L environnement stratégique et politique du Pacifique Sud - article ; n°1 ; vol.52, pg 21-34
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Politique étrangère - Année 1987 - Volume 52 - Numéro 1 - Pages 21-34
The Stratégie and Political Environment of the South Pacific, by François Godement
The author has attempted to analyse intentions on the one hand, and antagonisms on the other, which corne into play in the changing strategie situation of the South Pacific. In spite of the fact that no changes involving actual military action have taken place in the region, the following factors which alter the strategie environment must be taken into account, i.e. the wave of protest against French nuclear testing ; the showing of Soviet hand in the region, confirmed by Mikhail Gorbachev' Vladivostok speech ; the New Zealand government's attitude to matters of defence ; and finally the cracks in the ANZUS pact (which was founded in 1951 by Australia, New Zealand and the United States). The volatility of the situation is perhaps the greatest obstacle facing French policy makers in the South Pacific, and the French presence is being continually undermined by the two crises of New Caledonia and the confrontation surrounding Mururoa. A happy outcome for French presence in the region can only come about if France succeeds in breaking the « holy alliance » at present ranged against it. But France must make the effort to resolve these crises through its own initiative and not rely on the international situation to do so.
L'auteur tente de rendre compte des intentions d'une part, des oppositions d'autre part, que la situation stratégique du Pacifique Sud suscite. La montée de l'opposition aux essais nucléaires français, l'apparition d'un jeu soviétique confirmé par le discours de Vladivostok de Mikhaïl Gorbatchev, l'attitude du gouvernement néo-zélandais en matière de sécurité et les craquements de l'ANZUS, fondée en 1951 par l'Australie, la Nouvelle-Zélande et les Etats-Unis, représentent eux-mêmes une modification de l'environnement stratégique de la région même en l'absence d'événements militaires concrets. Ce contexte mouvant ne représente-t-il pas le plus grand obstacle à la politique française dans le Pacifique Sud, la présence de la France étant minée par deux crises, la crise néo-calédonienne et l'affrontement autour de Mururoa. L'avenir de la France dans cette région ne sera assuré que le jour où elle aura rompu l'union sacrée qui se manifeste actuellement contre elle. Ce n'est pas le contexte international qui résoudra les crises mais un effort d'abord français.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 55
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

François Godement
L'environnement stratégique et politique du Pacifique Sud
In: Politique étrangère N°1 - 1987 - 52e année pp. 21-34.
Citer ce document / Cite this document :
Godement François. L'environnement stratégique et politique du Pacifique Sud. In: Politique étrangère N°1 - 1987 - 52e année
pp. 21-34.
doi : 10.3406/polit.1987.3642
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1987_num_52_1_3642Abstract
The Stratégie and Political Environment of the South Pacific, by François Godement
The author has attempted to analyse intentions on the one hand, and antagonisms on the other, which
corne into play in the changing strategie situation of the South Pacific. In spite of the fact that no
changes involving actual military action have taken place in the region, the following factors which alter
the strategie environment must be taken into account, i.e. the wave of protest against French nuclear
testing ; the showing of Soviet hand in the region, confirmed by Mikhail Gorbachev' Vladivostok speech ;
the New Zealand government's attitude to matters of defence ; and finally the cracks in the ANZUS pact
(which was founded in 1951 by Australia, New Zealand and the United States). The volatility of the
situation is perhaps the greatest obstacle facing French policy makers in the South Pacific, and the
French presence is being continually undermined by the two crises of New Caledonia and the
confrontation surrounding Mururoa. A happy outcome for French presence in the region can only come
about if France succeeds in breaking the « holy alliance » at present ranged against it. But France must
make the effort to resolve these crises through its own initiative and not rely on the international
situation to do so.
Résumé
L'auteur tente de rendre compte des intentions d'une part, des oppositions d'autre part, que la situation
stratégique du Pacifique Sud suscite. La montée de l'opposition aux essais nucléaires français,
l'apparition d'un jeu soviétique confirmé par le discours de Vladivostok de Mikhaïl Gorbatchev, l'attitude
du gouvernement néo-zélandais en matière de sécurité et les craquements de l'ANZUS, fondée en
1951 par l'Australie, la Nouvelle-Zélande et les Etats-Unis, représentent eux-mêmes une modification
de l'environnement stratégique de la région même en l'absence d'événements militaires concrets. Ce
contexte mouvant ne représente-t-il pas le plus grand obstacle à la politique française dans le Pacifique
Sud, la présence de la France étant minée par deux crises, la crise néo-calédonienne et l'affrontement
autour de Mururoa. L'avenir de la France dans cette région ne sera assuré que le jour où elle aura
rompu l'union sacrée qui se manifeste actuellement contre elle. Ce n'est pas le contexte international
qui résoudra les crises mais un effort d'abord français.POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 21
L'environnement stratégique et François GODEMENT * B ~*
politique du Pacifique Sud
Les événements et les tendances qui agitent le Pacifique Sud
sont souvent difficiles à évaluer quant à leur importance. Peut-
être n'en serait-il pas ainsi si le Pacifique Sud était un ensemb
le régional pourvu d'une relative unité de situation ou d'action, et
par conséquent d'une grille plus simple de lecture. Mais c'est très
loin d'être le cas. Seuls des facteurs et des interventions extérieurs
tendent à unifier la zone : la poussée japonaise lors de la guerre du
Pacifique et la longue contre-attaque des Etats-Unis, qui créèrent au
passage l'appellation régionale avec leur South Pacific Command
installé à Nouméa l ; la tutelle des six puissances coloniales qui
formèrent en 1947 la Commission du Pacifique Sud, aujourd'hui
débordée par la multiplication des instances internationales dans la
région ; la persistance des essais nucléaires français en Polynésie, qui
provoque aujourd'hui une unité de refus diplomatique perceptible
jusqu'en Asie ; l'attitude traditionnelle américaine en matière de
droits de pêche, enjeu plus limité mais économiquement important,
qui suscite d'autres passions. Les incursions récentes de l'Union
soviétique dans la région donnent parfois l'apparence d'un véritable
Kriegspiel stratégique, et d'un basculement potentiel de l'orientation
internationale des micro-Etats, là où exploitation opportuniste et
attitudes disparates prédominent encore. Seule la création du Forum
du Pacifique Sud, en 1971, avec seize Etats indépendants, depuis le
continent australien jusqu'à Tuvalu (26 kilomètres carrés), peut être
considérée comme un pas vers une relative unité, au moins sur le
plan diplomatique.
Presque tous ceux qui tentent d'aborder le Pacifique Sud comme un
tout, ou à partir d'une priorité exclusive, aboutissent donc à le
mythifier.
* Maître de conférences à l'Institut national des langues et civilisations orientales
(INALCO) et chargé de recherches à l'Institut français des relations internationales
(IFRI), Paris.
1. Comme le relève Jean-Pierre Gomane, « L'Océanie », Etudes, décembre 1986,
p. 594. 22 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
L'ambiguïté commence avec l'évaluation de l'espace géographique
lui-même. Faut-il s'attacher à la poussière d'îles souvent minuscules
de cet espace, ou à leur zone maritime démesurément agrandie par
l'enjeu de la limite nouvelle des 200 milles ? Kiribati (ex-îles Gilbert)
passe ainsi de 690 kilomètres carrés à 3,5 millions de kilomètres, la
France devient le troisième Etat maritime du monde. La distance
géographique est également insuffisamment rappelée. L'atoll de
Mururoa, à 1 200 kilomètres de Tahiti, dans une région inhabitée,
est le site d'essais nucléaires le plus isolé au monde 2, ce qui
relativise la portée immédiate des critiques des « voisins » régionaux.
L'attention aux problèmes du Pacifique Sud doit-elle se borner à
l'ensemble aujourd'hui décrit par l'aire d'application du traité de
Rarotonga créant une zone dénucléarisée 3 ? Ou bien doit-elle
inclure, juste au nord de l'Equateur, la Micronésie : les îles Marshall
et Kwajalein, Guam et Palau, territoires américains ou contrôlés par
les Etats-Unis, maillon stratégique essentiel ? On peut aller plus
loin : l'Indonésie, principal voisin du sud-est asiatique, possède Irian
Jaya (Nouvelle-Guinée occidentale). L'attitude indonésienne en
matière de politique maritime, ses positions concernant la liberté de
navigation et la sécurité régionale, sans parler d'une relation malaisée
avec l'Australie, ont également un impact sur le Pacifique Sud.
L'ambiguïté est aussi ethnique. La mythologie des explorateurs et de
l'outre-mer reste très forte, particulièrement chez les Occidentaux qui
y séjournent, et en reviennent généralement convertis à l'épopée
maritime et à la place de leur pays dans la région, ou au contraire
ardents défenseurs de l'intégrité des peuples régionaux, contre les
« pollutions » de la modernité. Or, toutes les situations voisinent,
interdisant de faire du thème ethnique un problème résolu, mais
aussi un martyrologue général. Le peuplement mélanésien prédomine
à l'ouest, de la Nouvelle-Calédonie (où il est le premier et le plus
dynamique des groupes ethniques) à la Papouasie-Nouvelle-Guinée,
Irian Jaya et même Timor : ces deux dernières entités n'ont pas
échappé à l'Indonésie, avec les conséquences humaines que l'on sait.
Mais, en Nouvelle-Zélande, les Maoris étaient tombés à 40 000
habitants avant de reprendre leur croissance démographique 4. Maor
is polynésiens décimés par les fermiers néo-zélandais, Canaques
mélanésiens refoulés par les colons français, Mélanésiens méprisés
par les Javanais de Djakarta, aborigènes australiens : ici apparaît
logiquement la revendication tiers-mondiste de minorités longtemps
opprimées qui cristallisent à juste titre la culpabilité de certains de
leurs conquérants. Il n'en va pas de même de la plupart des Polyné-
2. Voir RAMSES 86/87, rapport annuel de l'IFRI, Atlas /Economi

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