La politique britannique en Extrême-Orient - article ; n°6 ; vol.3, pg 595-606
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Description

Politique étrangère - Année 1938 - Volume 3 - Numéro 6 - Pages 595-606
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1938
Nombre de lectures 41
Langue Français

Extrait

G. E. Hubbard
La politique britannique en Extrême-Orient
In: Politique étrangère N°6 - 1938 - 3e année pp. 595-606.
Citer ce document / Cite this document :
Hubbard G. E. La politique britannique en Extrême-Orient. In: Politique étrangère N°6 - 1938 - 3e année pp. 595-606.
doi : 10.3406/polit.1938.5693
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1938_num_3_6_5693LA POLITIQUE BRITANNIQUE
EN EXTRÊME-ORIENT
Les principes de la politique britannique
Pour étudier la politique britannique en Extrême-Orient, il faut d'abord
l'examiner dans ses rapports avec l'ensemble de la politique étrangère bri
tannique.
Je crois pouvoir dire que la politique britannique, dans toutes les parties
du monde, est dictée par certains intérêts fondamentaux qui peuvent être
classés sous quatre rubriques. Le premier est la sécurité de notre commerce
extérieur, car c'est de notre commerce extérieur que dépend le niveau des
conditions d'existence de la population de la Grande-Bretagne.
Le deuxième est d'éviter la guerre. Je n'ai pas besoin d'insister sur
l'importance de ce facteur aujourd'hui où la guerre n'est plus seulement
considérée comme la destruction d'une ou de plusieurs nations, mais
comme menaçant l'existence même de la civilisation.
La troisième n'appelle évidemment aucun commentaire : la Grande-
Bretagne a un intérêt primordial à sauvegarder contre toute attaque, et
dans toutes les parties du monde, ses territoires.
Enfin, il en est un, plus difficile à définir, qui est de nature idéologique
et que j'essaierai de préciser en disant que les Anglais doivent veiller à
conserver intact le libre exercice des libertés britanniques, de leur idéal
politique et de leurs mœurs. Dans nos récents débats à Chatham House 1,
sur les conséquences de l'accord de Munich, le professeur Toynbee a
beaucoup insisté sur la nécessité pour la nation britannique de maintenir
cette ambiance spirituelle de libertés politiques et idéologiques qui sont le
fondement de l'Empire. Si le monde, dans son ensemble, s'éloignait de cet
idéal démocratique, la base même de notre Empire serait ébranlée.
De ces intérêts se dégagent les principes généraux de notre politique
étrangère. Je n'en citerai que trois que je considère comme les plus import
ants en ce qui concerne notre politique en Extrême-Orient.
I. Royal Institute of International Affairs de Londres. LA POLITIQUE BRITANNIQUE EN EXTRÊME-ORIENT 596
Le premier est celui de la « Porte ouverte », il touche à notre vie écono
mique en général. Le second est l'axiome britannique bien connu de « l'équi"
libre mondial », d'après lequel la Grande-Bretagne s'est efforcée, dans le
passé, à la fois d'éviter la guerre et de protéger tous les territoires de son
Empire. On pourrait même dire qu'il englobe l'intérêt idéologique du
maintien dans le monde de cette ambiance spirituelle dont je viens de
parler.
Si l'on peut ainsi définir les éléments de la politique étrangère de l'An
gleterre, il faut évidemment considérer que son application est subordonnée
aux conditions de l'heure et du lieu. Les hommes d'État se trouvent parfois
en mesure d'influencer, sinon de contrôler, ces conditions locales. La poli
tique d'un État puissant peut apparaître comme le facteur dominant de leur
développement. En Extrême-Orient, il y a eu des époques où ceci était
vrai pour nous, mais aujourd'hui, les conditions locales l'emportent sur
la politique, il faut bien alors adapter et même, peut-être, changer la trar
dition dyne politique pour la concilier avec une situation nouvelle, s,ur-
tout si cette situation comporte l'exercice de la force par un autre État.
Il résulte de ces considérations que la politique britannique en Extrême-
Orient traverse aujourd'hui, comme celle d'autres grandes puissances, une
phase que l'on peut qualifier (Je négative. Je ne me bornerai donc pas
à examiner la politique de l'Angleterre depuis le conflit sino-japonais,
car cette analyse serait insuffisante si elle n'avait pour complément une
étude de ce que je pourrais appeler les leitmotivs de la politique britannique
en Extrême-Orient depuis un siècle. Ces se trouvent obscurcis à
l'heure actuelle, mais lorsque la situation le permettra — sous la condition
qu'il ne se produise aucune modification catastrophique — - ils s'imposeront
à nouveau.
De la Compagnie des Indes à la guerre de 1914
La première phase s'étend cjeRuis, 1'épQque de la Compagnie des Indes,
lorsque celle-ci remit ses pouvoirs au gouvernement britannique, jusqu'à
la guerre sino-japonaise, Sans mWêter longuement sur cette période, je
signalerai seulement qu'elle fut par excellence une perjode d'expansion
commerciale. Nous fûmes, il est vrai, amenés à nouer de nouvelles relatipns
politiques avec d'autres pays, notamment avec la Chine et le Japon, et nous
étions même engagés dans deux, sinon trois guerres contre les Chinois;
mais à mon avis, ces guerres étaient presque entièrement accessoires à la
poursuite d'une politique purement commerciale. Elles faisaient partie de POLITIQUE BRITANNIQUE EN EXTRÊME-ORIENT 597 LA
la tâche générale qu'avait entreprise le gouvernement britannique de forcer
à son commerce l'ouverture d'une porte en Chine; et si nous examinons
les traités conclus à cette époque par la Grande-Bretagne avec l'Extrême-
Orient, nous constatons qu'ils furent presque exclusivement d'ordre comm
ercial. Ainsi donc, d'abord, à tort ou à raison, obliger par la force une
Chine récalcitrante £ ouvrir sa porte au commerce britannique. Ensuite,
maintenir ouverte cette porte que nous nous étions efforcés d'ouvrir. Je
voudrais signaler ici que dès le début de son action commerciale en Extrême-
Orient, la Grande-Bretagne avait admis la nécessité d'une Chine indépen
dante et, si possible, d'une Chine ayant un gouvernement raisonnablement
fort. L'histoire diplomatique de cette période en fait foi. Il n'y a pas lieu
de rechercher dans cette attitude des motifs altruistes, l'intérêt de la Grande-
Bretagne était évidemment en jeu, comme l'était celui de tout pays qui
désirait voir se développer sur une grande échelle ses relations commerc
iales et économiques avec la Chine et qui s'en trouvait géographiquement
très éloigné. Etant donné l'intervention possible d'autres puissances plus
proches que la Grande-Bretagne, il est manifeste que cette dernière avait
intérêt à maintenir une Chine indépendante et assez forte pour résister à
toute agression. Sauf peut-être une exception, peu importante et de courte
durée, ce principe a dominé la politique britannique en Extrême-Orient
jusqu'à nos jours.
J'en viens à la deuxième phase qui s'étend jusqu'à la grande guerre
de 1914. Les intérêts commerciaux britanniques en Extrême-Orient res
taient aussi forts que par le passé, mais au principe de la Porte Ouverte fut
alors ajouté le principe de l'équilibre mondial qui prit la première place.
Ce fut Jà une période de grande activité diplomatique où les grandes puis
sances européennes s'efforçaient de conclure des alliances, surtout si
l'on considère que l'attention de la Russie, après la guerre de Crimée,
se tournait vers l'Asie. L'Extrême-Orient se trouva pris dans le filet de
la grande politique internationale et l'action de la Grande-Bretagne se
fixa de plus en plus dans ces régions. Et là, il faut distinguer entre l'aspect
international de la politique et son aspect local.
Pour passer succinctement en revue les relations internationales pendant
cette période active, on peut dire que la Chine, par suite de sa défaite dans
la guerre sino-japonaise, était devenue — il semblait évident au reste du
monde qu'elle fût devenue — très faible et facile à attaquer. En même
temps, la Russie avait avancé très rapidement vers le Pacifique et tentait
manifestement de s'établir, si elle le pouvait, comme une grande puissance
du Pacifique, tandis que la France poursuivait activement une politique
coloniale qui, à beaucoup d'égards, s'opposait à l'

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