La querelle des euromissiles - article ; n°1 ; vol.48, pg 27-38
13 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La querelle des euromissiles - article ; n°1 ; vol.48, pg 27-38

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
13 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Politique étrangère - Année 1983 - Volume 48 - Numéro 1 - Pages 27-38
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Lothar Ruehl
La querelle des euromissiles
In: Politique étrangère N°1 - 1983 - 48e année pp. 27-38.
Citer ce document / Cite this document :
Ruehl Lothar. La querelle des euromissiles. In: Politique étrangère N°1 - 1983 - 48e année pp. 27-38.
doi : 10.3406/polit.1983.3281
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1983_num_48_1_3281POLITIQUE ÉTRANGÈRE / 27
Lothar RUEHL* I LA DEFENSE DE L'EUROPE
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la défense et
la sécurité de l'Europe ont été conçues contre la menace
militaire d'une Union soviétique campée au centre du Conti
nent et disposant de forces largement supérieures à celles de toute
coalition occidentale. Pour équilibrer cette situation et le rapport
des forces en présence, il faudrait transformer une grande partie de
l'Europe de l'Ouest, et notamment l'Allemagne, en camp armé, en
pays de garnisons offrant des régions frontalières préparées à la
défense en profondeur par des obstacles artificiels, des champs de
mines et même des fortifications ; il faudrait en outre tripler le nombre
des chars de combat et engins blindés chasseurs de chars, celui
des pièces d'artillerie, mais aussi augmenter les stocks d'armes et
de munitions en conséquence afin de fournir le nécessaire pour au
moins trente sinon soixante à quatre-vingt-dix jours de combat
comme on l'avait estimé dans les années 60.
Il va de soi qu'un tel effort soutenu ne pourrait être accompli et
maintenu indéfiniment par les Etats alliés de l'Ouest. Il ne fut donc
jamais vraiment question de mettre sur pied les cent divisions prévues
en 1952 par les décisions de l'OTAN. L'alliance occidentale se résolut
vite à ne pas essayer d'équilibrer les forces de l'Est, supérieures
en nombre, elle se contenta au contraire du minimum nécessaire
afin de pouvoir dissuader une agression militaire par une combinaison
entre des forces conventionnelles sur place, des réserves rapidement
mobilisables et la menace de l'arme nucléaire contre l'Union sovié
tique, menace dissuasive à la disposition des Etats-Unis.
A l'époque où la stratégie de représailles massives a été conçue
et mise en place, il manquait de tout, y compris de bombardiers
américains pouvant atteindre les objectifs choisis en territoire sovié
tique et de bombes nucléaires pouvant être lancées sur leurs cibles.
Au moment où la menace de représailles massives fut proclamée,
l'armée de l'air américaine ne disposait que d'une quarantaine de
bombes atomiques opérationnelles. Les avions B 47 devaient être
* Secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Défense de la République fédérale
d'Allemagne.
** Cet article est issu d'une Conférence prononcée à l'Institut français des relations
internationales, Paris, le 18 janvier 1983. 28 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
plus tard stationnés en Grande-Bretagne, en Espagne, au Maroc afin
de pouvoir porter la menace à distance jusqu'en Russie occidentale.
Le nombre de bombes atomiques ne suffisait pas au début des
années 50 pour mener une attaque efficace contre l'URSS. La menace
jetait une ombre plus longue que la portée réelle et la puissance
de ses armes. La dissuasion était donc surtout psychologique, c'est-à-
dire imaginée.
Cette réalité, bien connue des stratèges mais passée sous silence
en Occident, n'effrayait guère l'Union soviétique qui avait commencé
ses préparatifs pour une force nucléaire stratégique à longue portée
et il n'y avait ni « équilibre de la terreur » ni terreur tout court
sauf dans l'imagination des peuples qui ne disposaient pas de ces
armes nouvelles ou dans les esprits de ceux qui pouvaient calculer
les effets de leurs détonations si jamais elles devaient éclater. La
dissuasion devenait une réalité complexe et graduée ; elle s'établissait
progressivement dans les calculs stratégiques et dans la pensée
politique et militaire. L'Europe restait au centre des préoccupations,
exposée, à partir de 1959 surtout, à la frappe des armes nucléaires
de l'ouest de la Russie comme à l'attaque directe des forces du
pacte de Varsovie que l'Union soviétique avait organisées, années et
disposées pour pouvoir dominer la situation militaire au centre du
Continent. Le problème de la défense de l'Europe restait double :
d'une part celui de la guerre conventionnelle contre un adversaire
supérieur en nombre et bien placé pour l'offensive, d'autre part celui
de la guerre nucléaire que le défenseur devait envisager pour arrêter
une offensive autrement irréversible.
La stratégie occidentale et le déploiement des forces alliées ont-ils
réussi à créer contre une attaque soviétique des obstacles infranchis
sables et une dissuasion suffisante garantissant la sécurité de l'Eu
rope ? Ont-ils résolu le double problème de la défense et donné
à l'Alliance atlantique une perspective d'avenir de longue durée ?
En Amérique comme en Europe, des critiques en doutent et même
réfutent les hypothèses sur lesquelles a été bâtie la défense commune.
Mais ces critiques n'ont pas davantage innové depuis le début des
années 60 que la stratégie occidentale elle-même. Le débat actuel
à propos du stationnement de nouveaux missiles américains en Eu
rope et du problème « eurostratégique » pour la stratégie de riposte
graduée ressemble de très près à celui d'il y a vingt ans. Les censeurs
de la politique stratégique et de la planification militaire de l'OTAN
n'ont rien inventé qui puisse leur permettre d'opposer à ce qui existe
une alternative valable, voire une amélioration pratique et économi
quement soutenable pour les pays d'Europe.
On peut évidemment soutenir la thèse suivant laquelle l'OTAN n'a
pas fait les efforts nécessaires pour doter sa défense des forces
appropriées et pour donner à sa stratégie de dissuasion par l'escalade DEFENSE DE L'EUROPE I 29
contrôlée les instruments flexibles, l'éventail des options en vecteurs
et charges nucléaires dont elle a besoin pour être totalement efficace.
Il est vrai que cette stratégie ne dispose pas, et de loin, de tous les
moyens qu'elle mériterait pour convaincre tout le monde y compris
ses critiques les plus acharnées. Mais l'essentiel n'est pas là. Il suffit
que la stratégie et les forces à son service puissent convaincre
l'adversaire éventuel qu'une guerre en Europe serait désastreuse pour
lui-même tout comme pour ses alliés sur son glacis et pour les pays
qu'il se proposerait d'attaquer.
On peut émettre des doutes sur le réalisme de tel ou tel calcul
y compris sur le pronostic, souvent émis, d'une guerre extrêmement
courte à l'issue de laquelle l'armée soviétique se trouverait sur le
Rhin ou même sur la Manche après deux ou trois jours de combat.
Ceci ne veut pas dire que la défense de l'Europe de l'Ouest serait
assurée en toute circonstance. Il y a des faiblesses et des lacunes
considérables dans les défenses des pays alliés, notamment pour ce
qui est de la défense anti-aérienne et des moyens modernes de
reconnaissance opérationnelle, d'information, de triage des renseigne
ments et de leur évaluation pour l'emploi des forces. L'évolution
technique les a dépassées et les forces soviétiques sont dotées
systématiquement de matériel moderne et de plus en plus avancé
pour le combat : des ordinateurs, des radars et de l'informatique.
En Union soviétique la littérature spécialisée évoque depuis une
dizaine d'années déjà la vision d'un champ de bataille « électronique »,
bien que la réalité dans l'organisation des communications et du
commandement soit encore assez éloignée de cet idéal des auteurs
russes.
Du côté occidental l'objectif d'optimation des options défensives et
contre-offensives sur le champ de bataille élargi comme sur un
théâtre d'opérations continental est actuellement poursuivi avec
davantage d'énergie qu'il y a dix ans quand il était envisagé pour l

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents