La neutralité finlandaise : apparences et réalités - article ; n°2 ; vol.45, pg 453-464
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Politique étrangère - Année 1980 - Volume 45 - Numéro 2 - Pages 453-464
La neutralité finlandaise : apparences et réalités, par Max Jakobson
Le nouveau type de rapport entre la Finlande et l'Union soviétique est né des expériences et des conséquences de la Deuxième Guerre mondiale. Bien que défaite, la Finlande n'a pas été occupée, elle est demeurée un Etat indépendant et a pu ainsi rester en dehors des deux blocs. La solution pour la Finlande fut de trouver une politique de sécurité propre à répondre au besoin de sécurité soviétique dans cette zone européenne. Le traité de 1948 concilia la volonté finlandaise de neutralité et le souci soviétique de sécurité. Depuis, la stabilité caractérise les rapports politiques finno-soviétiques, mais aussi les relations commerciales. Pour beaucoup d'Occidentaux, le terme finlandisation suppose une indépendance finlandaise limitée et exprime l'impossibilité pour la Finlande de s'opposer à Moscou. En réalité, la politique finlandaise est conçue pour éviter de s'opposer à toute puissance quelle qu'elle soit ; et l'URSS considère que le statut actuel de la Finlande fait partie du statu quo issu de la dernière guerre, dont le maintien a été le principal objectif de la politique européenne soviétique de Yalta à Helsinki. La politique finlandaise d'après-guerre peut se résumer ainsi : réconciliation et coopération avec l'URSS, neutralité dans les affaires internationales, appartenance à la communauté scandinave, intégration économique au système de libre échange, et participation aux efforts de paix et de sécurité internationale par l'entremise des Nations-Unies.
The neutrality of Finland: appearances and reality, by Max Jakobson
The new type of relationship between Finland and the Soviet Union grew out of the experiences and consequences of the Second World War. Although defeated, Finland was not occupied; it remained an independent state and was thus able to keep outside of the two blocs. The solution for Finland was in finding a security policy capable of satisfying the Soviet need of security in this European zone. The 1948 Treaty reconciled Finland's desire for neutrality with the Soviet concern for security. Since then, stability is the watchword for Finnish-Soviet political and trade relations. For the West, the term Finlandization implies a limited Finnish independence and expresses the impossibility of a confrontation between Finland and Moscow. In fact, Finnish policy is designed to avoid antagonizing any power whatsoever; and the USSR considers the present status of Finland as part of the status quo, outcome of the last war, the maintaining of which has been the main objective of Soviet European policy from Yalta to Helsinki. Finnish policy since the war can be summarised as follows: reconciliation and cooperation with the USSR, neutrality in international affairs, membership in the Scandinavian community, economic integration in the free-trade system and participation in peace efforts and international security through the United Nations.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Max Jakobson
La neutralité finlandaise : apparences et réalités
In: Politique étrangère N°2 - 1980 - 45e année pp. 453-464.
Citer ce document / Cite this document :
Jakobson Max. La neutralité finlandaise : apparences et réalités. In: Politique étrangère N°2 - 1980 - 45e année pp. 453-464.
doi : 10.3406/polit.1980.2981
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1980_num_45_2_2981Résumé
La neutralité finlandaise : apparences et réalités, par Max Jakobson
Le nouveau type de rapport entre la Finlande et l'Union soviétique est né des expériences et des
conséquences de la Deuxième Guerre mondiale. Bien que défaite, la Finlande n'a pas été occupée, elle
est demeurée un Etat indépendant et a pu ainsi rester en dehors des deux "blocs". La solution pour la
Finlande fut de trouver une politique de sécurité propre à répondre au besoin de sécurité soviétique
dans cette zone européenne. Le traité de 1948 concilia la volonté finlandaise de neutralité et le souci
soviétique de sécurité. Depuis, la stabilité caractérise les rapports politiques finno-soviétiques, mais
aussi les relations commerciales. Pour beaucoup d'Occidentaux, le terme "finlandisation" suppose une
indépendance finlandaise limitée et exprime l'impossibilité pour la Finlande de s'opposer à Moscou. En
réalité, la politique est conçue pour éviter de s'opposer à toute puissance quelle qu'elle soit ;
et l'URSS considère que le statut actuel de la Finlande fait partie du statu quo issu de la dernière
guerre, dont le maintien a été le principal objectif de la politique européenne soviétique de Yalta à
Helsinki. La politique finlandaise d'après-guerre peut se résumer ainsi : réconciliation et coopération
avec l'URSS, neutralité dans les affaires internationales, appartenance à la communauté scandinave,
intégration économique au système de libre échange, et participation aux efforts de paix et de sécurité
internationale par l'entremise des Nations-Unies.
Abstract
The neutrality of Finland: appearances and reality, by Max Jakobson
The new type of relationship between Finland and the Soviet Union grew out of the experiences and
consequences of the Second World War. Although defeated, Finland was not occupied; it remained an
independent state and was thus able to keep outside of the two "blocs". The solution for Finland was in
finding a security policy capable of satisfying the Soviet need of security in this European zone. The
1948 Treaty reconciled Finland's desire for neutrality with the Soviet concern for security. Since then,
stability is the watchword for Finnish-Soviet political and trade relations. For the West, the term
"Finlandization" implies a limited Finnish independence and expresses the impossibility of a
confrontation between Finland and Moscow. In fact, Finnish policy is designed to avoid antagonizing
any power whatsoever; and the USSR considers the present status of Finland as part of the status quo,
outcome of the last war, the maintaining of which has been the main objective of Soviet European policy
from Yalta to Helsinki. Finnish policy since the war can be summarised as follows: reconciliation and
cooperation with the USSR, neutrality in international affairs, membership in the Scandinavian
community, economic integration in the free-trade system and participation in peace efforts and
international security through the United Nations.POLITIQUE ÉTRANGÈRE / 453
™ Max JAKOBSON ta™««™* LA NEUTRALITE FINLANDAISE :
*
APPARENCES ET REALITES
De même que l'histoire est écrite par les vainqueurs, l'ordre du
jour de la politique mondiale est dicté par les puissants. Les
thèmes et les priorités du débat international sont fixés par une
poignée de personnalités politiques, hauts fonctionnaires, directeurs
de publications et hommes d'études, dans une demi-douzaine de capi
tales : c'est là une forme d'impérialisme culturel qui n'en est pas
moins efficace pour n'être point délibérée. La vue du monde sous-
tendant les plus influentes analyses des relations internationales reflè
te essentiellement les intérêts et les vœux des grandes puissances.
Les nations de moindre stature sont traitées en objets d'un dessein
politique, en unités statistiques dans des catégories d'Etat classées
selon leur rapport avec leurs protecteurs ou oppresseurs respectifs,
en « à nous » et « à eux » — pions à gagner ou à perdre au hasard des
conflits ou règlements entre puissances.
Dans le cas de mon propre pays, la Finlande, la difficulté de se faire
reconnaître et comprendre, en acteur autonome plutôt qu'en fonction
des politiques d'autrui, se combine avec l'obstacle de la langue, qui di
ssimule aux profanes le fond le plus intime de la vie finlandaise. Peu de
diplomates, de journalistes ou d'hommes d'études étrangers connais
sent le finnois, et seule une fraction des textes nécessaires pour com
prendre en profondeur le passé et le présent du peuple finlandais est
disponible en d'autres langues. Une bonne part de l'information sur la
Finlande accessible aux étrangers est en revanche de seconde main et
de second ordre. Le fait que la Finlande ait en gros réussi à rester à
l'écart des querelles entre grandes puissances n'a guère incité à suivre
ses affaires, ceux qui font la politique ou influencent l'opinion dans les
principales capitales du monde ; leur connaissance du pays tend donc
à demeurer superficielle et fragmentaire.
Il en résulte que la Finlande est constamment à la merci du journaliste
itinérant qui, de passage à Helsinki, est prêt entre deux réceptions en
ville à se prononcer sur le destin de son peuple. Une personne visitant
* Président directeur général du Conseil des organisations économiques finlandaises
(EVA).
** Cet article est publié conjointement par Foreign Affairs. 454 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
Paris pour la première fois, qui ne saurait pas le français et n'aurait
qu'une vague notion de ce qu'a signifié la quatrième République ou
le rôle du général de Gaulle, aurait du mal à se faire admettre comme
qualifiée à commenter la scène française contemporaine. Une igno
rance égale au sujet de la Finlande n'a pourtant rien de rédhibitoire.
Obsédés qu'ils sont d'habitude par un seul aspect de la situation fi
nlandaise, celui de ses rapports avec l'Union soviétique, les visiteurs
venus de l'Ouest s'en tiennent presque immanquablement à une vue
unidimensionnelle du pays lui-même, correspondant au dernier état
des relations entre l'Occident et l'URSS. Ainsi, en 1939-1940, les
Finlandais ont-ils été portés aux nues pour leur résistance à l'Armée
Rouge ; ils se sont au contraire vus, de 1941 à 1944, « ostracises »
parce qu'ils continuaient à combattre les Russes ; de mêmes ont-ils
été, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, cloués au pilori pour
n'avoir point tenu compte de l'avis des Occidentaux et avoir fait
confiance à Moscou ; passés par profits et pertes, en 1948, pour avoir
signé un traité avec l'Union soviétique ; et finalement, à l'heure actu
elle, soumis à une sorte d'assassinat moral avec l'usage du terme
« finlandisation », pour caractériser une soumission prostrée à la
domination soviétique.
Est-il possible que le peuple finlandais se soit résigné à trahir ce pour
quoi il était prêt à mourir pendant la dernière guerre ? Ou n'est-ce pas
plutôt que le dessein de la politique finlandaise est tout au long de ces
décennies resté ferme, alors que les moyens employés pour maintenir
l'indépendance et le mode de vie de la nation ont varié au gré de ci
rconstances dont les changements échappaient au contrôle finlandais ?
Nous devons, pour répondre, jeter un bref regard en arrière sur ce qui
s'est passé voilà quarante ans, car sans une connaissance des faits
d'histoire élémentaires concernant le rôle de la Finlande au cours de
la Seconde Guerre mondiale, il n'est pas possible de comprendre sa
situation actuelle.
En octobre 1939, le gouvernement finlandais était invité à envoyer une
délégation à Moscou, pour discuter de « questions politiques concrè
tes ». Staline expliqua lui-même aux Finlandais ce

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