L évaluation en actes : leçons et perspectives - article ; n°4 ; vol.20, pg 33-50
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Politiques et management public - Année 2002 - Volume 20 - Numéro 4 - Pages 33-50
Quel bilan peut-on faire des applications de l'approche de l'évaluation? L'article prend en compte une variété d'expériences dans des domaines et dans des pays différents. La plus-value constatée ne réside en général pas là où l'attendent ses partisans et les théoriciens du management des politiques publiques. Le désenchantement est patent pour qui en espérait un pilotage du gouvernement des affaires publiques par un peu plus de science aussi bien que pour qui en espérait une modification de la nature du débat politique. En même temps l'article suggère que les avis pessimistes sont largement injustifiés. Une dose d'évaluation s'avère fort utile dans deux cas de figure : comme un vecteur de changement organisationnel et de développement cognitif des institutions publiques et de leurs agents, comme une façon d'asseoir un peu mieux l'autorité politique dans un monde dont les repères se brouillent. La conclusion évoque quelques pistes pour éviter les déceptions et les détournements d'usage.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Claude Thoenig
L'évaluation en actes : leçons et perspectives
In: Politiques et management public, %vol. 20 n° 4, 2002. Numéro spécial : « L'évaluation de l'action publique : pour
quand ? ». pp. 33-50.
Résumé
Quel bilan peut-on faire des applications de l'approche de l'évaluation? L'article prend en compte une variété d'expériences dans
des domaines et dans des pays différents. La plus-value constatée ne réside en général pas là où l'attendent ses partisans et les
théoriciens du management des politiques publiques. Le désenchantement est patent pour qui en espérait un pilotage du
gouvernement des affaires publiques par un peu plus de science aussi bien que pour qui en espérait une modification de la
nature du débat politique. En même temps l'article suggère que les avis pessimistes sont largement injustifiés. Une dose
d'évaluation s'avère fort utile dans deux cas de figure : comme un vecteur de changement organisationnel et de développement
cognitif des institutions publiques et de leurs agents, comme une façon d'asseoir un peu mieux l'autorité politique dans un monde
dont les repères se brouillent. La conclusion évoque quelques pistes pour éviter les déceptions et les détournements d'usage.
Citer ce document / Cite this document :
Thoenig Jean-Claude. L'évaluation en actes : leçons et perspectives. In: Politiques et management public, %vol. 20 n° 4, 2002.
Numéro spécial : « de l'action publique : pour quand ? ». pp. 33-50.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pomap_0758-1726_2002_num_20_4_2767L'EVALUATION EN ACTES : LEÇONS ET PERSPECTIVES
Jean-Claude THOENIG*
Résumé Quel bilan peut-on faire des applications de l'approche de l'évaluation? L'article
prend en compte une variété d'expériences dans des domaines et dans des pays
différents. La plus-value constatée ne réside en général pas là où l'attendent ses
partisans et les théoriciens du management des politiques publiques. Le
désenchantement est patent pour qui en espérait un pilotage du gouvernement
des affaires publiques par un peu plus de science aussi bien que pour qui en
espérait une modification de la nature du débat politique. En même temps l'article
suggère que les avis pessimistes sont largement injustifiés. Une dose d'évaluation
s'avère fort utile dans deux cas de figure : comme un vecteur de changement
organisationnel et de développement cognitif des institutions publiques et de leurs
agents, comme une façon d'asseoir un peu mieux l'autorité politique dans un
monde dont les repères se brouillent. La conclusion évoque quelques pistes pour
éviter les déceptions et les détournements d'usage.
* GAPP, CNRS ET ENS de Cachan, et INSEAD, Fontainebleau.
Revue POLITIQUES ET MANAGEMENT PUBLIC, Volume 20, n° 4, décembre 2002.
© Institut de Management Public - 2002. Jean-Claude THOENIG 34
En un laps de temps remarquablement court, la tonalité ambiante aura beaucoup
changé. La marche triomphale du New Public Management semble se ralentir
(Pollitt et Bouckaert, 2000). L'enthousiasme n'est plus guère ce qu'il a pu être, que
ce soit dans les organisations internationales - Banque Mondiale, Fonds
Monétaire International, OCDE, etc. - ou dans les pays qui ont servi de prototypes
tels que le Royaume-Uni et la Nouvelle-Zélande (Erakovic, 2001). Les discours sur
la modernisation administrative deviennent moins assurés. La question d'un Etat
fort est reposée.
Des experts qui s'étaient affichés comme partisans de schèmes prescriptifs tels
que le choix rationnel ou la théorie de l'agence réfléchissent désormais sur les
champs du possible et du raisonnable. Les critiques normatives et les études
empiriques conduites par l'école néo-institutionnaliste deviennent crédibles qui
rabaissent les prétentions des réformateurs à bouleverser par décret le pilotage
des affaires publiques (Brunsson et Olsen, 1997 et 1998). Pour autant, le camp
des sceptiques, rassemblement hétéroclite de hauts fonctionnaires s'affichant
comme des réalistes et d'universitaires se drapant dans leur fonction d'intellectuels
critiques , n'a pas gagné la partie. L'enjeu de la modernisation reste entier.
Pour l'évaluation des politiques publiques aussi, l'heure peut être arrivée des
bilans et des interrogations.
Plus de trente années se sont déroulées depuis son apparition en Europe. Elle
avait alors suscité un intérêt réel chez les organes administratifs les plus établis.
Ainsi fut-ce le cas en France de la part de la Cour des Comptes dès le début des
années 1980. On peut rester surpris par le fait que, aujourd'hui, la question reste
ou soit à nouveau posée de son utilité quand ce n'est pas de sa définition. Le
cumul d'expérience fait défaut chez les fonctionnaires et la mémoire semble
défaillante dans les cercles du pouvoir.
L'enthousiasme n'est plus de mise qui prédisait l'irrésistible expansion de l'usage
de l'évaluation. Sous la double influence d'idéologues et de méthodologues, les
imprudences, il est vrai, se sont multipliées : l'impasse de la politique
expérimentale dans les années 1960 aux Etats-Unis, l'acharnement thatchérien du
value for money des 1980-1990 en Grande-Bretagne, l'imposition de
l'évaluation par décret et la stratégie d'institutionnalisation centralisée que poursuit
à la même époque en France le gouvernement dirigé par Michel Rocard. Magnifier est un péché qui conduit à la déception.
L'improvisation et l'amateurisme conduisent aux mêmes échecs. Les usages qui
sont faits de l'évaluation souffrent parfois d'un manque criant de sérieux et de
professionnalisme. Le label étant investi d'un halo de prestige, des fonctionnaires
ou des consultants rebaptisent évaluation des tâches qui n'en sont pas telles, à
l'exemple du contrôle de légalité. Pire, il arrive que l'évaluation soit procéduralisée
d'une manière exagérée. Le montage d'instances ressemble alors à une
construction d'usines à gaz dévoreuse de temps et d'énergie alors que ces mêmes
dispositifs se voient en même temps largement privés de ressources pour mener L'évaluation en actes : leçons et perspectives 35
correctement leur travail à terme. Il faut parfois deux fois plus de temps pour
composer une instance et pour rédiger les appels d'offre qu'il n'en est alloué à la
conduite des travaux eux-mêmes. En France, l'évaluation de politiques
interministérielles au niveau national (dans le domaine de la politique de la
montagne, dans celle de la sécurité routière, pour ne prendre que deux exemples
parmi plusieurs) a été caractérisée par le fait que leur dispositif d'accompagnement
et de pilotage a été lesté à l'excès par des rivalités et des enjeux de pouvoir entre
les agences publiques qui étaient concernées.
Certes, il serait dommageable de vouloir jeter le bébé avec l'eau du bain. Une
posture agnostique n'implique pas un scepticisme élégant. Si en définitive
l'évaluation relève davantage de l'utopie que du possible, peut-on malgré tout lui
trouver quelques raisons d'être, quelques espoirs de devenir utile? Dans quelles
conditions des gestes qualifiables de gestes évaluatifs contribuent-ils à ce qu'un
peu de connaissance raisonnée ou rigoureuse prenne place dans les jugements
qui président au pilotage de l'action publique? Quelles entrées ou quels
positionnements conseiller à l'évaluation ?
Deux fonctions seront plus précisément identifiées et approfondies qui plaident en
faveur d'un regain d'attention pour l'évaluation.
La première s'inscrit dans un projet gestionnaire ou instrumental interne aux
autorités publiques. L'évaluation sert explicitement de vecteur de réforme
administrative, d'outil pour la modernisation organisationneile. Elle se déploie sur
un registre plus argumentatif qu'objectif.
La seconde fonction se situe dans une perspective externe, l'objectif étant
d'améliorer la qualité de la gouvernance. L'évaluation sert à identifier des
transformations sociales et à cerner des enjeux nouveaux auxquels se confrontent
les autorités

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