La politique palestinienne d Israël - article ; n°5 ; vol.41, pg 485-505
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Description

Politique étrangère - Année 1976 - Volume 41 - Numéro 5 - Pages 485-505
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Yohanan Manor
La politique palestinienne d'Israël
In: Politique étrangère N°5 - 1976 - 41e année pp. 485-505.
Citer ce document / Cite this document :
Manor Yohanan. La politique palestinienne d'Israël. In: Politique étrangère N°5 - 1976 - 41e année pp. 485-505.
doi : 10.3406/polit.1976.1708
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1976_num_41_5_1708POLITIQUE PALESTINIENNE D'ISRAËL (*) LA
par Yohanan MANOR
Département des Sciences politiques
Université hébraïque de Jérusalem
Le titre de cet article surprendra sans doute certains lecteurs,
à moins qu'ils n'y perçoivent quelque intention ironique. De nomb
reux observateurs ont du mal à saisir la politique étrangère d'Israël,
allant jusqu'à s'interroger sur son existence même. Certains sont
tentés de fonder cette impression sur la précarité d'un gouvernement
qui est avant tout un gouvernement de coalition. L'invraisemblance
d'une politique spécifique, en l'occurrence d'une politique palesti
nienne, n'en est que plus évidente.
Cet article aurait pu être consacré à remettre en cause un certain
nombre d'idées de bon sens quant à la capacité d'un gouvernement
de coalition à mener une politique étrangère dynamique et résolue.
Le cas israélien contribuerait sans doute à démentir le schéma simp
liste qui veut qu'un gouvernement de coalition soit condamné à
l'immobilisme à cause de sa précarité.
Nous nous limiterons pour notre part à montrer qu'il y a bien
une politique palestinienne d'Israël. Après en avoir décrit les prin
cipales lignes de force, nous en dégagerons les caractères essentiels,
en soulignant que ce n'est pas une politique faite d'une série de refus,
mais que c'est avant tout une constituée par un ensemble
d'actes positifs. Cette dernière constatation ne préjugeant pas de
sa pertinence et de sa validité, nous serons en droit de nous interroger
sur ses chances de succès.
(*) Cet article reprend et développe les points principaux présentés dans une
conférence prononcée devant le Centre d'Etudes de Politique étrangère, le
9 avril 1976. YOHANAN MANOR 486
Par politique palestinienne d'Israël, nous entendons la politique
menée par le gouvernement israélien à l'égard des Arabes vivant
dans les territoires passés sous contrôle israélien depuis 1967 (Cis-
jordanie et Gaza), mais aussi dans un sens plus large de la politique
à l'égard des Arabes d'Eretz-Israël, c'est-à-dire peu ou prou de la
Palestine du mandat britannique.
La politique palestinienne d'Israël se déploie autour de cinq axes
essentiels, le premier étant de s'assurer de positions d'ordre stra
tégique.
La Cisjordanie (ou région de Judée et de Samarie), comme la
bande de Gaza, constituent des zones particulièrement névralgiques
pour Israël du point de vue de sa sécurité. Ces régions enserrent
comme dans un étau (dont l'écartement est inférieur à quelques
dizaines de km) la région la plus peuplée d'Israël. Elles ont longtemps
servi de tremplin pour entretenir au cœur même d'Israël un climat
d'insécurité. Cette configuration géographique a toujours stimulé
des velléités de couper là Israël en deux.
On peut comprendre dès lors l'importance qu'Israël attribue à la
neutralisation militaire de ces deux régions. Le « plan Alon », tout
comme la décision de construire la nouvelle ville de Yamit, tradui
sent cet impératif de sécurité.
Situé à l'ouest de Rafah, le port de Yamit vise avant tout à en
foncer un coin entre l'Egypte et la bande de Gaza, l'objectif étant
à la fois de soustraire, autant que possible, les habitants de la bande
de Gaza aux manipulations politico-militaires des Egyptiens et de
s'assurer le contrôle de la fameuse trouée de Rafah, par laquelle
la plupart des forces d'invasion se sont engouffrées et qui constitue
une zone privilégiée pour le déploiement et la percée des blindés.
Le « plan Alon », conçu dans les jours qui suivirent la guerre
des Six Jours, prévoyait la création d'une chaîne d'agglomérations
rurales fortifiées le long de la vallée du Jourdain, afin de s'assurer de
la démilitarisation de fait de la Cisjordanie. Ce plan, aux dires de
son auteur lui-même, n'a jamais été formellement entériné par le POLITIQUE ISRAÉLIENNE 487
gouvernement israélien (1). L'établissement d'agglomérations en Cis-
jordanie a cependant largement été fidèle à ce plan. Il ne s'en est
écarté qu'en deux circonstances.
Le premier cas est celui de Hébron où, en 1968, un groupe de
juifs religieux s'installa sans en avoir reçu l'autorisation dans un hôtel
de la ville en invoquant le droit des juifs à vivre dans la ville du
tombeau des Patriarches. Cette situation a contraint le gouverne
ment à prendre position sur une question relevant de préoccupations
essentiellement politiques (cf. ci-dessous le quatrième axe de la
politique palestinienne d'Israël).
La décision de créer l'agglomération juive de Kiriat-Arba, quartier
situé en dehors de la ville de Hébron, mais proche d'elle, ne pouvait
en aucune façon être justifiée par ces considérations d'ordre militaire,
stratégique ou tactique. Il n'était évidemment pas possible de fonder
cette décision sur l'objectif stratégique de neutralisation de la Cis-
jordanie. Le souci de consolider le tissu de régions appelées à deven
ir frontalières ne pouvait pas plus la motiver.
Par contre, ce dernier souci a certainement présidé à la planifica
tion du développement urbain de Jérusalem et à la construction de
la nouvelle route qui relie Tel-Aviv à Jérusalem et qui passe par
Latroun.
Le deuxième cas, dans lequel le gouvernement de Jérusalem pa
raît s'être écarté du « plan Alon » concerne la réquisition de champs
à Akraba, situés à une quarantaine de km à l'ouest du Jourdain.
Cette affaire avait été présentée par une partie de la presse occident
ale comme une preuve manifeste de la volonté d'Israël d'annexer la
Cisjordanie et comme une nouvelle manifestation de la « solda
tesque » israélienne. En réalité, cette action visait seulement à utiliser
des points culminants de la Samarie pour donner toute sa capacité
d'action à l'armée de l'air, en améliorant la surveillance radar des
mouvements aériens de l'adversaire, comme ceci avait déjà été le
cas dans le Sinaï.
En somme, la préoccupation de sécurité se situe à trois niveaux :
— neutralisation de la Cisjordanie et de Gaza,
(1) Maariv, 14 mai 1976. 488 Y OH AN AN MANOR
— épaississement du tissu du futur tracé frontalier,
— utilisation des avantages topographiques pour accroître la
capacité aérienne (en attendant le règlement politique).
La reconnaissance de l'identité spécifique des Arabes d'Eretz-
Israël (Palestine) constitue le second axe de la politique palestinienne
d'Israël.
Cette reconnaissance procède de la conviction que l'identité na
tionale d'Israël, comme Etat juif, ne correspond pas à celle des
Arabes d'Eretz-Israël (Palestine) et que par conséquent : « Nous,
Israéliens, n'avons pas la prétention de trancher la question de savoir
s'il existe une entité palestinienne. Il appartient aux Arabes d'en
décider » (2).
De fait, cette position de principe est déjà fort ancienne. Elle se
trouve à l'arrière-plan de l'acceptation par les Juifs du plan de
partage adopté par l'Assemblée générale des Nations Unies en no
vembre 1947, qui prévoyait la constitution d'un Etat arabe et d'un
Etat juif sur le territoire de la Palestine mandataire. Dès 1930, elle
a été exprimée dans les termes les plus explicites par Ben Gourion :
« II existe dans le monde un principe établi : c'est le droit à
l'auto-détermination. Nous-mêmes avons été toujours et partout
de fervents défenseurs de ce principe. Nous sommes de tout cœur
en faveur de l'

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