L Etat d Israël et ses républiques - article ; n°2 ; vol.53, pg 337-347
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Politique étrangère - Année 1988 - Volume 53 - Numéro 2 - Pages 337-347
Les dates les plus significatives pour Israël depuis quarante ans sont, selon l'auteur : 1959 et la fin du système politico-social du Yishouv, et 1977 et la fin de la première république israélienne avec l'arrivée de la droite au pouvoir sous la direction de Menahem Begin. Au cours des onze dernières années — la seconde république israélienne —, trois éléments ont modifié le visage de la société israélienne : le processus rapide de judaïsation de l'Etat, la crise coloniale et la palestinisation croissante des Arabes israéliens. Aujourd'hui, à l'immobilisme qui domine le comportement politique d'Israël s'ajoute une autre forme d'immobilisme du côté arabe. On voit donc mal comment les efforts diplomatiques pourraient modifier la situation actuelle et les scénarios d'évolution sont pessimistes. Quelle que soit la tournure que prennent les événements, la crise n'est pas près de s'achever. Face à l'alternative que pose pour Israël la révolte palestinienne, un nouveau consensus risque de se développer sur le fait que, en Palestine comme ailleurs, le prix du colonialisme est trop élevé pour qu'un pays désireux de devenir un pays riche, démocratique et moderne puisse se le permettre.
The State of Israël and Its Republics, by Dan Segre
According to the author, the most significant dates in Israel's forty years have been : 1959, the end of the socio-political System of the Yishuv ; 1977, the ending of the first Israeli republic and the coming to power of the right under Menahem Begin. During the last 11 years — of the second Israeli republic — three elements have changed the face of Israeli society, namely the rapid judaicisation of the State, the colonial crisis, and the growing Palestinisation of Israeli Arabs. Today, the ultra-conservatism of Israeli political behaviour is matched by corresponding immutability on the part of the Arabs. It is therefore hard to see how diplomatic efforts could change the present situation and the outlook for the future is bleak. Whichever way events may lead, the crisis is long way from being resolved. Faced with the present Palestinian revolt, however, it is possible that a new consensus may emerge in Israel due to the fact that colonialism, in Palestine as elsewhere, costs more than modern, democratic country, who wants to become rich can afford.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Dan Segre
L'Etat d'Israël et ses républiques
In: Politique étrangère N°2 - 1988 - 53e année pp. 337-347.
Citer ce document / Cite this document :
Segre Dan. L'Etat d'Israël et ses républiques. In: Politique étrangère N°2 - 1988 - 53e année pp. 337-347.
doi : 10.3406/polit.1988.3772
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1988_num_53_2_3772Résumé
Les dates les plus significatives pour Israël depuis quarante ans sont, selon l'auteur : 1959 et la fin du
système politico-social du Yishouv, et 1977 et la fin de la première république israélienne avec l'arrivée
de la droite au pouvoir sous la direction de Menahem Begin. Au cours des onze dernières années — la
seconde république israélienne —, trois éléments ont modifié le visage de la société israélienne : le
processus rapide de judaïsation de l'Etat, la crise coloniale et la palestinisation croissante des Arabes
israéliens. Aujourd'hui, à l'immobilisme qui domine le comportement politique d'Israël s'ajoute une autre
forme d'immobilisme du côté arabe. On voit donc mal comment les efforts diplomatiques pourraient
modifier la situation actuelle et les scénarios d'évolution sont pessimistes. Quelle que soit la tournure
que prennent les événements, la crise n'est pas près de s'achever. Face à l'alternative que pose pour
Israël la révolte palestinienne, un nouveau consensus risque de se développer sur le fait que, en
Palestine comme ailleurs, le prix du colonialisme est trop élevé pour qu'un pays désireux de devenir un
pays riche, démocratique et moderne puisse se le permettre.
Abstract
The State of Israël and Its Republics, by Dan Segre
According to the author, the most significant dates in Israel's forty years have been : 1959, the end of
the socio-political System of the Yishuv ; 1977, the ending of the first Israeli republic and the coming to
power of the right under Menahem Begin. During the last 11 years — of the second Israeli republic —
three elements have changed the face of Israeli society, namely the rapid judaicisation of the State, the
colonial crisis, and the growing Palestinisation of Israeli Arabs. Today, the ultra-conservatism of Israeli
political behaviour is matched by corresponding immutability on the part of the Arabs. It is therefore hard
to see how diplomatic efforts could change the present situation and the outlook for the future is bleak.
Whichever way events may lead, the crisis is long way from being resolved. Faced with the present
Palestinian revolt, however, it is possible that a new consensus may emerge in Israel due to the fact that
colonialism, in Palestine as elsewhere, costs more than modern, democratic country, who wants to
become rich can afford.ÉTRANGÈRE I 337 POLITIQUE
Dan SEGRE L'Etat d'Israël et ses républiques
Les dates les plus significatives dans l'évolution politique en Israël au
cours de ces quarante dernières années, ne sont pas, à mes yeux,
celles de la naissance officielle d'Israël (le 15 mai 1948), des guerres
que le pays a dû livrer (guerre d'Indépendance, 1948-1949 ; guerre de Suez,
1956 ; guerre des Six Jours, 1967 ; guerre du Kippour, 1973 ; guerre du
Liban, 1982-1984), ou d'autres événements qui ont fait les gros titres dans
les journaux (visite de Sadate à Jérusalem, 1977 ; Intifada, révolte palesti
nienne, 1987). Il faut retenir, au titre de dates marquantes, 1959, qui voit la
fin du système politico-social du Yishouv (communauté juive d'Eretz Israël),
et 1977, année où l'arrivée de la droite au pouvoir, sous la direction de
Menahem Begin, met fin à la première république israélienne, celle que
l'on pouvait définir comme la république de Ben Gourion. Il est difficile de
dire si les onze années qui ont suivi cette arrivée de la droite au pouvoir
doivent être, dores et déjà, définies comme appartenant à une seconde
république israélienne. Au cours de cette dernière décennie, trois éléments
ont, à coup sûr, profondément modifié le visage de la société israélienne.
Ce sont le processus rapide de judaïsation de l'Etat, la crise coloniale et la
« palestinisation » croissante des Arabes israéliens. Tous trois plongent leurs
racines dans l'histoire du mouvement national juif, le sionisme, et dans ses
rapports complexes et souvent paradoxaux avec le judaïsme.
L'Etat du Yishouv
Les dates ont toujours été arbitraires. 1922 reste toutefois une année
déterminante pour le mouvement sioniste, en ce qu'elle a vu le début du
processus qui devait conduire les juifs d'Eretz Israël à constituer un Etat.
Avant cette date, on avait observé diverses aspirations politiques, des
efforts diplomatiques menés surtout par le fondateur du mouvement pour
un Foyer national juif en Palestine, Theodor Herzl, la colonisation sporadi-
que de secteurs limités de la Palestine, notamment grâce au mécénat
d'Edmond de Rothschild. En 1922, surviendront trois événements décisifs
pour l'avenir de l'entreprise sioniste. En juin, Winston Churchill, alors
secrétaire aux Colonies, annonça à Jérusalem la décision anglaise de sous
traire la Palestine orientale — TransJordanie — aux engagements pris
envers les juifs par le gouvernement de Londres, avec la déclaration Balfour
de novembre 1917. Cette première partition de la Palestine, toujours
dénoncée par la droite sioniste, servit de modèle de solution territoriale au
* Université de Haifa (Israël). 338 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
problème palestinien qui, après soixante-dix années, constitue toujours la
base des tentatives de réconciliation de deux peuples qui se disputent la
même terre.
En juillet 1922, la Société des Nations confiait à l'Angleterre un mandat en
Palestine, reconnaissant, par un acte international, et pour la première fois,
le droit des juifs à réaliser ce « Foyer national », qui devait se transformer
en un Etat souverain en 1948 ; l'Agence juive se voyait pour sa part
accorder le droit officieux, sinon officiel, d'un gouvernement autonome à
l'intérieur du mandat lui-même. Enfin, en janvier 1922, David Ben Gourion
avait accédé à la charge de secrétaire général de la Histadrout (confédérat
ion générale des travailleurs juifs, créée deux ans auparavant). La Hista
drout, qui rassemblait toutes les forces organisées et marxistes du Yishouv,
assumait des devoirs nationaux en faveur d'un peuple juif dispersé qui, par
tradition religieuse et intérêt économique, était surtout bourgeois.
Ben Gourion se proposait d'accomplir ces devoirs suivant trois directions :
tout d'abord en encourageant l'autonomie économique du Yishouv à travers
la capitalisation du travail des membres de l'Histadrout qui devenait ainsi le
principal fournisseur de travail pour la Palestine juive ; ensuite en instit
utionnalisant les rapports d'intérêts entre fournisseurs de travail et travail
leurs au sein des entreprises socialistes, sur des bases réelles d'identité,
d'égalité et de démocratie ; et enfin, en construisant « Eretz Israël », la
Terre d'Israël, grâce à une économie socialiste soumise au contrôle
ouvrier [1]. C'est ainsi que furent jetées les bases de la suprématie du
Mapai [2] qui devait devenir le moteur de l'« Etat juif en marche ». L'indé
pendance et la souveraineté ne modifièrent que très peu les structures
bureaucratiques préexistantes et la mentalité des dirigeants, malgré l'énorme
afflux de nouveaux immigrants et les exigences d'un Etat en guerre et
connaissant un développement rapide.
Cette continuité engendra trois problèmes qui pèsent encore aujourd'hui sur
la politique interne de l'Etat et qui influencent indirectement sa politique
extérieure. Le premier est celui de la définition du statut juridique du juif
dans un Etat qui se veut laïc ; le second est celui de l'intégration des
immigrants, pour les deux tiers d'origine afro-asiatique, traditionnalistes,
étrangers à l'expérience sioniste et au mode de vie des sociétés de type
occidental et socialiste ; le troisième problème concerne les moyens de
subsistance matérielle d'un peuple de déshérités en guerre, dans un pays
privé de matières premières et que son passé de colonie a précipité dans le
sous-développement. Le p

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