La fin du néo-fédéralisme ? L Administration Bush et la « dévolution » du pouvoir - article ; n°3 ; vol.69, pg 561-573
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La fin du néo-fédéralisme ? L'Administration Bush et la « dévolution » du pouvoir - article ; n°3 ; vol.69, pg 561-573

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Politique étrangère - Année 2004 - Volume 69 - Numéro 3 - Pages 561-573
Dans les années 1960, le Parti républicain s'est toujours opposé à l'extension des pouvoirs de l'État fédéral au détriment des États fédérés. Mais les attentats du 11 septembre ont bouleversé dans ce domaine la scène politique américaine, et l'Administration Bush a considérablement renforcé les pouvoirs de Washington en ce qui concerne la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme, notamment avec le vote du Patriot Act et la création du Department of Homeland Security. Néanmoins, en matière budgétaire, les quatre années de présidence Bush marquent un retour, en plus radical, au néo-fédéralisme de Ronald Reagan : pour rassurer une partie de ses soutiens, l'Administration a résolument réduit la base fiscale de l'Etat fédéral, confrontant ainsi les groupes chrétiens et libertariens. Cette politique a un coût ; des responsabilités nouvelles ont été transférées aux États fédérés, mais sans les capacités de financement correspondantes, ce qui n'a fait qu'aggraver leurs difficultés budgétaires, considérables depuis l'année 2003.
The End of the Neo-federalism The Bush Administration and the Devolution of Power by Francois VERGNIOLLE de CHANTAL This article attempts to analyse the neo-federalist commitment of the Bush administration Most analysts focus on the creation of new Department and the resulting governmental consolidation In this article however the focus is on the neo-federalist consequences of the budgetary reforms pushed through Congress by the current administration Just like Reagan in the 1980s Bush tries to cut federal fundings in order to initiate change in inter governmental relations that would give States more leeway Budgetary reforms are indeed at the very heart of the neo-federalist agenda The politi cal rationale for such policy is domestic coalition-building Bush skillfully used the 9/11 terrorist attacks to sharpen his anti-governmental views thus strengthening his political base within conservative circles This is the reason why Bush adopted such confrontational approach regarding his tax cut proposals Nevertheless States are also the first victims of such policies the current State budget crisis illustrates the success of neo-federalist reforms
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

François Vergniolle de Chantal
La fin du néo-fédéralisme ? L'Administration Bush et la «
dévolution » du pouvoir
In: Politique étrangère N°3 - 2004 - 69e année pp. 561-573.
Citer ce document / Cite this document :
Vergniolle de Chantal François. La fin du néo-fédéralisme ? L'Administration Bush et la « dévolution » du pouvoir. In: Politique
étrangère N°3 - 2004 - 69e année pp. 561-573.
doi : 10.3406/polit.2004.1131
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_2004_num_69_3_1131Résumé
Dans les années 1960, le Parti républicain s'est toujours opposé à l'extension des pouvoirs de l'État
fédéral au détriment des États fédérés. Mais les attentats du 11 septembre ont bouleversé dans ce
domaine la scène politique américaine, et l'Administration Bush a considérablement renforcé les
pouvoirs de Washington en ce qui concerne la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme,
notamment avec le vote du Patriot Act et la création du Department of Homeland Security. Néanmoins,
en matière budgétaire, les quatre années de présidence Bush marquent un retour, en plus radical, au
néo-fédéralisme de Ronald Reagan : pour rassurer une partie de ses soutiens, l'Administration a
résolument réduit la base fiscale de l'Etat fédéral, confrontant ainsi les groupes chrétiens et libertariens.
Cette politique a un coût ; des responsabilités nouvelles ont été transférées aux États fédérés, mais
sans les capacités de financement correspondantes, ce qui n'a fait qu'aggraver leurs difficultés
budgétaires, considérables depuis l'année 2003.
Abstract
The End of the Neo-federalism The Bush Administration and the Devolution of Power by Francois
VERGNIOLLE de CHANTAL This article attempts to analyse the neo-federalist commitment of the Bush
administration Most analysts focus on the creation of new Department and the resulting governmental
consolidation In this article however the focus is on the neo-federalist consequences of the budgetary
reforms pushed through Congress by the current administration Just like Reagan in the 1980s Bush
tries to cut federal fundings in order to initiate change in inter governmental relations that would give
States more leeway Budgetary reforms are indeed at the very heart of the neo-federalist agenda The
politi cal rationale for such policy is domestic coalition-building Bush skillfully used the 9/11 terrorist
attacks to sharpen his anti-governmental views thus strengthening his political base within conservative
circles This is the reason why Bush adopted such confrontational approach regarding his tax cut
proposals Nevertheless States are also the first victims of such policies the current State budget crisis
illustrates the success of neo-federalist reformsPOLITIQUE ÉTRANGÈRE 3/2004
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François VERGNIOLLE .,»... A A. «
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la « devolution » du pouvoir
Dans les années 1960, le Parti républicain s'est toujours opposé à l'extension des
pouvoirs de l'État fédéral au détriment des États fédérés. Mais les attentats du
11 septembre ont bouleversé dans ce domaine la scène politique américaine, et
l'Administration Bush a considérablement renforcé les pouvoirs de Washington en
ce qui concerne la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme, notamment
avec le vote du Patriot Act et la création du Department of Homeland Security.
Néanmoins, en matière budgétaire, les quatre années de présidence Bush
marquent un retour, en plus radical, au néo-fédéralisme de Ronald Reagan : pour
rassurer une partie de ses soutiens, l'Administration a résolument réduit la base
fiscale de l'Etat fédéral, confrontant ainsi les groupes chrétiens et libertariens.
Cette politique a un coût ; des responsabilités nouvelles ont été transférées aux
États fédérés, mais sans les capacités de financement correspondantes, ce qui n'a
fait qu'aggraver leurs difficultés budgétaires, considérables depuis l'année 2003.
Politique étrangère
Depuis la campagne présidentielle de Barry Goldwater, en
1964, le Grand Old Party (GOP) dénonce avec constance le
Big Government : l'extension et le renforcement des pouvoirs
de l'État fédéral. Ce slogan renoue avec une tradition politique anti
fédérale remontant aux origines des États-Unis et traduit la montée en
force des États du Sud et de l'Ouest par rapport à ceux du Nord-Est
depuis les années I9601. Il exprime une méfiance spontanée contre le
pouvoir central, perçu comme une menace pour les libertés politiques
et économiques. La rhétorique antifédérale constitue par ailleurs un
outil de communication politique efficace, permettant de maintenir
François Vergniolle de Chantai est maître de conférences à l'Université de Bourgogne et chercheur au Centre
français sur les États-Unis (CFE) à l'If ri.
1. Voir S. Kauffmann, « Les nouveaux visages de l'Amérique », in G. Parmentier (dir), Les États-Unis aujourd
'hui, Paris, Odile Jacob, 2004, p. 31 -54. / POLITIQUE ÉTRANGÈRE 562
des coalitions unies derrière le président. À droite de l'échiquier poli
tique, des groupes aussi divers que les libertariens ou les fondamentali
stes religieux se retrouvent sur la restriction des pouvoirs de l'État
fédéral, alors qu'ils se divisent sur d'autres thèmes comme l'éducation
ou la laïcité. La dénonciation du Big Government se retrouve ainsi
naturellement au cœur de toute administration républicaine.
George W. Bush, président centralisateur ?
Les attentats du 11 septembre ont bouleversé la scène politique amér
icaine. La traditionnelle critique « antigouvernementale » est passée
au second plan, largement occultée par les discours martiaux de
l'Administration Bush. En réponse aux menaces, le président a fait
voter deux textes renforçant considérablement les pouvoirs de l'État
fédéral et justifiant ainsi la critique fréquente selon laquelle l'engag
ement antifédéral des conservateurs n'aurait aucune consistance.
Avec le vote du USA Patriot Act {Uniting and Strengthening America
by Providing Appropriate Tools Required to Intercept and Obstruct
Terrorism), en octobre 2001, l'Administration a considérablement
renforcé les textes existants sur le renseignement et la lutte contre le
terrorisme. Par rapport à la précédente loi antiterroriste, votée
sous Clinton en mars 1996 après les attentats d'Oklahoma City
(Antiterrorism Law and Effective Death Penalty Act), la définition du
« terrorisme » est étendue et de nouveaux pouvoirs sont attribués
au Congrès. Les limites existantes en matière de surveillance sont
nettement réduites — par exemple celles du Foreign Intelligence
Surveillance Act (FISA) de 1978 sur les écoutes téléphoniques. Au
total, plus de 15 lois touchant à la sécurité publique ont été modifiées
et les possibilités de mise sous surveillance d'étrangers ou de citoyens
américains considérablement étendues. Le Patriot Act modifie, de
plus, certaines compétences des tribunaux et autorise, quand la
sécurité nationale est en jeu, la détention d'étrangers pour des durées
illimitées alors même qu'aucune charge précise ne pèse sur eux. En
dépit des critiques de groupes de défense des droits civiques et d'une
centaine de municipalités qui ont voté des résolutions contre ce texte,
ce dernier n'a pas suscité de grande opposition. Il a été voté par le
Congrès avec des majorités impressionnantes - 356 représentants sur
435 et 98 sénateurs sur 100. John Kerry s'est, dans sa campagne, pro- ,
LA FIN DU NÉO-FÉDÉRALISME ? / 563
nonce en faveur de la loi. Il ne préconise que des aménagements, sans
remettre en cause son architecture d'ensemble. Les mesures les plus
controversées — l'extension de la détention provisoire — ont une
validité de quatre ans et devront donc être soumises à nouveau au
Congrès en 2005.
Les décrets d'application sont plus problématiques, et en particulier le
décret présidentiel du 13 novembre 2001. Aux termes de

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