La politique culturelle d une ville moyenne dans la décennie 80 : Le Mans, des préceptes originels aux certitudes nouvelles - article ; n°1 ; vol.12, pg 101-132
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La politique culturelle d'une ville moyenne dans la décennie 80 : Le Mans, des préceptes originels aux certitudes nouvelles - article ; n°1 ; vol.12, pg 101-132

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Description

Politiques et management public - Année 1994 - Volume 12 - Numéro 1 - Pages 101-132
C'est en 1977, avec l'arrivée de la gauche à la direction de la ville du Mans, que la culture devint l'objet déclaré d'un investissement prioritaire. Passées les premières tentatives d'associer la population et les acteurs concernés à l'élaboration des décisions, la municipalité afficha une posture volontariste que n'accompagnèrent pas, cependant, des ratbnalités d'action, mais plutôt une gestion de type incrémental. Il est toutefois apparu que ces deux modes d'intervention, à la logique apparemment contradictoire, ne s'excluaient pas l'un l'autre : ils ont entretenu une sorte de rapport dialectique au travers duquel s'observent la mise en œuvre d'une politique culturelle et les modifications de son orientation normative.
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Michel Collin
La politique culturelle d'une ville moyenne dans la décennie 80 :
Le Mans, des préceptes originels aux certitudes nouvelles
In: Politiques et management public, vol. 12 n° 1, 1994. pp. 101-132.
Résumé
C'est en 1977, avec l'arrivée de la gauche à la direction de la ville du Mans, que la culture devint l'objet déclaré d'un
investissement prioritaire. Passées les premières tentatives d'associer la population et les acteurs concernés à l'élaboration des
décisions, la municipalité afficha une posture volontariste que n'accompagnèrent pas, cependant, des ratbnalités d'action, mais
plutôt une gestion de type incrémental. Il est toutefois apparu que ces deux modes d'intervention, à la logique apparemment
contradictoire, ne s'excluaient pas l'un l'autre : ils ont entretenu une sorte de rapport dialectique au travers duquel s'observent la
mise en œuvre d'une politique culturelle et les modifications de son orientation normative.
Citer ce document / Cite this document :
Collin Michel. La politique culturelle d'une ville moyenne dans la décennie 80 : Le Mans, des préceptes originels aux certitudes
nouvelles. In: Politiques et management public, vol. 12 n° 1, 1994. pp. 101-132.
doi : 10.3406/pomap.1994.3147
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pomap_0758-1726_1994_num_12_1_3147POLITIQUE CULTURELLE D'UNE VILLE MOYENNE LA
DANS LA DECENNIE 80
LE MANS, DES PRECEPTES ORIGINELS AUX
CERTITUDES NOUVELLES
Michel COLLIN *
Résumé C'est en 1977, avec l'arrivée de la gauche à la direction de la ville du Mans,
que la culture devint l'objet déclaré d'un investissement prioritaire. Passées
les premières tentatives d'associer la population et les acteurs concernés à
l'élaboration des décisions, la municipalité afficha une posture volontariste
que n'accompagnèrent pas, cependant, des ratbnalités d'action, mais plutôt
une gestion de type incrémental. Il est toutefois apparu que ces deux modes
d'intervention, à la logique apparemment contradictoire, ne s'excluaient pas
l'un l'autre : ils ont entretenu une sorte de rapport dialectique au travers
duquel s'observent la mise en œuvre d'une politique culturelle et les
modifications de son orientation normative.
* Université Paris III.
Revue POLITIQUES ET MANAGEMENT PUBLIC, Volume 12, n° 1, mars 1994.
© Institut de Management Public - 1994. 102 Michel COLLIN
Depuis longtemps déjà, la culture n'est plus pensée comme un espace social
qui, par sa nature même, doit échapper à la sphère de compétence des
pouvoirs publics. On le sait, l'Etat s'est finalement reconnu une obligation
d'agir que peu désormais lui contestent. Mais depuis une quinzaine d'années,
les collectivités locales ont à leur tour investi le domaine de la culture
organisée, enclenchant une évolution spectaculaire qui en fait aujourd'hui le
premier financeur public. Au point que d'aucuns sont venus à parler,
singulièrement depuis les lois de décentralisation, d'une "territorialisation", et
même d'une "municipalisation" de la culture. Dans un secteur où de strictes
réglementations ne viennent pas dicter ou orienter le sens et la teneur de leur
action, les communes semblent en effet avoir dorénavant quelques moyens
de dépasser l'alternative trop radicale -subir ou contester les décisions de
l'Etat- pour accéder à un niveau plus motivant : la définition positive des
contenus culturels, susceptibles d'identifier la commune, de la promouvoir,
voire de la symboliser, qu'ils s'appuient sur la tradition ou soient résolument
novateurs.
La compréhension d'une "politique culturelle locale" suppose dès lors une
vision concrète des modalités et des fins de sa mise en œuvre. Or, la
recherche de déterminants exclusifs et reproductives à volonté a souvent
dominé l'analyse, et tendu à faire de "variables types" les invariants
constitutifs et explicatifs de toute intervention culturelle : qu'on ait tenté, en
privilégiant la seule dimension idéologique, d'y voir l'instrument d'une
domination de classe sur la régulation de l'ordre social [1], ou, au contraire,
qu'on n'ait pris en compte que des paramètres de type socio-économique, et ait alors tenté d'assimiler la politique culturelle à un phénomène quasi-
structurel -au produit d'un déterminisme [2]. Nous avons estimé pour notre
part que le concept de "marge de manœuvre", plus ou moins large selon les
cas, apparaissait le plus apte à traduire les capacités d'initiative des
communes en matière culturelle, et à nous informer des processus
décisionnels en cours. C'est pourquoi nous avons circonscrit notre recherche
dans cette marge où peut s'estimer l'autonomie des décideurs, mais où,
également, peut se révéler la(les) logique(s) qui traverse(nt) l'intrication des
divers modes d'élaboration d'une politique municipale spécifique.
Notre propos, s'il n'est donc pas de contraindre la réalité de la politique
culturelle à se plier à des présupposés théoriques, n'est pas non plus de la
conformer à une "grille d'analyse séquentielle", qui fixe d'avance les "phases"
observables depuis l'élaboration de la politique jusqu'à son évaluation, en
passant par sa mise en œuvre (un canevas trop direct if, rigide et cohérent,
pour être vraiment opérationnel, et qu'on assortit souvent au postulat d'un
ordre logique à l'enchaînement des séquences) [3]. Il est celui d'analyser la
politique culturelle en fonction du "système d'action concret" [4] qui la sous-
tend, et d'"en reconstituer (...) l'identité et la nature" [5]. Il n'est toutefois pas
question, en rendant aux acteurs leur pleine capacité d'influence et d'action,
de faire l'économie d'une réflexion sur la prégnance du "référentiel" [6] dans la
structuration d'une politique, qu'une analyse, même en termes d'interaction,
ne peut a priori tenir pour négligeable. Si la persistance d'un discours de type
normatif peut en effet paraître suspecte dans la mesure où l'on sait que, bien
souvent, il ne fait que formuler a posteriori des objectifs destinés à valoriser le
bilan de l'exercice municipal, il reste que l'action publique y apparaît La politique culturelle d'une ville moyenne dans la décennie 80 1 03
Le Mans, des préceptes originels aux certitudes nouvelles
régulièrement finalisée. Suffit-il alors de considérer que la volonté politique
serait toute abstraite et discursive, mais sans effets, quand la pratique
politique, elle, serait concrète et immanente, et sans principes ?
Ainsi posé, le problème des responsabilités essentielles dans le contenu et la
gestion d'une politique revient à situer notre réflexion par rapport au clivage
analytique entre "volontarisme" et "incrémentalisme". L'opposition entre ces
deux "idéaux-types" est fréquemment pensée comme radicale : à un
"programme d'action rationnel", où une logique d'implementation réalise des
objectifs préalablement définis, s'opposerait une politique du "coup par coup"
ou "des petits pas", qui se développe et se réévalue à partir des faits
préexistants, et s'avère l'expression finale d'un équilibre accepté entre des
intérêts particuliers [7]. En reprenant ces deux conceptions, nous
n'entendons pas centrer l'analyse sur la faiblesse de leur pertinence
heuristique, ou sur leur mise en cause réciproque et inéluctable dans l'action.
Il est davantage dans notre intention d'appréhender, non pas, nous semble-t-
il, les termes de leur conciliation, mais bien plutôt ceux de leur coexistence
problématique et les effets induits par celle-ci. Les modalités concrètes
d'élaboration d'une politique culturelle seront ainsi considérées dans
l'hypothèse tension constante entre l'intervention finalisée de la
municipalité et le système de relation des acteurs concernés. Des modalités
d'action qui, certes, peuvent être la conséquence des finalités programmées,
mais peuvent également produire d'autres finalités, celles-ci a priori non
programmées, et susceptibles d'agir sur le

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