L usage de la force - article ; n°1 ; vol.60, pg 181-193
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Description

Politique étrangère - Année 1995 - Volume 60 - Numéro 1 - Pages 181-193
The Use of Force, by Lawrence Freedman
This article considers how military force might he used by western countries in the sort of conflicts they are likely to confront in the coming years. Direct threats to their territory are not judged likely. The article therefore considers situations in which there is an expectation of combat against the armed forces of an opponent, but in which the most vital interests of the interventionist countries are not directly at stake. Western governments are becoming increasingly wary of this sort of conflict. At least there is a search for strategies of intervention which minimize the costs, both human and material. This is a continuation of what was once known as the «indirect approach». It often involves air power, but in the end struggles over territory have to be fought on the ground. The article argues that the costs of conflict over the long-term can be minimized the more that they are accepted in the short-term.
Cet article analyse l'usage que les pays occidentaux peuvent faire de la force militaire dans le type de conflits qu'ils sont susceptibles de rencontrer dans les années à venir. Les menaces directes à l'encontre de leur territoire ne rentrent pas dans ce cadre. L'article étudie donc les situations dans lesquelles existe un risque de combat contre les forces armées d'un adversaire, mais où les intérêts les plus vitaux des pays intervenants ne sont pas directement en jeu. Les gouvernements occidentaux se méfient de plus en plus de ce type de conflits. Ils ten- tent adopter des stratégies d'intervention susceptibles de minimiser les coûts, en vies humaines et en matériel. Cette politique n'est que la continuation de ce qui fut connu sous le nom de « stratégie indirecte ». Ce type d'approche implique souvent une puissance aérienne stratégique, mais seule la bataille terrestre peut décider du contrôle d'un territoire. Les coûts d'un conflit, à long terme, ne peuvent être réduits que s'ils sont acceptés à court terme.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Freedman
L'usage de la force
In: Politique étrangère N°1 - 1995 - 60e année pp. 181-193.
Citer ce document / Cite this document :
Freedman. L'usage de la force. In: Politique étrangère N°1 - 1995 - 60e année pp. 181-193.
doi : 10.3406/polit.1995.4394
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1995_num_60_1_4394Résumé
Cet article analyse l'usage que les pays occidentaux peuvent faire de la force militaire dans le type de
conflits qu'ils sont susceptibles de rencontrer dans les années à venir. Les menaces directes à
l'encontre de leur territoire ne rentrent pas dans ce cadre. L'article étudie donc les situations dans
lesquelles existe un risque de combat contre les forces armées d'un adversaire, mais où les intérêts les
plus vitaux des pays intervenants ne sont pas directement en jeu. Les gouvernements occidentaux se
méfient de plus en plus de ce type de conflits. Ils ten- tent adopter des stratégies d'intervention
susceptibles de minimiser les coûts, en vies humaines et en matériel. Cette politique n'est que la
continuation de ce qui fut connu sous le nom de « stratégie indirecte ». Ce type d'approche implique
souvent une puissance aérienne stratégique, mais seule la bataille terrestre peut décider du contrôle
d'un territoire. Les coûts d'un conflit, à long terme, ne peuvent être réduits que s'ils sont acceptés à
court terme.
Abstract
The Use of Force, by Lawrence Freedman
This article considers how military force might he used by western countries in the sort of conflicts they
are likely to confront in the coming years. Direct threats to their territory are not judged likely. The article
therefore considers situations in which there is an expectation of combat against the armed forces of an
opponent, but in which the most vital interests of the interventionist countries are not directly at stake.
Western governments are becoming increasingly wary of this sort of conflict. At least there is a search
for strategies of intervention which minimize the costs, both human and material. This is a continuation
of what was once known as the «indirect approach». It often involves air power, but in the end struggles
over territory have to be fought on the ground. The article argues that the costs of conflict over the long-
term can be minimized the more that they are accepted in the short-term.POLITIQUE ÉTRANGÈRE / 181
Lawrence FREEDMAN L'usage de la force
Cet article sur l'usage de la force n'envisage ni l'hypothèse d'une menace
directe sur le territoire des pays occidentaux — la moins probable des
éventualités actuelles — , ni les opérations de strict maintien de la paix,
qui impliquent des techniques et des procédures tout à fait distinctes. Il s'attache
aux situations où existe un risque de combat contre les forces armées d'un advers
aire, mais où les intérêts les plus vitaux des pays intervenants ne sont pas dire
ctement en jeu.
Depuis quelques années, les gouvernements occidentaux se montrent de plus en
plus circonspects vis-à-vis de cette forme d'intervention. Ils redoutent le coût
économique et militaire d'une série de nouveaux engagements, et se méfient
d'opérations extérieures qui, entreprises comme solutions du court terme, voire
sous la pression médiatique, se transforment en obligations à long terme. Ils sont
peut-être en train d'apprendre que, pour éviter de tels dangers, il est nécessaire
de s'atteler aux signes précurseurs d'un conflit, avant qu'il ne devienne inévi
table. Sinon, lorsque des conflits finissent par relever de la communauté inter
nationale, représentée par le Conseil de Sécurité de l'ONU, leur brutalité n'a
d'égal, par définition, que leur caractère ingérable.
Les conflits contemporains naissent moins souvent d'une agression interétatique
classique que d'une fracture dans le système politique local. Dans les deux cas,
le contrôle physique du territoire est un élément capital mais, dans le second, les
relations entre les forces adverses et la population locale risquent d'être beau
coup plus complexes. Il est par conséquent difficile de définir des objectifs préc
is, du type de ceux que les planificateurs militaires savent élaborer, et donc de
délimiter les responsabilités des militaires. Si l'intervention est inévitable, on
recherchera tout naturellement des stratégies qui minimisent les coûts, tant
humains que matériels. Il s'agit là du prolongement de ce que l'on appelait aupa
ravant P« approche indirecte ».
C'est à la signification de l'approche indirecte que je m'attache dans cet essai, en
soulignant qu'elle nécessite de se livrer dès le départ à une démonstration de
force maximale au lieu, comme on le croit souvent, de rechercher le niveau de le plus bas possible. Dans les conflits où les questions-clefs tournent
autour du contrôle territorial local, les stratégies qui éludent ce problème ri
squent de ne guère porter de fruits. Je soutiens que, dès lors que l'on considère
qu'il n'y a pas d'autre choix que l'intervention dans un conflit, les gouverne
ments impliqués doivent être prêts à déployer des forces terrestres à une grande
Professeur, responsable du Department of War Studies, King's College (Londres). 182/ POLITIQUE ÉTRANGÈRE
échelle. Beaucoup dépend, naturellement, de la qualité et de la quantité des
forces locales auxquelles on s'allie. L'amélioration de l'équipement et de la fo
rmation peut faire toute la différence pour une force par ailleurs déterminée et
disciplinée. A l'inverse, il se peut qu'aucun soutien, quel qu'il soit, ne soit en
mesure d'aider une armée déguenillée, mal conduite et démoralisée, auquel cas
une intervention extérieure est aussi vouée à l'échec. Je conteste, pour l'essentiel,
ceux qui croient qu'une puissance aérienne punitive peut être un substitut pour
la puissance terrestre.
Le coût humain des interventions
Lorsque des pays entrent en guerre, ils admettent que leurs différends ne peu
vent être réglés que par la confrontation de leur puissance respective. Si l'issue
en était connue d'avance, il y a des chances pour que le combat ne soit pas
engagé, car le camp assuré de perdre aurait intérêt à l'apaisement. Lorsqu'il est
impossible d'en prévoir l'issue avec certitude, seule l'épreuve de force peut faire
apparaître le véritable équilibre du pouvoir. Les batailles ont toujours été le
moment décisif de cette révélation.
Toutefois, elles sont loin d'être la panacée. Les batailles ne sont pas toujours
décisives, et, quand elles le sont, ce peut être autant le fruit du hasard, d'un acci
dent ou d'un changement météorologique que celui de la qualité des armées en
présence ou des décisions tactiques. Surtout, elles peuvent être extrêmement des
tructrices et causer des pertes humaines massives. Il fut un temps où les sociétés
valorisaient l'exploit militaire et où elles étaient prêtes à accepter le sacrifice
suprême dans lequel elles voyaient le signe même de la valeur morale. A mesure
que la guerre s'est mécanisée et que son potentiel destructeur est devenu appa
remment illimité, il y eut davantage de réticence à assimiler des pertes massives
à l'honneur de la nation. Mourir au combat pour protéger les valeurs essentielles,
pour empêcher la dévastation de la patrie ou son occupation par une puissance
étrangère peut être une nécessité inévitable, voire une source d'orgueil national.
Mais quand les vies humaines sont sacrifiées sans raison apparente, la guerre est
vécue comme un crime. Aujourd'hui, à l'Ouest tout au moins, où les grands
pays ne sont plus confrontés à une terrible menace susceptible de les contraindre
à s'engager dans une guerre quasiment totale, il n'est pas certain qu'un objectif
politique quelconque puisse justifier des pertes substantielles.
Cette intolérance à l'égard de la mort est plus marquée aux Etats-Unis, où elle
trouve son origine dans la guerre du Vietnam. Avant le Vietnam, l'art de la
guerre à l'américaine consistait à exploiter pleinement la supériorité dans tous les
domaines, chaque fois et partout où cela était possible. Le principe d'« écono
mie des forces » n'a jamai

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