La politique commerciale de la France - article ; n°3 ; vol.4, pg 255-270
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Description

Politique étrangère - Année 1939 - Volume 4 - Numéro 3 - Pages 255-270
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1939
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Charles Rist
La politique commerciale de la France
In: Politique étrangère N°3 - 1939 - 4e année pp. 255-270.
Citer ce document / Cite this document :
Rist Charles. La politique commerciale de la France. In: Politique étrangère N°3 - 1939 - 4e année pp. 255-270.
doi : 10.3406/polit.1939.5627
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1939_num_4_3_5627LA POLITIQUE COMMERCIALE DE LA FRANCE
C'est avec un très grand plaisir et bien entendu une certaine appréhens
ion, que je viens vous apporter quelques réflexions sur la politique commerc
iale française.
Je voudrais vous soumettre un petit nombre d'observations et n'ai
pas l'intention de parcourir, dans son ensemble, un sujet aussi immense
et qui donne lieu à tant de controverses passionnées. Tout de suite je
tiens à affirmer que je l'aborde sans aucune espèce de préoccupation doctri
nale. On me fait quelquefois l'honneur de m'appeler « un libéral ». J'ai
toujours protesté contre cette classification. Il y a presque autant de doctrines
libérales que d'hommes se qualifiant de libéraux. Je n'ai donc nullement
l'intention de vous exposer une politique commerciale libérale. Du reste,
cette vieille querelle entre libéralisme et non-libéralisme (le libéralisme
étant unique et le non-libéralisme se présentant sous des formes extrême
ment multiples et variées), cette vieille querelle me paraît tranchée depuis
fort longtemps. Nous vivons dans un État national et nous savons tous que,
depuis toujours, l'État, celui de Louis XI comme celui de Louis XIV ou
de la IIIe République, est intervenu dans les relations commerciales,
tantôt pour contrôler et restreindre, ce qui est le cas le plus fréquent, stimuler. Nous ne vivons pas — loin de là — dans un système
international, avec libre communication d'un Etat à l'autre, qui est — Jean*
Baptiste Say l'a déjà dit — l'hypothèse primordiale sur laquelle, en matière
de commerce international, le pur libéralisme doit se baser. Et pourtant
le libéralisme est dans un certain sens une doctrine permanente. Car»
comme en médecine à propos des maladies, en matière économique, à
propos de chaque question concrète, se pose toujours à nouveau le pro-r
blême de savoir s'il faut laisser les choses évoluer toutes seules ou s'il faut
intervenir. C'est pourquoi il m'est arrivé de dire que le libéralisme est
éternel, parce que, à toutes les époques, l'administrateur ou l'homme
d'État devra prendre parti entre ces deux modes de résoudre les difficultés
qui se présentent.
Seulement pour que le choix soit possible entre ce que l'on appelle le 256 LA POLITIQUE COMMERCIALE DE LA FRANCE
« laisser-faire » ou le « laisser-évoluer » et une intervention quelconque,
il faut une condition préalable : il faut pouvoir se représenter comment
l'économie réagira soit à l'abstention soit à l'intervention.
Les « automatismes économiques »
Jusqu'à présent on admettait qu'il existe ce que quelques-uns appellent
des « automatismes économiques », ce que j'aimerais mieux appeler des
«- mécanismes >> sur le jeu desquels on pouvait à peu près
compter. Par exemple, en cas de récolte trop abondante de blé il était entendu
qu'une baisse des prix devait se produire, et, si l'on voulait réagir, on admett
ait que le moyen était de limiter la production ou de la laisser se limiter
elle-même. De même, en matière de monnaie internationale, il était admis
avant la guerre que pour arrêter une sortie d'or d'un pays à l'autre il suffi
sait de relever le taux de l'escompte dans le pays exportateur pour qu'on
vit un reflux de métal jaune. Je choisis à dessein, vous le voyez, des cas
où on est intervenu et non pas des cas où on laissait les choses aller. Car
on est toujours plus ou moins intervenu, mais on est intervenu en raison
même de l'existence d'un certain nombre de mécanismes économiques sur
le 'eu desquels on était d'accord. Il était réservé à notre époque d'affirmer
au public qu'on peut maintenir les prix d'un produit tout en augmentant
sa production indéfiniment. Or, nous avons appris depuis quelques
semaines, grâce à quels sacrifices financiers ce système fonctionnait. Il
en coûtait, nous a dit M. Paul Reynaud, quatre à cinq milliards au
budget. Voilà encore un mécanisme économique.
L'avantage de cette formule de la disparition des mécanismes écono
miques, c'est qu'elle laisse place libre à l'imagination. Or vous savez que
c'est ce qui manque le plus aux économistes tels que moi. Et c'est ju
stement d'un certain nombre de choses extrêmement positives et terre à
terre que je voudrais vous entretenir. Après tout, la vie économique est
composée de ces choses-là.
Cette carrière ouverte à l'imagination par l'affirmation que les automa
tismes économiques ont disparu, je crains que ce ne soit un cas de ce que
Ortega y Gasset dans un livre célèbre a appelé la « révolte des masses »,
cette révolte étant dirigée non pas contre les gouvernements, mais contre
les limites que la ra son et la nature des choses imposent à toute action
politique ou économique.
Que veut-on dire quand on dit que les automatismes économiques ne
jouent plus? Veut-on affirmer que les réactions psychologiques de chacun LA POLITIQUE COMMERCIALE DE LA FRANCE 257
de nous ne se dédanchent plus comme autrefois devant les phénomènes
économiques? Je pense plutôt que sans nier absolument que ces
réactions existent, on veut signifier que les circonstances d'après guerre
ont restreint leur jeu dans de si étroites limites, que, pratiquement, les
effets qu'on en attendait n'apparaissent plus.
Admettons même que cela soit. Le problème ne s'en poserait pas moins —
et c'est le grand problème qui sépare aujourd'hui les esprits en matière de poli
tique commerciale — de savoir s'il n'est pas plus commode de rétablir les
conditions anciennes qui permettaient à ces automatismes de jouer en écartant
les obstacles qui, à l'heure actuelle, les en empêchent, que d'imaginer des
méthodes nouvelles supposées capables d'obtenir ce que les automatismes
n'obtiennent plus. Il resterait alors à discuter ces méthodes et leur efficacité.
C'est sur ce point spécial que je voudrais présenter quelques réflexions.
J'aborderai ensuite, mais très brièvement, la politique commerciale elle-
même, pour indiquer simplement le cadre original à l'intérieur duquel
doit nécessairement se mouvoir toute politique française.
Il me reste à faire une réflexion préliminaire. Pour un homme qui est
mêlé aux affaires, a priori, l'affirmation qu'il n'y a plus d'automatismes est
presque impossible à concevoir. Quand on sait que dans n'importe quelle
affaire, les dirigeants sont constamment penchés sur les prix de vente et
de revient de leurs produits et que les efforts de toute entreprise sont
constamment dirigés vers l'obtention d'un équilibre entre les uns et
les autres, quand on sait tout ce que la réalisation de cet équilibre et son
ajustement constant comportent de réflexion, de comparaisons, de calculs
et de graphiques, l'affirmation que les automatismes ne jouent plus paraît
a priori ahurissante.
Je prends un exemple dans l'ouvrage récent publié par M. Hoffherr 1
et où se trouvent tant d'observations et d'informations intéressantes
présentées avec une admirable bonne foi. Je vois citée une phrase d'une
conférence de M. Déat dans laquelle il suggère que le commerce extérieur
s'opère dorénavant de la manière suivante : on maintiendrait les prix à
un niveau constant en France ; les importateurs, achetant au-dessous du
cours français et revendant à l'intérieur au prix français, verseraient à une
caisse du Commerce Extérieur leur bénéfice qui servirait à faciliter les
exportations en remettant ce bénéfice aux exportateurs pour compenser
l'écart entre le prix étranger et le prix français.
C'est une formule ingénieuse; elle se heurte cependant à une petite
1. La Politique commerciale de la France, Centre d'Études de' Politique Étrangère,

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