L Irak : une puissance régionale en devenir - article ; n°3 ; vol.45, pg 637-651
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Description

Politique étrangère - Année 1980 - Volume 45 - Numéro 3 - Pages 637-651
L'Irak : une puissance régionale en devenir, par Philippe Rondot
Valéry Giscard d'Estaing sera bientôt le premier chef d'Etat occidental à se rendre officiellement en Irak depuis la chute de Fayçal II. L'Irak, devenu avec 23 % des approvisionnements le deuxième fournisseur de pétrole de la France est le seul pays, parmi tous les pays arabes riverains, à pouvoir assurer la relève de l'Iran dans le Golfe, compte tenu de l'évolution de son potentiel militaire et de ses ressources financières et humaines. L'atténuation des disparités ethniques, religieuses et politiques sous les effets de la politique menée par le parti Baas a pour conséquence un assouplissement du régime et une volonté d'ouverture sur l'extérieur dans une perspective de non-alignement. Face à l'éventualité d'agressions étrangères dans la région, les dirigeants baassistes ont du se résoudre à faire certaines concessions territoriales ou politiques pour gagner l'aide et l'accord de pays comme le Koweit, l'Arabie Saoudite et la Syrie. L'Irak s'engage de plus en plus dans une politique de non-alignement. Sans renier le traité d'amitié et de coopération avec les Soviétiques, il a amorcé un net rapprochement avec l'Occident. Il est trop tôt pour savoir si les espoirs mis dans le devenir de l'Irak seront confortés et si les méfiances à son égard notamment quant à l'intention qu'on lui prête de se doter d'une capacité nucléaire pourront s'apaiser. En Orient, plus qu'ailleurs l'histoire reste imprévisible.
Iraq: A Régional Power To Be, by Philippe Rondot
Valéry Giscard d'Estaing will soon be the first Western Head of State to make an official visit to Iraq since the fall of Faisal II. Iraq has become France's second largest oil supplier providing 23% of France's total imports. It is the only Arab coastal country which can assume Iran's role in the Golf, by virtue of the evolution of its military potential and its human and financial resources. The alleviation of ethnic, religious and political differences under the Ba'ath Party policies has led to a more flexible regime and a desire for more openness towards the outside world, within the perspective of non-alignment. Confronted with the possibility of foreign aggression in the region, the Ba'ath leaders have been forced to make certain territorial or political concessions in order to win the aid and approval of such countries as Kuwait, Saudi Arabia and Syria. Iraq is increasingly committed to a policy of non-alignment. Without repudiating its Treaty of friendship with the USSR, it has developed its relations with the West. It is too early to tell if the hopes placed in Iraq's future role will be confirmed and if the suspicion in which it is held, especially regarding its intention to acquire a nuclear force, can be allayed. In the East, more than elsewhere, history is unpredictable.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Général Philippe Rondot
L'Irak : une puissance régionale en devenir
In: Politique étrangère N°3 - 1980 - 45e année pp. 637-651.
Citer ce document / Cite this document :
Rondot Philippe. L'Irak : une puissance régionale en devenir. In: Politique étrangère N°3 - 1980 - 45e année pp. 637-651.
doi : 10.3406/polit.1980.3023
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1980_num_45_3_3023Résumé
L'Irak : une puissance régionale en devenir, par Philippe Rondot
Valéry Giscard d'Estaing sera bientôt le premier chef d'Etat occidental à se rendre officiellement en Irak
depuis la chute de Fayçal II. L'Irak, devenu avec 23 % des approvisionnements le deuxième fournisseur
de pétrole de la France est le seul pays, parmi tous les pays arabes riverains, à pouvoir assurer la
relève de l'Iran dans le Golfe, compte tenu de l'évolution de son potentiel militaire et de ses ressources
financières et humaines. L'atténuation des disparités ethniques, religieuses et politiques sous les effets
de la politique menée par le parti Baas a pour conséquence un assouplissement du régime et une
volonté d'ouverture sur l'extérieur dans une perspective de non-alignement. Face à l'éventualité
d'agressions étrangères dans la région, les dirigeants baassistes ont du se résoudre à faire certaines
concessions territoriales ou politiques pour gagner l'aide et l'accord de pays comme le Koweit, l'Arabie
Saoudite et la Syrie. L'Irak s'engage de plus en plus dans une politique de non-alignement. Sans renier
le traité d'amitié et de coopération avec les Soviétiques, il a amorcé un net rapprochement avec
l'Occident. Il est trop tôt pour savoir si les espoirs mis dans le devenir de l'Irak seront confortés et si les
méfiances à son égard notamment quant à l'intention qu'on lui prête de se doter d'une capacité
nucléaire pourront s'apaiser. En Orient, plus qu'ailleurs l'histoire reste imprévisible.
Abstract
Iraq: A Régional Power To Be, by Philippe Rondot
Valéry Giscard d'Estaing will soon be the first Western Head of State to make an official visit to Iraq
since the fall of Faisal II. Iraq has become France's second largest oil supplier providing 23% of
France's total imports. It is the only Arab coastal country which can assume Iran's role in the Golf, by
virtue of the evolution of its military potential and its human and financial resources. The alleviation of
ethnic, religious and political differences under the Ba'ath Party policies has led to a more flexible
regime and a desire for more openness towards the outside world, within the perspective of non-
alignment. Confronted with the possibility of foreign aggression in the region, the Ba'ath leaders have
been forced to make certain territorial or political concessions in order to win the aid and approval of
such countries as Kuwait, Saudi Arabia and Syria. Iraq is increasingly committed to a policy of non-
alignment. Without repudiating its Treaty of friendship with the USSR, it has developed its relations with
the West. It is too early to tell if the hopes placed in Iraq's future role will be confirmed and if the
suspicion in which it is held, especially regarding its intention to acquire a nuclear force, can be allayed.
In the East, more than elsewhere, history is unpredictable.POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 637
L'IRAK :
Philippe RONDOT UNE PUISSANCE RÉGIONALE
EN DEVENIR
En répondant à l'invitation qui lui est faite de se rendre, en voyage
officiel, en Irak, Valéry Giscard d'Estaing sera le premier pré
sident français à visiter Bagdad. Il est aussi le chef
d'Etat occidental à honorer ainsi l'Irak révolutionnaire depuis la chute
de la monarchie hachémite de Fayçal II, le 14 juillet 1958, sous les coups
des « officiers libres » et la naissance de la république d'Abdel Karim
Kassem. Sans doute cette visite du président français apparaît-elle
comme le prolongement naturel de celles effectuées très régulièrement
auparavant par ses premiers ministres, Jacques Chirac d'abord, puis
Raymond Barre, et par certains de leurs ministres et consacre-t-elle
des liens privilégiés que l'arrivée au pouvoir, le 17 juillet 1968, du parti
Baas ne fit que renforcer.
Ce déplacement revêt toutefois une importance particulière car l'Irak
devenu, avec 23 % des approvisionnements, notre deuxième fournis
seur en pétrole, s'apprête à jouer le rôle, entre Méditerranée et Golfe,
d'une puissance majeure dont les ambitions ne s'arrêtent pas au détroit
d'Hormuz. Si, aujourd'hui, l'Irak peut raisonnablement tenir cette
place c'est que, depuis douze ans déjà, ses dirigeants, et d'abord Saddam
Hussein, se sont attachés, avec un certain succès, à relever les défis
imposés tant à l'intérieur que de l'extérieur. Ils l'ont fait avec achar
nement, non sans recourir à des méthodes dont la rudesse fut jugée
parfois telle que ce pays se trouva, des années durant, souvent incomp
ris et même isolé, notamment au sein du monde arabe. Depuis peu,
dégagé des contraintes et libéré de la plupart des menaces réelles ou
présumées, Bagdad est sorti du cadre sévère qu'imposaient la recher
che de l'unité nationale, la construction de l'Etat et l'édification de
l'économie, pour s'ouvrir à l'extérieur, y compris à un Occident long
temps tenu en suspicion. Désormais, l'isolement a fait place à une
présence accrue sur la scène internationale.
Ces ambitions nouvelles sont-elles à la mesure des capacités humaines
et économiques de l'Irak ? Un Etat fort et centralisateur, érigé en véri
table citadelle du parti Baas, comme l'est l'Etat irakien, peut-il être assu-
* Chargé de mission au Centre des hautes études sur l'Afrique et l'Asie modernes. 638 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
ré de sa durabilité ? Enfin, l'édification de cette nouvelle puissance régio
nale ne risque-t-elle pas de modifier profondément la physionomie
politique de l'Orient à un moment où son équilibre se révèle être de
plus en plus précaire ? Apporter quelques éléments de réponse à ces
trois questions, c'est tenter d'éclairer le choix — ou le pari — que sem
ble faire la France en misant sur le devenir de l'Irak.
ILLISJL1
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Gisements petrohf
100 200km
Un potentiel humain et économique riche et diversifié
L'Irak moderne est né de la signature du traité de Sèvres qui, le
10 août 1910, consacra le démembrement de l'Empire ottoman : des
frontières en grande partie artificielles, à cause du découpage opéré, IRAK I 639
parfois arbitrairement, par les grandes puissances, délimitent donc un
territoire de 438 446 km2 dont 3 522 correspondent à la moitié d'une
zone neutre administrée conjointement avec l'Arabie Saoudite, et 924
appartiennent aux eaux territoriales d'une courte façade maritime
ouvrant sur le Golfe. Mais l'Irak, pour ses habitants, c'est d'abord
l'ancienne Mésopotamie, ce « pays entre les fleuves » (Mésos potamos),
qui fut, le long du Tigre et de l'Euphrate, le berceau des civilisations
babylonienne et assyrienne. Cette longue plaine doit à sa situation,
à la jonction des mondes méditerranéen et asiatique, d'avoir connu une
histoire riche et mouvementée. Tour à tour soumise et conquérante,
la Mésopotamie offre l'image d'une terre où, suivant cet excellent
raccourci emprunté à Charles Lemaud [1], « les races, les religions, les
sectes, les idéologies, les ambitions, les appétits, s'y sont toujours
mêlés, concurrencés, heurtés, écrasés ». C'est par référence aux heu
res les plus glorieuses de ce lointain passé de l'Irak, que les dirigeants
actuels entendent redonner à leur pays, avec les moyens modernes
dont ils disposent, l'influence qui fut, jadis, là sienne dans la région.
Le système du Tigre et de l'Euphrate, enserré entre les montagnes de
Kurdistan et du Zagros, à l'est, et les zones steppiques de la Djezireh,
à l'ouest, et prolongé, vers le sud jusqu'au Golfe, par le Chatt al-Arab,
avait tracé l'axe d'une construction politique dont il appartenait aux
hommes de définir les limites. La première bataille que dut conduire

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