La Communauté atlantique (1949-1982) - article ; n°1 ; vol.51, pg 229-239
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Description

Politique étrangère - Année 1986 - Volume 51 - Numéro 1 - Pages 229-239
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Raymond Aron
Atlantic Quaterly
La Communauté atlantique (1949-1982)
In: Politique étrangère N°1 - 1986 - 51e année pp. 229-239.
Citer ce document / Cite this document :
Aron Raymond, Atlantic Quaterly. La Communauté atlantique (1949-1982). In: Politique étrangère N°1 - 1986 - 51e année pp.
229-239.
doi : 10.3406/polit.1986.3541
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1986_hos_51_1_3541POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 229
N° 4 1 1983
Raymond ARON La Communauté atlantique : 1949-1982
L
incertain Gardons-nous, conscient qu'elle de guerre goût communauté ou réponse atlantique Je l'autre ne des pour anniversaire. 'alliance ? se me catégorique. trop Est-elle vastes de forma une propose célébrer sa l'Ancien atlantique jeunes. théorie. au mission spécificité de perspectives d'elle-même usée point l'Atlantique Existera-t-elle pas, ses Je par Ne Continent Autour ? de m'en noces fut-elle dans historique le transfigurons départ, historiques, temps, à tiendrai de d'or là cet Nord et une encore l'Atlantique, fin de ? article, du et menacée des succomber à réalité, le célébra Nouveau des pas élabora, le années second jour de considérations la par au comme en donner communauté 40. du lassé Monde, à en l'éloignement lendemain la 1974 cinquantième André effet, tentation par autour à le son cette de plus Malraux, premier de rôle atlantique vingt-cinquième la des progressif modestes. question la communauté anniversaire la impérial Méditerratrop redevenu avec dernière vieux telle une l'un son La et
née dans le monde antique, une civilisation commune allait s'épanouir. Dans
un autre article, il présenta les Etats-Unis en héritier de la culture européenne.
En un sens, la civilisation commune, vision d'hier, est devenue réalité aujourd
'hui. Les usines, les marchandises, les niveaux de vie, les jeans, les T-shirts
se ressemblent bien plus aujourd'hui qu'au temps déjà lointain où l'Europe
encore couverte de ruines appelait au secours la République américaine, riche
et victorieuse. En fait d'économie, d'échanges commerciaux ou de mœurs,
l'Atlantique ne sépare plus le petit cap de l'Asie où naquit la révolution
industrielle du continent que peuplèrent des immigrés en quête de liberté ou
attirés par des promesses de bonheur.
A travers l'histoire, la communauté de civilisation n'entraîna jamais l'alliance
politique. Tout au contraire, les grandes guerres se livrèrent bien souvent à
l'intérieur d'une zone de civilisation. Les Européens ne cessent d'affirmer que
la guerre 1914-1918 fut une guerre civile. Formule que nous répétons presque
* Professeur au Collège de France. Nous publions cet article, inédit en français, qui est sans doute
le dernier à avoir été écrit sur ce thème par Raymond Aron. Nous remercions Atlantic Quaterly de
nous avoir donné l'autorisation de faire paraître la version originale de ce texte. I POLITIQUE ÉTRANGÈRE 230
tous, convaincus après coup que les enjeux des conflits entre les nations
européennes ne justifiait pas des torrents de haine et de sang. Ces
s'étaient maintes fois combattues dans le passé sans renier après coup leurs
victoires ou leurs combats. Le reniement s'explique par les conséquences d'une
guerre hyperbolique. Les vainqueurs de 1914 ne parvinrent pas à maintenir
une paix durable. La deuxième guerre fut gagnée par les Etats périphériques
et la gloire de l'Europe à jamais éteinte.
Si l'Alliance atlantique fut scellée en 1949, ce n'est pas la communauté de
civilisation qui en fut la cause majeure. Les Européens de l'Ouest choisirent,
sans hésiter, le protecteur américain contre l'empire soviétique, pauvre, tyran-
nique, idéologique. Bien entendu, ce choix tenait aussi à la parenté des
institutions politiques des deux côtés de l'Atlantique. Tous les signataires du
Traité de 1949, à l'exception du Portugal, se gouvernaient selon des procé
dures démographiques (élections libres, représentation, Etat de droit). Cette
communauté politique subsiste aujourd'hui, elle n'avait pas suffi à retenir les
Etats-Unis en Europe en 1919, elle n'aurait pas suffi davantage à les en
1947 ou 1948 en l'absence de l'extension jusqu'au cœur du territoire allemand
de régimes imités de celui de Moscou et soumis à lui.
Mieux vaut donc s'interroger sur les causes de l'Alliance atlantique et se
demander si ces causes persistent ou non — quitte à revenir en conclusion sur
les données de culture.
En 1948-1949, les hommes politiques, comme de coutume, marchaient vers
l'avenir à reculons. Américains et Européens voulaient tirer la leçon de la paix
manquée de Versailles, ils se souvenaient de l'abstention des Etats-Unis
pendant les années décisives. Les répétaient : nous ne voulons pas
être libérés mais défendus. Les Américains avaient reconnu que la sauvegarde
de l'Europe occidentale constituait pour eux un intérêt vital. L'Alliance allait
pour ainsi dire de soi, dès lors que les uns et les autres estimaient qu'il existait
un péril. A l'époque, ce péril semblait évident. Les troupes soviétiques
occupaient l'Europe orientale, un fragment de l'ancien Reich inclus. Les
Américains avaient démobilisé leur puissante armée. Les Soviétiques réussis
saient, par intimidation, par infiltration, à parachever la soviétisation de la
Tchécoslovaquie. Le Traité de l'Atlantique Nord consolidait, consacrait une
situation de fait : les Etats-Unis toléraient la zone impériale de l'Union
soviétique, ils lui faisaient savoir : pas plus loin.
Une année plus tard, à la suite de l'agression nord-coréenne, l'Alliance se
donna une organisation militaire à laquelle les Allemands furent invités à
prendre part. Dix ans après la capitulation du IIIe Reich, deux coalitions, deux
armées se faisaient face, des deux côtés d'une ligne de séparation, les miradors
aux frontières de l'Est allemand, devenu la RDA. On peut se demander si
cette mobilisation aurait pu être évitée, mais cette interrogation rétrospective
n'intéresse que les historiens. Pour la première fois une Alliance, en temps de
paix, dispose d'un état-major intégré, avec un plan de campagne en fonction
d'une seule menace, celle que crée, en apparence ou en réalité, l'armée
soviétique massée en RDA.
La situation, en 1982, demeure-t-elle la même qu'en 1949 ou en 1955 ? Nous
répondrons à la fois oui et non. Les changements sautent aux yeux. L'Europe
occidentale, en dépit de la crise actuelle, possède les ressources nécessaires à LA COMMUNAUTÉ ATLANTIQUE : 1949-1982 I 231
sa défense — à l'exception des armements nucléaires. Ni la Grande-Bretagne
ni la France, ensemble ou séparément, ne peuvent équilibrer l'appareil
nucléaire de l'Union soviétique (à supposer qu'en ce domaine la notion
d'équilibre ait un sens). L'Union soviétique, elle aussi, diffère en profondeur
du pays victorieux mais exsangue qui faisait trembler le monde. A s'en tenir
aux chiffres de l'IISS l, elle entretient au centre de l'Europe une armée
blindée, supérieure en nombre, aux armées, hétérogènes et coalisées, de
l'OTAN. Sans l'armée américaine, l'infériorité de l'OTAN ne laisserait aucune
chance aux Occidentaux en cas d'agression militaire directe venant de l'Est.
Cette situation qui dure depuis 1950 doit-elle être considérée comme normale
ou anormale, passagère ou durable ? Durable à coup sûr puisqu'elle dure et
que le mouvement en faveur du retrait des troupes américaines, stationnées en
Europe, me paraît plus faible aujourd'hui qu'il y a quelques années. Le
fameux amendement Mansfield n'est pas oublié mais ni les démocrates ni les
républicains ne le reprennent pour l'instant. Or, à beaucoup d'égards, cette
situation devrait passer pour anormale. Etant donné le rapport de forces
économiques entre les Etats-Unis et l'Europe, l'Alliance atlantique devrait,
sans disparaître, se réformer par une répartition différente des tâches et des
charges.
En 1945, les Etats-Unis jouissaient d'une préé

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