-cinq ans, la tolérance
et la liberté religieuse par exemple, apparaissent aujourd'hui
si évidemment évangéliques que l'on s'étonne des hésitations
qu'une petite minorité d'évêques éprouve encore à leur égard.
Le scandale même provoqué par une pièce comme Le Vicaire
et la controverse autour de l'attitude de Pie XII envers les
Juifs sont révélatrices d'une transformation des esprits dont
précisément ce pape fut l'un des principaux ouvriers. Autour
de 1940, on trouvait normal qu'un pape considérât avant tout
La défense des intérêts catholiques, et l'on admira unanime
ment à l'époque les efforts que Pie XII fît aussi pour atténuer
le sort des Juifs persécutés par le IIP16 Reich. En 1965, on a
du mal à comprendre que, lorsqu'il s'agit de protéger les
droits de l'homme, un pape fasse une différence quelconque
entre le sort d'un chrétien et le sort d'un non chrétien. S'il est
en effet un leit-motiv des enseignements pontificaux de Pie
XII à Jean XXIII et à Paul VI, c'est que l'Eglise est au service
de tous les hommes. Lorsque Paul VI est accueilli en Palestine
par les représentants des communautés musulmanes et jui
ves, et quelques mois plus tard à Bombay par des Hindous,
lorsqu'il ordonne de restituer aux Turcs le fameux étendard
de

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