La coopération franco-algérienne - article ; n°3 ; vol.31, pg 276-290
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Description

Politique étrangère - Année 1966 - Volume 31 - Numéro 3 - Pages 276-290
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 40
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Paul-Marie De La Gorce
La coopération franco-algérienne
In: Politique étrangère N°3 - 1966 - 31e année pp. 276-290.
Citer ce document / Cite this document :
De La Gorce Paul-Marie. La coopération franco-algérienne. In: Politique étrangère N°3 - 1966 - 31e année pp. 276-290.
doi : 10.3406/polit.1966.2216
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1966_num_31_3_2216LA COOPÉRATION FRANCO-ALGÉRIENNE
L'Algérie dévoile, au simple regard, le fond de ses problèmes.
Ceux qui l'ont connue avant 1962 mesurent d'un coup d'œil la
transformation structurelle du pays : l'absence de la communaut
é européenne a changé l'aspect des rues, le spectacle quotidien
du commerce, la tonalité même de la vie sociale. Il y a quelque
chose d'étrange à retrouver des quartiers, des immeubles, des
places de marché pratiquement inchangées et où, cependant, la
population n'est plus la même. On mesure ainsi l'ampleur de la
mutation historique qui accompagna l'indépendance : il est très
rare, dans l'histoire, qu'une communauté humaine tout entière
disparaisse, et c'est pourtant ce qui est arrivé à la communauté
européenne d'Algérie ; ceux qui, comme l'auteur de cet article,
l'ont vécu durant les mois tragiques de 1962 ne l'oublieront
jamais. Car il faut bien dire que l'extraordinaire et brutale dété
rioration entre les deux anciennes communautés d'Algérie sous
l'effet du terrorisme de l'OAS excluait pratiquement le maintien
entre elles d'une coopération qui semblait envisageable, au
moins à certaines conditions et moyennant certaines excep
tions : les spécialistes de l'affaire algérienne en tombaient géné
ralement d'accord jusqu'en 1960.
C'est l'une des ruses de notre histoire récente qu'au moment
même où, sur place, l'entente et la cohabitation entre européens
et musulmans devenait radicalement impossible pour l'avenir,
les négociateurs français des Conférences d'Evian, de Lugrin et
des Rousses s'acharnaient à faire admettre à leurs interlocuteurs
algériens le cadre politique et juridique permettant à la minorité
européenne de survivre et de jouer son rôle après l'indépendanc
e. L'histoire des négociations franco-algériennes, vue du côté
français, est inséparable en effet de la recherche tenace et même LA COOPÉRATION FRANCO-ALGERIENNE 277
passionnée d'une solution qui préservait les chances de cette
minorité. En particulier s'il était impossible, selon le gouverne
ment français, de reconnaître purement et simplement l'ind
épendance du pays et s'il était impossible également de se
contenter de prévoir avec le FLN l'organisation matérielle d'un
scrutin d'autodétermination, c'est que l'on entendait exiger de
l'Algérie indépendante la préservation des droits, des conditions
d'existence et du rôle politique, économique et social de la
communauté d'origine française. Dans les conversations plus ou
moins secrètes qui eurent lieu depuis la première prise de
contact officielle avec un représentant du GPRA dans les der
niers jours de janvier 1961 jusqu'à l'aboutissement de la seconde
conférence d'Evian en mars 1962, M. Louis Joxe et ses collabo
rateurs insistèrent sans relâche auprès de leurs interlocuteurs
sur l'obligation morale que la France avait de prévoir à l'avance
le statut politique et social de la minorité européenne d'Algérie
et sur l'impossibilité où elle se trouvait de réduire sur ce point
un certain nombre d'exigences. Ceux qui ont suivi de près les
négociations eurent dès l'origine le sentiment que pour avoir
gain de cause dans ce domaine, les négociateurs français de
vraient consentir à étendre l'exercice du droit d'autodéterminat
ion aux deux départements sahariens quels que fussent les
avantages théoriques d'une autre solution. Et, de leur côté, les
négociateurs algériens eurent toujours le sentiment que s'ils vou
laient parvenir à un accord, en particulier sur l'intégrité terri
toriale de leur pays telle qu'ils la concevaient, ils devraient
consentir à prévoir un statut de la communauté
d'origine française, quels qu'en soient les inconvénients pour les
projets de révolution économique et sociale qu'ils ne séparaient
pas, dans leur esprit, de l'indépendance politique elle-même. Au
fond, le compromis final d'Evian était prévisible dans ses gran
des lignes dès le début des négociations — en admettant que
celles-ci puissent aboutir — et la réalité devait confirmer les
analyses des observateurs les mieux informés.
Le fait est là : quelques mois, pour ne pas dire quelques se
maines, suffirent à enlever une grande part de leur substance
aux accords du 18 mars 1962. La ruée vers les aéroports et les 278 DE LA GORGE
quais d'embarquement ne laissait aucun doute sur le destin de
la communauté européenne : elle allait disparaître et se fondre
dans la métropole retrouvée. Il est inutile de spéculer sur ce qui
aurait pu renverser un courant qui semblait irrésistible dès les
mois de mai et juin : tout au plus peut-on dire que l'inexistence
complète d'un véritable gouvernement algérien, durant l'été,
compromit définitivement les possibilités d'un redressement qui
eût fait espérer aux européens la reprise d'une existence à peu
près normale après la période traditionnelle des vacances ; faute
de quoi chacun dut s'organiser en vue d'une réinstallation défi
nitive en France à la rentrée et les contingences familiales furent
à cet égard d'un très grand poids. Dès l'automne 1962, la mi
norité d'origine européenne ne représentait plus en Algérie qu'un
dixième de ce qu'elle était auparavant et, depuis, un renver
sement numérique complet s'est produit parmi les ressortissants
français : la majorité d'entre eux aujourd'hui sont venus depuis
l'indépendance au titre de la coopération, surtout dans l'ense
ignement et dans certaines branches de l'industrie et de l'admi
nistration.
Du coup, il fallait en tirer toutes les conséquences politiques.
L'avenir envisagé par lès accords d'Evian associait le maintien
de la minorité européenne à la garantie d'investissements fran
çais relativement importants, ceux-ci garantissant eux-mêmes
l'expansion économique du pays grâce à laquelle le statut social
de la minorité européenne pourrait être en grande partie pré
servé, tandis que l'Etat indépendant pourrait entreprendre les
vastes transformations plus ou moins révolutionnaires que ses
dirigeants avaient en vue ; dans cette optique, le chapitre par-
culier des accords concernant le gaz et le pétrole visait, de
même, la préservation des intérêts nationaux français, l'accroi
ssement systématique de la production et l'utilisation des bénéf
ices pétroliers au profit de l'expansion industrielle en général.
Cet édifice, d'une incontestable logique interne, voyait s'effon
drer sa base même à mesure que les européens d'Algérie s'en
tassaient dans les avions et les bateaux qui les rapatriaient en
France. Fallait-il, dès lors, laisser s'effondrer l'édifice tout en
tier ? Il faut dire franchement que dans certains milieux LA COOPÉRATION FRANCO-ALGERIENNE 279
français on ressentit fortement cette tentation d'autant plus, sans
doute, qu'on y avait longtemps été défavorable aux négociations
avec le FLN ; et, bien entendu, une notable fraction de l'oppo
sition au gouvernement réclamait l'abandon définitif des ac
cords d'Evian comme conséquence normale du départ de la
minorité européenne.
Il était concevable, en effet, de s'en tenir à la simple défense
des intérêts principaux de la France en Algérie, c'est-à-dire en
pratique des intérêts pétroliers, y compris pour l'accroissement
futur de la production, et de s'appuyer cela sur le fait
que la France elle-même était à peu près le seul marché où le
pétrole saharien p

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