L organisation économique du monde libre - article ; n°4 ; vol.17, pg 255-266
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Description

Politique étrangère - Année 1952 - Volume 17 - Numéro 4 - Pages 255-266
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1952
Nombre de lectures 22
Langue Français

Extrait

Paul Legatte
L'organisation économique du monde libre
In: Politique étrangère N°4 - 1952 - 17e année pp. 255-266.
Citer ce document / Cite this document :
Legatte Paul. L'organisation économique du monde libre. In: Politique étrangère N°4 - 1952 - 17e année pp. 255-266.
doi : 10.3406/polit.1952.2686
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1952_num_17_4_2686L'ORGANISATION ÉCONOMIQUE
DU MONDE LIBRE
Dans ce qu'il est convenu d'appeler le « monde libre », par opposition au
* monde communiste », la plupart des pays sont aux prises avec des diff
icultés économiques croissantes.
Cependant, les efforts ne sont pas ménagés. Les nations se consultent
et s'entr'aident. Des progrès s'accomplissent. Mais le monde n'est pas
statique. Les résultats paraissent régulièrement insuffisants une fois
atteints, car l'objectif s'éloigne en même temps qu'on l'approche.
Sans doute dans le domaine économique, comme dans les autres, l'homme
est-il voué à une poursuite indéfinie. Mais la question est de savoir si, à
l'échelle des possibilités humaines, les moyens mis en œuvre actuellement
pour résoudre les problèmes économiques sont adaptés et, dans le cas
contraire, ce que l'on pourrait imaginer d'efficace.
* *
Le progrès technique appelle une coordination des activités économiques,
et la doctrine libérale classique (pas d'intervention à l'échelon national ou
international) est périmée. Tout le monde en est bien d'accord. Mais les
opinions diffèrent dès qu'il s'agit de préciser le degré optimum d'inter
vention convenant à une situation donnée.
Or, présentement, la politique économique devrait être adaptée à cette
donnée fondamentale qui est la lutte entre le monde communiste et le
monde libre.
On peut estimer, dès maintenant, que l'effort de réarmement du monde PAUL LEGATTE 256
libre empêchera le communisme de risquer un nouveau conflit mondial
et qu'il ne compterais désormais que sur « les contradictions internes du
monde capitaliste » pour asseoir sa domination. Car en Asie, en Amérique
latine, en Afrique comme en Europe, le communisme conserve l'espoir de
gagner des peuples à sa cause.
Bien qu'acculé à la défensive, le monde libre bénéficie heureusement
d'une avance considérable dans le domaine économique, puisque son potent
iel économique (sur les bases : population, énergie, acier) est environ
trois fois supérieur à celui du monde communiste (Chine comprise).
Cette marge de sécurité n'élimine cependant pas toutes les inquiétudes
pour l'avenir, un changement de camp des. énormes masses asiatiques
encore accessibles à l'action du monde libre n'étant pas exclu.
Le communisme escompte que les difficultés économiques désagrégeront
le monde libre, alors qu'un effritement du bloc soviétique pour la même
raison est estimé impossible.
Organisation économique du monde communiste.
A l'échelle américaine, voire européenne (la production de l'U. R. S. S.
et de ses satellites européens est du même ordre de grandeur que celle de
l'Europe de l'Ouest), la production du monde soviétique exprimée en
valeur absolue n'a encore rien d'extraordinaire ; mais les progrès accomplis
chaque année en valeur relative (les fameux pourcentages d'augmentation
des indices) sont remarquables et impressionnants.
Même compte tenu du fait qu'il est d'autant plus facile d'obtenir de
brillants coefficients d'augmentation que le niveau de référence est plus
bas (+ 1 divisé par 0 est égal à l'infini, et l'Albanie présentait ces dernières
années les de progrès les plus impressionnants), le développe-
ment de l'industrialisation partout, et surtout chez les satellites les plus
arriérés, confère une excellente plate-forme pour la propagande et la conso
lidation du communisme. Vis-à-vis d'autres peuples appartenant au monde
libre, ces réalisations, ou ce que la propagande en dit, exercent un pouvoir
d'attraction certain.
Cette situation dynamique (la constante pénurie de main-d'œuvre de
toute qualification est symptomatique) n'existerait pas sans l'organisation
que le monde soviétique s'est donnée.
Bien qu'on en connaisse peu de chose de ce côté-ci du rideau de fer
(les Russes et leurs satellites se bornent à prôner l'aide fraternelle que
l'U. R. S. S. apporte aux démocraties populaires), on sait cependant que, ORGANISATION ÉCONOMIQUE 257
dès 1948, pour faire pièce au Plan Marshall, un conseil a" entr' aide économique
mutuelle des pays du Sud-Est européen et de l'U. R. S. S. était créé à l'issue
d'un congrès tenu à Varsovie. La plus grande discrétion a toujours été
observée quant à son action, seules des déclarations annuelles, commémor
ant sa création, laissent penser qu'il est actif.
Que ce soit par le canal du Conseil d'entr'aide créé à Varsovie ou par
tout autre moyen, la coordination des efforts est de plus en plus précise
dans l'Est de l'Europe. Cette évolution n'a pas échappé aux experts inter
nationaux, puisque le dernier rapport annuel de la Commission écono
mique pour l'Europe signale qu'en 1 950 les plans primitivement conçus
pour l'Europe orientale et l'U. R. S. S. ont été modifiés pour favoriser
davantage l'industrie lourde ; que la spécialisation par région a été accen
tuée ,' que les accords commerciaux ont été établis sur des bases nouvelles
et que l'intégration économique de toute cette partie de l'Europe a
progressé.
Utilisation maximum des possibilités économiques des divers pays composant
la communauté, tel est le principe qui guide la coordination économique
du monde soviétique. Principe bien simple, bien élémentaire, mais principe
qui semble recevoir pour la première fois dans l'histoire une application
véritable.
Une division internationale du travail décidée par une organisation supra
nationale pouvait seule susciter et entretenir un développement aussi
dynamique de l'économie des démocraties populaires. Aux constatations
de M. Alexis Schiray (n° 2 de Politique Étrangère de 1952), s'ajoutent
celles de maints observateurs. Dans les démocraties populaires, certaines
créations d'entreprises seraient anormales si les économies des divers
pays de l'Europe de l'Est étaient concurrentielles.
Les accords commerciaux à long terme constituent le procédé employé
actuellement pour coordonner les activités nationales et permettre le déve
loppement économique dans les pays les plus arriérés.
Les informations économiques montrent, pour V instant, l'U. R. S. S. et
la Tchécoslovaquie exportatrices de matières premières et de biens d'équi
pement vers les autres démocraties populaires (Roumanie et Bulgarie
notamment). Tout semble se passer comme si les pays les plus avancés du groupe
devaient non seulement éviter de contrarier l'industrialisation des autres, mais
encore étaient tenus de les aider et, par suite, contraints d'organiser leur propre
économie en conséquence.
Bref, ce sont les pays les plus industrialisés et les plus forts qui subissent
ce qui reste de la concurrence, et les pays arriérés et faibles qui en bénéf
icient.
17 258 PAUL LEGATTE
Organisation économique du monde libre.
Cette situation est donc radicalement opposée à celle du monde libre,
où la concurrence continue à jouer au profit des nations les plus fortes.
Où l'on n'oublie pas que l'Europe et l'Amérique doivent à l'économie de
marché leur extraordinaire développement, mais où l'on n'est pas encore
convaincu que la concurrence n'est possible et utile qu'entre des parte
naires de force comparable ; sous peine de voir le découragement céder le
pas à l'émulation.
Quand un pays détient à lui seul plus de la moitié du potentiel industriel
du monde, son propre mouvement, sa propre et légitime existence, placent
les autres en position difficile lorsque la règle du jeu est la compétition.
Or le décalage entre l'économie dominante des États-Unis et celles des

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